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I AM Capharnaüm

14 Octobre 2018 , Rédigé par Pereg

C'est le côté obscur de la force!

un film à voir

Pardonnez-moi pour ce très mauvais jeu de mots, mais il est le témoin des montagnes russes émotionnelles que j’ai pu avoir cette semaine. En effet, après avoir réalisé un rêve de collégien, j’ai pu voir sur grand écran, une autre réalité libanaise, celle d’une population que je ne croise pas au quotidien, mais qui vit dans cette ville qui est la mienne, Beyrouth. Ajoutez à cela la première pluie de l’année, un weekend coloré, cette semaine était un véritable manège.

Mardi était une journée que j’attendais vraiment depuis quelques semaines, à partir du moment où j’avais acheté ma place avec Fehmi pour le concert d’IAM ici. Un groupe que j’écoutais au collège, eux font la tournée des 20ans pour leur album le plus célèbre, celui que je préfère, « l’école du micro d’argent ». j’ai donc pris la direction du Music Hall Waterfront et j’y ai retrouvé  des enseignants français que je connaissais, tous un peu plus âgés que moi et qui eux, avaient vraiment grandi avec ce groupe de rap. Aux premières notes de DJ Khéops, j’étais déjà transporté dans un autre monde, comme si ce concert de rap, qui est finalement mon premier dédié à ce genre de musique était un aboutissement. C’était aussi leur grande première à Beyrouth, ils n’y étaient jamais venus, dans la salle de concert à ciel ouvert, un peu plus de 400 personnes je pense, et presque exclusivement des français dont l’adolescence était bercée au son du hip-hop marseillais. On a eu le droit aux classiques, aux morceaux qui font vibrer et leur prestance scénique m’a impressionné, pour eux qui touchent la cinquantaine à présent. Finir sur l’empire du côté obscur devant la scène, observé d’un peu plus loin les dernières notes de demain c’est loin, il n’en fallait pas plus pour une belle soirée. En prenant le chemin de la sortie après être resté discuté, Akhenaton était toujours sur scène à signer des autographes et faire des photos, je me suis approché à tout hasard et j’ai eu le plaisir de voir mon billet signé. Non pas que je sois un grand fan, mais son investissement pour le public m’a impressionné. Alors en rentrant à pieds, les musiques à nouveau dans les oreilles, je ne pouvais qu’afficher un grand sourire après une telle soirée.

Mercredi le travail fut plus intense et la concertation avec les collègues assez tendue, je rentrais assez tard pour mieux repartir rejoindre Flo et Chris pour aller voir « Capharnaüm », un film de Nadine Labaki, tourné à Beyrouth, montrant le quotidien qu’un enfant de douze ans, né sans papiers et d’autres histoires tournants autour de lui. Rude, émouvant, ce fût un choc. Je sais bien qu’il y a une partie de la population qui vit dans la misère à quelques kilomètres de moi, mais le voir ainsi montré sur grand écran m’a mis une claque. Je sais que je suis un privilégié, que mes élèves le sont, et qu’évidemment tous les libanais ne sont pas ainsi, cette réalité qui n’est pas la mienne m’a sauté aux yeux. Vivre au Liban c’est aussi ça, savoir qu’à quelques pas, le quotidien de certains est juste un combat quotidien, pour la faim, la soif, la vie.

Jeudi soir j’ai retrouvé Jocelyne dans un bar à jus un peu plus haut sur Mar Elias pour mon premier cours d’arabe. Il était temps que je démarre mais après avoir rencontré plusieurs enseignants potentiels j’ai choisi de travailler avec cette franco-libanaise. Pendant une heure on a discuté, pris des notes, revu ma prononciation de certaines lettres et vu le basique du basique concernant le vocabulaire. Je suis rentré avec mes devoirs, une trentaine de mots à apprendre et surtout tenter de tout prononcer correctement. Après la Pologne, je voulais éviter de faire la même erreur une seconde fois, ne pas tenter d’apprendre la langue du pays dans lequel je réside. Même si ici je pourrais faire sans, j’ai aussi envie de me mettre à l’arabe, pour ne pas être un touriste de plus, je suis ici pour trois ans. Alors après quelques semblants de phrases, on verra la suite jeudi prochain, en attendant je sais à peu près compter jusqu’à 10 sans erreurs.

La première pluie est tombée durant la nuit de jeudi à vendredi, cette odeur d’humidité que j’avais presque oublié est revenue. Deux mois et demis sans voir une seule goutte d’eau tombée, forcément au premier orage, on reste l’admirer. Ca m’a fait du bien de voir cette eau se répandre au sol. Le seul problème est que lorsque ça a repris en soirée, j’étais dessous et dans une tenue pas vraiment approprié. Je pensais que ça se serait arrêté, mais au contraire, ça a tourné en une véritable tempête et je suis assez douché comme rarement pour l’apéro chez des amis. On m’a conseillé d’acheter des bottes et de prévoir une tenue de rechange au lycée, je comprends pourquoi car en moins de cinq minutes, tout était bon à changer. Un verre de vin et un passage au sèche-cheveux, il n’y paraissait plus. On est allé dans un restaurant indien, du côté de Daoura que Madhu connaissait bien, ils viennent de sa région d’origine, du côté de Goa je crois. C’était effectivement un peu différent de la nourriture indienne que j’ai l’habitude de consommer mais délicieux. Un passage à Mar Mikhaïl avec Everitte et je rentrais au milieu de la nuit alors que la pluie avait disparu.

Grand soleil samedi midi quand j’ai rejoint Flo et Chris pour aller à Batroun, un endroit qu’ils adorent et c’est aussi là qu’ils se sont rencontré. On a donc pris un bus qui roulait plutôt vite et en une heure on était déposé au pont de l’hôpital de Batroun. Descendus vers le centre-ville on s’est arrêté à Le Garage pour boire une citronnade, spécialité locale à consommer sans modération. Un passage sur le port et surtout au mur phénicien, il n’en reste qu’une faible partie mais il a été édifié au IXème siècle avant JC, on filait ensuite vers le Colonel, brasserie où mes deux compagnons du jour se sont rencontré. Là, posés à une table face à la mer, un peu de musique en fond et de belles discussions, le temps a filé. C’est vraiment un endroit magique pour être au calme et profiter simplement pour souffler, chill est le terme le plus approprié. Il était aussi logique pour moi de mettre la tête sous l’eau et j’ai été surpris de voir à quel point il était facile de rentrer dans l’eau, en faisant attention aux rochers affleurants. Il n’y a que la baignade qui donne cette sensation, plonger au fond de l’eau et ressortir en respirant à pleins poumons, c’est vraiment magique, surtout quand on se dit qu’on est le 13 octobre. Après le coucher de soleil, on rentrait doucement vers Beyrouth, un petit passage à Badaro pour voir Nicholas et 23h sonnait quand je rentrais, fatigué mais ravi d’une telle journée.

De IAM à Batroun en passant par Capharnaüm et la pluie, cette semaine était un vrai manège émotionnel. C’est aussi ça qui fait que le quotidien, est si intense, car oui le travail est important, je suis d’abord et avant tout là pour ça, mais ces moments de vie, me le rendent magique. Je n’oublie pas de toute façon que demain… c’est loin !

Colonel Reef à Batroun, chill

Colonel Reef à Batroun, chill

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