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Saoura

21 Octobre 2019 , Rédigé par Pereg

Saoura

Depuis jeudi soir, la vie libanaise a changé. Saoura qui signifie révolution est le mot qui est sur toutes les lèvres. En effet, c’est une révolution joyeuse qui anime le pays, peu de débordements, peu de dégâts en tout cas pour l’instant mais cette effervescence questionne sur la suite à donner à ces actions. Que va-t-il se passe ensuite ?

Tout a démarré par une nouvelle taxe sur Whatsapp, faisant payer 6$ par mois pour l’utilisation de messagerie de ce type. Ce fut l’étincelle qui alluma le feu. J’étais à Jounieh quand tout a commencé pour mon premier cours de moto en circulation réelle. Une sortie exceptionnelle, se dire qu’après trois cours le samedi matin, nous allions vraiment côtoyer les autres véhicules si sereinement. Quelle sensation de folie, un vrai plaisir d’être à deux roues, c’est vraiment quelque chose que l’on ne peut retrouver ailleurs, cette liberté de faire les choses. Ce ne serait pas possible ainsi en France et cette opportunité qui m’est donné ici, j’en profite au maximum.

A 22h sur la route du retour, le trafic était relativement dense pour cette heure-là et en arrivant proche de Daoura, à l’arrêt complet… On se demandait ce qui se passait, ne pouvant voir trop loin pourquoi nous étions bloqués. Arrivant à rentrer par la route côtière et rejoindre Sodeco, j’ai fini à pied. Prenant une heure de plus que d’ordinaire pour rentrer, mais déjà on se questionnait sur la suite… Des pneus et des poubelles qui cramaient dans tous les sens, ça incitait à la prudence mais tout était tranquille. La plupart des grands axes de la ville étaient bloqués et il valait mieux circuler à pieds. Ou en deux roues, c’est fou de voir comment les rues ont été investis par les scooters quand les routes sont bloquées, ils passent toujours malgré tout !

Vendredi après un réveil à l’heure, un message du lycée à 6h50 nous confirmait que l’établissement n’ouvrait pas ces portes en raisons des troubles  de la nuit. L’agitation avait été assez importante en effet, mais peu de heurts finalement. Vendredi matin tout était assez calme pour la première des manifestations d’occupation du centre-ville… Quand j’ai vu le nombre de manifestants augmenté, je me demandais ce que tout ça pouvait donner. Les feux de poubelles étaient encore présents un peu partout en ville et la couverture des voies respiratoires presque nécessaire à certains endroits, mais encore une fois, tout était serein, sans danger réel.

C’est là que Saad Hariri a du prendre la parole, il était attendu car la première réclamation était la chute du gouvernement libanais. Il a annoncé être empêché de pouvoir mener les réformes qu’il souhaitait, ce qui peut être vrai, mais surtout donnait un délai de 72h pour agir. Le décompte fut immédiatement lancé par plusieurs chaines de télévisions, et l’occupation des lieux donna lieu à quelques débordements vendredi soir…

Samedi matin, le leader du Hezbollah pris la parole et demanda le maintien du gouvernement et de son action, ayant aussi surement plus à perdre à le voir tomber. C’est la grande question qui anime tout le monde, que se passera-t-il à la fin des soixante-douze heures ? Je ne vois pas ce qui pourrait changer et la direction que ça va prendre réellement mais je me question à l’heure où j’écris ces mots. Comment est-ce que les choses peuvent redescendre, calmer les tensions si importantes.

En revanche il est une chose indéniable à dire, c’est que le weekend a offert des images que je n’aurais jamais pensé voir. Quand je pense manifestations, le mot joyeux y est rarement associé, mais ici, tout est bien différent, les gens chantent, dansent, vivent dans la rue, ce fut le cas ce weekend d’une manière tellement puissante. On aurait dit que tout le pays était là. Je ne sais pas quel chiffre exact prendre, mais pour certains, plus de deux millions auraient paradé dans le pays, soit 1/3 de sa population. Les images de ce dimanche sont les plus impressionnantes, une foule si dense et si compacte que l’on n’y croirait presque pas.

Une effervescence que je n’ai jamais eu l’occasion de vivre avant, il se passe ici actuellement une révolution, pacifique, populaire, unie comme jamais je n’ai pu voir ce pays le proposé, qu’importe les confessions, que la corruption des politiques qui gouvernent ce pays s’arrête disent-ils. En tant que français je me suis pas mal demandé ce que je devrais faire/dire/penser. Mais là n’est pas mon rôle, je ne fais que transmettre ce que l’on peut voir ici. Un pays dont les habitants veulent que ça change, un peuple uni joyeusement, une demande de changement radical. Saoura.

Le délai de soixante-douze heure arrive à échéance dans dix heures, nous verrons ce qu’il advient.

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