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Nuitée dans le Chouf

4 Octobre 2020 , Rédigé par Pereg

Vue de Jezzine

Vue de Jezzine

Comme dimanche dernier, mais simplement un peu plus tard, je suis posé devant la télévision de la colocation, programme identique, Rolland Garros. Le dernier ressortissant français est à la peine dans sa troisième manche mais déjà c’est un exploit que d’être allé aussi loin. S’il m’offre à voir une manche supplémentaire j’en serai déjà ravi et je pourrai écrire cet article avec le bruit des balles jaunes sur l’ocre rouge de Rolland. En septembre avec le programme tv de juillet, en octobre avec celui de juin, cette année 2020 est assurément particulière et le calendrier des évènements n’en est que bousculé. Pour autant de mon côté, la routine tourne à plein.

En effet après une réunion lundi dernier où nous avons décidé de l’organisation plus concrète de l’enseignement à distance, une forme de routine sera mise en place dès demain, avec les rituels que j’affectionne particulièrement en classe, le calendrier, le calcul mental, le travail du son et de lecture. Tout ça pour permettre à mes élèves, du moins je l’espère de pouvoir travailler un peu plus en autonomie. Car oui ils sont en CE1 mais avec une année de CP pas complète, le niveau est quelque peu délicat dans certains domaines et tant que je resterai à distance, ce sera d’autant plus compliqué. En classe, on les a 5h par jour, à distance, on n’est à peine à 2h, mais en visio, on ne peut en demander plus. Ainsi, chaque jour nous permet d’avancer un peu plus, tout en sachant que l’on prend du retard sur ce que l’on est sensé faire cette année. Paradoxe d’une reprise loin de nos élèves qui se prolonge au moins encore une semaine… En plus notre directeur est parti en Italie, nous connaitrons la personne qui le remplace bientôt. On verra si le weekend prochain je pourrai écrire d’avoir de retrouver les pitchounes ou non.

Le travail est toujours intéressant et constitutif de mes journées, ce n’est jamais le plus important, car pour la première fois depuis mon arrivée au Liban, j’ai passé une nuit en dehors de Beyrouth. C’est anodin et presque paradoxal car voilà maintenant deux ans que je suis là. Mais pourtant jamais, je n’avais dormi ailleurs que dans la capitale. Mon lit ou chez des potes, dans l’appartement loué pour la venue des parents. Mais toujours ici, un déplacement retour après des sorties plus ou moins longues pour dormir dans ma ville. Je ne l’ai réalisé que ce matin, un détail étrange et qui n’a d’importance que celle qu’on lui accorde mais qui m’a forcément prêté à sourire. Une nuit dans le Chouf, une première sous les étoiles.

En début de semaine, avec les collègues nous parlions de sortir pour le weekend de la capitale, aller respirer ailleurs, Chloé avait trouvé un endroit avec des chalets au nord de Baalbek, tout semblait se dessiner de bonne manière. Mais voilà, l’endroit était plein et il a fallu trouver autre chose. Sahar a donc simplement proposé qu’on vienne passer le weekend chez elle à Chhîm. Acceptation collective et samedi matin direction le sud. Mais avec une contrainte en tête, celle des clusters qui allaient être mis en place dès le dimanche. Le village d’à côté d’ailleurs en faisait partie. Sous quelle forme, on ne pouvait le savoir à ce moment-là. Arrivé là-haut, se mettait en place de quoi passer un bon moment, une jolie tablée, de la musique par Cédric et des sourires. Des enfants ravis, des chats partout dans le jardin, une atmosphère paisible, un vrai weekend en famille. Bonus non négligeable, j’ai découvert un nouveau jeu de cartes le « 400 », assez semblable à la belote qu’il me tarde déjà de tester avec les frangins.

Petite balade détente de fin de journée, la marche de digestion pourrait-on dire, au Monastère Deir el-Moukhallès, avec un joli panorama et l’on commence à marcher. De fil  en aiguilles, on ira à un couvent, d’où allait partir un genre de Pardon, en direction de Saint-Sauveur d’où nous venions. Cantiques en langue vernaculaire, j’ai tendance à oublier que la messe est aussi faite en arabe ici. Français que nous sommes à associer la langue arabe et l’Islam, trop souvent malheureusement. Mais ici, une ferveur toujours plaisante à découvrir. Au retour à Chhîm, j’avais décidé de prendre ma tente pour éventuellement dormir dans le jardin. Après l’avoir monté en un peu plus de cinq minutes, j’ai dû la ramasser car les chats et leurs griffes acérées rodaient autour, trop pour ne pas m’inquiéter. Mais qu’importe, à minuit après la défaite de Nantes, sur la terrasse haute de la maison, je me suis allongé à la belle étoile. Pleine lune, voilée de nuages, je profitais de ce ciel si clair que je n’avais eu de cesse de rechercher ici.

A bonheur conquis, problème égal. Mon matelas que je pensais suffisamment robuste, était simplement trop dégonflé et me voilà allongé sur le marbre froid. Je suis donc rentré me blottir dans mon sac de couchage pour finir la nuit. Nuit courte car à huit heures, je descendais, le soleil m’ayant fait ouvrir les yeux. Une préparation de crêpes et un tour de main en deux poêles, on se faisait un joli brunch dominical. La suite était une belle balade dans cette région verdoyante qu’est le Chouf. Même si l’automne est là, le paysage ne s’est pas encore paré de ses couleurs orangées. La découverte du temple perse d’Eschmoun, puis une remontée vers Jezzine et sa cascade. Voilà un dimanche qui ne manquait de rien, si ce n’est une glace sur le retour en passant par Saïda. Cluster ? On ne les a pas vu, on a donc bien fait de rester dans la région plutôt qu’un retour au soir à Beyrouth.

Bien content de ne pas être rentré trop tard pour m’attaquer à mon écriture hebdomadaire, il me tarde également de la finir pour profiter de la terre ocre, mais aussi reprendre ma lecture démarrée hier, celle de Samarcande d’Amin Maalouf. Léon l’africain m’avait transporté au XVème siècle, je suis à présent à la fin du XI ème dans l’empire seldjoukide avec Omar Khayyâm, poète et mathématicien de son état.  Cet auteur libanais a le don de me transporter dans des histoires fascinantes, mais comme également comme Hugo et Dumas, faire que je ne veuille pas lâcher ses livres. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas pensé avant à demandé au CDI du lycée s’il y avait ce livre là dans les étagères. Je l’ai fait vendredi, démarré samedi, et la moitié a été mangé dimanche. Vous connaissez ainsi le programme de ma soirée.

Gaston est toujours en vie après les deux premières manches perdues et entame même une cinquième manche face à Thiem ! Impressionnant que ces passings de gaucher, il me bluffe vraiment ce jeune homme ! De mon côté, je vais grignoter un bout et rejoindre ma lecture. On verra ce que la semaine donnera, ce qu’apportera le weekend prochain, demain c’est déjà loin.

Ma lecture du moment!

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