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Début décembre

6 Décembre 2020 , Rédigé par Pereg

Dans le salon de Fehmi, face au match de l’euro féminin de Handball. La France démarre bien face à la Slovénie, j’ai vibré plus tôt avec la jeune garde bleue à Twickenham. Dans un match de rugby assez improbable et déséquilibré sur le papier, un groupe France peu expérimenté a tenu tête au XV de la rose. Les poussant en prolongations et perdant sur des décisions généreuses. Auparavant le match aurait pu être plié si Farell avait eu son pied, mais finalement il aura eu raison de ces bleus-là. Frustrant assurément mais j’ai vibré. Ça faisait longtemps qu’une telle intensité avait été dégagée par ce pack-là. Bravo à eux, défaite à l’arrivée mais ils peuvent fiers. Oui, je démarre souvent avec le sport, mais c’est aussi une chose qui me fait tellement vibrer que je ne peux m’en lasser.

La semaine fut déjà fort particulière car lundi soir, je prenais mes affaires pour quitter mon appartement dans lequel j’étais depuis mon arrivée au Liban, il y a deux ans. Loyer trop cher pour le marché actuel, je venais chez Fehmi le temps de trouver un appartement. Celui trouvé initialement, le propriétaire avait voulu se jouer de moi. Depuis, je suis arrivé chez Fehmi qui m’a proposé gracieusement de m’héberger, le temps de trouver un endroit convenable. C’est ainsi aussi qu’hier, après une visite peu réussi, j’ai eu des nouvelles du propriétaire pour la chambre qui me plaisait. Il a fait un geste et ainsi je vais aménager sous peu, contrat à signer mardi avec remise des clés. Normalement ça va le faire, mais tant que je n’aurai pas les clés entre les mains, je serai hésitant. On ne se refait pas de ce côté-là. Etant français, étranger en général pourrait-on dire, les locaux cherchent malheureusement toujours a profité de nous. Il y a un milieu acceptable entre le prix local et le prix touriste que je ne suis plus ici, mais malgré tout c’est pénible d’être pris pour ce que je ne suis pas.

Mon grand plaisir de la semaine aura été de profité de la grande télévision du salon de Fehmi. Un écran qui ferait passer pour une switch ma télé de Saint-Malo. Alors mardi, mercredi, je dirai même à chaque occasion que j’ai eu, comme ce match de Handball. Je suis calé face à ce joli écran. Bien sûr il ne fait qu’être en fond et comme d’habitude, j’ai le téléphone, l’ordinateur ou la liseuse qui fonctionne à plein. Mais le Bayern de Munich, Rennes, Paris, Lille ou n’importe quel match de sport finalement, c’est juste cool de le regarder sur un tel écran. Je n’ai pas encore essayer la console là-dessus, peut être que je le ferai dans la semaine à venir avant de rejoindre mon nouveau-chez-moi, mais peu importe finalement, la priorité de la semaine est bien ailleurs. Le travail reste toujours au premier plan.

Cette semaine fut la première depuis le 28 février où je recevais officiellement des élèves. En emploi du temps hybride, donc une moitié de classe seulement avait le droit de venir chaque jour. Mais en plus de ça, j’ai eu un groupe de parents réfractaires, me retrouvant donc avec seulement 6 élèves présents par jour. Peu importe, quel plaisir de les retrouver avec moi, dans ma classe, dans un rythme d’école, de voir malgré leur masque le sourire se dessiner sur leur visage, de les voir rire. On a beau dire mais ça fait plaisir de retrouver des élèves, d’être avec eux et de pouvoir les accompagner. C’est ainsi que devrait bien être l’école pour moi. Avec des élèves dans la classe. Avec ces enfants souriants, avec le plaisir de partage retrouvé. Il y a toujours une hésitation sur la forme que prendra l’enseignement dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, mais je pense que redonner l’accès de l’école aux enfants, était simplement la meilleure chose. Maintenant, il reste des enfants que je ne verrai pas, et la culpabilité de l’enseignant ne devrait pas trouver sa place car on donne déjà beaucoup, mais le doute s’insinue toujours. Mais c’est aussi aller vers une école à la carte, sous la pression et la volonté des parents, avec une charge de travail qui augmente encore et encore. Nous faisons le maximum dans de telles circonstances, et le repos des congés de fin d’année sera un bonheur que je vois poindre.

Vacances, voilà un mot que mon père n’aura plus besoin de prononcer car il est passé de l’autre côté. Jeune retraité, il pourra profiter pleinement de sa maison confinée avec mon petit frère et ma mère en télétravail, avant de me voir arrivé dans un peu plus de deux semaines. Après près de quarante années d’activité, entre l’agriculture et la banque. Il pourra se consacrer pleinement à son potager vannetais, à son jardin malouin. Enfin, une fois qu’il en aura la possibilité. Ce n’est pas une période simple à vivre, pour personne. Je pense aux étudiants particulièrement dont la plupart ne connaissent pas le délice des premières soirées estudiantines dans les grandes métropoles. Des sorties cinéma, des concerts que l’on ne peut pas faire, des spectacles que l’on ne peut pas voir. Mais au Liban, les choses sont un peu différentes…

En effet jeudi soir, j’ai eu un message de Sahar m’informant de la tenue d’un concert le lendemain. Un concert ! Oui, je ne le pensais pas possible, mais plus encore quand j’ai découvert qui était à l’affiche. Ibrahim Maalouf, trompettiste de génie, un son si particulier que j’ai toujours apprécié découvrir et écouter, depuis une soirée de novembre il y a fort longtemps où je l’ai entendu pour la première fois. Je n’avais jamais eu l’occasion de l’écouter, de l’entendre en live, et rien que pour ça, ça valait le détour. Ainsi après 17h vendredi soir, je prenais la direction des Souks où le concert avait lieu. Arrivé vers 17h40, j’ai eu le plaisir de ne pas être trop loin de la scène grâce à des amis proches. Le voir sur scène était quelque chose. Il a beaucoup parlé, heureux d’être là, et je peux le comprendre, lui, l’enfant du pays qui n’avait plus joué au Liban, depuis fort longtemps. J’ai espéré sur un malentendu que sa femme, face une apparition en plus, mais non. Qu’importe, le musicien qui l’accompagnait était tout aussi éblouissant, bluffant même. Et puis même en étant assis, même sans trop bougé, simplement être à un concert avec un masque. Un petit goût de « wahou c’est possible ». Tout ça, au son d’une trompette libanaise. Je me disais d’ailleurs aussi en regardant des films que les gens ne respectent pas les gestes barrières… Comme-quoi, les réflexes ont commencé à infuser dans nos esprits, dans le mien assurément.

Se faisant, le couvre-feu passé à 23h, il y avait aussi la possibilité de pouvoir sortir… Ainsi j’ai pris la direction de Mar Mikhaïl juste après, retrouvé mes gars sûrs, Tommy, Moayed et Elie. A nous voir ensemble des fois, on dirait le début d’une mauvaise blague tellement on ne se ressemble pas. La soirée s’est très bien passé, et rentré une nouvelle fois au matin car la soirée s’est prolongée, annonçait un weekend fort plaisant. Contrairement au précédent où j’étais débordé mentalement par le travail, j’ai vraiment lâché prise cette fois-ci. Retour dans le quartier et direction la salle de sport. Car oui, cet endroit aussi a rouvert. Je reprends mon rythme, et se défouler ainsi sur l’elliptique c’est vraiment le pied. En sortant de là, je me suis retrouvé sous la grêle. Des cailloux que je n’aurais pas cru possible si je ne les avais pas reçu sur la tête moi-même. Mais plus encore, c’est la neige que l’on a vu tombé sur Beyrouth. Décidément 2020, est improbable, et ce n’est qu’un exemple de plus. Elle n’est pas resté et les inondations qui ont suivi ont été catastrophiques. Dans ce petit évènement, il y a tout 2020, éphémère, improbable, surprenant, comme si tout pouvait vraiment arrivé.

Samedi soir en allant m’asseoir dans un café, et je sais qu’il y a beaucoup de pays où cette simple action n’est pas possible, j’ai dégusté un vin chaud en lisant Dumas. Je ne cherche pas à faire de jaloux, mais retrouver ce moment, cette quiétude, ce plaisir, je le souhaite à tous, car ça m’a vraiment apaisé. Un dimanche au calme également, il n’en fallait pas plus pour que je me sente d’attaque à la semaine qui s’annonce… Évaluations, bulletins, déménagement, cadeaux de Noël, il y aura plein de choses à penser, mais c’est encore dimanche, un petit film, un peu de lecture et je m’endormirai ce soir apaisé dans les bras de Morphée.

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