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Condoléances, jour 100 et institut

26 Janvier 2020 , Rédigé par Pereg

pour rester dans le thème.

S’il y a bien un mot qui peut définir ce qui s’est passé cette semaine autour de moi, c’est bien le premier. En effet dimanche soir, j’ai appris que le père d’une de mes élèves est décédé durant le weekend. Choqué, surpris, et inquiet pour la suite, j’avoue que le début de semaine n’a pas été simple à gérer, prenant très à cœur cet évènement quand bien même je n’y suis pour rien. Ce n’est pas la première fois qu’un parent d’élève que je peux avoir décède durant l’année scolaire. Mais c’est une première si l’on pense à l’âge de l’enfant. Sept ans, ça me fend le cœur. Mais cette épreuve qui n’est qu’un début pour elle m’a rappelé des précédents que j’ai pu vivre comme «traumatisme ». Le décès de la mère de Kessy au tout début de mon année avec les Perceval ; mais aussi Fronsac, la Pologne, ou encore Sophie quand j’étais en CE2 moi-même. Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis maudit, mais en parler avec une collègue à qui ça n’est jamais arrivé en plus de trente ans de carrière, je me dis que ce n’est quand même pas de bol.

Déjà que c’est difficile pour cette enfant, je vais l’accompagner cette année avec une vigilance accrue évidemment. Pour l’heure elle ne s’en rend pas vraiment compte, les phases du deuil par lesquelles on passe, font qu’il lui faudra peut-être beaucoup de temps pour le réaliser. Ce mot ne serait pas si représentatif de la semaine passée si ce n’était pas ajouté à cet évènement déjà dramatique, de multiples décès dans l’entourage du lycée. D’une enseignante de secondaire, à la mère du responsable de la maintenance, mais aussi de celle de la prof d’arabe de ma classe. Forcément, ils font tous écho à ce que j’ai pu ressentir vis-à-vis de mon élève, et j’avoue que j’ai hâte que le mois de janvier se termine pour ouvrir sur un Février que j’espère de sentiments plus positifs.

Alors le travail avance doucement, avec quand même le questionnement très régulier de savoir si l’on travaille chaque jour. Les rues ne sont jamais bloqués à 6h du matin donc l’accès à l’établissement reste possible. Cela n’empêche pas que je n’en serai réellement plus surpris. C’est aussi ce que je me suis dit récemment. Le fait de vivre ici à considérablement modifié mes perspectives d’étonnement et banalisé des choses qui ne devraient jamais l’être. Revenir à l’essentiel, ne plus trouver étonnant que l’eau du robinet ne soit pas potable, que le tri des poubelles n’est jamais fait, que l’électricité coupe plusieurs fois par jour. Ce ne sont pas là que des exemples basiques mais il y a un vrai différentiel entre ce qui se passe et mon accommodation à de telles choses. Pour être honnête, j’ai été frappé de stupéfaction quand je me suis rendu compte que j’en étais au point à être reconnu par la personne qui fouille les poubelles du bout de la rue… C’est quand même chaud de se l’avouer, même si je sais bien que je ne vis plus dans le confort de la maison de Saint-Malo, j’espérais ne pas être blasé de tout cela, d’une certaine manière je le suis déjà.

C’est aussi ce qui m’arrive quand je pense aux violences que l’on peut voir actuellement au Liban. Depuis la semaine dernière, les forces intérieures réagissent fortement à toute action des manifestants, auxquels se joignent de nombreux casseurs. Ces derniers sont en conflit direct avec la police et chacun avec ses « armes ». Cocktail molotov et feux d’artifice, contre canons à eau, flash-balls et gaz lacrymogène. Combat inégal, même supporté par le nombre, cette répression policière qui doit servir à l’instauration du gouvernement nouvellement nommé me fait craindre un avenir plus sombre que celui que les perspectives annonces. Demain, le parlement doit voter la confiance à ce gouvernement, nous verrons bien ce qu’il en sera, et la réponse de la rue à cette nomination ne s’est pas faite attendre. Pendant ce temps, Gebran Bassil pavoisait à Davos et s’est fait clashé en interview par une vindicte de questions qui montre combien cet homme qui ambitionne la présidence du pays, est loin de la réalité de ses concitoyens.

Pour en revenir à un plan plus personnel, j’ai redémarré les cours d’arabe, et cette fois-ci à l’institut français, à raison de deux fois par semaine. Un rythme de travail qui me convient bien pour avoir toujours le temps de faire du sport, mais aussi de profiter de ma vie sociale, ou simplement me reposer. J’ai besoin de temps, pour apprendre cette langue du quotidien, de me dépenser physiquement. Mais aussi bien sûr de relâcher complètement, du travail, mais aussi du stress que provoque malgré tout cette vie quotidienne beyrouthine. Ainsi donc je vais poursuivre mon apprentissage du libanais, en faisant l’effort sur ce dialecte  que j’ai encore du mal à oser parler même si ma compréhension est meilleure. En tout cas, quoi qu’il advienne, je n’oublie pas ma promesse polonaise de faire les efforts langagiers, et cette année, je suis vraiment dans cette dimension.

Après les pluies diluviennes de ces derniers jours qui s’accompagnaient d’un froid tout relatif, je dois dire que l’ensoleillement du weekend est plus que bienvenu et me fera assurément sortir la tête dehors cet après-midi même si j’aurais également un œil sur le sport. Ces temps-ci, le biathlon est redevenu roi, à l’approche des championnats du monde que je ne pourrais voir du fait de mon séjour népalais, Fourcade et Boe se livrent un duel des plus impressionnants à suivre, et surtout, je trépigne d’impatience au six-nations qui démarre déjà le weekend prochain.  Midi sonne sous peu, un peu de code, un peu d’arabe et je serai tranquille pour le reste de la journée.

Un dimanche un peu plus étonnant s’est déroulé finalement, car je suis allé manger à l’extérieur avec Chloé, Paul et leurs enfants, dehors, au lieu de mon frigo déjà bien chargé. On m’a proposé de monter à Harissa, une occasion que je n’ai loupé. Première fois que je partais au sommet de Jounieh, Abdo, Georges et Mara, pour une visite à Marie et un café posé sur le baie au retour. Une sortie inattendue qui m’a fait forcément sourire et profiter un peu plus encore d’un nouvel endroit. Ce pays a de la ressource et je n’espère qu’une amélioration même si j’ai du mal à voir comment elle peut advenir. Alors je vais citer à nouveau mon cher Edmond, attendre et espérer.

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Semaine de la colère et flash-back.

19 Janvier 2020 , Rédigé par Pereg

J’ai la gueule de bois ce matin, non pas parce que j’ai bu à n’en plus finir, mais je suis saoul de voir ce qui s’est passé hier soir. En effet, l’annonce avait été faite, à partir de mercredi ce serait « la semaine de la colère », et pour la première fois, depuis le début de la révolution il y a maintenant plus de 90 jours, les débordements et les casseurs sont bien là. Je parlais de « reprise » du mouvement, je me questionnais la semaine dernière, c’est la confirmation.

Toujours pas de gouvernement, il a été repoussé à date ultérieure, mais la crise est bien présente, même si le taux au marché noir a quelque peu désenflé. 400 manifestants blessés, une quinzaine d’arrestations et des scènes de violence policière que j’espérais ne pas voir ici, entre Flash-balls et Gaz lacrymogène, j’ai eu un peu peur. Peur de voir cette situation s’embraser jusqu’à l’arrivée d’émeutes qui à présent me semblent plus que jamais d’actualité. Hier soir en descendant à Mar Mikhail, j’ai eu les yeux rouges et la gorge sèche, une première au Liban. Rien de grave en soi, mais cette colère évoquée est bien présente, ruminée, profonde, et je ne vois pas comment dans la crise qui se déroule actuellement, les choses vont se dérouler autrement que dans une spirale négative. J’espère bien sûr qu’il n’en soit rien. Mais je ne veux pas me faire d’illusion.

C’est aussi pour ça que je me dis que, ce que je ressens aujourd’hui à Beyrouth, de nombreuses personnes ont du le vivre à Paris ou dans les grandes villes de province en France lors des gilets jaunes. Une entame de journée pacifique, des casseurs qui viennent se frotter à la police et la situation qui dérape, au point où les forces de l’ordre sont obligées de réagir. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre pourquoi c’était parti en vrille cette semaine, mais la longueur de la révolution, la tension au sein des forces de l’ordre, et les politiques qui n’agissent pas ne sont que des maux qu’il faut traiter. La crise économique est là, demeure, et ne fait que prolonger ce malaise. La semaine dernière, c’était les coupures d’électricité à répétition, qu’est ce qui va arriver ? Nul ne le sait, mais tous ont bien conscience que ça ne va faire que durer et s’empirer.

Malgré ce tableau très négatif que je peux dépeindre au matin, ma vie quotidienne n’a guère changé, il pleut toujours autant, l’école a été ouverte tous les jours de la semaine comme prévu, même si la moitié de mes élèves manquaient mercredi matin. J’ai repris le sport et bientôt les cours d’arabe en plus vont démarrer. Une routine, une normalité qui est nécessaire dans cette ville qui peut basculer à tout moment, c’est aussi ça d’être ici. Ce n’est pas feint ni vain que de vouloir être dans son quotidien.

Je refuse de changer quelque chose à ce que je peux faire ici juste à cause de la situation, tant qu’elle n’est pas critique, je ferai fi de tout cela, en restant à l’abris du danger bien sûr, je ne reste qu’un enseignant dans un pays qui n’est pas le mien. Mais je ne veux pas m’empêcher de sortir, de vivre, de foncer dans cette vie qui est la mienne comme j’ai toujours fait jusqu’à présent. Alors avec l’anniversaire de Waël vendredi soir, il était impossible de passer à côté. C’est aussi dans ce cadre que le titre prend son sens. Après un premier trimestre de révolution où mes fréquentations étaient quelque peu différentes, s’est effectué ce weekend un relatif retour à la normalité de ma première année ici. Waël que Flo et Chris m’avaient présenté en novembre 2018, un mec que j’adore vraiment. Je ne pouvais donc pas louper cette soirée. Je ne fus en rien déçu. Accompagné par Marine, que j’avais rencontré à Chypre, j’ai eu le plaisir de retrouver cette communauté internationale que j’affectionne particulièrement.

Ce tableau ne saurait être complet sans l’intervention de mon norvégien préféré. C’est ce qui s’est produit hier soir, j’étais resté enfermé toute la journée ou presque alors en soirée j’ai décidé de me bouger un peu et j’ai retrouvé Tommy, Charly et Kate à Toros avec un australien fort sympathique que j’avais déjà croisé en soirée. Deux bières, un billard et puis s’en va, il n’en fallait pas plus pour profiter mais surtout pour rentrer de manière semaine à l’appartement car les routes n’étaient pas toutes ouvertes, ce qui compliquait le retour. Qu’importe, dans ces cas-là, je ne joue pas avec le feu et j’apprécie de me faire ramener en voiture. Je le retrouverai ce soir devant Liverpool si je reviens à temps.

Alors même si le calme est revenu dans la capitale ce matin, la pluie de la nuit a fait retombé les humeurs, rien ne dit que ce dimanche ne sera pas de même ardeur que ce jour qui vient de passer, rien ne dit que les choses ne vont pas empirer, mais je vois mal comment elles vont s’améliorer. Ainsi pour me changer les idées, sortir de Beyrouth devient une nécessité absolue, et c’est ce qui va suivre pour la journée à venir direction le Chouf, avec de nouveaux morceaux dans les oreilles.

EDIT : je reviens du Chouf après une journée sous la pluie mais ravissante, du temps passé en bonne compagnie avec un joli repas au coin du feu. Peu de temps dehors, mais ce qui m’a marqué c’est la conduite du retour, des flaques d’eau géantes, au point de devoir ralentir à 20 km/h. On dira ce que l’on veut, mais les évacuations d’eau sont catastrophiques, ce n’est qu’un exemple de plus des difficultés quotidiennes des libanais.

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Ouverture et philosophie

12 Janvier 2020 , Rédigé par Pereg

Prendre la plume au réveil permet de réfléchir différemment, n’étant pas encore dans un état totalement en adéquation avec la réflexion mais laisse les pensées venir d’elle-même à ce cerveau peu réveillé. D’autant plus que c’est le seul réveil tardif de la semaine, et il n’est pas 9h pour autant. Oui, hier matin, samedi, nous avons travaillé, une seconde matinée de rattrapages. Ce n’est pas tant de le faire que le non-repos provoqué qui sur du long terme agira forcément. Je sais que je dois me montrer vigilant avec mon sommeil, d’où ce questionnement relatif au matin, d’une nuit qui aurait pu être plus longue et qui finalement n’aura duré que sept heures au maximum. Mais dans ce schéma de fin de semaine, je me suis interdit de travailler avant de revenir à l’école lundi et plus ça va, plus je pense que c’est nécessaire de m’y restreindre. En effet, savoir couper est une nécessité absolue que j’arrive à gérer durant mes congés, mais j’ai toujours eu du mal à le faire le weekend, dans la mesure où je ne sentais pas que j’avais tout fini pour la semaine à venir… Or, tout n’est jamais prêt pour la semaine à venir quoiqu’il se passe, et quand on sait ce qui va advenir, il y aura forcément de la modulation, et le travail ne sera pas moins bien fait pour autant. Alors je coupe, et je vais essayer pour les weekends à venir de le faire à chaque fois.

Vendredi, une fois sorti de l’école, c’est terminé jusqu’à mon arrivée au lundi matin. Ce n’est pas une résolution de bonne conscience, ni une volonté de fainéant, mais je dois être capable, je souhaite me prouver que le temps que je consacre à mon travail est suffisant, et ce n’est pas parce que je prendrais du temps pour ma vie autre que scolaire, que j’en serais un plus mauvais enseignant. Déjà en rentrant mardi avec le noël arménien je sentais que cette semaine allait être particulière, et elle l’a été, mais si j’aborde les choses d’une perspective plus prosaïque, c’est une lutin de rentrée ! Les élèves ont oublié une partie de leurs leçons, ça c’est normal. Mais devoir revenir sur l’attitude, les règles et perdre le rythme, j’ai toujours l’impression d’être en septembre alors que l’on a dépassé les cinquante jours en classe. On pourrait me répondre que ça fait aussi parti du jeu et c’est le cas, mais l’énergie n’est pas focalisée que sur le travail et si je compare aux années précédentes, je pense que ce temps impact trop mon travail. C’est aussi peut-être ma manière d’aborder les choses qui fait que tout ça n’est pas au point.

Récemment, je me suis questionné quand à cette dernière, mon attitude de travail, mon positionnement face aux élèves. Etre enseignant est un perpétuel recommencement, une gestion de classe à retrouver, une posture d’écoute et d’action. Mais cette année, je ne suis pas exactement dans cette recherche, car j’étais déjà dans ce même niveau de classe, le CE1, avec des repères et une méthodologie. Même si le déménagement de l’école a bouleversé  pas mal de choses, ça n’empêche pas que j’ai dû moduler mes repères plus encore. Il se trouve aussi que dans une éventuelle perspective de fin contrant ici dans dix-huit mois, je me dis qu’une visite avec retour écrit pourrait m’être bénéfique à intégrer à un dossier de candidature. C’est peut-être un non-sens quand on habite au Liban d’essayer de voir à moyen et long terme sachant que on ne sait pas de quoi sera fait le lendemain. Mais plus ça va, plus je suis ainsi, j’ai besoin de me projeter au futur pour me motiver au présent. Me dire que dans un mois j’irai au Népal, dans trois je reviens en France avec un passage à Munich, et que cet été je repars en colo. C’est mon booster, mon essence, ma vie. Oui c’est très planifié (peut-être trop), mais être enseignant permet de savoir à l’avance les congés que l’on aura et donc prévoir devient aussi légitime.

Il n’y a qu’une seule personne dans ce discours et elle est à la première personne du singulier. Je le sais bien, mais ma vie se conjugue ainsi actuellement alors pas de raison de changer. On pourrait me rétorquer que c’est égoïste, et c’est vrai car je pense à moi, à moi seul. Mais je n’ai pas de contraintes que celles que je m’impose, celles que je définis. Sachant que je pourrais faire pire encore, ou bien mieux aussi. Alors qu’importe, ce sont mes choix qui m’ont porté là, de la découverte des écoles françaises à Varsovie au mémoire sur ce système, à mon intégration au sein de l’AEFE depuis septembre 2018. Professionnellement, je suis exactement là où je voulais être. Alors le perso, et qui le reste, a-t-il besoin de souffrir d’autres choix que celui de l’envie ? Pour l’instant cette question ne se pose pas, mais il est clair que quand j’agis, je ne prends rien d’autre en compte. Ce ne sera jamais contre quelqu’un ou quelque chose, mais toujours pour moi, en espérant que cela puisse aussi plaire, mais ça n’est en rien ma priorité. Désolé si ça peut en décevoir plus d’un, je serai dans une philosophie déontologique.

Après avoir terminé la philosophie de Harry Potter, et sans me mentir à moi-même, je me dis que j’ai encore beaucoup à apprendre pour me permettre de  m’exprimer sur ce point trop longuement sur ce point. Mais de l’école platonicienne, à l’homme fort de Nietzche, j’ai redécouvert des écoles de pensées que j’avais sûrement dû aborder plus jeune mais que j’ai oublié. Je me rattache pour beaucoup de chose à Kant (oui ça peut faire peur dire ainsi) mais lui qui traite l’action morale comme nul autre me fait penser à ce discours. Le choix que j’ai fait n’est peut être pas moral d’après sa norme d’ailleurs, mais ce choix est celui sur lequel tout le reste de mon raisonnement tiendra. Une fois la décision prise, les conséquences seront assumées. Je pourrais prolonger ce discours philosophique plus en profondeur mais je n’en ai pas la qualité, et pour un dimanche matin avec neuf heures d’à peine passées, je me dis que c’est déjà beaucoup.

Alors que je ne vais pas tarde à me lever, oui j’écris bien sûr dans mon lit, je finirai en me disant que je ne sais pas ce que ma journée me réserve, un peu de sport peut-être, de la lecture c’est sûr, et une sortie probable, mais d’abord après avoir fermé ce pc, ce sera un thé.

ps: après une fin de journée de samedi avec plusieurs milliers de manifestants dans les rues, je me demande si la Révolution est relancé ou si ce n'était qu'une réaction aux nombreuses coupures d'électricité de la semaine...

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2020

5 Janvier 2020 , Rédigé par Pereg

Et voilà une nouvelle année qui commence, assis à mon bureau dans ma chambre de Beyrouth, je reprends la plume après un passage français durant les vacances scolaires et un retour libanais sous des hospices assez particulières. Oui, je peux déjà dire que je commence l’année de manière assez confuse par une phrase aussi alambiquée… Mais on sait déjà que ce genre de tournure n’est pas fait pour me déplaire au contraire, surtout quand on peut faire plus simple, je ne prends que la voie qui montre un chemin plus escarpé.

L’actualité en plus me donne raison et ça n’est en rien rassurant. L’assassinat par un bombardement américain du général iranien Soleimani aura des répercussions dans tout le Moyen-Orient et donc à fortiori au Liban. Ce n’est guère rassurant à long terme, mais pour l’instant tout reste calme. Je savais que l’actuel occupant du bureau ovale n’est pas vraiment un génie, mais cette action aura un impact réel sur la vie géopolitique des prochains mois. A mon modeste niveau, je perçois des conséquences assez désastreuses alors je me demande comment lui, n’a pas pensé aux conséquences de ces actes. Peut être tout simplement qu’assis à Washington il ne pouvait voir que ça engendrerait le début d’une guerre, mais être naïf à ce point, même pour lui, me parait bien cynique. Qu’on ne me dise pas que je suis pro-iranien dans cette histoire non plus, car la mainmise des gardiens de la révolution sur les branches armées chiites dans toute la région a de quoi questionner aussi, mais je déplore l’attitude unilatérale des américaines qui ne semblent pas réfléchir à long terme sur ce genre d’actions…

Européen, voilà mon identité la plus reconnaissable actuellement. Ne pouvant être d’accord avec la politique d’un pays comme les USA, tout en critiquant la volonté de nucléaire militaire iranien, mon salut se trouve dans les mains de Bruxelles. Plus j’avance, plus je me situe politiquement à un niveau supranational, l’Europe. La France, bien que diplomatiquement placée, ne peut être assez forte pour prendre une position marquante à elle seule. Bien que je sois des plus attaché à ma région, ce n’est pas elle non plus qui aurait un poids suffisant pour être audible au niveau international. Or, l’assemblée des 27, elle le peut. Une position commune, dissemblable à celle des américains, tout en étant capable de négocier avec Téhéran, je crois fermement que c’est à ce niveau que ça se passe. Seule l’UE est capable de rivaliser sur la scène internationale avec les monstres que sont la Chine et  les USA, économiquement, mais l’impact d’une parole commune aux états membres aura forcément un impact fort. C’est d’ailleurs ce que je déplore également, car rares sont les cas de figure ou tous adhèrent à une proposition conjointe en terme de diplomatie. Mais quand je vois notre monde actuel, quand je me dis que 2020 démarre, il n’y a plus de temps pour faire autrement qu’ensemble. Éviter une guerre qui pourrait s’étendre au niveau mondial, et combattre le réchauffement climatique, notre ennemi à tous.

Je ne me permets pas de parler ainsi en mode bonnes résolutions, mais simplement pour dire que c’est foncièrement ce qui m’inquiète le plus. Des feux dramatiques en Australie, une montée des eaux constante qui provoquent des migrations climatiques, l’heure n’est plus à la négation de l’urgence climatique, mais à l’action concrète, et vivre à Beyrouth me confirme qu’il y a tellement à faire. Pas à pas, cela suffira-t-il ? Aucune idée, mais au moins il faut essayer.

Bon d’accord je vais essayer de me montrer optimiste malgré tout en ce début janvier. Déjà trois semaines que je n’ai écrit mot. Une dernière semaine de classe avec remise des bulletins et puis s’en va. Après avoir quitté Beyrouth le 21 décembre, j’ai rejoint mon petit frère à Lyon pour une visite plaisir du Beaujolais, avec un passage dans un restaurant génialissime et une visite de la cave coopérative de Juliénas. Direction la Bretagne où une raclette en famille nous attendait. Retrouvé mes neveux et nièces a été le must de ces congés, c’est aussi tout ce que je souhaitais, avoir du temps avec eux, contrairement à l’an passé où je m’étais pressé, trop sûrement pour réellement profité. Je n’ai pas fait la même erreur cette année et ainsi Noël, hormis conjonctive et gastrovirus, tout s’est passé comme sur des roulettes. Ou presque…

Car oui depuis le 5 décembre, il y a de nombreuses grèves avec la réforme des retraites, notamment celle des conducteurs de train. Mais à présent que je ne suis plus motorisé de la même manière, je ne peux plus faire les déplacements souhaités facilement. Ainsi, mon passage malouin initialement prévu pour la nuit du 30 décembre a été annulé. Sur le coup, je me suis dit, pas grave, je pars de Vannes et ça le fera… Mais il y avait une raison plus importante à ma venue dans la maison familiale, je devais y récupérer mon sac à dos pour le Népal ! Je me suis donc retrouvé dans l’obligation d’emprunter un sac, mais j’ai fini par acheter celui qui me plaisait tant depuis des années chez Décathlon, avec un petit bonus de vêtements techniques pour être équipé un peu plus encore. Le 31 je prenais le TGV direction Paname, sans trop de heurts… jusqu’à ce que j’arrive à Montparnasse. Oui grève à la RATP, qui se prolonge toujours d’ailleurs, et peut-être même avec une ampleur encore plus importante dans les jours à venir. Je plaints les usagers des transports parisiens, je n’ai eu qu’un infime aperçu de la réalité quotidienne de ce côté. Mais pas de ligne 13, donc un bus pour Saint-Lazare, blindé à souhait, un transilien surchargé où collés les uns aux autres, j’ai eu peur de ne pas pouvoir descendre à Bois-Colombes. Mais si, j’ai retrouvé Régis et Laura comme prévu et on s’est parti dans l’Oise comme prévu, pour une soirée raclette / jeux de société qui a été fort appréciée. Un passage chez les parents de Laura pour le premier janvier, avec une nécessité de sieste, on revenait sur la capitale dans la soirée. Le 2 amenait de petits bonheurs que j’avais espéré, une exposition sur la féérie du monde de Tolkien, qui m’impressionne plus encore à présent. Revoir Clara et Lucie autour d’un verre, c’est qu’après leur départ de Beyrouth, les choses n’étaient plus les mêmes, et pour finir, revoir Abdou le jour de son anniversaire. Tout ce qu’il fallait.

Mais déjà je sentais qu’il était temps que je rentre, car oui, ce n’est peut être pas si réel, mais ce sentiment perdure, en tout cas à mon esprit, de rentrer à Beyrouth comme je rentre en Bretagne, chez moi. Alors après une dernière soirée devant Tais-toi avec Régis et Laura, j’ai pris un Uber direction Orly pour y passer une nuit relativement calme. Assis au premier rang dans l’avion après une nuit sans sommeil, il était temps de rejoindre Morphée, et pour ainsi dire, je ne me rappelle pas du décollage, chose qui confirme que je devais peut-être même ronfler, pauvres voisins. Accueilli en grande pompe par la pluie et Sahar, un passage fort appréciable à City Center à coup de sushis et de courses, j’arrivais chez moi, ma chambre, mon drapeau.

Il me reste à présent à reprendre le rythme, l’école redémarre mardi. Lundi c’est Noël Arménien et donc férié, ça me permettra de gagner une nuit de sommeil en plus. Ainsi 2020 commence, avec une ambiance bien différente, mais je sais que même si l’actualité à une autre échelle est bien animée. La mienne est toute à explorer, et comme disait un certain Edmond Dantès, « Attendre et Espérer! »

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