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I. Conséquences et hiérarchie

28 Février 2021 , Rédigé par Pereg

Semaine de reprise mais toujours confiné, ce ne fut pas sans difficulté que je me suis attelé à nouveau à la tâche. Il semblerait qu’à partir de demain les choses deviennent plus aisées concernant les déplacements mais rien de sûr soyons clairs. Alors en attendant je prends toujours mon mal en patience et j’irai marcher un peu histoire de prendre l’air malgré tout. Ce n’est cependant pas ce qui fut le plus marquant dans ma semaine. J’ai appris de conséquences passées, mais surtout que même dans le monde scolaire, la bienveillance peut être relative.

Alors que je pensais avoir l’esprit clair et apaisé après une semaine de vacances réussie compte-tenu des circonstances, lundi provoqua me provoqua un grand émoi. J’ai pu voir le rapport de l’inspectrice sur les séances de travail auxquelles elle avait pu assisté. Sans parler trop de pédagogie, j’ai été surpris de voir qu’une femme assez agréable dans son discours avait une plume bien plus acérée à l’écrit. La période d’enseignement à distance inciterait à une bienveillance plus importante, il me semblait. Mais non. On m’a rétorqué que ce bulletin n’était que privé et donc n’aurait qu’une utilité relative. Se voir juger sur un travail compétent m’a amené à une première déception. Mais là où le bât blesse, c’est qu’il était reporté à l’écrit un évènement qui m’a-t-on dit, « n’aurait pas de conséquences ». J’étais été assez fou de le croire sur le moment. Mais je me rends compte à quel point j’ai encore été naïf de ce point de vue.

Après avoir digéré cette nouvelle peut agréable, j’ai donc décidé de rétorquer par la seule manière qui était possible, le biais syndical. Mais là encore, entre ce qui m’est dit oralement et la réalité de l’assistance, il y a un écart. Ce soutien néanmoins fut apaisant, même si je considère de nombreux paramètres, je sais aussi que cet entretien carrière aura une conséquence de long-terme car cette trace me sera demandée sur des prochains postulants dans l’Education Nationale, que ce soit sur le territoire métropolitaine si je devais y revenir, comme à l’étranger si j’arrive à repartir cette année. Ce premier acte me préparait à un second d’autant plus difficile. En effet, à l’étranger contrairement à la France, ce n’est pas avec l’inspecteur ou l’inspectrice que se passe cet rendez-vous, mais avec la cheffe d’établissement. Mais comme tout est particulier… la directrice de l’enseignement primaire y a pris part alors qu’elle n’est en rien ma supérieure hiérarchique. Du moins en théorie.

Dans la pratique, elle dit ce qu’elle veut de mon enseignement à une principale arrivée cette année et à laquelle je n’ai quasiment jamais à être confrontée. Alors que je savais qu’on allait potentiellement m’attaquer, j’ai réellement eu l’impression de faire face à l’inquisition. Le conseil et la bienveillance qui sont normalement au cœur de cet entretien ont laissé place à l’écrasement, la violence et l’attaque. Je ne parle ici encore que de ressenti car je n’ai pas encore eu le rapport écrit final, sera-t-il aussi vindicatif ? Mais ce moment qui devait être valorisant, n’a été qu’âpreté et confrontation hiérarchique. J’ai été choqué que le peu de pouvoir accordé à certains puissent leur donner la confiance telle qu’ils se sentent le droit d’écraser les autres.

La violence du monde de l’entreprise dont on parle souvent, j’avais espérer pouvoir l’éviter en travaillant dans l’éducation nationale, je pensais que le fait de travailler au service de la communauté et pour des enfants pouvait protéger de malveillance. Voilà la leçon que j’aurais appris à travailler dans mon établissement ici au Liban. Car je ne sais pas si c’est spécifique aux personnes que j’ai rencontré ou si c’est un fait hiérarchique établi. L’amertume et la désillusion sont encore puissantes, elles le seront probablement encore quelques temps car le rapport écrit arrivera bientôt et pourra peut-être encore m’y ramener. Pour autant, une page se tourne, mon contrat libanais s’arrêtera en juin et j’ai appris ma leçon. Celle qui fait de moi qu’un pion dans le système et que le travail honnête n’est pas forcément récompensé. Alors que l’école promeut les valeurs de la république, il serait bon que ça puisse être aussi le cas pour son personnel.  Il y a une binarité folle entre mon ressenti sur le pays lui-même, la vie que je vis ici, les gens que je côtoie, et le ressenti que peut provoquer mon travail. Comme si le fait d’apprécier autant ma vie ici devait forcément amener à un travail difficile.

Ce samedi j’ai eu le plaisir de sortir un peu de Beyrouth pour aller profiter un peu de l’air pur du Chouf, et je ne fus pas déçu de la balade, une vraie respiration. Une journée au calme avant de reprendre une nouvelle semaine qui sera encore à distance. Nous ne savons toujours pas si l’on reverra en classe nos élèves, mais déjà si nous avions le plaisir de retrouver notre établissement pour travailler, de nombreux désagréments personnels je suis sûr pourraient être évités.

Cet article pourra paraître acide et pourtant il est écrit avec déjà un peu de recul, je n’ai pas de rancœur, je me sens serein. J’ai été par contre déçu il est vrai de découvrir qu’à l’école aussi, le pouvoir reste… le pouvoir.

Vous avez dit Chouf?

Vous avez dit Chouf?

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Fraude, vacances et électricité.

21 Février 2021 , Rédigé par Pereg

Neige!

Neige!

Voilà dix jours que je n’avais pas écrit et c’était des plus volontaires. Déjà je ne voulais pas écrire juste le dimanche d’avant l’inspection, et encore moins celui d’après. Correspondant au début de mes vacances ici. Et de vacances, comparé à ce que je peux faire d’habitude, il n’y a que le nom. Pas de voyage à l’étranger, pas de pharaon, pas de Nil, pas de pyramide. J’espère pouvoir le faire en avril si la COVID19 et l’AEFE me le permettent… D’ici-là je ne suis pas mécontent malgré tout de la semaine qui vient de s’écouler. Car même si je n’ai pas découvert de nouveau pays, j’ai arpenté encore un peu plus ce Liban qui est le mien. Mais vous me direz que normalement confiné, je n’aurais pas dû sortir de chez-moi. C’est vrai, j’ai fraudé.

J’ai fraudé sans aucun scrupule d’ailleurs, car c’est aussi ma santé mentale qui était en jeu ici. Coincé en ville depuis la seconde semaine de janvier, nous n’avions pas eu le droit de quitter notre domicile autrement que sous une impérieuse nécessité. Je l’ai respecté du mieux possible, ne sortant que pour marcher un peu jusqu’à mon anniversaire. Les choses ne s’améliorant pas, j’ai donc voulu faire différemment pour les vacances, car même si j’adore mes colocs, même si mon appartement est fort sympathique, j’avais des besoins d’ailleurs, de vie, de verdure, de respirer. C’est ainsi que j’ai d’abord souhaiter réserver un logement pour le weekend dernier à la montagne, sauf que je n’avais pas penser à la saint-valentin et tout était plein… Coincé pour une part, j’ai eu le plaisir de rejoindre Cédric et Zarif pour des péripéties à l’extérieur de la ville.

Samedi 13 tout d’abord, nous sommes parti un peu dans la montagne, au départ juste pour une jolie ballade, elle s’est prolongée un peu plus car dans une nature si belle et printanière, l’envie de poursuivre était prédominante. Cette première respiration fut une libération, montrant à quel point sortir de la ville était nécessaire, vital. Alors oui, une ballade illégale, mais nous n’y avons croisé personnes, et ça c’est nettement moins que si j’avais simplement fait le tour de mon quartier qui est fort peuplé. Se libérer du masque pour marcher ainsi est un plaisir non-négociable car si je fais un tour en ville, il est sur mon nez tout du long. Sur le retour, arrêt sur la plage arménienne de Jbeil. Une température avoisinant les quinze degrés, un plongeon s’avéra donc nécessaire. Une eau chaude ou presque pour une baignade fort plaisante. Ça faisait longtemps que je n’avais pas nager et j’en oublierai presque à quel point je l’apprécie. Il n’était pas seize que nous étions déjà de retour à Beyrouth, la nuit tombe vite ici.

Après un dimanche sans déplacement hormis une sortie pédestre dominicale, lundi matin nous nous étions organisé avec Chloé également pour faire un tour tous ensemble. Direction Jabal Moussa pour une marche collective. Les pitchounes ont été impressionnants de volonté et force pour suivre la marche faite. A nouveau un bon bol d’air, un brouillard qui commençait à nous plomber mais qui nous a abandonné sur le retour afin que nous puissions admirer les efforts réalisés. Une inscription datant d’Hadrien, et nous prenions le chemin de la mer. Petit arrêt pour prendre de quoi pique-niquer et rebelote à la plage pour une baignade fort agréable. Marin congelé je l’ai ramené sur mon dos du plus vite que j’ai pu au bord et tout s’est bien passé, mais j’oublie parfois que tout le monde n’a pas la même résistance au froid. Ma couche de beurre protectrice est toujours pratique pour ça. C’est marrant d’ailleurs de parler de fraude car malgré tout, nous avons payé la taxe de passage dans le parc naturel alors qu’il n’est pas sensé ouvrir. Et à la plage, le parking est payant également, mais on nous prévient que la police peut passer. Même dans la fraude, rien n’est perdu.

Mardi le mauvais temps arrivait, alors en sortant de l’hôpital pour contrôler mon genou, je suis parti faire un petit tour avec Noura avant que le temps se gâte. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas sorti ainsi pour une telle ballade. Autoroute jusqu’à Alley et retour par l’Ouest. Rien de tel à moto pour profiter du grand air. Quinze heures, il pleuvait et j’avais pu sortir un peu. Mercredi sous la pluie n’a rien amener de fantastique de ce côté non plus, la neige sur les hauteurs, de la pluie dans la capitale. Jeudi voulant braver le froid, direction la montagne avec Sahar, rejoint avec Cédric et Zarif. Pas question d’une grande marche, simplement d’aller admirer un peu la poudreuse récemment tombée, de faire un petit bonhomme de neige, de marcher avec le crissement si particulier de cette étendue blanche. Ça m’avait manquer et c’est vrai que le Liban est fou pour ça. On peut vraiment profiter de la mer et de la montagne dans la même journée. Envies diamétralement opposées, mais jouissives à leurs manières. C’est juste dommage que j’ai ramené mes affaires de skis à Noël car je pensais me dorer la pilule en Egypte. Qu’importe, le sourire était là.

Vendredi, comme la météo n’aidait pas non plus, j’avais décidé de consacrer la journée à un truc qui s’appelle le travail. J’ai réussi à préparer une semaine complète dans la journée, on a beau dire mais pas le choix, le travail doit être préparé malgré tout. Samedi, nouvelle sortie collective pour faire jouer les enfants dans la neige. Car si elle est magique pour les adultes, elle l’est encore plus pour les enfants et voir leurs yeux pétillants face à cette poudreuse est un bonheur aussi en soi. Il y a aussi l’aspect logistique à gérer ensuite car le froid peut être problématique pour certains mais il n’enlève en rien le plaisir ressenti à jouer dans la neige. Sur le retour, je me disais que j’avais vraiment eu de la chance d’avoir des amis qui m’ont permis de m’évader de Beyrouth durant ces congés, et faudra peut-être réfléchir à la nécessité d’un véhicule plus important que ma Noura pour ma prochaine destination. J’ai fraudé, pleinement en tort de ce côté je ne peux le nier, mais sauver mon mental était plus important encore.

Je me suis évadé aussi d’une toute autre manière durant ces congés… par la lecture. En effet, après avoir dévoré l’Ickabog qui m’a été offert à Noël, j’ai dévoré le Glas, dernier épisode de la trilogie de la Faucheuse de Neil Shusterman. Une lecture adolescente et si plaisante dans un monde où la mort est un métier. Une dystopie de notre société actuelle assurément, mais quel pied. Les 700 et quelques pages sont passées en cinq jours. Pas rassasié de lecture pour autant, j’ai lu également Un singe en Hiver d’Antoine Blondin. Depuis que j’avais appris grâce à une chronique de Juliette Arnaud dans Par Jupiter que ce film mémorable avec Gabin et Belmondo était un livre, je savais qu’il serait lu à un moment où un autre. L’ivresse de la lecture est mienne et je n’ai pas rechigné sur ces trois cents là non plus. Je vais m’attaquer au jeu de la dame en anglais à présent, ça fait longtemps que je n’avais pas lu dans la langue de Shakespeare.

Je l'ai cité dans le titre mais je n'en ai pas parlé avant. L'électricité nous a joué des tours récemment car le générateur de l'immeuble a lâché jeudi. Pas de lumière, pas d'internet, nada. Heureusement j'ai eu la bonne idée d'emporter ma lampe de camping rechargeable. Lisant sur liseuse, ça ne posait pas de problème non plus et à 21h tout était revenu. Mais vendredi  matin rebelote, j'avais agis en prévision et pour ma matinée de travail j'ai pu faire sans. Cependant si ça devait recommencer dans la semaine, je ne pourrai travailler c'est aussi pour ça que j'espère pouvoir aller travailler à l'école. j'y serai sûr d'éviter les coupures d'électricité.

Les vacances sont finies, demain retour au travail, à la maison pour l’instant, mais j’espère à l’école bientôt. Il faudra reprendre le rythme et suivre ce qui sera assurément une période particulière…

Soirée dans le noir....

Soirée dans le noir....

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Ça s’est fait !

10 Février 2021 , Rédigé par Pereg

Mercredi soir et ce n’est pas mon habitude mais je m’étais dit que j’écrirai une fois que mon inspection serait passée. C’est enfin le cas ce soir. Et d’ailleurs ainsi, le prochain article sera la fin de mes vacances, du côté du 21 février. D’ici là, les choses que l’on nous a dit ne seront peut-être plus d’actualité et l’on continuera le confinement ou que sais-je. J’avoue que devoir rester à l’appartement, jour après jour, sans possibilité de sortie, sans possibilité d’aller voir la montagne. Je me dis d’ailleurs qu’il va falloir que je m’organise pour aller respirer en dehors de la ville avant de me retrouver moi-même sur une saturation exacerbée plus encore qu’elle ne l’est aujourd’hui. On ne fait pas ce que l’on veut, ça je le sais bien, ça n’est pas nouveau avec la pandémie actuelle. Cependant, en plus de ne pas avoir l’autorisation de partir en vacances, ce qui peut se comprendre, nous sommes interdits de retour en France. Et en bonus, la circulation est contrôlée ici. C’est pourquoi je ne sais même pas si je pourrai louer un véhicule comme j’avais pu le faire à la Toussaint pour respirer ailleurs que dans la capitale. Oui, cette situation n’est pas simple mais je me sens ce soir malgré tout, soulagé.

En plus d’avoir pris une année de plus lundi, j’ai passé mon inspection ce matin. Celle dont j’aurais dû parler à ma principale depuis septembre, mais voilà c’est fait. On pourrait me dire que c’est cocasse voir même plus de se faire inspecter à distance, et quand je compare avec des amis en métropole c’est sûr que ça n’a rien à voir. Mais voici à Beyrouth, alors que l’on travaille à distance depuis septembre, ça n’a plus rien de surprenant finalement que de faire cette inspection dans ces conditions. Pour ce moment, j’avais envoyé tous les documents nécessaires et même plus encore afin de permettre aussi de présenter mon travail de la manière la plus honnête. Car avec cet enseignement à distance, même si je passe au moins trois heures par jour en visioconférence avec mes élèves, en groupe classe ou en petits groupes ; il y a toute une partie de mon travail qui n’est pas fait de cette manière pour les élèves, mais quand ils le souhaitent à la maison. J’ai beau essayé de les inciter du mieux possible à le faire le matin, ce n’est pas le cas de tous. Je comprends d’ailleurs que la motivation de leur part ne soit pas forcément au rendez-vous. Il est aussi parfois difficile pour moi de l’être dans ces conditions.

Cependant, pour mon inspection, j’avais vraiment mis toutes les chances de mon côté en lui présentant d’abord un enregistrement de ma phonologie hebdomadaire, ces séances si particulières que j’apprécie tant, mais surtout faire en sa présence une séance plus variée. Il y a plus de quatre ans, quand j’étais à Cancale, j’avais fait de l’anglais, aujourd’hui j’ai parlé du régime alimentaire des animaux. Les élèves ont apprécié, moi de-même. La discussion qui a suivi la séance méridienne, a été fort intéressante, me confirmant toute la bienveillance que je pouvais avoir envers mes élèves et on m’a reproché de ne pas laisser assez d’interactions entre les enfants. Quand on est dans ce dispositif de travail, il est effectivement assurément curieux de se le faire reprocher. Mais qu’importe ça fait aussi parti du jeu, il y a toujours quelque chose à modifier, à améliorer et plus encore. C’est d’ailleurs vrai, on peut toujours faire mieux, mais je suis déjà satisfait de ce qui a été fait.

En revanche, la toute fin de l’entretien a retenu mon attention, m’évoquant à nouveau une question posée à l’ambassade en novembre dernier, comme quoi ça me servira de leçon de poser des questions. Mon anniversaire, le lundi 8 février, je ne l’ai pas célébré de la meilleure des manières, mais j’ai malgré tout eu le plaisir de non seulement avoir la famille en visio le soir, mais aussi une célébration par mes élèves le matin. Après, rien de mieux que le réel, et dans ce cadre j’ai été servi. Chloé et Sahar sont passées avec leurs enfants et ce joyeux bordel a assurément égayé mon après-midi, avant de boire un verre avec mes colocs au soir. Il n’en fallait pas plus, je n’avais pas besoin de plus. J’avais rêvé d’aller boire une pinte au bar avec les amis, c’est rien dit ainsi, mais dans les conditions actuelles, c’est juste une chose impossible. Il me tarde de pouvoir le faire à nouveau, non pas pour se fracasser la tête, mais juste revivre à nouveau, sortir, sourire, bouger.

Alors que le mois de février avance, que la ligue des champions va revenir sur les écrans, je vois poindre surtout le moment fatidique où je vais commencer à avoir les réponses/les refus de mes candidatures à l’étranger. Rien ne sert de se stresser, rien ne sert d’anticiper d’ailleurs, mais j’espère vraiment pouvoir partir ailleurs, pour simplement continuer à voyager et travailler comme je le fais actuellement ici. La nuit est bien tombée, et je me sens libéré d’un poids important pour le travail, celui couronnant près de cinq années. Place au repos des vacances, enfin vendredi, avant de voir ce qu’il adviendra la dernière semaine de février quand nous reprendrons le travail. Cette année est folle, mémorable, alors que mon inspection se soit passée dans ces conditions, n’a finalement rien de surprenant. Neige en Bretagne, et grand soleil au Liban, c'est aussi ça l'expatriation, tout comme la météo change, les entraineurs à Nantes se consument. J’ai une liseuse pleine de livres, je vais arrêter les écrans pour en profiter !

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Inspection, accumulation et souffrances

31 Janvier 2021 , Rédigé par Pereg

Osez un tel mot dans le titre implique directement inquiétude relative à celui ou celle qui le lira. Ces souffrances que je peux évoquer ici ne sont pas le miennes, pas à ce degré-ci, mais celle du quotidien de nombreux libanais qui en plus de se retrouver diminués dans un système de santé compliqué et peu aidant, une crise économique profonde amène vers une famine de certains. Oui le mot n’est pas lâcher en vain, et les émeutes de Tripoli cette semaine en sont le reflet le plus important. La vie en ce moment n’est pas rose, mais ai-je le droit de râler quand certains meurent de faim ? ai-je le droit de grogner quand certains font des heures de queue pour récupérer de la nourriture de la part du gouvernement ? Ai-je le droit d’être contrarié dans un pays où certains n’ont d’autres choix que de s’exprimer par la violence ? Ces questions, je n’en ai pas une réponse claire, mais il est tout aussi vrai que la soirée d’hier était un moment de délicatesse personnelle.

Cette dernière semaine de janvier à amener vers une surprise qui ne l’était pas vraiment. Pour clore le dossier italien, j’ai dû demander à ma cheffe d’établissement une attestation comme quoi je n’avais pas encore été inspecté malgré mon passage au 6ème échelon. Cette nouvelle l’a surprise car elle semblait l’ignorée. J’avais prévenu Staline, mais visiblement l’information n’a pas été communiqué au-dessus, mon erreur a été de ne pas le faire directement début janvier. Une fois l’attestation faite, elle m’a également informée que mon rendez-vous carrière aurait lieu au retour des vacances de février, et que donc mon inspection serait donc programmée avant. Je suis un peu tombé sonné. Cependant je sais combien c’est pour le mieux. Que ça arrive maintenant, dans ce Liban qui est le mien depuis trois ans, dans ce poste de CE1 que je maîtrise, dans ce niveau de classe que j’apprécie fortement. Cette visite conseil de son vrai nom se fera le 10 février, j’ai bien sûr commencer à la préparer ardemment, mais je ne chamboulerai pas tout mon programme pour autant. Ainsi donc je sais que mon point fort et ce grâce à l’apprentissage fait à Cancale auprès de Brigitte, c’est la manière dont je revois chaque son. Leur permettant ainsi de retravailler de manière plus approfondie ce qui a été vu en CP. Avec des élèves comme les miens qui sont en travail à distance depuis maintenant 10 mois, avec trois semaines de présence un jour sur deux en décembre dernier. Je sais que cette manière de fonctionner est non seulement la bonne, mais d’autant plus nécessaire pour leur permettre de progresser.

D’ici là, je vais continuer à préparer tranquillement ce que je vais montrer à l’inspectrice. Il faut aussi lui donner accès au Classroom de ma classe, car depuis septembre, même si je fais des visioconférences trois fois par jour, le principal travail de mes élèves se trouve en ligne, dans leur routine de travail amenée par les exercices invariants d’une semaine sur l’autre. J’applique à l’école des choses que je vais dans la vie. Je sais bien que j’ai des TOC assez importants, mais cette routine amène une sécurité affective et morale, durant la période que nous traversons actuellement, la constance dans leur travail peut je l’espère leur amener un peu  de réconfort, ou du moins ne pas se poser de questions sur ce qui va arriver. Mais pour moi, moralement, qu’il est dur de rester travailler à distance alors que je sais que ce n’est pas le cas en métropole. Il est probable que ça change un peu et rapidement là-bas. Malgré tout, je n’ai vu mes élèves en chair et en os que sur vingt-cinq jours… Si peu quand on est rendu à 72 jours de travail. Pour mes élèves, la principale source d’inquiétude est le temps d’exposition à la langue française. Ils sont tous allophones, c’est-à-dire qu’ils parlent d’abord arabe à la maison, avec leurs amis, dans la rue. Pour certains, l’école est le seul moment où ils sont dans un bain francophone. Avec ce travail à distance, des élèves qui pourraient suivre au quotidien sans trop de difficultés se retrouvent en difficulté car leur temps d’exposition à la langue a été réduit au moins de moitié, et ça n’est plus suffisant avec leur bagage initial.

Depuis le début du confinement, nous vivons à trois, voir quatre en permanence dans l’appartement. Ce qui peut amener de super moments comme une nouvelle soirée Cards against Humanity vendredi soir, mais d’autres choses moins fun. Le samedi étant la journée ménage car il faut bien que ça soit entretenu, j’ai donc fait la salle à manger/salon et toute ma partie personnelle. En ce dimanche matin, j’attends toujours que mes colocs s’occupent de la cuisine, du balcon et du couloir. Ce n’est pas grand-chose en soi, mais l’accumulation de petites déceptions peut amener à une frustration, un agacement qui peut être parfois plus profond. C’est ce qui s’est passé pour moi hier soir. Un ménage non fait, une vaisselle qui déborde de l’évier car contrairement à ce que je fais, systématiquement après chaque repas, d’autres ne font pas ce genre de choses. La découverte que mon pack de bières a été bu, sans m’avertir ni le remplacer a été la goutte d’eau de trop. Durant la journée j’avais également appris que je ne pourrais pas aller en Egypte durant les vacances de février, aucun déplacement autorisé sauf pour motif impérieux. Ces éléments tous cumuler m’ont vraiment agacé. Ces petits tracas qui d’habitude peuvent être dégommés par du sport, que je ne peux pas faire actuellement avec mon genou, ou par une vie sociale pour se changer les idées, inexistante actuellement. Ces petites choses m’ont retourné la tête et même si chaque chose n’est pas si importante, l’accumulation et son ressenti ont été durs.

Vivre à l’étranger loin de la famille et des amis proches, c’est ça aussi, vivre en colocation n’est pas rose tous les jours. Je ne voulais pas m’énerver sur mes colocs, je ne devais pas car il n’y avait pas de mauvaise intention, ce sont juste des adaptations que nous devons faire les uns par rapport aux autres. Nous ne vivons ensemble après tous que depuis sept semaines. Et pour les vacances, j’irai sûrement me prendre un logement à la montagne et profiter de la neige à défaut de skier. Je me suis donc enfermé dans ma chambre pour la soirée devant films et série, jusqu’à pouvoir en sortir pour pouvoir discuter calmement. Ce matin, je sourie un peu plus, l’aigreur a disparu. Il faudra malgré tout que nous posions certaines choses sur la table. Alors oui je sais que mes problèmes sont des problèmes de « riche », que j’ai une chance incommensurable comparé à de nombreux habitants ici, je ne les oublie pas dans mon quotidien, mais ce n’est pas pour autant que ce n’est pas difficile pour moi non plus.

L’arrivée du Vendée Globe a offert un spectacle particulier, le premier à franchir la ligne n’a pas gagné. Je ne pouvais pas ne pas en parler après avoir suivi la course depuis le début. Charlie Dalin arrivé aux Sables, c’est Yannick Bestaven qui a remporté la course grâce au temps compensatoire du fait de son aide au sauvetage de Kevin Escoffier au large du Cap Horn. Boris Hermann a bénéficié aussi de six heures, mais il a heurté un navire de pêche à 90 miles de l’arrivée. C’est fou de se dire qu’après plus de 26 000 miles nautiques, il peut se passer n’importe quoi tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchi. Mais de ce côté, c’est le Roi Jean qui a été le plus impressionnant. A plus de soixante ans, avec un bateau vieux de quinze ans, il est arrivé avec moins d’une journée du premier ! Lui qui n’a jamais été dans les favoris, a fait la course qui m’a semblé la plus belle, la plus bluffante. Il a toujours pu rester dans le grand peloton de tête et c’est un sacré exploit, même pour un marin aussi aguerri que lui. Alors quand j’ai découvert lors de sa conférence de presse qu’une école des Pyrénées avait  fait une superbe vidéo pour son arrivée, je n’ai pu que la partager à mes élèves, mais également écrire à l’enseignant pour la qualité du rendu. Le roi Jean est de retour, vive le Roi !

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Accomplissements

24 Janvier 2021 , Rédigé par Pereg

Le terme anglais est encore plus puissant « achievements ». C’est l’état d’esprit qui pourrait caractériser le weekend que je vis. Ces accomplissements peuvent être relatifs d’ailleurs car leur importance n’est pas celle qu’un tel titre pourrait laisser supposer, mais il correspond pleinement à mon ressenti actuel, celui d’une fin de boucle et le début d’un nouveau processus.

Le premier de tous, la fin de mes dossiers pour septembre prochain. Après avoir rédigé durant la semaine les lettres de motivation à la main pour toutes mes destinations, j’ai pris le temps hier soir d’envoyer les dossiers complets par mail. Copenhague, Montevideo ou encore Belgrade, Alea jacta est comme on pourrait dire. Il n’y a plus qu’une seule chose à faire, attendre. Les commissions auront lieu fin février début mars, on verra si j’ai le plaisir d’être appelé pour partir dans un nouveau pays où si je devrai faire mes valises pour l’Ille-et-Vilaine. Il est bien trop tôt pour le savoir, et d’ailleurs ça ne servirait à rien de se poser trop de questions maintenant. Je n’arrive pas à savoir si j’ai vraiment des chances d’être sélectionné par les commissions des pays dans lesquels j’ai postulé, mais j’aspire vraiment à un nouveau périple, une nouvelle étape dans un pays inconnu. L’envoi de tous ces dossiers m’a simplement confirmé sur ma volonté d’ailleurs, et même si mon trio de tête n’a pas changé, Buenos Aires, Hanoï et Kiev, il se peut que ce soit un autre pays. L’envoi de ces dossiers marque une nouvelle étape, la dernière de ma présence au Liban, ultime phase, juste profiter de ma vie ici, autant que possible.

Il est clair que ce n’est pas la chose la plus simple du monde en ce moment. En effet le confinement complet du pays nous oblige à rester à l’intérieur toute la journée. Même si je fraude un peu malgré tout pour aller prendre un peu l’air, marcher moins d’une heure, je sature de devoir rester bloquer ainsi. J’ai la chance d’avoir le salon et de l’espace malgré tout pour travailler, mes colocs ont été bien généreux de me le laisser pour faire mes heures de visioconférence dans la journée, mais c’est vraiment pénible de devoir faire des visioconférences. Ce sera prolongé d’ailleurs jusqu’aux vacances de février, à minima. Ce n’est pas le métier qui fut le mien avant, mais cette crise de la COVID19 à profondément modifié notre quotidien. Face à un écran toute la journée, des élèves en visioconférence. Les connaissances sont transmises, mais ce métier est tellement plus que des additions. Si l’école n’était que connaissance,  depuis longtemps l’institution aurait évoluée pour ce devoir de transmission. Mais dans cet établissement, dans ce lieu, il y a plus que ce transfert de connaissances, et c’est ce qui fait clairement défaut aujourd’hui. Je le vois bien avec mes élèves, leur motivation, leur attitude face à l’écran sont des choses que l’on ne peut pas contrôler. Il en est de même d’ailleurs pour moi, j’ai évidemment plus de mal. Cette période durera le temps qu’il faudra mais je me dis que peut-être, elle durera jusqu’à la fin de l’année scolaire, voir plus. Ainsi je sais que je suis encore coincé à l’appartement pour quelques temps encore…

Je me le dis souvent d’ailleurs, mais je suis vraiment ravi de vivre dans cet appartement à présent. Ma chambre, mon balcon, le salon mais surtout mes colocs, sans eux, je pense que cette période délicate aurait été beaucoup plus délicate à gérer. La journée de vendredi en a été la preuve parfaite. Marc a fait son exposé de fin d’études à 14h et à partir de 16h nous avons célébré ça comme il se devait, apéro, burger, jeux de société et belles discussions, tout ce que l’on pouvait espérer faire ensemble. Son accomplissement à lui, celui sacrant deux ans de boulot, ce n’est pas rien, ce devait être célébrer dignement malgré tout. Alors, être confiné ensemble est bien plus agréable que si j’étais resté dans ma coloc précédente assurément. J’y aurai probablement pêter un plomb. Ce n’est pas un tort que de le dire. Je me sens bien ici et c’est aussi clairement grâce à eux.

Le sport en ce moment c’est mort. D’autant plus que j’ai mal au genou depuis la fois où j’ai été faire du foot. Le verdict a été sans appel, contusion du ménisque externe gauche. Le médecin que j’ai été voir, ressemble à Bernie Sanders, sans sa chaise pliante. Il m’a dit trois semaines de repos complet… ça craint ! Mais je vais respecter la consigne si je veux pouvoir m’y remettre à fond à partir de mi-février. Rééditer la galère que j’ai eu avec mes adducteurs, je ne le souhaite pas du tout, donc je fais ce que me dira le médecin. En attendant, je prends mon mal en patience et je m’occupe comme je peux, en finissant par exemple «vingt ans après». Les mousquetaires m’ont ramené au XVIIème dans cette France historique et avant d’y retourner pour trouver le vicomte de Bragelonne, j’ai quelques autres histoires qui me font envie. La lecture n’est d’ailleurs pas forcément aisée dans cette période où la motivation a tendance à disparaître. Cependant, aucun plaisir n’est comparable au transport que nous livre les mots. Je ne me considère pas comme un gros lecteur, mais les mots sont bien ceux qui me font le plus rêver. J’ai toujours eu plus de mal avec les livres de développement, mais je ne doute pas de m’y essayer un jour.

Ainsi, devant le match des canaris, je vais lâcher le clavier profiter de la soirée à venir pour me plonger dans une nouvelle histoire, le soleil a déjà commencé à décliner et bientôt il fera nuit. Mes dossiers, un bon livre, et la fin d’étude de mon colocs furent les accomplissements réalisés. Pas d’Himalaya, pas de plonger vers une épave, à chacun ses sommets.

Fin!

Fin!

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Confinement, Arsène et transe musicale

17 Janvier 2021 , Rédigé par Pereg

Dimanche fin de journée, Anfield Road en fond pour un match anglais qui devrait s’annoncer sympathique. Nantes n’a toujours pas gagné, et je n’ai encore trouvé comment regarder proprement le biathlon ici. Mais cette semaine, mon sport personnel s’est amenuisé du fait comme le dit le titre, d’un nouveau confinement. C’est là mon plus grand désarrois, mais au combien nécessaire pour la société libanaise. Depuis jeudi matin, nous sommes tous à la maison, 24h sur 24, tous les jours de la semaine. Je n’ai fait que deux sorties depuis, une courte samedi matin, et une promenade pluvieuse ce midi. En mars dernier en France, au moins nous avions le droit de sortir simplement marcher dans la rue pour une heure. Ici ça n’est même pas autorisé actuellement. Ainsi, ma promenade respiratoire de la journée m’a mis en infraction avec la loi et je n’aime pas ça. Mais rester enfermé constamment n’est pas non plus une chose que l’on devrait imposer.

Il est vrai que la notion de sécurité médicale est importante, que pour faire baisser le nombre de nouveaux cas, il faut éviter au maximum les contacts, ce que je m’efforce de faire avec application. Mais malgré tout, je ne peux m’empêcher de me dire que j’irai bien voir la mer, juste sentir les embruns (cf Toi & Moi) je suis resté dans le quartier. Cette promenade permise en dépit de la loi, j’ai pu constaté que de nombreux libanais faisaient de même, se regroupant devant les cafés pour certains, ou d’autres comme moi à simplement marcher. Il est probable que si le sport avait été autorisé, même avec limitation, la corniche et d’autres lieux de la ville auraient été envahis par les sportifs de confinement. J’ai été également choqué de voir des personnes que je compte parmi mes amis, certains publier leurs sorties quotidiennes, en voiture ou en courant alors que la plupart du pays évite scrupuleusement de mettre le pied dehors. Je ne dis pas que si j’avais la possibilité de le faire je ne le ferai pas, mais ce qui est sûr, c’est que je ne le publierai pas . Il y a un aspect assez indécent à montrer de façon ostentatoire que l’on ne respecte pas les règles. D’ailleurs, le fait d’écrire que je le fais pour être pris ainsi, et j’en suis désolé. Cette promenade dominicale était quasi-vitale au cloisonné que je suis.

Ce confinement va se poursuivre au moins une semaine encore, si les nouvelles ne sont pas bonnes, ils envisagent déjà de le poursuivre pour deux semaines supplémentaires. A ce rythme, les efforts physiques réalisés depuis septembre vont être réduits à néant, j’ai donc une solution obligatoire à mettre en place pour me dépenser malgré tout. Pas de machine à la maison, il va donc falloir trouver autre chose. Sport en ligne, c’est une solution, mais ça ne sera pas une discipline quotidienne, et celle-ci je vais devoir la mettre en place, je ne doute pas d’en être capable. La rigueur doit être égale pour la nourriture, le sommeil, les écrans. Qu’il est difficile d’ailleurs de lâcher les écrans… Je sais bien que je passe déjà beaucoup de temps face à mon ordinateur, mon téléphone, ou encore ma switch. Mais l’occupation est relative sans jardin, sans jeux à partager. Alors malgré tout, je lis, mes mousquetaires n’ont pas sauvé le roi d’Angleterre. Je pense que le weekend prochain j’arriverai à bout de 20 ans après. J’ai de nouveaux livres papier depuis Noël qui n’attendent que moi, et cette lecture plaisir assurément fera du bien.

La motivation, cet état qui nous fait tous avancer, tous progresser, celle qu’actuellement beaucoup cherchent, moi le premier. Il y a peu encore, j’aurais passé un temps conséquent avec la liseuse en main et tourner page après page. Mais avec le stress du travail en ligne, avec ce confinement, avec cette météo maussade, l’effort est devenu plus difficile, la motivation plus lointaine. On pourrait croire avec ces mots à une dépression pourtant il n’en est rien, c’est juste un état de fait collectif, qui nous entraine peu à peu faire une léthargie acceptée. Il est d’autant plus dur de lutter contre ce moulin que mes élèves ont du mal et je le sens. Cette semaine était vraiment délicate pour nombre d’entre eux. Comment les blâmer ? On avait pu travailler à l’école, et maintenant nous sommes de retour à distance pour un temps indéterminé.

Alors durant cette semaine délicate, deux éclaircies sont venues offrir un rayon de soleil à mon cerveau embué. Tout d’abord Lupin, ces cinq épisodes, dévorés d’une traite hier soir m’ont confirmé combien Omar Sy est un acteur génial. La qualité du programme nous donne simplement envie d’attendre la suite qui arrivera dans quelques mois. Non il ne joue pas Arsène Lupin, il s’en inspire et c’est une réussite. Quand une série me donne envie de lire le livre, c’est forcément une réussite. J’ai réalisé d’ailleurs que je n’avais jamais lu Maurice Leblanc, aucun. Je me souviens d’avoir vu ça trainer à la maison dans la chambre de mon grand frère, en bibliothèque verte, mais la lecture ne m’évoque aucun souvenir. A présent elle m’intéresse ! Il est clair que je me plongerai dans ces aventures d’ici la fin de l’année, une fois que j’en aurai fini avec le Vicomte de Bragelonne. Je ne sais quel est LE livre qui m’a fait démarré, mais un jour que je situerai vers mes seize ans, j’ai commencé à m’intéresser de moi-même à la « grande littérature ». Il fallait que je le fasse par moi-même, il fallait que ça vienne de moi. Je n’ai pas été capable d’écouter les conseils que l’on avait pu me donner en la matière, à commencer par ceux de ma mère, grande lectrice, librocubiculariste devant l’éternel. Je n’ai pas su entendre les conseils. Est-ce un défaut ? Je ne saurai le dire, mais il a fallu du temps avant que la lecture soit la compagne qu’elle est actuellement. Alors Lupin par Louis Leterrier inspiré de l’original, j’en redemande, mais pour l’heure c’est Dumas qui fera ma soirée.

Mon autre sensation de la semaine, Birds on a Wire, musicalement difficilement classable, cette perle française est mon incontournable musical du weekend et probablement pour quelques temps encore. Le nom vient d’une chanson de Léonard the Great Cohen. Dom la Nena, violoncelliste virtuose et Rosemary Standley chanteuse de Moriarty, un duo improbable à la qualité indéniable. Un second album que j’écoute en boucle, tel une transe musicale que je ne veux pas encore quitter. J’ai découvert l’an dernier la chanson « la marelle », le morceau m’avait marqué. Je m’étais enregistré l’album dans avoir pris le temps de l’écouter. Ce fut fait cette semaine et depuis il ne s’arrête plus. En plus elles ont reprise un morceau de Kemener et Squiban, un Kan ha diskan avec une tonalité si particulière. Une redécouverte d’un chant traditionnel sous un autre aspect, une perle. Alors ce soir, en poursuivant D’Artagnan et consorts dans leurs péripéties, la musique sera toute choisie.

La seconde période démarre, toujours un score de parité, les éclairs ne cessent pas, une soupe a réchauffer et au lit.

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Couvre-feu, épiphanie et grand soleil

10 Janvier 2021 , Rédigé par Pereg

Dimanche soir, attablé dans la salle à manger de la coloc, il est déjà dix-neuf heures et je me mets seulement à écrire. La semaine dernière, je pouvais encore profiter d’une soirée en extérieur. Depuis mercredi cette chose n’est plus et ça n’a rien de surprenant, c’était même nécessaire de revenir à des règles plus strictes. Le nombre de cas positifs s’est envolé au Liban, les bars et les boites ont fermé, les salles de sport également. Le nombre de tests est passé à 25000 par jour, et le nombre de cas journaliers est passé à plus de 5000. Il n’est donc pas étonnant de voir de nouvelles restrictions apparaître. Retour du couvre-feu à 18h, alternance dans la circulation des véhicules, fermetures des commerces non-essentiels.

Alors qu’il n’y a plus qu’à être chez soi le soir, littérature, cinéma ou autre activité, j’ai choisi malgré tout de privilégié mon temps en extérieur et me consacrer au travail nécessaire en rentrant à la maison. Car avec ces nouvelles restrictions, nous sommes revenus à un travail à distance… Et s’il y a bien une chose déplaisante, c’est bien le fait de travailler ainsi. Pas le choix, les élèves à la maison, face aux écrans, et moi qui doit transmettre ainsi les notions. Après le mois de décembre en hybride où les élèves pouvaient revenir un peu en classe, recommencer tout à distance ramène les difficultés qu’incombent un tel enseignement. Bien sûr, la situation sanitaire est délicate au Liban, pays probablement le plus touché en proportion ces dernières 48h. Mais enseigner ainsi n’est vraiment pas une sinécure. La motivation n’a pas totalement disparu car il est important de pouvoir faire du mieux possible pour nos élèves, malgré les circonstances, mais que c’est difficile… Oui j’ose me plaindre, je sais bien que d’autres ont dû passer à temps-partiels, perdre une partie de leur salaire, d’autres sont au chômages, d’autres perdent leurs entreprises. Il n’empêche qu’à ma simple hauteur, celle d’un enseignement de primaire à Beyrouth, le boulot n’est reste pas moins délicat actuellement.

Le principal de ce point de vue est d’ailleurs sous d’autres latitudes, sur les postes auxquels je postule pour septembre prochain. Déjà certains dossiers doivent être rendus d’ici à la fin de semaine qui démarre, le temps passe plus que rapidement. Je ne sais honnêtement pas quelles chances j’ai réellement de décrocher un des postes auxquels j’aspire, mais repartir pour trois ans dans un nouveau pays est un challenge qui me motive sacrément. La grande différence par rapport par rapport à 2018, c’est que j’ai inclus des établissements situés en Europe, ce n’était pas le cas la dernière fois. Mais avec le contexte mondial actuel, même si je vise malgré tout l’autre bout du monde, je ne serai pas contre revenir vers les Balkans par exemple. Les dossiers pour cette semaine principalement, les réponses pour début mars. Il faudra se montrer patient. Comme a pu le dire un certain Comte a propos d’autre chose, mais qui sied totalement ici : « attendre et espérer. »

Cette semaine, l’annonce est venue dès lundi nous savions que le couvre-feu allait être mis en place. Mais comme mercredi, il y avait le « noël arménien » jour férié auquel il ne fallait pas toucher. Tout est resté ouvert jusqu’à ce moment-là. Cette incohérence gouvernementale de vouloir préserver un jour férié pour que les gens profitent plutôt que de mettre en place directement les mesures drastiques, ça m’échappe. Néanmoins, je comptais bien en profiter malgré tout. Ainsi mardi soir après une pizza et un peu de vin, je me posais la question de sortir dans un bar, oui en faisant attention aux gestes barrières, mais sortir une dernière fois. Arrivés à la coloc, j’appris que Fady allait rejoindre des amis à lui pour un match de football. Je me suis joins à la troupe et à 22H30, peut-être même légèrement plus tard, nous démarrions. Autant j’ai fait du sport, la réactivité et les accélérations nécessaires au football, je les avais oublié. Je fais un entrainement foncier qui n’a tellement plus rien à voir que je me retrouvais malgré-moi, un peu à la peine. Ainsi sur une action peu formidable de ma part, j’ai senti comme un claquage au niveau du genou gauche. Sur le moment, rien de vraiment douloureux, mais le mercredi matin, tourner simplement la jambe était une douleur assez importante. Un brin inquiet, j’attendais un peu pour voir s’il fallait que j’aille voir un médecin ou non. Je me pose encore la question aujourd’hui même si la douleur n’est plus vraiment présente, je sais bien sûr que je serai attentif à la moindre sensibilité au niveau de cette zone un peu fragilisée. Voilà une chose que je n’avais pas encore faite, hourra…

L’épiphanie, 6 janvier dans notre calendrier, une galette pour la célébrer. C’est aussi un évènement attendu ici pour une partie de la population, frangipane dans la tête et couronne pour les enfants. On en a fait une hier et c’était génial de voir la motivation des enfants envers les fèves, combien ces pitchounes veulent être premier de manière aussi éphémère que le temps de manger ce dessert. Un prix relativement décent si l’on compare à celles trouvées en France, mais pour une société libanaise en crise, ce n’est jamais donné. Je ne me rappelle pas l’avoir fait les années précédentes, mais j’ai apprécié celle-ci en tout cas. Il en est de même pour la raclette que nous avons fait à la coloc vendredi soir. Un passage à Spinney’s pour récupérer tout ce qui nous était nécessaire, et une belle table pour célébrer ce weekend. En y ajoutant une partie de Cards Against Humanity, la soirée fut simplement réussie.

Depuis mon retour à Beyrouth juste avant le réveillon, le soleil a été un compagnon assez présent, me permettant au quotidien d’être en bermuda quand j’ai pu voir la neige tombée en Bretagne. Il n’ y a plus de saisons pourrait-on dire et ce sera avéré car une amie m’a montré des marguerites en fleur à côté de chez-elle. Si la vague de froid annoncée pour cette semaine arrive bien, j’ai peur que de nombreuses cultures soient mises à mal par ces températures si particulières. Ceci-étant, si j’avais le plaisir d’aller me baigner plus au nord, je ne dirai pas non. Durant ma marche dominicale sous un soleil haut perché, alors que les voitures ne sont pas sensées roulées, j’ai été surpris du nombre de véhicules s’autorisant à rouler un jour où les véhicules ne devraient pas le faire. Croiser une ou deux voitures avec une justification me semble approprié, mais autant de véhicule non, car il est évident que la plupart, ne respectaient pas les règles volontairement. Je suis assez pénible sur le rappel à la loi pour pas mal de choses, mais cette propension libanaise à volontairement ignorer la loi quand elle ne satisfait pas, ça me dépasse tellement.

Après une pause pour prendre des nouvelles de Vannes et de la Bretagne, je viens apporter un point final à la rédaction de cet article hebdomadaire. Une semaine de travail à distance, un nouveau couvre-feu pour le mois de janvier, et des dossiers pour partir en septembre. Il y a encore un an, nous étions dans une perspective si différente, alors j’espère que l’on aura l’occasion de réellement passé à autre chose en 2021.

Un joli jeu ...

Un joli jeu ...

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Nouvelle année, cercle infini et horizon

3 Janvier 2021 , Rédigé par Pereg

2021 commence et pourtant j’ai l’impression de tourner en rond. Hier matin, alors que je démarrais mon travail comme prévu après deux semaines de vacances bien pleines. J’ai eu le déplaisir mais sans pour autant être une surprise de découvrir que j’allais enseigner à distance pour la semaine à venir.

Encore ? oui encore, le nombre de cas COVID au Liban a explosé le plafond, plus de 3500 à la veille du premier de l’an, et des taux de contamination très importants. Ainsi, alors que tout est ouvert actuellement, il ne serait malheureusement pas surprenant que le pays soit reconfiné incessamment sous peu… Quand on voit que les bars, les boîtes de nuit et d’autres lieux de socialisation sont ouverts, il ne faut pas s’étonner des conséquences. Si les gens respectaient bien la distanciation sociale, s’ils mettaient constamment des masques et plus encore, je ne dis pas que ça ne serait pas possible de maintenir de telles activités ouvertes. Mais le Liban reste le Liban, et les gens ne sont pas super motivés à suivre ces règles. Je ne dis pas non plus que je fais tout parfaitement, je ne blâme pas non plus la population libanaise dans son ensemble. Mais l’insouciance de certains peut paraître désolante face à la réalité médicale. C’est donc sans surprise que je vois qu’à l’école, mes élèves pâtissent de cette situation en n’ayant pas la possibilité de revenir en classe pour un temps encore. Un temps non-défini, qui pourrait durer une semaine, comme trois ou neuf… Nous verrons bien l’évolution prochaine de la situation, mais je ne me montre guère confiant quant aux libertés de déplacements et plus encore au Liban.

Pour autant, malgré un confinement quasiment certain à venir, je suis assez content de pouvoir me remettre à travailler, malgré les conditions délicates. Car en effet, après deux semaines de repos, même sans trop de motivation, ce n’est pas plus mal de s’investir encore, de remettre de l’ordre dans sa tête pour la suite de travailler à proposer et faire. J’avoue que j’aurais eu plaisir de revoir les bouilles de mes CE1, il est même probable que certains ont grandi. Ce ne sera qu’en visioconférence, ce  n’est pas comme si on allait se faire des câlins de toute façon… Après, quand je pense travail, je pense surtout à celui de septembre prochain car les dossiers pour la rentrée 2021 ont démarré, et avec eux, la magnificence administrative qui s’en suit. J’ai bien fait attention à la première liste de postes vacants. J’ai eu le plaisir de trouver deux des trois destinations qui me font rêver. D’autres destinations intéressantes, mais j’y verrai plus clair en fin de semaine prochaine après l’envoi des premiers dossiers. Je reste cependant sur une idée principale… Si l’on me propose un poste, j’irai. Ça parait évident dit ainsi, mais je ne postule que dans des lycées qui me font envie, je n’ai donc aucun intérêt de refuser le premier venu.

Cette semaine, travail à distance d’accord, préparation des dossiers, mais aussi si la reprise du sport si le confinement me le permet car même si je n’ai pas trop abusé pendant les vacances, j’en ai quand même profité… Ma valide de retour à Beyrouth en était le parfait exemple. Chouchen, Rhum, gâteaux pur beurre, il  y a de quoi profiter pleinement des délices bretons. Rentré avec une valise pleine d’habits qui restait en France, je ne pouvais que la remplir de douceurs à partager ici. On a d’ailleurs doucement commencé avec Marc et Fady, mais le cidre restera jusqu’à la chandeleur, et le chouchen une semaine de plus à la Saint Maron ou la veille. Parti le 21 décembre, j’ai vraiment eu le temps de me poser en famille comme je voulais. Ce temps a pu paraître court, mais il m’a surtout permis de voir ceux qui m’étaient importants. Neveu et nièce, filleuls, grand-mère et le reste de la famille. Il est vrai que cependant pour une fois, je n’ai pas pu passer de temps avec les amis comme Fabien ou Morgane, mais le contexte sanitaire et la rapidité des passages vannetais de chacun nous a amené à l’impossibilité de se croiser. Une prochaine fois, en Bretagne ou ailleurs, car on ne peut pas rester trop longtemps sans se voir, ça ne peut se faire !

Test PCR avant de prendre l’avion pour la France, test avant de repartir pour le Liban prendre l’avion, et test pour être sûr de reprendre l’école. Ce rendez-vous ne m’est pas volontairement plaisant, il n’en reste pas moins indispensable à mon activité touristique ou familial. J’ai toujours eu le plaisir de me trouver négatif pour l’instant. Non pas que je sois le mec le plus précautionneux, ni celui qui fait le plus attention, mais déjà éviter Paris durant mon séjour français était une bonne idée. Une soirée du Nouvel-An durant laquelle je n’ai pas abusé, mais je suis quand même passé boire un verre au bar, puis un second après minuit. Je ne tiens pas du tout à attraper ce virus, mais entre les libertés prises par les gens ici et ma manière d’agir, je ne serai pas surpris que je le chope. Je fais attention à minima, mais je ne me prive de rien, et ça  c’est clair, ce n’est pas très COVID.

Ainsi, après un joli Noël avec de beaux paquets apportés par le Père-Noël, livres et lunettes de Moto, après de jolis repas, hot-dog raclettes ou fruits de mer, Beyrouth sera autre chose à présent. La crise économique est à un niveau déjà incroyable, j’ai changé 1€ pour 10 000 livres libanaises quand il y a un an, c’était 1€ pour 1500 ll… J’ai de la chance d’être européen ici et plus j’ai de facilité plus la population libanaise souffre elle. C’est injuste, et c’est une des grandes raisons de mon départ, car oui j’ai profité ici. Mais voir ce pays dépérir, ce pays que j’apprécie au point de l’avoir sur la peau, c’est trop. Il me reste six mois complets devant moi. Encore six mois, juste six mois. Je suis bien différent de l’homme que j’étais en 2018. Oui le monde scolaire a changé, la COVID a changé beaucoup de choses, mais j’ai aussi mûri. Je vais donc faire en sorte de profiter au mieux du temps qu’il me reste ici.

Une nouvelle année, une dernière à Beyrouth, un enseignement à distance comme avant, mais une projection sur septembre et plus encore. Il est temps d’arrêter l’ordinateur et de passer à la lecture des mousquetaires …

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Vacances, Jument de michao et raclette

20 Décembre 2020 , Rédigé par Pereg

Dimanche après-midi devant Korra, je l’ai fait découvrir à mon coloc et du coup on se fait une session de rattrapage intensif. Les épisodes s’enchainent toujours si facilement… Mais ce dernier dimanche libanais de l’année, le premier des vacances, le repos est absolument nécessaire pour faire les choses de bonnes manières, et après une semaine si intense, c’était devenu indispensable.

Pour les enfants aussi l’école assez épuisante. Ils ne sont qu’un jour sur deux en classe, mais déjà la nécessité de se reposer s’est fait sentir. Particulièrement avec l’arrivée de Noël. L’esprit de Noël n’a jamais été trop le mien, mais je ne ressens pas Noël de la même manière ici qu’en France. J’ai donc rendu les bulletins comme prévu en temps et en heures, et je m’octroie le droit de ne rien faire avec le 2 janvier à présent. Ce sont les vacances aussi pour moi, Noël ou pas. Cependant les libanais ne font jamais les choses à moitié, entre le sapin à la place Sassine, la galerie Patchi, les concerts. Car avoir le plaisir du chant d’un contre-ténor en livre n’est pas chose si aisé. Ce n’est pas réellement ma tasse de thé, mais au moins j’ai essayé. L’ambiance s’y prêtait totalement mais je ne le referai pas.

C’est vrai que comparer à ce qui se passe en France, on a de la chance de pouvoir faire plus de choses ici, car oui les commerces sont ouverts,  mais également les restaurants ou les bars. Alors du coup, on peut avoir le plaisir d’aller dîner en extérieur. Dans le monde d’avant, c’était une évidence, une habitude je dirai même. Mais au temps du COVID, c’est bien autre chose, une rareté, une exception quand on voit ce qui se passe en France. La chanson « pas essentiel » de grand corps malade le reflète parfaitement. J’ai pu aller trois fois à la salle de sport cette semaine, au bar avec des amis, et bien sûr au marché de Noël. Ce qui est plutôt mignon mais qui donne une couleur assez particulière à la capitale libanaise.

Un plaisir assez particulier fut le retour de soirée de vendredi soir, après être sorti raisonnablement, il y avait mes colocs et des amis à eux. On a bien discuté et je ne sais pas comment, on en est venu à parler de la musique bretonne, je le fais peut-être un peu trop d’ailleurs. En tout cas, il se trouve qu’un syrien  qui ne parle pas français connait par cœur la jument de Michao, ça je ne pouvais l’inventer. Ce gars m’a refait en la chantant avec moi. Je n’y aurais pas cru si on me l’avait dit. Mais c’est aussi ça le plaisir du partage et des rencontres, tomber sur des gens étonnants, avec des choses étonnantes à dire.

Samedi fut plus conventionnel, mais pas moins plaisant assurément, car nous avons fait une raclette (merci Marc pour l’appareil) chez Cédric et Zarif. C’était franchement un bon moment, on a bien ri, bien dansé, et surtout bien mangé. A mon retour à la coloc, j’ai enchainé avec les gars et la soirée s’est finie bien plus tard que prévu. C’est aussi ce que j’apprécie dans cet appartement, la simplicité avec laquelle les choses se font entre nous. Pas de chichi, juste un fonctionnement évident. Ce n’est pas ma première expérience de colocation, mais celle-ci va être riche assurément.

Pour mon retour en France demain matin, j’ai du passer un petit test PCR à nouveau, rien de fou, on s’y habituerai presque. J’avoue que cette année, l’envie de rentrer est forte et il me tarde d’arriver à Vannes demain soir si tout se passe bien et vider cette valise pleine qui est la mienne. La grande différence avec les années précédentes où je ramenais le plus de choses possibles au Liban, cette année en revanche, tout ce que j’envoie en Bretagne, devra y rester. C’est tout bête mais je n’ai que deux bagages à disposition en juillet prochain pour rentrer, je dois faire en sorte de tout ramener par ce biais. Bien sûr plein de choses resteront ici, mais je n’oublie pas que je n’aurais à ma disposition que ce total-ci, et rien de plus.

Alors que maintenant tout est prêt, il me reste juste à aller prendre un peu l’air, le soleil décliner et ma petite Noura a besoin de rugir, je vais donc aller me promener un peu sur ma belle moto. Bonnes vacances, et passez tous de bonnes fêtes de fin d’année !

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Colocation 2.0

13 Décembre 2020 , Rédigé par Pereg

Une petite perspective de ma nouvelle chambre.

Une petite perspective de ma nouvelle chambre.

Dimanche soir, dans le canapé de ma nouvelle colocation, un match de foot en fond, on ne change pas les habitudes et le calme qui m’entoure est fort plaisant. Je suis arrivé ici vendredi soir et déjà je sais que les choses vont bien se passer. Il y a des évidences qui sont fort plaisantes, et ma venue dans cet appartement en est une. Rien que pour le weekend que je viens de passer, je sais que ce déménagement est le bon choix.

Cette semaine de travail fut une fois encore fort intense, le début d’habitude prises avec l’enseignement hybride que nous faisons en classe actuellement permet de mieux le préparer, mais qu’en sera-t-il en janvier sur le travail ? Voilà donc une projection que je ne ferai pas et attendrai janvier pour m’y remettre après vendredi. Car oui, comme beaucoup, je sature un peu du boulot sous sa forme actuelle. On en est tous là, entre les évaluations, le devenir élève des pitchounes, les réunions et les visioconférences, on ne peut être pleinement satisfait. En revanche, il y a clairement un mieux à les avoir à l’école. Il y a des progrès et même masqué, on retrouve peu à peu l’enseignement qui était le nôtre. Même si la pause de fin d’année est nécessaire, elle peut être néfaste pour le travail des enfants dont la courbe de progression sera stoppée. Nous verrons en janvier comment les choses évolueront, s’ils reviendront à l’école ou pas. Ces petits groupes auxquels nous n’étions pas habitué il y a encore un an sont devenus la norme. Le travail à distance un outil indispensable de l’enseignement actuel. Ma pratique pédagogique ayant une évolution si particulière que je n’ai plus l’impression de faire le même travail qu’à mon arrivée au Liban. On verra donc la suite, mais j’y pense forcément. Comment vais-je enseigner dans le futur ? Les outils numériques seront-ils nécessaires et obligatoires ? Certaines réponses sont évidentes, d’autres moins.

Le déconfinement libanais et son ouverture permettent des choses interdites en France et qui font mon quotidien un truc un peu plus sympa que celui auquel on peut prétendre en Bretagne. Les petites sorties quotidiennes, la salle de sport, après le concert de la semaine dernières, ce sont des choses dont j’aurais du mal à me passer. Pouvoir en profiter est une chance et je le sais, je ne la laisse donc pas passer.

Mon déménagement va me permettre plus de choses encore. En effet, en venant signer le contrat mardi soir à la colocation. J’ai rencontré Marc et Fady avec qui j’allais vivre. On a beau dire mais rien qu’en les rencontrant, j’ai su que les choses allaient bien se passer. Un bon feeling est passé directement. Je suis revenu vendredi soir avec mes affaires dans la voiture de Fehmi. Tout est passé, comme quoi avec un peu d’organisation, on peut tout faire. Une fois dans ma chambre, j’ai découvert des petits défaut, mais surtout mon balcon perso, ma salle de bain perso, et ce grand lit qui est le mien. Ce changement est radical par rapport à ma colocation précédente. Mais le plus important de tous, ce sont les rapports que j’ai avec les gars, on est sur une même ligne, une équité pleine et entière entre nous, ce que je n’avais pas avec Abed. On est allé boire un verre vers 21h à Hamra et je sens qu’à présent, je sortirai de plus en plus dans ce quartier. A moins de quinze minutes des bars à pied, c’est quand même bien plus simple. Le seul hic de cette soirée, fut l’arrêt du service à 22h. J’ignorais qu’avec le déconfinement, cette règle a été posé, mais au moins nous avons pu sortir boire un verre.

Samedi j’ai enchainé avec un peu de travail pour finir les préparations de la semaine à venir, mais surtout les appréciations des bulletins que je dois rendre avant les vacances. Si ça n’avait tenu qu’à moi, je n’aurais pas fait d’évaluations, et encore moins de bulletin. L’exigence de l’école vis-à-vis de cette nécessité est assez pénible mais je m’y plie. La journée a filé et il était dix-huit heures passées, Chloé arrivait pour qu’on file ensemble fêter son anniversaire chez Ferdinand. On y a rejoint Cédric, Zarif et Sahar pour un joli moment. A 22h, comme prévu, nous sortions du restaurant. J’ai donc proposé de venir prolonger à la maison, ce que nous avons fait et voilà bien une chose que je n’avais jamais fait avant dans l’ancien appartement. Recevoir du monde juste comme ça. Je l’ai proposé car je me suis senti directement à l’aise à recevoir du monde, et que je savais que ça gênerait pas les gars. Il est évident que ça ne sera pas la fête tous les soirs, mais de temps en temps, ça nous avait bien manqué. On avait l’impression d’être trois heures du mat, alors qu’il était à peine 23h. La notion du temps est relative, mais le fait de rentrer tôt ainsi, ouvre d’autres perspectives. C’est sûrement ce qui me manque le plus actuellement à Beyrouth, les grosses soirées internationales comme j’avais pu faire durant la première année et un peu à la fin du 2019. Ce sont des choses qui ont disparu avec la pandémie. Mais un jour peut-être ça reviendra.

Les derniers sont partis à minuit, et j’ai continué de discuter avec les gars jusqu’à bien plus tard, terminant les boissons houblonnées qui trainaient au frigo. Le réveil a piqué un peu ce matin, celui qui confirme que la soirée était sympathique. Un joli repas dominical en suivant, autour de belles discussions pédagogiques, une petite marche digestive et j’ai retrouvé Fady dans un café que je ne connaissais pas pour discuter un peu. C’est tout bête, mais étant très à l’aise avec les gars, j’ai l’impression de revenir à ma rencontre avec Belle et David et aux soirées passées ensemble. Cette perspective est vraiment celle que j’apprécie dans notre cohabitation, ce côté simplement humain où les choses sont simples et se passent bien. Je ne suis pas forcément facile à vivre, mais il y a des choses facilitatrices. Donc hakuna matata.

Le départ vers la France à Noël arrivera bientôt. Il sera aussi l’occasion pour moi de faire un premier transport d’affaires, car l’été prochain, pas le choix, tout rentrera avec moi. Une semaine avant de repartir vers la Bretagne pour Noël, je me sens apaisé pour profiter pleinement de ma semaine, et plus encore ensuite, de cette dernière période libanaise qui est la mienne avant de partir vers d’autres horizons. Ce qui m’amène vers le Vendée Globe que je suis toujours avec attention, j’apprécie tellement de voir l’enthousiasme de certains de mes élèves à cette évocation. En bonus, le bateau de la classe que je fais avancer plutôt de bonne manière. Même si bien sûr tout n’est pas parfait de ce côté, je vise la première place libanaise, on verra le résultat à la fin de la course. D’ici là, il est l’heure d’aller manger.              

Braderie/marché de Noël sur la place des martyrs, c'était particulier d'y passer. On y trouve des masques licorne!

Braderie/marché de Noël sur la place des martyrs, c'était particulier d'y passer. On y trouve des masques licorne!

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