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XXVII. Ukraine, gaélique et portefeuille

27 Février 2022 , Rédigé par Pereg

J’ai du mal à taper à l’ordinateur, mon majeur a été retourné durant le match de l’après-midi. J’ai marqué mon triplé, bien servi par Nam, je n’avais qu’à pousser le ballon au fond des filets. Il était nécessaire de faire un peu d’activité pour enrichir un dimanche de récupération. En effet, la soirée fut longue et belle. Elle était grisailleuse jusqu’à ce soir où finalement je peux dire que j’ai été chanceux en plus d’être saoul. J’y reviendrai plus tard.

Mais comme tout le monde cette semaine, c’est vers l’Ukraine que mon regard s’est tourné. Depuis l’invasion jeudi du pays par l’armée russe, le pays vit une terreur sans nom. Voilà la première guerre sur le continent européen au 21ème siècle. Je n’occulte pas la Crimée, la Géorgie, mais cette nouvelle est réellement terrible. Ce pays, j’ai toujours voulu le visiter mais en plus, j’ai aussi failli m’y rendre en décembre dernier. En effet, j’avais postulé à Kiev l’an passé. C’était même d’ailleurs un de mes choix prioritaires, au même niveau qu’Hanoï et Buenos Aires. Je m’étais promis de dire oui au premier de ces trois là qui m’offrait un poste. J’ai eu Yersin. Kiev m’a écrit le lendemain. Un choix de vie qui ne se joue pas à grand-chose, une destination, et finalement le bon choix. Aussi difficile que soit mon année vietnamienne, ce n’est comparé au drame que peut être l’Ukraine actuellement. Atterré par la nouvelle, je suis entre deux eaux, j’ai failli me retrouver dans un pays en guerre. Après Beyrouth, j’aurais pu vivre encore plus dramatique. Mais aussi, j’ai rencontré un groupe d’ukrainiens ici. Alors je ne peux que compatir et partager leur douleur, mais réaliser la profondeur de leur blessure. Que va-t-il advenir après ? La chine envahira t’elle le monde comme je m’étais pris à le penser aviné il y a de ça quelques années. Cette idée m’est revenue en en parlant avec Katie hier. Je ne suis pas Nostradamus mais le virage géopolitique mondial me semble bien terne.

Cette semaine de non-reprise en présentiel m’a permis de voir que les enfants n’ont pas la tête au travail, la déception passée pour moi, je me suis activé. Cependant, pour eux, c’est encore plus difficile. L’entrain qui est le mien ne suffit pas mais je sais que si nous ne reprenons pas très vite, ça sera difficile de maintenir ma flamme. Voilà deux ans que j’enseigne en ligne, deux ans. La dernière fois où j’ai fait classe, réellement classe, un vendredi. Je devais travailler le lendemain mais ça a été annulé avec le COVID. Depuis ce jour, je n'ai jamais refait classe face à un groupe complet, jamais. En distanciel avec tout le monde à la maison, en hybride avec la moitié en classe, l’autre en visio. Mais jamais un groupe complet. Ce jour, j’espère le voir venir rapidement, mais je ne sais quand il adviendra.

J’ai acheté mes billets pour l’été, je serai en Europe à partir du 2 juillet, jusqu’au 27 août. C’étaient les dates que je souhaitais exactement. Alors pourquoi attendre ? Il n’y avait pas de question à se poser. C’est aussi une manière de me motiver, de me projeter sur la suite à donner. J’ai besoin de ça pour avancer. Dans quatre semaines les vacances vont arriver, et le sommet du Vietnam sera la destination. En seconde semaine, je ne connais pas encore le programme, mais les dernières réparations de ma moto le confirment, je vais l’utiliser pour un périple moto, une boucle quelque part dans le nord. Je ne sais pas top quoi exactement encore mais déjà je testerai un périple moto sur un weekend pour voir si je suis à l’aise avec de la route plus longue. Ce pays se visite à moto. Depuis que je l’ai acquise, je me suis demandé si ma moto serait suffisante et force est de constater, que le compteur installé et qui montre que je peux rouler à 80 fait que j’en ai la certitude, je n’ai pas besoin d’un plus gros bolide. Je n’en reviens pas n’empêche de l’opportunité en or que m’a offert ma voisine en me vendant sa moto. Ma pétrolette est vraiment adaptée et parfaite déjà pour cette ville, mais elle va l’être aussi pour aller bourlinguer.

Hier et ce pour la première fois depuis mon arrivée à Hanoï, j’ai pu visiter un musée ici. Oui, ils sont enfin ouverts. Après un repas indien fort sympathique, on s’est dirigé avec Katie vers le musée de la Guerre. Ce choix n’était peut-être pas le plus judicieux avec le contexte actuel, mais nous y sommes rentrés pour aller voir de plus près une des tours qui symbolisent la ville. Enfin un musée. Mon premier à Hanoï. Il est à présent évident que chaque weekend où je resterai dans la capitale, je ferai du culturel. Ça m’avait tellement manqué. Peu à peu, malgré le nombre de cas covid ici, la vie reprend ses droits. J’ai abusé du cinéma également cette semaine en allant voir trois films. Mort sur le Nil dimanche dernier, Spiderman mardi soir et vendredi, Belle, un magnifique film d’animation japonais. Langue nippone, sous-titres anglais. Comme je fais habituellement avec Shingeki no Kyojin. La musique était belle et me reste en tête depuis.

Samedi soir était consacré au rugby. Le décalage horaire faisait que le match du XV de France à Murrayfield démarrait à 21h15 ici. Idéal pour démarrer la soirée. La victoire éclatante des bleus sur le quinze du chardon a fait plaisir à voir et à démarrer une jolie nuit de fête. J’ai retrouvé au bar mon équipe de gaélique, une bande d’anglophone venue des quatre nations mais aussi d’outre-Atlantique. J’ai retrouvé cet esprit, ce plaisir de club comme j’ai pu l’avoir à Bordeaux et c’est vraiment une chose qui me manquait. J’avais la sensation d’avoir trouvé mon rythme de croisière ici, il est clair que je peux le confirmer. Les verres défilent rapidement quand on est bien entouré. J’ai retrouvé en plus Martin par hasard à Habenera tard dans la nuit, puis Nic et les sudafs dans le bar suivant. Tout aurait été parfait si je n’avais pas perdu mon portefeuille en chemin.

Je n’ai pas fait attention hier soir et mon état d’ébriété assez avancé n’a clairement pas aidé, mais j’ai oublié mon portefeuille dans le taxi. Je ne m’en suis rendu compte que plus tard dans la matinée. Moi qui peux me mettre facilement en colère il est vrai, j’ai pris ça très à la cool, me disant que ça allait bien se passer, et avec une intuition, ou plutôt une espérance que j’allais le retrouver. Ce soir, le chauffeur est venu me le rendre. Tout était là, de ma carte bancaire à mon permis Vietnamien. J’ai clairement eu de la chance pour ce coup-là et ça me servira de leçon. Ce qui conduit à une fin de weekend encore plus agréable.

Il est bien tard et il me tarde d’aller me coucher à présent mais je voulais écrire. Je viens de lire que Poutine pense à utiliser la dissuasion nucléaire comme recours potentiel. J’espère que l’actualité sera moins terne la semaine prochaine mais je crains que les nuages ne soient pas seulement de passage. Je vais malgré tout tenter de rester optimiste et une fois encore, sourire.

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XXVI. Pluie, espoir déçu et cinéma

20 Février 2022 , Rédigé par Pereg

​​​​​​Weekend pluvieux, depuis vendredi dans la nuit, la pluie ne s’est presque pas arrêtée, ne donnant pas envie de beaucoup plus que de rester tranquillement dans mon appartement. Le match de foot dominical est même annulé. Je ferai donc ce soir une petite séance maison à défaut de courir sur le gazon. Les montagnes russes émotionnelles des derniers jours m’ont confirmé que rien n’est jamais acquis. Quand la pluie commence, on ne sait jamais vraiment quand elle s’arrête…

Mardi dernier nous avons eu une réunion pour nous préparer à la rentrée potentielle du 21 février. Un peu de remue-ménage dans tous les sens mais c’était positif, on voyait le boulot. Branlebas de combat ce vendredi à l’école pour tout mettre en place. J’ai eu le déplaisir d’arriver vendredi avec un ordinateur portable qui m’a lâché. Je ne pouvais donc même plus l’allumer. Je venais de perdre mes préparations de rentrée faites durant la semaine. Ce n’est pas grave, je me remotive, recommence, et à 15h, tout est bouclé, tout est prêt. Et à 17h le couperet est tombé. Les cours ne reprendront pas le 21 février. Le comité populaire de la ville qui l’avait validé deux jours plus tôt est revenu sur sa décision. Officiellement due à la propagation du covid actuellement dans la ville d’Hanoï et pour le froid. Les deux sont des motifs tout à fait sérieux. Il fait effectivement relativement froid en ce moment ici, l’humidité allant même vendredi jusqu’à être répandue dans l’escalier de l’immeuble. Quant au COVID, il se propage effectivement à grande vitesse en ce moment, nombre de personnes que je connais l’ont eu. Mais de là, à ne pas ouvrir les écoles demain, je ne pensais pas.

Depuis le début de la pandémie, je me suis toujours prémuni du moindre espoir scolairement parlant. L’an passé à Beyrouth, les aller-retours incessants, entre distanciel complet et hybride, des annulations au dernier moment, des reprises avortées, et jamais de classe entière depuis le 28 février 2020. En arrivant ici, je savais que la situation sanitaire pourrait amener des complications de travail, et j’ai tenu jusqu’à présent. Mais j’avoue que les préparations de rentrée de vendredi m’ont amené un espoir de pouvoir retrouver une classe entière avant le cap fatidique des deux années consécutives. Elles le seront. Le 28 février sera à minima le premier jour du retour. A mon grand désarroi, j’ai espéré, je n’aurais pas dû. Je disais toujours à mes collègues, « tant que les enfants ne sont pas en classe avec moi le 21, je n’y croirai pas ». Alors le coup a été rude.

I drank all my sorrows. L’expression anglaise est bien plus expressive et tellement plus vraie quant à sa résolution. Vendredi soir, J’ai retrouvé Santiago à Tay Ho, un burger plus tard nous nous sommes rendus à une exposition d’une artiste qu’il connaissait. J’ai eu le plaisir d’y croiser la red house au grand complet, mais aussi Mika Hélène et leurs amis. On a commencé par un verre puis deux, l’exposition de Sabine et ses explications ont été super intéressantes également. La nuit était déjà bien avancée quand on est parti chez Mika, la pluie nous a cueilli. En moins de 10 minutes, jusqu’aux os. Une tenue prêtée et la nuit a continué. Après des nems et des toasts raclette offerts par le maître de maison, je me suis lancé dans des crêpes vers 2h30, et je suis rentré à 4h passées. Ça a fait du bien. Mes comparses de la soirée étaient des parents aussi déçus que moi de ne pas voir leurs enfants revenir en classe. Mais cette décision ne nous appartient pas.

Pour me changer les idées, je suis allé au cinéma voir « Mort sur le Nil ». La dernière fois où j’ai pu me faire une toile, c’était l’été dernier. Mais à présent que les cinémas ont réouvert, il est clair que je vais y aller régulièrement. D’autant plus que j’ai une salle à Mipec, soit moins de 10 minutes à pied. C’est un super plan moi qui adore me retrouver face à l’écran noir. Ce film, je voulais le voir et je n’ai pas été déçu, je me questionne néanmoins sur le suivant, car Spider-Man est toujours à l’affiche. La voix en anglais, les sous-titres sont uniquement en vietnamien. Je ne vais pas tout comprendre mais au fond qu’importe, le plaisir de du cinéma reste le même. L’écran magistral, le son, et pour le côté vietnamien, des gens qui parlent tout le temps. Prochaine toile, semaine prochaine assurément.

Ce weekend, le cœur n’est pas à l’ouvrage mais demain, dès demain, je repartirai du bon pied pour travailler du mieux possible pour mes élèves. Ils le méritent, je leur dois, aussi délicat que ça puisse être pour moi. Professeur en ligne, je reste mon premier outil de travail et mentalement, il me faut tenir plus encore. Je sais que je peux le faire, je veux le faire. Les enfants reviendront à l’école, Inshallah.

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XXV. Six Nations, Gaélique et opportunités

13 Février 2022 , Rédigé par Pereg

Dimanche après-midi, l’heure de la sacro-sainte sieste a sonné, pour autant je n’ai pas envie de m’allonger alors je me mets à écrire. La semaine a été assez particulière sur pas mal d’aspects. Les vacances se sont doucement terminées par un retour tranquille vers le travail. Il était nécessaire d’y revenir. Néanmoins une bonne nouvelle semble s’annoncer. Nous avons reçu l’indication que les élèves reviendraient le 21 février dans nos classes. Je reste au conditionnel car après presque deux ans sans une classe complète face à moi je suis sceptique. Alors la semaine à venir sera consacrée à ce possible retour, un retour espéré, attendu et qui me parait pourtant si lointain. Tant que je n’aurai pas d’élèves avec moi en classe, face à moi, ça ne saurait être une réalité. Mais j’y aspire ardemment. Retrouvé le rôle, ce métier qui est fut le mien. Être avec mes élèves et pouvoir travailler avec eux, pour eux.

La nouvelle n’est pas si surprenante quand on voit déjà que les classes à partir de la 5ème étaient de retour dès mercredi. Elèves vaccinés. Alors quel protocole sera le nôtre pour leur retour ? Quel emploi du temps ? Sous quelles modalités ? Ces questions seront répondues en temps voulus. Alors je me concentre sur d’autres choses et le quotidien que je voulais s’ouvre plein de possibilités. J’ai trouvé le rythme que je voulais. Après le travail c’est donc lundi piscine, mardi vietnamien et jeux de société, mercredi escalade, jeudi gaélique, vendredi vietnamien et dimanche football. Dis ainsi on pourrait croire que c’est un emploi du temps de ministre. Cependant ces activités me permettent aussi de vivre ce quotidien qui est le mien. Je suis venu ici pour vivre ces opportunités.

Le gaélique, j’en rêvais depuis les vacances de la Toussaint, durant la soirée d’Halloween, on m’a évoqué les Viet gaels. J’ai pris contact avec eux assez rapidement cependant leur terrain d’entrainement se trouvant à plus de 30 minutes à moto, il m’était compliqué d’y aller sans payer un coût que j’estimais trop élevé. Depuis mon permis, les choses sont devenues possibles mais avec la météo qui ne donnait pas envie je restais confortablement au badminton. Je n’avais pas trop osé rouler sous la pluie. Puis alors que je voulais y venir juste avant le Têt, l’entrainement n’a pas eu lieu. Alors ce jeudi, l’entrainement fut mon premier depuis Bordeaux et mon burdigala. Habillé de mon maillot Bretagne, j’ai rejoint un terrain au nord de Tay Ho sous une bruine tellement irlandaise. J’ai rencontré Phil à l’entrée du terrain qui m’a confirmé que j’étais bien au bon endroit et que ça allait démarrer. Retrouver les ballons O’neill, les petits jeux offensifs et défensifs, les passes à la main et au pied. C’est tout ce que j’avais espéré. Un peu rouillé des courses offensives et défensives, qu’importe, un entrainement en langue anglaise, un plaisir avéré d’être là. A la toute fin de l’entrainement j’ai rencontré deux français qui allaient s’entrainer au rugby. Ce que je voulais faire initialement car après le Liban ça aurait été aussi cool. Mais du moins pour les prochaines semaines, je fais le choix d’être au gaélique. Ce plaisir retrouvé après des années est indéniable, comme l’était le rugby à Beyrouth, mais cet univers anglophone me va à ravir, ce jeu est vraiment plaisant à jouer.

En parlant de jeux, je suis retourné mardi soir au Root et j’ai perdu aux ruines d’Arnak. L’important était de passer une belle soirée, ce fut clairement le cas. Cette soirée d’ailleurs à amener à une suite intéressante, ma sortie de vendredi soir. J’ai retrouvé Caroline, Clément, Mika et les autres chez Inigo (oui Inigo Montoya) pour l’anniversaire de Santiago. Une sociabilisation souhaitée, dans un cercle international et si peu d’enseignants. Mon quotidien se densifie de rencontres et ouvre le chemin que je voulais tracer, celui d’une vie en dehors de l’école, avec des personnes qui n’ont rien à voir avec le milieu scolaire, pour la plupart en tout cas et c’est tout que je pouvais espérer. Je n’irai pas jusqu’à dire que les planètes sont alignées mais les choses vont dans le bon sens assurément.

J’ai démarré également mes cours de vietnamien, non plus en ligne avec mes collègues du lycée, mais de visu avec la même prof que celle qu’Hervé. Ce premier moment ensemble m’a convaincu au moins d’essayer et ainsi de me motiver aussi pour le faire. Au rythme de deux fois par semaine je vais donc me lancer plus sérieusement encore dans cette langue qui doit être celle de mon quotidien. Je travaille en français, je vis socialement en anglais, mais comme à Beyrouth, la langue locale est celle pour laquelle l’effort doit être fait. Cette opportunité que je me donne n’est pas non plus sans arrière-pensée car la communication au marché, dans les restaurants ou les magasins se fait en vietnamien, hormis compter je ne fais pas encore faire grand-chose. Je dois donc simplement progresser. Je ferai mes devoirs, ceux pour lesquelles je n’ai pas essayé de m’investir tellement avant.

J’ai pris un an, mes résolutions de janvier sont toujours là, je suis le programme que je m’étais fixé, reste la partie voyage à continuer. Les découvertes sont bien celles qui me font vibrer et sitôt les congés terminés, je suis déjà en train de voir quoi faire des prochaines vacances, ou plutôt comme voir comment on s’organise avec Fanny pour notre randonnée. Le sommet du Vietnam, la découverte de villages reculés, et une marche longue sur une semaine. C’est clairement un programme qui me fait rêver. Une opportunité, qui, quand le pays s’ouvrira complètement à nouveau ne sera plus offerte de la même manière. J’ai donc bien l’intention d’en voir le plus possible avant que l’afflux massif de touristes ne redémarre.

Ainsi, je vais doucement me préparer pour aller rejoindre la team et essayer une fois de plus de battre les jeunes du lycée. Le Six Nations continue sur les chapeaux de roues, les bleus ont battu le XV du trèfle, que ce fut compliqué, mais une fois encore, nos bleus sortent vainqueurs et peuvent espérer voir plus grand en se rendant dans quinze jours à Murrayfield. Vibrer devant la tv est une chose, mais le décalage horaire m’a malgré tout permis de voir ce match. La TV vietnamienne ne s’intéresse pas au rugby et je peux le comprendre, mais TV5 monde peut diffuser les matchs… avec un décalage de huit minutes, ce qui pour du sport en live est assez problématique. Je passe donc avec le VPN sur le pc et ça me suffit. Je fais d’ailleurs de même pour les JO car ils sont absents des programmes locaux. Je sais bien que la neige se fait rare ici mais ça n’empêche que c’est dommage que l’on ne puisse pas retrouver les sports d’hiver commentés en vietnamien. Le biathlon, le snowboard cross ou du hockey, le sport est vraiment un élément clé de mon quotidien. A vivre, mais aussi à suivre.

Dans les jolis messages revenus pour mon anniversaire, j’ai eu plusieurs fois un questionnement sur mes choix de vie. Suis-je heureux de cette vie que j’ai choisie ? Il ne s’agit pas de mal prendre la question mais de pouvoir expliquer que le choix que j’ai fait, oui n’est pas celui que beaucoup, celui de voyager, de vivre loin de la France. De choisir le voyage et la découverte plutôt qu’une situation stable en France. De mon point de vue, il n’y a rien d’incompatible et ces aspirations peuvent se rejoindre. Je savais que ça pouvait ne pas être simple en venant à Hanoï, et tout n’est pas rose. Mais en tout cas, s’il y a bien une chose que je peux dire, oui je suis heureux de vivre ici !

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XXIV. Vacances du Têt

5 Février 2022 , Rédigé par Pereg

Bonne année du tigre d'eau à tous!

Bonne année du tigre d'eau à tous!

​​​​​​Dans le train, samedi, il est à peine 19h quand je commence à écrire, les vacances sont en train de s’achever de la manière souhaitée, par un retour à Hanoï sur les rails. Oui je déroge à ma règle en écrivant un samedi, mais ce sont les vacances et puis je fais comme je veux. Parti à 14h bien passées, nous arriverons au petit matin à Hanoi, j’ai eu le plaisir de regarder le paysage grisaillant du pays de Da Nang où j’ai pris le train, jusqu’à Hué environ, l’ancienne capitale impériale. Cette ville sera assurément une destination prochaine pour des vacances, seul ou accompagné, on verra bien mais j’ai hâte de continuer à explorer ce pays. Je comprends assez facilement les gens qui posent un congé sabbatique et qui viennent explorer en quelques mois ce pays, il y a tant à faire. Je vais y revenir.

La dernière semaine de janvier me semble déjà loin et pourtant ce n’était que la semaine passée, les congés ont la faculté de faire oublier très rapidement ce qui se passait avant. La ville néanmoins fourmillait d’activité, comme une grande préparation à ce qui allait advenir. Le Têt est vraiment un évènement, qui, tant qu’il n’est pas vécu est difficilement traduisible. Ma voisine a rejoint sa famille en avance, la ville d’Hanoï se vidait peu à peu et mes élèves, démotivés comme jamais ne montraient guère de volonté de travail. Il faut dire que la situation sanitaire de la capitale n’est pas très bonne non plus. Cependant l’indice pris en compte a changé, du nombre de cas, vers le nombre de cas grave. La vaccination rapide de la majorité de la population permet de prendre un compte un nouvel indicateur. Mes collègues de secondaire ont tous reçu la confirmation qu’à partir du 9 février l’ensemble des élèves de la 5ème à la terminale doivent revenir en cours. Je ne connais pas encore le protocole mais je sais qu’il sera fait. Quant à mes petits primaires, je n’ose les espérer revenir trop vite, mais un plan de vaccination des enfants doit sortir, et probablement avec, une idée de retour en présentiel. Si tel est vraiment le cas, je reprendrai enfin vrai mon chapeau, enseignant, en présentiel. Nous n’y sommes pas encore, mais l’année du tigre d’eau annonce de belles choses, alors on espère.

Les vacances ont réellement commencé pour moi samedi dernier au réveil. Un petit-déjeuner avalé tranquillement et le taxi venait me chercher pour m’emmener à l’aéroport. J’y découvrais une foule que j’avais rarement croisée jusqu’à présent ici, mais une nouvelle fois, vacances du Têt, rien de surprenant. Je donne mon sac à dos et vais pour passer la sécurité. Là je découvre que mon vol a deux heures de retard. Tant pis j’ai un livre je patienterai. Je croise la proviseure-adjointe et sa famille en partance pour le Mékong. Je continue Bragelonne, je l’ai avancé, mais je n’en suis pas encore à la moitié. Le vol pour Da Nang est court, à peine une heure trente. En sortant de l’avion, je découvre que la famille à deux rangées devant, est celle de Mickaël avec qui je joue le dimanche au foot contre les jeunes du lycée. On se promet de se retrouver autour d’un verre dans la semaine. Je récupère mon 70l et me dirige vers la sortie où la belle moto que j’ai louée doit m’attendre. Cependant elle n’est pas là car le propriétaire a dû faire réparer différentes parties avant… J’aurais dû me méfier un peu plus à ce moment-là. Qu’importe, il arrive, et je pars pour Hoi An, destination de mes vacances. La conduite de la moto me montre que la combustion dans le moteur n’est pas complète vu la pétarade à chaque fois que je coupe les gaz. Je rejoins Fanny et les collègues de Marguerite Duras à notre hôtel. Un peu excentré du centre-ville nous avons une vue sur les rizières autour, un vrai bonheur.

On part pour une première balade dans le centre-ville d’Hoi An. On m’a dit que ce serait beau, et je ne fus pas déçu ! Waouh ! Une vieille ville, des maisons bases et anciennes, des linteaux de bois pour chaque nom de magasin, des temples datant de plus de deux siècles, et une rivière illuminée au cœur de ville. Hoi An fut une grande ville à l’époque impériale, destination privilégiée des Chinois, ils y ont importé les lanternes, celles-là même qui rendent la ville célèbre à présent. Je ne désespérais pas de retrouver une ville ancienne, mais je rêvais de retrouver un peu de culture au quotidien. Les musées et lieux touristiques sont toujours fermés à Hanoï et Phu Quoc n’était pas trop l’endroit pour ça. Je me suis clairement rattrapé ici. On dit aussi qu’Hoi An est la ville de la gastronomie vietnamienne et je peux aussi dire qu’il y a de quoi. Cau Lau (nouilles), White Rose (ravioles), Wonton (crevette et tomate), my quang (nouilles mais pas les mêmes), un bonheur pour les papilles, tout comme les brochettes de viande ou de légumes du marché.

Hoi An, son pont japonais, ses lanternes, ses spécialités...
Hoi An, son pont japonais, ses lanternes, ses spécialités...
Hoi An, son pont japonais, ses lanternes, ses spécialités...
Hoi An, son pont japonais, ses lanternes, ses spécialités...

Hoi An, son pont japonais, ses lanternes, ses spécialités...

Le dimanche matin après des banana pancakes du meilleur goût, nous avons pris tous ensemble les vélos et direction Kim Bong, un village de charpentier. Nous avons tourné un peu mais avons fini par trouver un atelier de travail du bois, impressionnant. L’autre objectif de la journée était le village de Tra Que, village de maraîchers. On repasse par le centre afin de manger un banh my et reprendre des forces et on file vers le nord. On a trouvé les champs et c’était génial. Tous ces potagers, alignés et travaillés côte-à-côte, le tout dans une ambiance intéressante. Il y avait quelque part une émulation collective à ses cultures.   On file vers la plage, dernier objectif de la journée. On se pose au « Sound of Silence ». Lénora et moi filons à l’eau et les autres patientent au chaud. Quel pied de nager, l’eau n’était pas si froide. Au quotidien, je n’ai pas le plaisir de voir la mer, alors pour une semaine, je me devais d’en profiter, ce fut fait assurément. Le soir, dans un restaurant dont le nom m’échappe, j’ai dégusté et le mot est faible, un gratin aux quatre fromages. Ce n’est pas souvent que le plaisir gustatif soit si intense.

La vue de l'hôtel, Kim Bong et Tra Que.
La vue de l'hôtel, Kim Bong et Tra Que.
La vue de l'hôtel, Kim Bong et Tra Que.

La vue de l'hôtel, Kim Bong et Tra Que.

Lundi matin, réveillé avant 6h pour aller marcher, et déjà un quiproquo. Julie et Peggy vont vers la mer rencontrer les pêcheurs en scooter, alors que je pensais qu’on allait à pied dans les rizières. On maintient ce programme avec Fanny et pas déçu du tout. Une jolie balade matinale au travers de ces cultures auxquels je porte un grand intérêt, je ne me rappelle pas n’en avoir jamais vu avant. De retour à l’hôtel pour neuf heures. Je change de véhicule. En effet, au super restaurant de la veille, la moto n’a pas redémarré et j’ai dû la pousser jusqu’à l’hôtel. Au moins trois kilomètres… sous une pluie super intense ! Alors plutôt que de me questionner à chaque fois que je dois démarrer si le bolide va s’allumer, j’ai demandé un truc plus simple, mais plus fiable. Une Sirius, une 150 semi-automatique. Il n’y a pas de poignée embrayage, tout se fait au pied. La pointe pour monter les rapports, le talon pour les descendre. Le frein moteur à moins d’importance mais ça se fait bien.  On retourne en ville avec Fanny et on se fait une visite des temples et des pagodes. Une exploration assez intense de ce cœur historique. Les filles nous ont rejoint pour un dernier repas ensemble avant qu’elles ne rejoignent le nord.

Mardi était la journée la plus importante, en effet nous allions découvrir My Son, avec un guide. En arrivant sur le site, il était clair que l’on aurait bien moins compris comment les choses fonctionnaient sans Van. Il a nous d’abord parlé de la civilisation Cham. Je découvrais cette culture, ces personnes qui avaient un des royaumes les plus importants du pays pendant presque un millénaire. My Son est un lieu de culte, mais uniquement pour la famille royale. Le peuple n’avait pas le droit de s’y rendre. Le roi ou quelqu’un qu’il nommait devait venir faire des prières deux fois par mois sur ce site. Les Chams avaient des croyances hindouistes avec la grande trinité, Shiva, Vishnu, Brama. Shiva étant à leurs yeux le plus important, alors que communément en Inde, c’est Brama le dieu le plus important. La civilisation s’est délitée peu à peu à partir de 1500 et ont cédé devant les assauts répétés d’Hué et de ses armées. Aujourd’hui les Chams sont une minorité du pays, 20 000 personnes qui vivent au sud du pays, et sont devenus musulmans. Le site a été découvert par un Français du nord de Parmentier en 1902, caché dans la jungle. Durant la guerre américaine, les Vietnamiens, s’y cachaient. Les ruines ont été bombardés, tant pour débusqués ces soldats que pour détruire le patrimoine local. Ce qui a été reproché aux talibans et ISIS, les grandes nations l’ont aussi fait, la France notamment avec le palais d’été à Beijing. La perte est colossale pour l’humanité dans son ensemble, même si les sites UNESCO n’avaient pas encore fait leur apparition à cette époque-là. En rentrant nous sommes allés voir Héritage, un musée créé par Réhahn, un photographe français qui a rencontré TOUTES les ethnies du pays, les 54 minorités et a ramené un costume traditionnel de chacune d’entre-elles. Une perle.

My Son, Fanny et le guide.
My Son, Fanny et le guide.
My Son, Fanny et le guide.

My Son, Fanny et le guide.

Mercredi, direction Da Nang pour aller voir le musée Cham. Je n’avais pas prévu de m’y rendre directement mais comme Fanny n’était pas des plus à l’aise en deux roues, et qu’on avait démarré ensemble à My Son sur cette civilisation, il était normal de poursuivre ensemble à leur sujet. On démarre donc ce musée qui se trouve au bord de la rivière, et là je découvre encore un peu plus l’étendue de cette civilisation qui a vraiment régné sur le Vietnam. Des sites éparpillés de Da Nang à Presque Nha Trang bien plus au Sud. Des statues si reconnaissables, un art réellement particulier et ultra intéressant à découvrir. On est allé ensuite à la Montagne de marbre, des temples, des pagodes, des stupas et le tout avec des grottes pleines de statues, bouddhistes cette fois-ci. Mon manque de connaissances sur le sujet a rejailli car j’ai toujours du mal à distinguer pourquoi c’est cette forme de Bouddha et non une autre qui est adorée. Il faudrait que je m’y replonge. Quoiqu’il en soit, la balade dans ce mont karstique valait le détour. On finit en rentrant à Hoi An, par aller boire un verre avec Mickaël et sa famille, ils quitteront bientôt le pays. Lui, professeur des écoles suit sa femme qui a un poste important avec une ONG, et trouve toujours une école pour travailler s’il le désire ensuite. Whisky Sour comme à mon habitude et de belles rigolades avec ses enfants. J’espère les revoir avant leur départ au Sénégal.

La montagne de marbre et ses Bouddhas...
La montagne de marbre et ses Bouddhas...
La montagne de marbre et ses Bouddhas...

La montagne de marbre et ses Bouddhas...

Jeudi je quittais définitivement Hoi An pour Da Nang, et me retrouvais seul après une semaine en charmante compagnie. Nous avons validé avec Fanny le programme des prochaines vacances, cinq à six jours de marche autour de la montagne la plus haute du pays dans le nord. Le pied ! Je prends ma chambre d’hôtel au bord de l’eau et vais explorer le musée de la ville. Là, je découvre un peu plus la propagande versée dans les commentaires sur les évènements historiques. Plutôt que de parler de la période coloniale française, c’est noté comment les locaux ont résisté et lutté contre les coloniaux. Un autre panneau parlait de la victoire évidente et de la supériorité vietnamienne sur l’armée américaine, du communisme sur l’impérialisme. J’ai découvert aussi une salle de photo plutôt actuelle, montrant combien le comité populaire locale, soit l’instance dirigeante de la région, œuvrait pour le rayonnement de la ville, au niveau national et international. C’est une autre manière de montrer les choses. Le peu que je peux voir ici, je pense est décuplé chez le voisin envahissant du nord. Pas habitué à ces choses, il faut les prendre avec détachement, car le soft power français, ne serait-ce que par l’existence de mon école montre aussi à quel point la vision de l’histoire est souvent, une question de point de vue. Un bain de mer me remettait les idées en place.

Vendredi, après une soirée au calme et un petit-déjeuner fastueux, je prends la direction du col d’Hai Van sur conseil de ma voisine que j’ai croisé en ville pour un thé. La route m’a-t-on dit est très prisée par les motards. Je ne fus pas déçu, c’était génial. Une montée souple, des virages en épingle partout et une vue à couper le souffle sur la baie protégée de la ville de Da Nang. Le nombre de deux roues sur les bords de route était assez fou aussi à voir. Au sommet, à peine 500m du niveau de la mer mais un vent du tonnerre et moi, le sourire jusqu’aux oreilles de me sentir motard dans ce pays. Même avec ma Sirius, le plaisir de la balade en deux roues est indéniable. Je me fais une petite baignade sur le retour et je retourne à Hoi An pour y retrouver Katie, sa sœur et un copain norvégien à elle. On était dans la région ensemble sans se trouver un moment dans la semaine, se fut rectifié ainsi. Un ultime bain de foule sur les bords illuminés et je rentrais trempé à l’hôtel. Ravi d’avoir revu des endroits pleins de monde, mais je me dis que la ville d’Hoi An, avec un pays complètement ouvert à l’international, ça doit être aussi une galère absolue. Impossible d’en profiter comme je l’ai fait avec le retour des internationaux. Je suis assez fier de moi aussi car pour rentrer à Da Nang à l’hôtel, j’ai dû faire mon retour de nuit, mais aussi sous la pluie. Je n’avais pas réellement expérimenté ces conditions de conduite au Liban du fait du faible éclairage des routes, mais ici ça s’est bien fait et je suppose que je n’hésiterai plus à sortir à Hanoï avec ma pétrolette, même s’il fait nuit, même s’il pleut.

Hai Van Pass !
Hai Van Pass !
Hai Van Pass !

Hai Van Pass !

Nous voilà arrivés à samedi et hormis une balade sur la plage, je n’ai pas fait grand-chose avant de rejoindre la gare sur les coups de midi. Ces vacances, intenses, m’ont aussi apporté ce que j’avais espéré, revoir des gens que j’apprécie, découvrir plein de nouvelles choses, retrouver un peu de culture, prendre le temps de lire et simplement sourire. Le Têt, c’est un peu un mélange de Noël et du premier de l’an mélangés pour les Vietnamiens, ce moment est vraiment à nul autre pareil pour ce nouveau pays qui est le mien. Demain, je retournerai jouer mon match hebdomadaire, va-t-on gagné après la défaite de la semaine dernière ? Le XV de France va-t-il démarrer sous les meilleurs auspices son 6 nations ? Les bleus vont-ils remporter des médailles à Beijing ? Ce sera forcément suivi demain et dans les jours à venir. Février a bien démarré et je ne doute pas que ça continuera de la meilleure des manières.

Voilà bien longtemps que je n’avais pas rédigé un article aussi long, ces vacances, bien que courtes ont été l’occasion de nouvelles découvertes et cette soif d’aventures qui est la mienne, est loin d’être rassasié. Vietnam, je te découvre et je n’en désire que plus ! Il est 20h30 passées, prochain arrêt, Ngan Son !

En voiture!
En voiture!
En voiture!

En voiture!

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