Cette semaine était enfin ma première semaine complète en classe avec les élèves et il fallait bien ça. Cependant j’ai pu voir, pour eux comme pour moi que l’on n’était plus habitué à travailler cinq jours d’affilés, le manque de rythme a été délicat en cette fin de semaine mais qu’importe, j’étais ravi de me remettre au boulot de bonne manière avec eux, et je ne doute pas que la semaine à venir se passera sous de meilleurs hospices.

La principale nouvelle de cette semaine n’était pas tant dans le travail que le lycée lui-même. En effet nous avons reçu un mail confirmant le démarrage des inscriptions pour la rentrée prochaine. Elles se font toujours très tôt au Liban. Mais ce mail, reçut comme un signe effectif du déménagement de l’école n’est pas sans conséquences. C’est donc acté, enfin presque : « Les discussions concernant la relocalisation du lycée Abdel Kader sur un site très proche de l'établissement sont maintenant dans leur phase terminale. » On a tous bien compris ce que ça voulait dire ; le lycée va bien déménager au CNAM juste à côté. Il y aura forcément compris ce que ça impliquait une cohabitation particulière avec cet établissement supérieur pour les deux prochaines années au moins. Je m’en retrouve néanmoins assez soulagé car ça confirme bien que le lycée restera dans le quartier pour la durée initiale de mon contrat. Je suis donc à 99% sûr que rien ne changera pour moi à la rentrée prochaine, même s’il y aura forcément des adaptations et pleins de choses à mettre en place en septembre. Je peux donc me projeter sereinement sur ma fin d’année scolaire avec mes élèves.

On verra comment les choses évoluent avec ma classe mais déjà pouvoir m’y remettre ainsi cette semaine m’a confirmé sur des détails combien j’aime ce que je fais. me lancer dans un mini-projet sur les toupies, pratiquer de l’expression corporelle avec mes élèves sans même dire un mot, ou encore la découverte magique du tableau de numération pour quelques-uns. Alors même s’ils étaient lessivés vendredi, les récitations de poésie en groupe ont donné lieu à des rires et de la créativité comme ils n’avaient pas encore trop osé le faire en classe. Les voir « se lâcher » ainsi me montre aussi qu’ils ont grandi.

De mon côté j’ai repris un peu les choses en main physiquement avec trois séances intensives à la salle ave Fehmi. Être à deux pour se motiver mutuellement à faire des efforts c’est clairement un plus. Je me sens mieux en sortant même si les courbatures ce soir sont bien présentes. Demain soir, elles disparaitront peut-être. Je ne néglige pas pour autant mon arabe/libanais, j’ai vraiment pris le temps de lire ma nouvelle histoire en essayant de prononcer du mieux possible les mots. Un nouveau livre m’attend, et je passerai une bonne partie de la semaine à le décrypter. Ça me fait doucement rire de me voir galérer sur un livre destiné à des cp, mais c’est ça aussi l’apprentissage d’une nouvelle langue, être moins avancé que mes élèves en lecture et écriture, et je redécouvre un peu plus chaque fois le plaisir d’apprendre quelque chose de nouveau.

Ce weekend, j’avais bien besoin de me changer les idées, et je me suis aussi dit qu’il était temps de s’occuper de mes réservations pour les vacances de février. J’ai commencé à réfléchir sérieusement et j’ai vraiment envie d’aller découvrir la Jordanie, enfin plus précisément, je souhaite aller à Petra. Mais pour une fois, plutôt que de tout organiser, j’ai envie de me laisser guider et ne pas me préoccuper de tout, prendre un séjour complet et juste profiter. J’ai déjà à faire pour la venue des frangins mi-février, je souhaite profiter au maximum du reste.

Alors entre deux soirées complètement différentes, j’ai vraiment profiter au maximum de mon weekend, un pizza au calme avec Clara, et une soirée beaucoup plus animée chez Tommy, nul besoin de chercher compliqué quand les choses simples vous rendent heureux. Le faire de pouvoir aussi me poser tranquillement dans un parc pour lire ce matin est vraiment une chose que j’adore. Sortir et profiter du soleil, de sourire simplement en étant au calme, c’est aussi ça le weekend.

Je conclurai par la nouvelle qui m’a le plus marqué cette semaine : la disparition en mer d’Emiliano Sala. Mardi matin subrepticement, entendu à la radio, et dès le mardi soir de manière beaucoup plus importante, j’ai été choqué par cette tragédie humaine. On sait que les accidents existent en avion, spécialement pour des petits modèles. Il n’en reste pas moins que son départ du FC Nantes me peinait pour le club et sa gestion ; mais en rien comparable avec l’abattement qui a suivit sa disparition. Les canaris c’est mon club, une part de moi, alors je me sens touché comme de nombreux supporters. Il faudra un certain temps pour s’en remettre et j’espère que le club s’en remettra plus vite. Life goes on !

Ce lundi devait sonner l’heure de la vraie reprise avec une semaine complète de cours, du lundi au vendredi. Or ce ne fut pas le cas. En effet de nouvelles intempéries ont conduit à fermer l’école mercredi sur décision du ministère de l’Education libanaise. Il en fut de même pour vendredi, pour le sommet économique du monde arabe à Beyrouth. Ce n’était cette fois-ci que les écoles de la capitale qui ont dû fermer. Le lycée en faisant parti, pas de cours ce jour-là non plus.

Alors personnellement ça me fait plaisir d’avoir ces trous dans la semaine ou ce genre de weekend prolongé. Mais sur le plan professionnel, je ne peux pas en dire autant… Oui deux jours en moins à nouveau dans une semaine de travail ne permet pas de reprendre le rythme de travail. On vient déjà d’avoir quatre jours sur dix en moins, ce qui est plus que depuis le début de l’année scolaire. La période de janvier-février est capitale pour les apprentissages car c’est là que les enfants apprennent le plus et progressent le plus rapidement et quand je vois déjà qu’il ne nous reste que quatre semaines avant les prochains congés, je ne peux m’empêcher de penser au programme.

Une conscience professionnelle ou une fougue qui peut apparaître étonnante mais dans le fond, je sais que je ne suis pas le seul à m’en inquiéter. On m’a également dit que c’était des plus courants au Liban et qu’il ne fallait pas en faire cas. Je ne peux toutefois pas m’en empêcher, même si je profite pleinement de ces jours libérés. Une séance de cinéma mercredi après-midi, un vendredi au calme avec mon cours d’arabe décalé pour m’y remettre.

En parlant de ça d’ailleurs, j’avais pris la décision d’apprendre le libanais, pour pouvoir me débrouiller à l’oral ici, ce qui est encore loin d’être le cas. Je me suis également rendu compte de la nécessité de passer par l’écrit pour progresser également, le lire et l’écrire, mais tout ça n’est guère simple. Même si j’ai mon rythme de travail, une heure en classe, plus des travaux personnels à côté, je trouve que je plafonne à bafouiller encore cette langue trop inconnue pour moi. Je sais aussi que j’ai largement le temps de progresser. Je suis ici pour trois ans, mais c’est surtout la pratique qui me manque. Travailler en français, sortir en anglais, je n’ai que ramener l’occasion de pratiquer le libanais et il faudrait que je fasse un peu plus d’efforts de ce côté. J’ai encore six mois devant mois, et j’espère que je serais rendu au moins à un niveau A1. Il faut se laisser du temps dans l’apprentissage mais s’y investir, peut-être plus que je ne fais à présent.

Ce weekend était l’occasion de sortir à nouveau, jeudi soir avec Tommy notamment, vendredi avec Clara et Lucie, deux jolies soirées à discuter et profiter simplement autour d’un verre. Oui c’est ça aussi que j’apprécie énormément ici, pouvoir simplement être dehors et sourire avec des gens de divers milieux et environnements. Mais ce n’est pas le tout de profiter, il faut se dépenser aussi et avec Fehmi on a pris la résolution d’aller à la salle de sport, histoire de se maintenir un peu plus en forme que l’on est actuellement, sachant qu’avec mon dos ce ne serait pas un mal. Déjà que je me suis mis au yoga à domicile, faire des étirements prolongés aussi mais ça ne suffit pas. Alors ce samedi matin, direction la salle juste à côté du lycée pour une séance cardio-tonique, puis un peu de musculation. C’est là que je me suis à nouveau rendu compte que j’ai beaucoup de travail. Mais comme pour l’arabe, c’est un travail de long terme dont les effets ne se verront peut-être que bien plus tard. Être à deux pour se motiver, c’est déjà beaucoup.

Samedi soir me posait diverses questions, j’avais le choix entre deux soirées, une sur Beyrouth, une à Jounieh un peu plus loin. Mais ayant des problèmes de locomotion car je ne suis que piéton, j’ai choisi la facilité et je suis resté dans la ville. Une belle soirée pour l’anniversaire de Waël, c’est vraiment un très bon ami ici. Dimanche fut calme, petite marche sous le soleil matinal avant de me poser dans un café puis rentrer. Je n’ai pu m’empêcher de constater que les militaires étaient encore très présents pour le sommet arabe. Des chars et le déploiement  de nombreuses unités que je n’avais encore jamais vu, ça fait toujours son effet.

Il n’en faut pas plus des fois pour profiter, mais savoir aussi revenir au travail. A présent j’espère vraiment que la semaine qui démarre ne donnera pas trop de surprises de ce côté.

Cette semaine était donc la reprise des cours, prévue initialement lundi, puis décalée à mardi en raison du noël des arméniens. Je prenais donc la direction du lycée ce jour-là. Et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que je n’avais qu’une moitié de classe, et plus de 60% des élèves absents au total sur l’établissement. En effet le ministre de l’éducation libanaise avait demandé de fermer les écoles ce mardi aussi. Alors que la pluie tombait drue quand je quittais l’école, il nous a été également communiqué que mercredi l’ensemble des établissements scolaires serait fermés. Fermés pour cause de tempête Norma.

C’est vrai que les images de certaines parties de la ville, notamment des quartiers des réfugiés syriens étaient impressionnantes mais je dois dire que ça m’a fait bizarre d’avoir une reprise aussi saccadée. Les choses sont rentrées dans l’ordre à partir de jeudi et j’ai pu reprendre mon programme original mais ça m’a donné le sentiment d’une première semaine gruyère et délicate à aborder pour remettre également les élèves au travail.

Jeudi était d’une certaine manière ma reprise officielle, tous les élèves présents, on redémarrait peu à peu le travail. Pour autant je n’ai pas vraiment le sentiment que c’était le moment propice pour le travail, après deux semaines de vacances et une semaine gruyère, ces deux journées ont été assez laborieuses. Ce n’est jamais facile pour les élèves de s’y remettre et je sais bien que même pour moi ce ne fut pas des plus aisés. Mais j’ai aussi le sentiment que lundi sera vraiment le point de départ de la période, comme un lundi normal où toute chose se remet à sa place et suit la logique précédemment établie. Un nouveau weekend de travail et ça repartira comme à l’accoutumée, car mine de rien, il faut que je me mette également dans ce rythme pour pouvoir être opérationnel de la meilleure des manières. Alors doucement mais sûrement, je me suis remis au travail ce weekend, préparant mes cours à venir sous le soleil qui nous avait délaissé.

Le temps a clairement tourné à partir de mercredi et c’était un plaisir de revoir l’astre solaire pointé le bout de son nez, pouvoir à nouveau marcher comme j’aime le faire dans Beyrouth, jusqu’à Mar Mikhaïl ou ailleurs, c’est vraiment ce que j’apprécie ici. Jeudi soir pour aller voir une série chez Waël. Puis vendredi soir ce fut une nouvelle fois le cas, j’ai rejoint Clara à la maison jaune, elle revenait tout juste de France pour ces partiels de la semaine prochaine. Et comme on l’avait fait en début d’année, on est allé à Monot voir le concert classique du vendredi soir. L’Autriche était à l’honneur, un chef d’orchestre viennois et des morceaux connus, c’était une bonne introduction au weekend. Ecouter à nouveau du Mozart, l’enlèvement au sérail et la flûte enchantée, et Strauss fils. Ce récital un brin particulier, avec du chant lyrique, m’a confirmé que l’acoustique très intéressante de l’église pour l’instrumental, ne se prête guère au chant. Qu’importe, ce fut un joli moment avant de rejoindre le centre-ville pour prolonger la nuit.

Depuis mon retour à Beyrouth, j’ai également pris le temps de voir des séries que je n’avais pas forcément l’occasion de trouver en ligne directement, Hippocrate notamment m’a beaucoup marqué. Le quotidien d’un service de médecine interne dans un hôpital parisien, où les médecins sont en quarantaine et les internes en charge de tout. Emouvant, difficile et par beaucoup d’aspects très réaliste. J’ai adoré suivre cette saison qui en laisse présager une autre. La qualité des auteurs de canal+ n’est plus à démontrer, mais une fois encore elle m’a prise aux trippes.

Un samedi au calme et au travail, j’en ai profité pour avancer au maximum avant de sortir rejoindre Tarek et Gilmara pour un repas d’hiver. Une soupe de viande et légumes, plat visiblement traditionnel au Brésil qui correspondait parfaitement à la température et à la météo libanaise. Ce dimanche, la tempête est revenue, allant au bar pour voir Nantes-Rennes, je suis arrivé trempé pour avoir marché. Je ne pensais pas que ce serait aussi intense mais déjà dans certaines rues, il y avait plus de 10 cm d’eau ! On verra si elle s’accentue avec la nuit, mais cela peut perturber une fois de plus les cours. En tout cas le match m’a un peu frustré mais alors que je m’apprêtais à partir, des amis sont arrivés pour voir Tottenham Man United, du coup je suis resté avec eux pour voir ce match fort plaisant. On a beau dire mais la ligue anglais c’est autre chose ! Un dimanche soir surprenant avant de retrouver le calme de mon appartement.

Alors demain, qui sonne pour moi le vrai début de la période,  nous verrons bien si tous les élèves seront présents.

Voilà déjà 2019 et je suis de retour au Liban, comme si le passage breton éphémère et plaisant était bien loin derrière moi. Ça m’a vraiment fait du bien avec ma troménie habituelle. Revenir en étant ailleurs. J’ai d’abord eu la sensation étrange d’une relative délivrance à revenir ici, à me poser, le capharnaüm libanais est devenu mon quotidien et je m’y sens bien.

Alors quoi de plus normal que de passer le réveillon ici, symboliquement ça me semblait important et j’en avais aussi l’envie. On avait parlé de ça avec Tommy depuis quelques temps déjà et la soirée ne fut en rien décevante. Un démarrage à Jounieh en petit comité avant de revenir sur Beyrouth même un peu avant minuit. La fête a battu son plein jusque tard dans la nuit, ils savent vraiment faire la fête ici.

Depuis j’ai évidemment dû me remettre au travail mais je sentais que j’en avais besoin aussi, reprendre un rythme plus sérieux. Oui car la reprise de mardi risque d’être déjà difficile avec les décalages des fêtes, je ne pouvais pas me permettre de passer à côté des préparations. Alors mercredi à la maison, jeudi & vendredi au lycée, j’ai profité du temps que j’avais pour réinvestir ma classe et préparer la période à venir. J’aime le calme je peux avoir dans ma classe pour travailler, l’apaisant silence du couloir qui n’est perturbé que par un son dissolu de musique de mon ordinateur.

Ce weekend je découvrais que les soldes avaient déjà commencé au Liban, mais n’ayant besoin de rien, je n’ai fait qu’arpenter le souk de downtown pour éventuellement y acheter quelque chose, ce qui ne fut pas le cas. C’était aussi la reprise des apéros et même si le temps n’était pas vraiment de la partie, quelques passages à Mar Mikhail m’ont fait également du bien, un match de premier league chez Toros jeudi, discussions à Anise samedi.

Mais cette semaine le fait majeur était sans conteste la journée d’aujourd’hui, le Noël arménien, le 6 janvier. Oui jour de l’épiphanie pour les catholiques, les arméniens, chrétiens non affiliés à Rome ont gardé la date originale de célébration de Noël, et non pas décalée au 25 décembre pour correspondre au solstice d’hiver païen. Alors j’ai décidé de faire une chose que je n’avais encore jamais pris le temps de faire, me rendre à Bourj Hammoud le quartier arménien.

Malgré un temps peu clément j’ai marché, peu importait la pluie ou le vent, j’avais envie et besoin de me bouger un peu ce matin, je voulais découvrir ce quartier dont on m’avait beaucoup parlé. Après Mar Mikhaïl, continuant à l’Est sur le boulevard, je suis arrivé dans le fameux quartier arménien. Il fallait simplement passé un pont sur un canal qui m’a beaucoup rappelé la Garonne, non pour l’atmosphère de beauté de Bordeaux, mais la couleur de l’eau. L’ambiance était légèrement différente, non pas spécifique à Noël, mais plutôt à la population ou les échoppes avec des affichages dans un alphabet que je ne maîtrise pas. M’engouffrant dans quelques ruelles ou sur les rues principales, je ne fus pas déçu de ma balade. Au contraire, ça me donne encore plus envie d’y retourner quand la météo sera plus agréable. Au retour la pluie s’est accentuée, je suis arrivé bien trempé mais ravi de mon tour, c’est tout ce que je souhaitais en ce dernier dimanche avant la reprise.

Reprise qui elle est décalée à mardi, le gouvernement libanais ayant accordé un jour supplémentaire de congé en raison de jour particulier. Alors j’ai hâte de retrouver les bancs de l’école, de reprendre mon rythme avec mes élèves dans la classe, ou de simplement croisé à nouveau mes collègues. Oui les vacances c’est toujours génial mais ça fait aussi du bien de se remettre au travail. Alors même si aujourd’hui j’ai décidé de laisser le travail de côté, je m’y remettrai de plus belle demain pour cette période de début d’année civile qui est toujours intense.

Bonne année à toutes & tous!