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XLIII. Année 1

26 Juin 2022 , Rédigé par Pereg

mon spot matinal d'écriture

mon spot matinal d'écriture

Ce matin, je démarre mon dernier article de l’année, déjà. 43ème dimanche que j’écris mes pensées sur l’ordinateur. L’année est passée vite, vendredi soir prochain je serai dans l’avion qui me mènera à Paris. 6h30 heure française samedi matin sur le territoire français, à 9H36 direction la Bretagne et à 11h45 je serai à Rennes. Oui, dans une semaine les vacances auront bien commencé et j’aurai retrouvé ma famille. Celle que je n’ai pas vue depuis un an, celle que j’ai hâte de retrouver. Il ne manquera que mon petit frère avec qui d’autres péripéties nous attendront début août. Alors en ce dernier dimanche hanoïen, je suis dans un jardin au bord du fleuve rouge, où le barbecue démarrera tout à l’heure. Il y a pire comme décors pour écrire ces premières lignes.

Hier soir, en marchant autour du lac Hoan Kiem avec Nico, je me suis mis à faire un peu le bilan de mon année ici dans ma tête. Comment s’est passée cette année finalement par rapport à ce que j’en imaginais. Non pas ce que j’en pensais initialement, mais sur quoi je me suis penché. Il y a eu du vrai positif et des choses plus difficiles. A commencer par le boulot. Je serais fou si je disais autre chose que cette année fut très éprouvante moralement. Une nouvelle année à distance, une nouvelle année où le rythme de travail fut autre, où les élèves étaient loin. Comme à Beyrouth, la déception de ne pas reprendre en février, mais finalement pour se résoudre à revenir relativement à la normale en avril. Un nouveau protocole sanitaire est passé et je ne porte plus de masque en classe, je ne l’impose plus rien aux enfants de ce côté sauf s’ils éternuent. Une fin d’année presque normale, une fin d’année où l’on voit que nos élèves ont beaucoup de mal à revenir à la réalité scolaire, mais une vraie classe, de groupes de travail, des échanges et c’est tout ce que j’avais espéré. Seulement ce que j’ai eu pour deux mois, j’avais espéré l’avoir pour plus, même si en venant l’été dernier, j’étais conscient que ça pouvait arriver. La question d’un retour France complet s’est même posé avec le prolongement du distanciel, pour finalement se faire oublier un peu plus tard. J’ai fini et rendu mes livrets cette semaine, il ne me reste plus qu’à profiter de cette dernière semaine pour se faire plaisir avec eux une dernière fois. J’ai rencontré une maman d’élève vendredi soir, qui m’a amené une bouteille de vin sud-africain, comme nom « seriously cool ». Elle m’a dit, c’est ainsi que ma fille vous décrit « seriously cool ». Ça m’a pas mal ému, venant d’une enfant que j’apprécie, ça fait toujours à savoir que l’image que je revois à mes élèves de celui que je suis, de ce que je leur partage. Je suis un enseignant qui aime son métier, qui comme nombre de mes collègues, se donne à fond. Alors un joli compliment comme celui-ci, ça fait quelque chose.

Ce n’est pas nouveau que je suis un ours, j’ai été décrit comme grognon plus jeune, et plus encore, mais depuis mes dix-ans, en voilà dix-sept de plus que je travaille avec des enfants d’une manière ou d’une autre, j’ai toujours été une guimauve. Cette année avec la longue distance, le fait de les retrouver aussi tard a exacerbé les émotions de classe et mon ressenti sur les élèves. Je les fais tous passer, l’an prochain sera dur avec le recul sur le distanciel, mais ce problème se verra être traité bien assez tôt à la fin de l’été. D’ici-là, je serai allé en Sicile pour une dernière colo avec Jason. Ça fait maintenant deux ans qu’on essaye de faire cette dernière escapade ensemble. Sur la dernière décennie, c’est une des personnes avec qui j’ai passé le plus de temps, ce n’est pas pour rien. On a la même vision de notre profession, sans pour autant apprécier la faire de la même manière ou sur les mêmes niveaux, encore moins les mêmes endroits. Ce nouveau périple estival sera l’occasion de profiter une fois encore ensemble, de randos, de discussions, et de tout ce qui pourra être.

Le Liban était suffisamment proche pour que l’été puisse m’offrir le temps nécessaire à tout ce que je voulais, mais du Viet Nam la chose est autre, car il y a possibilité de voir loin, d’aller ailleurs. Ce n’est donc pas impossible que l’été prochain se fasse plus court en Europe pour découvrir plus encore l’Asie. Ce n’est qu’une idée qui n’a de fait que d’exister. En parlant de tourisme, je peux dire que durant mes onze mois ici, j’ai déjà bien découvert le pays. On a été bloqué presque jusqu’à Noël malgré une sortie à Soc Son. J’ai découvert, Phu Quoc, Hoi An, Da Nang, Sapa, Phong Nha, Ha Long, Ninh Binh, Bavi et bien sûr Hanoï. Mais il reste tellement encore à faire dans ce magnifique pays. Comme ce spot matinal qui est le mien, c’est une découverte, la ville reste encore mystérieuse pour une grande part. Il en est de même pour une partie du pays, de Hue à Saigon, du Mékong au Ha Giang, il me reste à faire, mais ce sera avec mes visiteurs plus que seul comme cette année. Je dis seul mais j’ai découvert des personnes merveilleuses. De Fanny à Martin, d’Odelin à Caroline, de Katie à Stéphanie. Je ne suis pas un ermite, je dirai même l’inverse, je suis un animal social. Depuis que je me suis expatrié, j’ai eu ce besoin de faire vibrer la corde de Durkheim. C’est pour ça que même si mon appartement est très bien, il est fort probable que je traverse le fleuve pour aller faire une coloc de l’autre côté du pont à la rentrée. Je le traverse au moins cinq fois par semaine, ce qui rend finalement le raisonnement initial caduc. Il vaut mieux le traverser pour aller bosser chaque jour, et pour sortir, être à distance à pied du centre-ville. C’est assez fou la perception que j’ai eu d’Hanoï initialement. Rendant Tay Ho quartier vital, mais qui n’est finalement que le petit monde expatrié cloisonné. J’apprécie beaucoup d’y aller, mais maintenant je n’oublie pas que ce n’est pas la réalité locale. Quand on a pu se balader à nouveau, quand les commerces ont réouvert et les touristes revenus, j’ai découvert là où le cœur de la ville battait, Hoan Kiem. Les deux pôles sont importants, l’un pour retrouver l’affinité européenne et le saoul des bars ou pubs si plaisants, mais de l’autre, le côté vietnamien vibrant à l’unisson de cette population locale qui est celle de mon nouveau pays.

Nouveau pays, nouvelle langue. Je n’ai pas échoué en arabe mais au bout d’un an je me rends compte combien je l’ai déjà perdu, même en lecture, je déchiffre péniblement à présent. Je n’ai jamais eu le don des langues, mais je ne commettrai pas l’erreur de ne jamais persévérer. Je n’ai plus qu’une heure de vietnamien par semaine à l’école, je n’arrive pas à faire plus. Mais en septembre, je reprendrai des cours individuels, et je devrai y consacrer du temps chaque semaine pour apprendre ces listes de mots qui font défaut à mon vocabulaire à présent. Je m’y tiendrai, je me le dois et dans ce pays, la langue locale est vraiment nécessaire, c’est un effort que je me dois, mais aussi à cette population vietnamienne qui peut être charmante. Je me suis mis à la mode locale aussi avec ma pétrolette pour chacun de mes déplacements un peu longs, je conduis. C’est devenu une vraie habitude de déplacements. A Beyrouth, je prenais Noura pour me faire plaisir. Ici, c’est un besoin. J’ai bien fait de passer mon permis en décembre dernier, je l’ai payé mais je ne le regrette pas tellement mon quotidien a été modifié par cette facilité.

J’ai pu aussi reprendre un sport que j’ai beaucoup apprécié, le gaélique. Contrairement à Bordeaux où la majorité de l’équipe était française. Ici, je fais figure d’exception dans un monde irlandais. Mais c’est aussi ça qui est cool, de me retrouver dans un monde anglophone, dans un monde qui de prime abord ne serait pas mon quotidien, mais juste un plaisir sportif. J’ai découvert aussi l’escalade aussi cette année au lycée. Nous avons des locaux neufs ou presque et ils y ont installé un mur dont l’on bénéficie une fois par semaine. Ce sport, que je n’avais jamais vraiment pratiqué est quelque chose qui m’a intrigué et intéressé. Je n’ai clairement pas le profil physique pour cette activité et c’est aussi ça qui l’a rendu fort intéressante. Sujet au vertige, je le combats aussi de cette manière, en prenant du plaisir à me retrouver à grimper des 5a. C’est mon niveau, j’ai du mal techniquement à aller au-dessus, mais il est probable que je m’améliorerai l’an prochain si je persévère. Il y aura un effort physique indéniable à faire car comme me l’ont dit Nicolas et Greg, c’est une question de volonté. Ce n’est pas mon quintal qui dira le contraire quant eux, aussi grands que moins sont à 80kgs de muscles. Je me suis entrainé plusieurs fois avec ces mecs affuté et ils m’impressionnent toujours autant. Entre le rugby qu’ils ont fait, l’équivalent de Crossfit et les arts martiaux, c’est plutôt la classe.

Je m’éclate de mon côté au football, en natation, ou en randos, c’est déjà beaucoup. Je vais suivre néanmoins un peu leur exemple car je veux m’affuter un peu. Ce ne sera plus de l’activité mais de l’entrainement, c’est un semi objectif de la rentrée prochaine.  Bien sûr, pour être honnête, les quantités d’alcool ingérées même si moins nombreuses récemment, sont encore très conséquente pour que mon physique évolue. Cette décision est mienne et viendra si elle doit venir en temps voulus. Mes matchs avec l’équipe du dimanche m’ont bien fait plaisir, tout comme mon engagement comme coach des ados le mardi. On a quand-même gagné le tournoi du lycée avec le personnel cette. Ce n’est pas sans fierté que j’ai participé à cette réussite. Il en est de même avec ce merveilleux trek d’avril avec Fanny. On s’est baladé pendant cinq jours autour de Sapa, puis on a gravi le sommet du pays, le Phan Si Pan. 3149m je crois. J’ai même reçu une médaille.

Il est dix-neuf passées quand je reprends ma rédaction, la journée a passé vite. Les copains sont arrivés vers midi quinze et l’on a d’abord bu un thé, une bière et fait un formidable barbecue. Un moment piscine et badminton, c’était juste parfait pour ce dernier dimanche hanoïen. Cet ultime weekend de l’année a été marqué de belle manière, avec vendredi soir une rencontre assez exceptionnelle, celle de Samuel. Alain et Corinne nous avait invité et on a diné tous ensemble. Je ne sais plus comment on en est arrivé là, mais les parents de Samuel ont ramené un morceau de tissu du trône de Bokassa. Incroyable comme histoire. On a donc essayé de créer un cocktail en conséquence pour l’occasion, il ne pouvait en être autrement. Deux belles soirées, un joli dimanche, voilà de quoi sourire à la vie une fois encore.

Il y a eu des évènements un peu moins drôles et des aventures plus délicates, mais c’est aussi ce qui peut marquer une année. De nombreux amis sont partis, Martin, Odelin sous peu, Mickaël et Hélène. La vie à l’étranger c’est ça aussi malgré tout, People always leave, dixit Peyton Sawyer, One Tree Hill. Le covid a finalement eu raison de moi. Pendant 10 jours à la maison, avec sept jours bien délicats, on ne le vit pas tous de la même manière, pour ma part, il ne fut pas si évident. La période de Noël fut à la fois intéressante et délicate. En effet, j’ai pu voyager à Phu Quoc et rencontrer à nouveau Fanny et se faire un mini festival fort sympathique. Mais être loin de la famille, avec l’impossibilité de rentrer, c’est quelque chose. Quand je discute avec certains de mes collègues, je sais la chance qui est la mienne d’avoir une famille sur laquelle je puis compter, et que l’on a envie de retrouver.

L’année se termine, ce bilan me fait sourire car cette année, aussi intense soit-elle, fut fort plaisante. En écoutant Cabrel aujourd’hui, c’est parfaitement approprié pour trouver la tonalité de cette mélancolie qui est parfois mon état d’écriture. J’ai eu mon permis moto à nouveau, j’ai eu le covid, j’ai retrouvé une classe entière après deux ans, je ne suis pas rentré à Noël, j’ai découvert un nouveau pays, j’ai gravi une montagne, j’ai découvert le Sepak Takraw aux SEA games, j’ai fait quelques concerts, j’ai de nouveaux amis. Bref la vie :)

Ce soir, je serai au calme et je sens que j’en ai besoin, j’ai envie de finir ma lecture, la seule qui compte, ce soir je lirai la mort de mes héros. Bon été à tous !

Seriously cool !

Seriously cool !

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XLII.    Les nouveaux neuf et demis, élections et départs

19 Juin 2022 , Rédigé par Pereg

Il y a des années, avec Benji lors d’une nième soirée à la maison ou ailleurs, nous avions écrit une liste, une liste d’aspiration à réaliser dans la vie, une liste de choses que l’on espérait faire/voir dans la vie. Avec une discussion récente avec Caroline, j’ai eu le plaisir de relire cette liste que je n’avais plus ouverte depuis des années, pour y retrouver ce qui avait été fait, ce qui semblait aujourd’hui peu important. C’est ce qui est intéressant avec ce genre d’exercice, de fixer dans l’éternité un moment, un instantané de mes aspirations. Je dois dire que je ne pensais pas qu’en 2022 je dresserai une nouvelle liste mais cet exercice n’est pas une fin en soi, juste des envies, qui se réaliseront ou pas. Ancienne et nouvelles listes, vous voilà. Se limiter à dix éléments est extrêmement délicat et c’est aussi ce qui rend le jeu intéressant. Je ne parle que d’aspirations personnelles, nullement lié à un contexte particulier, de vie, d’où le fait que le mot mariage ou enfant en est déjà forcément exclu. 
 

XLII.    Les nouveaux neuf et demis, élections et départs

L’ordre de ses aspirations n’a aucune importance et peut-être qu’elles ne seront pas, ou peut-être que dans 10 ans je les aurai réalisées ? Qu’importe, elles ne sont pas que pour être ce qu’elles sont, mes rêves du moment. Rêves depuis Hanoï en cette année 2022, rêves d’un trentenaire en errance, enseignant français à l’étranger, qui a toujours des fourmis dans les jambes. Je pense que si j’étais allé à Buenos Aires cette année, j’aurais écrit Asie à la place de l’Amérique du Sud, pour le reste, ce sont des envies qui sont toutes miennes finalement depuis quelques temps. Je n’efface en rien ceux énoncés précédemment, ils ne font que s’ajouter. Le Japon, ses sumos, son No et One Piece n’ont jamais été aussi proche que depuis que je suis ici. Il est évident que d’ici la fin de mon contrat vietnamien, j’aurais été au pays du soleil levant, peut-être même dans celui du matin calme. 


En ce dimanche d’élection législative, je vote encore NUPES. Je vote à gauche avec la même conviction intime que j’ai depuis le début, celle d’une volonté de changement malgré la réélection présidentielle, celle d’une politique plus sociale, plus égalitaire, plus environnementale. Cependant, le discours très jacobin de Mélenchon, plaçant Paris comme jamais au centre de l’équation montre combien il y a des mesures sur lesquelles je ne suis pas d’accord. La volonté européenne reste première à mon idée, celle qui a été montré à Kiev cette semaine. La majorité présidentielle s’est permise de mettre sur le même plan cette union de gauche et l’extrême droite… Bien que certaines idées soient radicales oui, il est hors de question de faire un tel raccourci. Je n’aime pas du tout que la première ministre nous mette sur le même plan que le racisme inhérent au RN. Sans être révolté, je suis surtout déçu et qu’après à peine 2 mois, je suis démotivé par l’exécutif. Je sais cependant aussi que le vote vers la gauche, va contraindre la majorité présidentielle à chercher sur sa droite les voies qui pourraient lui manquer, et donc appliquer une politique qui me plaira encore moins. En revanche, ce résultat, je le découvrirai au réveil, je ne vais pas perdre mon sommeil ce soir. 


Cette semaine à officialiser le départ de Martin, et dans ma tête il a ajouté un peu au mien. A l’inspiration que mon vol du 1er juillet m’offre. Stéphanie aussi est partie pour l’Angleterre avant d’être en Corée en septembre. Je sais bien que chaque été il y a un turn-over, que certains partent pour ne jamais revenir, mais j’avoue qu’après le Liban, après être parti moi-même, c’est un peu plus dur cette année que je ne l’aurai imaginé. Il y a des personnes que j’apprécie beaucoup et qui sont là pour au moins une année de plus, mais la projection ne peut se faire, il n’y en a pas d’ailleurs. C’est ce qui rend ce moment aussi éphémère que plaisant. C’est fou comment l’amitié se fait dans ces situations, comment nos proches le deviennent si rapidement mais quelquefois pour une période courte. Je connais Fabien depuis 1991, avant même la naissance d’Alex. Jason a été rencontré à Bordeaux en 2011. Mais à l’étranger les choses sont différentes, on pourrait presque dire parfois, plus intense. C’est aussi ça l’étranger, des liens puissants sur une période finie. 


Je suis dans les préparatifs de mon retour estival en France, dans les livrets pour clore cette année scolaire, mais aussi dans la fin de la lecture de Bragelonne, je suis dans l’angoisse relative de voir mes héros tombés au champ d’honneur, car je sais que ça va arriver bientôt… il ne me reste que 120 pages. Bordeaux et Toulouse ne seront pas au Stade de France pour le Brennus, mais nous avons un nouveau champion du monde de natation, le sport comme un shoot de bonheur au quotidien et cet après-midi, je reprendrai le mien avec les copains du dimanche. 
 

Nantes en Bretagne, merci Dumas!

Nantes en Bretagne, merci Dumas!

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XLI. Top Gun, chaleur et développement durable

12 Juin 2022 , Rédigé par Pereg

​​​​​​Dimanche soir, c’est assez rare finalement mais je ne resterai pas à l’appartement ce soir. En effet, je vais rejoindre Martin pour une ultime soirée ensemble, un dernier concert de métal avec lui. Son départ, conjugué à celui d’Odelin en juillet va clairement changer mon cercle quotidien de relations, et de ce point de vue, la proposition d’une coloc avec mes partenaires de Phong Nha est très tentante. Si j’avais pu en début d’année, trouver un logement de ce côté du fleuve qui l’avait permis, il est évident que je l’aurais fait. J’aime beaucoup mon appartement et les conditions dans lesquels je suis. Mais entre être du bon côté du fleuve pour aller au boulot chaque matin, et être en colocation avec des personnes que j’apprécie, il y aura là un choix à faire en septembre. Je n’ai pas encore la réponse, mais je sais indéniablement de quel côté penche la balance. Mes « meilleurs » copains ici seront partis, cependant mon cercle de relation ne s’effondre pas pour autant. Le groupe des jeux de société et des collègues fort appréciables seront encore là en septembre. De nouvelles relations vont se tisser aussi et l’on verra ce qui sera. La vérité de l’automne jamais celle du printemps.

Cette semaine au lycée, se déroulait un évènement pour le développement durable. J’avais inscrit mes élèves pour deux conférences. La première sur le zéro déchet, chose au combien lointaine quand on voit la réalité vietnamienne, mais qui amène à minima vers une prise de conscience des choix que l’on fait. Un jean, c’est 40 000l d’eau, ce n’est qu’un exemple. Une paire de chose à une empreinte carbone qui parfois est plus importante que la nôtre sur une année. Ça fait réfléchir un peu sur les achats, avec la méthode du « bisou » : besoin, immédiateté, semblable, origine, utilisation. Pour chaque volonté d’achat, en-ai réellement besoin ? Dois-je l’avoir immédiatement ? N’ai-je pas déjà une chose semblable chez moi ? Quelle est son origine ? Quelle utilisation vais-je en faire ? Depuis que je réside à l’étranger, je l’ai appliqué de manière inconsciente car je ne voulais pas avoir trop d’affaires avec moi. La seconde conférence traitait de la pollution autour du lac Hoan Kiem, fermé à la circulation le weekend. On pouvait observer que, la pollution ne disparaît pas quand il y a une zone piétonne, mais qu’elle est répartie différemment avec des pics plus prononcés le weekend. Jeudi nous avons pu voir le film Planète Océan, et vendredi les expositions disposées partout dans le lycée. Je reviendrai sur cette thématique de travail durant la semaine à venir mais surtout, plus qu’un travail, j’espère que ça leur restera en tête pour leur quotidien, par l’intermédiaire d’actions simples comme couper l’eau durant le brossage de dents, l’utilisation de gourdes, etc…

A côté de cette éducation proposée au sein de mon établissement, j’ai plongé dans un plaisir coupable. Je suis allé voir Top Gun Maverick au cinéma. Le premier sorti en 1986 est un film qui m’avait beaucoup plu. Très kitch, culte, digne représentant des années 80, ce film qui a fait de Tom Cruise la star qu’il est devenu est une pure ode à l’armée américaine, à la gloire d’héros américains comme ils savent si bien les narrer. Il en est de même pour ce second opus. Des avions, des motos, des lunettes de soleil et pas de scénario. Mais quel plaisir de voir ces images sur ces musiques. Des combats haletants, des images dans les avions en prise de vue réelle, de quoi en prendre plein les mirettes. J’y allais pour ça, et il n’y avait aucune déception à la fin. A près de 59ans, on dirait qu’il ne vieillit pas et ce Maverick, c’est un peu Tom Cruise lui-même. Une fois sur grand écran ça suffit, un tel film ça fait plaisir. La semaine prochaine, je repartirai surement dans le jurassique…

En ce début de mois de juin, la météo n’est clairement plus la même, la chaleur a bien augmenté, avec une humidité toujours aussi présente. Au bout de cinq minutes d’effort, qu’importe l’effort, je suis en nage… mardi foot, mercredi escalade, jeudi piscine et samedi un autre match sur terrain vert, je n’ai fait que transpirer. La fin d’année se profile, j’ai préparé mes dernières évaluations et j’ai la tête ailleurs. Tourné vers la Sicile et le reste de mon été à venir. Mes élèves aussi ont beaucoup de mal à se concentrer, une d’elle à même quitté l’école dès mardi. Les écoles vietnamiennes sont aussi en vacances ce qui n’aident en rien. Mais voilà, il reste trois semaines et je compte bien les mener à terme. Je vais me consacrer aux bulletins de mes élèves et ainsi, le weekend prochain, je n’aurais plus qu’à profiter des derniers jours. Les départs s’enchainent, le turn-over de l’été a bien commencé.

Je ne suis pas encore en retard mais je ne dois vraiment plus tarder, alors je m’arrête là et direction W2M pour ce dernier concert avec mon allemand préféré.

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XL. Hang Tiên

5 Juin 2022 , Rédigé par Pereg

 

22h15, je démarre mon article plus tard que prévu, j’ai les yeux qui commencent à se fermer et Nadal mène par deux sets à zéro. Il est en passe de gagner une quatorzième fois Roland Garros. Pete Sampras a gagné treize grands Chelems dans sa carrière. A Paris seulement, Nadal est en passe d’en avoir plus… Impressionnant. Quartararo s’est imposé également cet après-midi. De mon côté, football à 17h, j’ai été complété l’équipe des jeunes qui avait pour une fois moins de joueurs que nous. Ce ne fut pas d’une grande réussite comme nous avons perdu mais qu’importe, une bonne défense une fois de plus. Le weekend a commencé mercredi et a été intense.

Déjà lundi soir et mardi soir, au lieu de sortir, je suis resté à la maison préparer ma semaine à venir, pour avoir le plaisir de profiter pleinement de mon weekend à Phong Nha. Décidé depuis plusieurs semaines, avec Caroline, Santiago et Clément nous avons pris la direction du centre du pays mercredi à 21h00. Nous avions réservé un séjour de trois jours et deux nuits à l’aventure dans la belle région du parc géologique vietnamien. Deux des trois plus grandes grottes explorables au monde sont à cet endroit. Ce n’est pas rien ! Après le bus pour Sapa en février avec Fanny, nous avons pris nos couchettes pour la nuit. Vers 22h00 il a fait un arrêt impromptu qui a duré presque deux heures. La raison ? aucune idée. Au lieu d’arriver à 5h15, il était 7H30 quand nous sommes descendus à Phong Nha.

La voiture d’Oxalis, l’organisme responsable de notre périple, est venue nous chercher un peu avant 8h. Je me suis fait la réflexion que j’avais oublié de prendre mon carnet de notes, celui des vacances. Il m’aurait fallu en démarrer un nouveau mais une telle sortie l’aurait mérité A défaut, j’ai toujours mon blog, mais ce n’est pas la même chose. Briefing à 10h, à 11h nous étions prêts à démarrer. Nous n’étions pas seuls à nous embarquer, Zoltan, hongrois de trente printemps nous a accompagné. Pas de vietnamien, ce qui pour le rythme ne nous a pas fait défaut, j’y reviendrai ultérieurement.

Un petit trek jusqu’à la première cave, un serpent très venimeux et des formations géologiques inconnues de ma personne nous faisait démarrer sous de bons auspices. Petite balade dans une seconde cave où l’on a dû nager et surtout monter sur une échelle de 6m. L’aventure était bien lancée. Arrivé sur les coups de 16H30 au camp, nous découvrions un alignement de tente et du confort que l’on ne pensait pas. Ce ne fut pas pour notre déplaisir, mais j’avoue que j’attendais à un peu plus de rudesse et un confort plus spartiate. La soirée fut courte mais agréable et il n’était pas 10h quand je commençais à essayer de dormir.

Vers 6h du matin, après avoir tourné dans tous les sens, je me levais et continuer de lire tranquillement mon Bragelonne dont je vois la fin poindre. Petit déjeuner pris, à 8h nous étions lancés. Balade dans la jungle, passage de rivières, pierreux, rien ne nous était épargné mais sans trop de difficulté non plus. Si bien que la journée fut belle et que l’on avança bien plus vite que prévu. Dans le tour, il est quelque part prévu des arrêts photos à tels et tels endroits. (Nadal vient de convertir sa première balle de match, Champion !). Ce séjour est adapté à un public local très friand de montrer qu’il a été à tel endroit et qui veut l’exposer. Ce n’était pas vraiment notre cas, si bien que ces arrêts potentiels n’ont pas été fait et l’on a attaqué la randonnée de manière plus intense. A 14h au second camp. On a essayé de négocier de faire une activité supplémentaire ce vendredi après-midi mais le guide ne pouvait nous l’offrir. On s’est baigné, on a nagé dans les rivières, on a chanté, on a joué aux cartes et on a profité tous ensemble, car oui nous étions ensemble mais je me dis que dans un groupe qui n’est pas aussi soudé, le temps pourrait paraître bien plus long et peut-être plus limite.

Je savais que Caroline était croyante, qu’elle vivait pleinement sa foi au quotidien, d’une certaine manière comme Paul, le mari de Chloé à Beyrouth. J’ignorais que Santiago était aussi fervent. Les voir tous deux au bénédicité avec le guide, ou chanter des cantiques à longueur de journée, ça n’était pas pour me déplaire, mais eux ont bien été scouts. Cet héritage cultuel, je le porte bien au fond de moi également et les voir ainsi ne fait que renforcer ma position d’agnostique. On s’est fait plusieurs canons ou plusieurs chants harmoniques pour un plaisir assumé. Ma voix de baryton passe toujours bien comme rythmique.

Au troisième jour, nous nous sommes attaqués aux deux caves qui donnaient le nom à notre séjour, Hang Tiên 1 et 2. La première de 86m de haut nous écrasait de sa dominance. La seconde dont l’entrée ne fait pas 1m² nous offrait des structures géologiques que je ne connaissais que trop peu en son sein, et une cavité d’une longueur exceptionnelle. C’est là que je me dis que si tu amènes tes élèves voir ça en vrai, ton cours prend tellement de sens. Je n’en suis pas à enseigner en secondaire et encore moins de la géologie, mais ces roches, creusées par l’eau, pétries par des années, des milliers d’années voir des millions d’année, il y a une réelle fascination que seules, la nature et ses cavités peuvent nous offrir. J’ai à présent l’envie de retourner voir le gouffre de Padirac, de faire de la spéléo, juste de continuer sur ce chemin d’exploration de la nature, ici ou ailleurs.

La dernière descente se fit en mode automatique et à 13h30, le trek était achevé. Intense mais pas non plus infaisable, et un niveau quatre, qui pour l’aventure que l’on était venu chercher, était un peu léger. On le saura pour la prochaine fois. Il y a aussi l’aventure à 3000$ dans la plus grande cave du monde, mais je ne pense pas être capable de débourser une telle somme pour cette activité.

Le retour s’est fait à nouveau par un bus de nuit, je commence à aimer ce moyen de transport. 6h00 à Hanoï et avant 7h, je prenais mon petit-déjeuner à l’appartement. Un peu de boulot, lessive, ménage, courses et un peu de repos, il est temps de passer à la suite. Il me reste quatre semaines pour clore cette année scolaire. C’était mon dernier weekend d’expédition de cette année scolaire, j’ai déjà l’impression que je peux dire que j’ai exploré le Viet Nam. Pour une première année, je n’ai pas pu rentrer en France et je ne suis pas parti à l’étranger. J’avais fait différemment à Beyrouth ou à Varsovie, mais c’était un autre moment. L’an prochain sera différent. Je peux néanmoins dire que malgré les difficultés scolaires accumulées, la nature et la découverte que je suis venu chercher ici, je les ai trouvés.

L’hymne espagnol résonne sur Paris et je commence à bailler. J’ai mangé une cuisine dont j’avais perdu le goût depuis quelques années. Grâce à Zoltan, j’ai eu une adresse tchèque qui a pu préparer des pierogis, un borsch et autres douceurs slaves, n’ont pas qu’elles m’avaient manquées, mais font plaisir à retrouver. De Budapest que j’ai visité en 2011 à Hanoï, il n’y a qu’un pas. Cet été, ce sera le sud de l’Italie et qui sait, d’autres aventures vont surement arriver aussi.

Quelques photos de mon périple!
Quelques photos de mon périple!
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Quelques photos de mon périple!

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