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Inspection, accumulation et souffrances

31 Janvier 2021 , Rédigé par Pereg

Osez un tel mot dans le titre implique directement inquiétude relative à celui ou celle qui le lira. Ces souffrances que je peux évoquer ici ne sont pas le miennes, pas à ce degré-ci, mais celle du quotidien de nombreux libanais qui en plus de se retrouver diminués dans un système de santé compliqué et peu aidant, une crise économique profonde amène vers une famine de certains. Oui le mot n’est pas lâcher en vain, et les émeutes de Tripoli cette semaine en sont le reflet le plus important. La vie en ce moment n’est pas rose, mais ai-je le droit de râler quand certains meurent de faim ? ai-je le droit de grogner quand certains font des heures de queue pour récupérer de la nourriture de la part du gouvernement ? Ai-je le droit d’être contrarié dans un pays où certains n’ont d’autres choix que de s’exprimer par la violence ? Ces questions, je n’en ai pas une réponse claire, mais il est tout aussi vrai que la soirée d’hier était un moment de délicatesse personnelle.

Cette dernière semaine de janvier à amener vers une surprise qui ne l’était pas vraiment. Pour clore le dossier italien, j’ai dû demander à ma cheffe d’établissement une attestation comme quoi je n’avais pas encore été inspecté malgré mon passage au 6ème échelon. Cette nouvelle l’a surprise car elle semblait l’ignorée. J’avais prévenu Staline, mais visiblement l’information n’a pas été communiqué au-dessus, mon erreur a été de ne pas le faire directement début janvier. Une fois l’attestation faite, elle m’a également informée que mon rendez-vous carrière aurait lieu au retour des vacances de février, et que donc mon inspection serait donc programmée avant. Je suis un peu tombé sonné. Cependant je sais combien c’est pour le mieux. Que ça arrive maintenant, dans ce Liban qui est le mien depuis trois ans, dans ce poste de CE1 que je maîtrise, dans ce niveau de classe que j’apprécie fortement. Cette visite conseil de son vrai nom se fera le 10 février, j’ai bien sûr commencer à la préparer ardemment, mais je ne chamboulerai pas tout mon programme pour autant. Ainsi donc je sais que mon point fort et ce grâce à l’apprentissage fait à Cancale auprès de Brigitte, c’est la manière dont je revois chaque son. Leur permettant ainsi de retravailler de manière plus approfondie ce qui a été vu en CP. Avec des élèves comme les miens qui sont en travail à distance depuis maintenant 10 mois, avec trois semaines de présence un jour sur deux en décembre dernier. Je sais que cette manière de fonctionner est non seulement la bonne, mais d’autant plus nécessaire pour leur permettre de progresser.

D’ici là, je vais continuer à préparer tranquillement ce que je vais montrer à l’inspectrice. Il faut aussi lui donner accès au Classroom de ma classe, car depuis septembre, même si je fais des visioconférences trois fois par jour, le principal travail de mes élèves se trouve en ligne, dans leur routine de travail amenée par les exercices invariants d’une semaine sur l’autre. J’applique à l’école des choses que je vais dans la vie. Je sais bien que j’ai des TOC assez importants, mais cette routine amène une sécurité affective et morale, durant la période que nous traversons actuellement, la constance dans leur travail peut je l’espère leur amener un peu  de réconfort, ou du moins ne pas se poser de questions sur ce qui va arriver. Mais pour moi, moralement, qu’il est dur de rester travailler à distance alors que je sais que ce n’est pas le cas en métropole. Il est probable que ça change un peu et rapidement là-bas. Malgré tout, je n’ai vu mes élèves en chair et en os que sur vingt-cinq jours… Si peu quand on est rendu à 72 jours de travail. Pour mes élèves, la principale source d’inquiétude est le temps d’exposition à la langue française. Ils sont tous allophones, c’est-à-dire qu’ils parlent d’abord arabe à la maison, avec leurs amis, dans la rue. Pour certains, l’école est le seul moment où ils sont dans un bain francophone. Avec ce travail à distance, des élèves qui pourraient suivre au quotidien sans trop de difficultés se retrouvent en difficulté car leur temps d’exposition à la langue a été réduit au moins de moitié, et ça n’est plus suffisant avec leur bagage initial.

Depuis le début du confinement, nous vivons à trois, voir quatre en permanence dans l’appartement. Ce qui peut amener de super moments comme une nouvelle soirée Cards against Humanity vendredi soir, mais d’autres choses moins fun. Le samedi étant la journée ménage car il faut bien que ça soit entretenu, j’ai donc fait la salle à manger/salon et toute ma partie personnelle. En ce dimanche matin, j’attends toujours que mes colocs s’occupent de la cuisine, du balcon et du couloir. Ce n’est pas grand-chose en soi, mais l’accumulation de petites déceptions peut amener à une frustration, un agacement qui peut être parfois plus profond. C’est ce qui s’est passé pour moi hier soir. Un ménage non fait, une vaisselle qui déborde de l’évier car contrairement à ce que je fais, systématiquement après chaque repas, d’autres ne font pas ce genre de choses. La découverte que mon pack de bières a été bu, sans m’avertir ni le remplacer a été la goutte d’eau de trop. Durant la journée j’avais également appris que je ne pourrais pas aller en Egypte durant les vacances de février, aucun déplacement autorisé sauf pour motif impérieux. Ces éléments tous cumuler m’ont vraiment agacé. Ces petits tracas qui d’habitude peuvent être dégommés par du sport, que je ne peux pas faire actuellement avec mon genou, ou par une vie sociale pour se changer les idées, inexistante actuellement. Ces petites choses m’ont retourné la tête et même si chaque chose n’est pas si importante, l’accumulation et son ressenti ont été durs.

Vivre à l’étranger loin de la famille et des amis proches, c’est ça aussi, vivre en colocation n’est pas rose tous les jours. Je ne voulais pas m’énerver sur mes colocs, je ne devais pas car il n’y avait pas de mauvaise intention, ce sont juste des adaptations que nous devons faire les uns par rapport aux autres. Nous ne vivons ensemble après tous que depuis sept semaines. Et pour les vacances, j’irai sûrement me prendre un logement à la montagne et profiter de la neige à défaut de skier. Je me suis donc enfermé dans ma chambre pour la soirée devant films et série, jusqu’à pouvoir en sortir pour pouvoir discuter calmement. Ce matin, je sourie un peu plus, l’aigreur a disparu. Il faudra malgré tout que nous posions certaines choses sur la table. Alors oui je sais que mes problèmes sont des problèmes de « riche », que j’ai une chance incommensurable comparé à de nombreux habitants ici, je ne les oublie pas dans mon quotidien, mais ce n’est pas pour autant que ce n’est pas difficile pour moi non plus.

L’arrivée du Vendée Globe a offert un spectacle particulier, le premier à franchir la ligne n’a pas gagné. Je ne pouvais pas ne pas en parler après avoir suivi la course depuis le début. Charlie Dalin arrivé aux Sables, c’est Yannick Bestaven qui a remporté la course grâce au temps compensatoire du fait de son aide au sauvetage de Kevin Escoffier au large du Cap Horn. Boris Hermann a bénéficié aussi de six heures, mais il a heurté un navire de pêche à 90 miles de l’arrivée. C’est fou de se dire qu’après plus de 26 000 miles nautiques, il peut se passer n’importe quoi tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchi. Mais de ce côté, c’est le Roi Jean qui a été le plus impressionnant. A plus de soixante ans, avec un bateau vieux de quinze ans, il est arrivé avec moins d’une journée du premier ! Lui qui n’a jamais été dans les favoris, a fait la course qui m’a semblé la plus belle, la plus bluffante. Il a toujours pu rester dans le grand peloton de tête et c’est un sacré exploit, même pour un marin aussi aguerri que lui. Alors quand j’ai découvert lors de sa conférence de presse qu’une école des Pyrénées avait  fait une superbe vidéo pour son arrivée, je n’ai pu que la partager à mes élèves, mais également écrire à l’enseignant pour la qualité du rendu. Le roi Jean est de retour, vive le Roi !

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Accomplissements

24 Janvier 2021 , Rédigé par Pereg

Le terme anglais est encore plus puissant « achievements ». C’est l’état d’esprit qui pourrait caractériser le weekend que je vis. Ces accomplissements peuvent être relatifs d’ailleurs car leur importance n’est pas celle qu’un tel titre pourrait laisser supposer, mais il correspond pleinement à mon ressenti actuel, celui d’une fin de boucle et le début d’un nouveau processus.

Le premier de tous, la fin de mes dossiers pour septembre prochain. Après avoir rédigé durant la semaine les lettres de motivation à la main pour toutes mes destinations, j’ai pris le temps hier soir d’envoyer les dossiers complets par mail. Copenhague, Montevideo ou encore Belgrade, Alea jacta est comme on pourrait dire. Il n’y a plus qu’une seule chose à faire, attendre. Les commissions auront lieu fin février début mars, on verra si j’ai le plaisir d’être appelé pour partir dans un nouveau pays où si je devrai faire mes valises pour l’Ille-et-Vilaine. Il est bien trop tôt pour le savoir, et d’ailleurs ça ne servirait à rien de se poser trop de questions maintenant. Je n’arrive pas à savoir si j’ai vraiment des chances d’être sélectionné par les commissions des pays dans lesquels j’ai postulé, mais j’aspire vraiment à un nouveau périple, une nouvelle étape dans un pays inconnu. L’envoi de tous ces dossiers m’a simplement confirmé sur ma volonté d’ailleurs, et même si mon trio de tête n’a pas changé, Buenos Aires, Hanoï et Kiev, il se peut que ce soit un autre pays. L’envoi de ces dossiers marque une nouvelle étape, la dernière de ma présence au Liban, ultime phase, juste profiter de ma vie ici, autant que possible.

Il est clair que ce n’est pas la chose la plus simple du monde en ce moment. En effet le confinement complet du pays nous oblige à rester à l’intérieur toute la journée. Même si je fraude un peu malgré tout pour aller prendre un peu l’air, marcher moins d’une heure, je sature de devoir rester bloquer ainsi. J’ai la chance d’avoir le salon et de l’espace malgré tout pour travailler, mes colocs ont été bien généreux de me le laisser pour faire mes heures de visioconférence dans la journée, mais c’est vraiment pénible de devoir faire des visioconférences. Ce sera prolongé d’ailleurs jusqu’aux vacances de février, à minima. Ce n’est pas le métier qui fut le mien avant, mais cette crise de la COVID19 à profondément modifié notre quotidien. Face à un écran toute la journée, des élèves en visioconférence. Les connaissances sont transmises, mais ce métier est tellement plus que des additions. Si l’école n’était que connaissance,  depuis longtemps l’institution aurait évoluée pour ce devoir de transmission. Mais dans cet établissement, dans ce lieu, il y a plus que ce transfert de connaissances, et c’est ce qui fait clairement défaut aujourd’hui. Je le vois bien avec mes élèves, leur motivation, leur attitude face à l’écran sont des choses que l’on ne peut pas contrôler. Il en est de même d’ailleurs pour moi, j’ai évidemment plus de mal. Cette période durera le temps qu’il faudra mais je me dis que peut-être, elle durera jusqu’à la fin de l’année scolaire, voir plus. Ainsi je sais que je suis encore coincé à l’appartement pour quelques temps encore…

Je me le dis souvent d’ailleurs, mais je suis vraiment ravi de vivre dans cet appartement à présent. Ma chambre, mon balcon, le salon mais surtout mes colocs, sans eux, je pense que cette période délicate aurait été beaucoup plus délicate à gérer. La journée de vendredi en a été la preuve parfaite. Marc a fait son exposé de fin d’études à 14h et à partir de 16h nous avons célébré ça comme il se devait, apéro, burger, jeux de société et belles discussions, tout ce que l’on pouvait espérer faire ensemble. Son accomplissement à lui, celui sacrant deux ans de boulot, ce n’est pas rien, ce devait être célébrer dignement malgré tout. Alors, être confiné ensemble est bien plus agréable que si j’étais resté dans ma coloc précédente assurément. J’y aurai probablement pêter un plomb. Ce n’est pas un tort que de le dire. Je me sens bien ici et c’est aussi clairement grâce à eux.

Le sport en ce moment c’est mort. D’autant plus que j’ai mal au genou depuis la fois où j’ai été faire du foot. Le verdict a été sans appel, contusion du ménisque externe gauche. Le médecin que j’ai été voir, ressemble à Bernie Sanders, sans sa chaise pliante. Il m’a dit trois semaines de repos complet… ça craint ! Mais je vais respecter la consigne si je veux pouvoir m’y remettre à fond à partir de mi-février. Rééditer la galère que j’ai eu avec mes adducteurs, je ne le souhaite pas du tout, donc je fais ce que me dira le médecin. En attendant, je prends mon mal en patience et je m’occupe comme je peux, en finissant par exemple «vingt ans après». Les mousquetaires m’ont ramené au XVIIème dans cette France historique et avant d’y retourner pour trouver le vicomte de Bragelonne, j’ai quelques autres histoires qui me font envie. La lecture n’est d’ailleurs pas forcément aisée dans cette période où la motivation a tendance à disparaître. Cependant, aucun plaisir n’est comparable au transport que nous livre les mots. Je ne me considère pas comme un gros lecteur, mais les mots sont bien ceux qui me font le plus rêver. J’ai toujours eu plus de mal avec les livres de développement, mais je ne doute pas de m’y essayer un jour.

Ainsi, devant le match des canaris, je vais lâcher le clavier profiter de la soirée à venir pour me plonger dans une nouvelle histoire, le soleil a déjà commencé à décliner et bientôt il fera nuit. Mes dossiers, un bon livre, et la fin d’étude de mon colocs furent les accomplissements réalisés. Pas d’Himalaya, pas de plonger vers une épave, à chacun ses sommets.

Fin!

Fin!

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Confinement, Arsène et transe musicale

17 Janvier 2021 , Rédigé par Pereg

Dimanche fin de journée, Anfield Road en fond pour un match anglais qui devrait s’annoncer sympathique. Nantes n’a toujours pas gagné, et je n’ai encore trouvé comment regarder proprement le biathlon ici. Mais cette semaine, mon sport personnel s’est amenuisé du fait comme le dit le titre, d’un nouveau confinement. C’est là mon plus grand désarrois, mais au combien nécessaire pour la société libanaise. Depuis jeudi matin, nous sommes tous à la maison, 24h sur 24, tous les jours de la semaine. Je n’ai fait que deux sorties depuis, une courte samedi matin, et une promenade pluvieuse ce midi. En mars dernier en France, au moins nous avions le droit de sortir simplement marcher dans la rue pour une heure. Ici ça n’est même pas autorisé actuellement. Ainsi, ma promenade respiratoire de la journée m’a mis en infraction avec la loi et je n’aime pas ça. Mais rester enfermé constamment n’est pas non plus une chose que l’on devrait imposer.

Il est vrai que la notion de sécurité médicale est importante, que pour faire baisser le nombre de nouveaux cas, il faut éviter au maximum les contacts, ce que je m’efforce de faire avec application. Mais malgré tout, je ne peux m’empêcher de me dire que j’irai bien voir la mer, juste sentir les embruns (cf Toi & Moi) je suis resté dans le quartier. Cette promenade permise en dépit de la loi, j’ai pu constaté que de nombreux libanais faisaient de même, se regroupant devant les cafés pour certains, ou d’autres comme moi à simplement marcher. Il est probable que si le sport avait été autorisé, même avec limitation, la corniche et d’autres lieux de la ville auraient été envahis par les sportifs de confinement. J’ai été également choqué de voir des personnes que je compte parmi mes amis, certains publier leurs sorties quotidiennes, en voiture ou en courant alors que la plupart du pays évite scrupuleusement de mettre le pied dehors. Je ne dis pas que si j’avais la possibilité de le faire je ne le ferai pas, mais ce qui est sûr, c’est que je ne le publierai pas . Il y a un aspect assez indécent à montrer de façon ostentatoire que l’on ne respecte pas les règles. D’ailleurs, le fait d’écrire que je le fais pour être pris ainsi, et j’en suis désolé. Cette promenade dominicale était quasi-vitale au cloisonné que je suis.

Ce confinement va se poursuivre au moins une semaine encore, si les nouvelles ne sont pas bonnes, ils envisagent déjà de le poursuivre pour deux semaines supplémentaires. A ce rythme, les efforts physiques réalisés depuis septembre vont être réduits à néant, j’ai donc une solution obligatoire à mettre en place pour me dépenser malgré tout. Pas de machine à la maison, il va donc falloir trouver autre chose. Sport en ligne, c’est une solution, mais ça ne sera pas une discipline quotidienne, et celle-ci je vais devoir la mettre en place, je ne doute pas d’en être capable. La rigueur doit être égale pour la nourriture, le sommeil, les écrans. Qu’il est difficile d’ailleurs de lâcher les écrans… Je sais bien que je passe déjà beaucoup de temps face à mon ordinateur, mon téléphone, ou encore ma switch. Mais l’occupation est relative sans jardin, sans jeux à partager. Alors malgré tout, je lis, mes mousquetaires n’ont pas sauvé le roi d’Angleterre. Je pense que le weekend prochain j’arriverai à bout de 20 ans après. J’ai de nouveaux livres papier depuis Noël qui n’attendent que moi, et cette lecture plaisir assurément fera du bien.

La motivation, cet état qui nous fait tous avancer, tous progresser, celle qu’actuellement beaucoup cherchent, moi le premier. Il y a peu encore, j’aurais passé un temps conséquent avec la liseuse en main et tourner page après page. Mais avec le stress du travail en ligne, avec ce confinement, avec cette météo maussade, l’effort est devenu plus difficile, la motivation plus lointaine. On pourrait croire avec ces mots à une dépression pourtant il n’en est rien, c’est juste un état de fait collectif, qui nous entraine peu à peu faire une léthargie acceptée. Il est d’autant plus dur de lutter contre ce moulin que mes élèves ont du mal et je le sens. Cette semaine était vraiment délicate pour nombre d’entre eux. Comment les blâmer ? On avait pu travailler à l’école, et maintenant nous sommes de retour à distance pour un temps indéterminé.

Alors durant cette semaine délicate, deux éclaircies sont venues offrir un rayon de soleil à mon cerveau embué. Tout d’abord Lupin, ces cinq épisodes, dévorés d’une traite hier soir m’ont confirmé combien Omar Sy est un acteur génial. La qualité du programme nous donne simplement envie d’attendre la suite qui arrivera dans quelques mois. Non il ne joue pas Arsène Lupin, il s’en inspire et c’est une réussite. Quand une série me donne envie de lire le livre, c’est forcément une réussite. J’ai réalisé d’ailleurs que je n’avais jamais lu Maurice Leblanc, aucun. Je me souviens d’avoir vu ça trainer à la maison dans la chambre de mon grand frère, en bibliothèque verte, mais la lecture ne m’évoque aucun souvenir. A présent elle m’intéresse ! Il est clair que je me plongerai dans ces aventures d’ici la fin de l’année, une fois que j’en aurai fini avec le Vicomte de Bragelonne. Je ne sais quel est LE livre qui m’a fait démarré, mais un jour que je situerai vers mes seize ans, j’ai commencé à m’intéresser de moi-même à la « grande littérature ». Il fallait que je le fasse par moi-même, il fallait que ça vienne de moi. Je n’ai pas été capable d’écouter les conseils que l’on avait pu me donner en la matière, à commencer par ceux de ma mère, grande lectrice, librocubiculariste devant l’éternel. Je n’ai pas su entendre les conseils. Est-ce un défaut ? Je ne saurai le dire, mais il a fallu du temps avant que la lecture soit la compagne qu’elle est actuellement. Alors Lupin par Louis Leterrier inspiré de l’original, j’en redemande, mais pour l’heure c’est Dumas qui fera ma soirée.

Mon autre sensation de la semaine, Birds on a Wire, musicalement difficilement classable, cette perle française est mon incontournable musical du weekend et probablement pour quelques temps encore. Le nom vient d’une chanson de Léonard the Great Cohen. Dom la Nena, violoncelliste virtuose et Rosemary Standley chanteuse de Moriarty, un duo improbable à la qualité indéniable. Un second album que j’écoute en boucle, tel une transe musicale que je ne veux pas encore quitter. J’ai découvert l’an dernier la chanson « la marelle », le morceau m’avait marqué. Je m’étais enregistré l’album dans avoir pris le temps de l’écouter. Ce fut fait cette semaine et depuis il ne s’arrête plus. En plus elles ont reprise un morceau de Kemener et Squiban, un Kan ha diskan avec une tonalité si particulière. Une redécouverte d’un chant traditionnel sous un autre aspect, une perle. Alors ce soir, en poursuivant D’Artagnan et consorts dans leurs péripéties, la musique sera toute choisie.

La seconde période démarre, toujours un score de parité, les éclairs ne cessent pas, une soupe a réchauffer et au lit.

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Couvre-feu, épiphanie et grand soleil

10 Janvier 2021 , Rédigé par Pereg

Dimanche soir, attablé dans la salle à manger de la coloc, il est déjà dix-neuf heures et je me mets seulement à écrire. La semaine dernière, je pouvais encore profiter d’une soirée en extérieur. Depuis mercredi cette chose n’est plus et ça n’a rien de surprenant, c’était même nécessaire de revenir à des règles plus strictes. Le nombre de cas positifs s’est envolé au Liban, les bars et les boites ont fermé, les salles de sport également. Le nombre de tests est passé à 25000 par jour, et le nombre de cas journaliers est passé à plus de 5000. Il n’est donc pas étonnant de voir de nouvelles restrictions apparaître. Retour du couvre-feu à 18h, alternance dans la circulation des véhicules, fermetures des commerces non-essentiels.

Alors qu’il n’y a plus qu’à être chez soi le soir, littérature, cinéma ou autre activité, j’ai choisi malgré tout de privilégié mon temps en extérieur et me consacrer au travail nécessaire en rentrant à la maison. Car avec ces nouvelles restrictions, nous sommes revenus à un travail à distance… Et s’il y a bien une chose déplaisante, c’est bien le fait de travailler ainsi. Pas le choix, les élèves à la maison, face aux écrans, et moi qui doit transmettre ainsi les notions. Après le mois de décembre en hybride où les élèves pouvaient revenir un peu en classe, recommencer tout à distance ramène les difficultés qu’incombent un tel enseignement. Bien sûr, la situation sanitaire est délicate au Liban, pays probablement le plus touché en proportion ces dernières 48h. Mais enseigner ainsi n’est vraiment pas une sinécure. La motivation n’a pas totalement disparu car il est important de pouvoir faire du mieux possible pour nos élèves, malgré les circonstances, mais que c’est difficile… Oui j’ose me plaindre, je sais bien que d’autres ont dû passer à temps-partiels, perdre une partie de leur salaire, d’autres sont au chômages, d’autres perdent leurs entreprises. Il n’empêche qu’à ma simple hauteur, celle d’un enseignement de primaire à Beyrouth, le boulot n’est reste pas moins délicat actuellement.

Le principal de ce point de vue est d’ailleurs sous d’autres latitudes, sur les postes auxquels je postule pour septembre prochain. Déjà certains dossiers doivent être rendus d’ici à la fin de semaine qui démarre, le temps passe plus que rapidement. Je ne sais honnêtement pas quelles chances j’ai réellement de décrocher un des postes auxquels j’aspire, mais repartir pour trois ans dans un nouveau pays est un challenge qui me motive sacrément. La grande différence par rapport par rapport à 2018, c’est que j’ai inclus des établissements situés en Europe, ce n’était pas le cas la dernière fois. Mais avec le contexte mondial actuel, même si je vise malgré tout l’autre bout du monde, je ne serai pas contre revenir vers les Balkans par exemple. Les dossiers pour cette semaine principalement, les réponses pour début mars. Il faudra se montrer patient. Comme a pu le dire un certain Comte a propos d’autre chose, mais qui sied totalement ici : « attendre et espérer. »

Cette semaine, l’annonce est venue dès lundi nous savions que le couvre-feu allait être mis en place. Mais comme mercredi, il y avait le « noël arménien » jour férié auquel il ne fallait pas toucher. Tout est resté ouvert jusqu’à ce moment-là. Cette incohérence gouvernementale de vouloir préserver un jour férié pour que les gens profitent plutôt que de mettre en place directement les mesures drastiques, ça m’échappe. Néanmoins, je comptais bien en profiter malgré tout. Ainsi mardi soir après une pizza et un peu de vin, je me posais la question de sortir dans un bar, oui en faisant attention aux gestes barrières, mais sortir une dernière fois. Arrivés à la coloc, j’appris que Fady allait rejoindre des amis à lui pour un match de football. Je me suis joins à la troupe et à 22H30, peut-être même légèrement plus tard, nous démarrions. Autant j’ai fait du sport, la réactivité et les accélérations nécessaires au football, je les avais oublié. Je fais un entrainement foncier qui n’a tellement plus rien à voir que je me retrouvais malgré-moi, un peu à la peine. Ainsi sur une action peu formidable de ma part, j’ai senti comme un claquage au niveau du genou gauche. Sur le moment, rien de vraiment douloureux, mais le mercredi matin, tourner simplement la jambe était une douleur assez importante. Un brin inquiet, j’attendais un peu pour voir s’il fallait que j’aille voir un médecin ou non. Je me pose encore la question aujourd’hui même si la douleur n’est plus vraiment présente, je sais bien sûr que je serai attentif à la moindre sensibilité au niveau de cette zone un peu fragilisée. Voilà une chose que je n’avais pas encore faite, hourra…

L’épiphanie, 6 janvier dans notre calendrier, une galette pour la célébrer. C’est aussi un évènement attendu ici pour une partie de la population, frangipane dans la tête et couronne pour les enfants. On en a fait une hier et c’était génial de voir la motivation des enfants envers les fèves, combien ces pitchounes veulent être premier de manière aussi éphémère que le temps de manger ce dessert. Un prix relativement décent si l’on compare à celles trouvées en France, mais pour une société libanaise en crise, ce n’est jamais donné. Je ne me rappelle pas l’avoir fait les années précédentes, mais j’ai apprécié celle-ci en tout cas. Il en est de même pour la raclette que nous avons fait à la coloc vendredi soir. Un passage à Spinney’s pour récupérer tout ce qui nous était nécessaire, et une belle table pour célébrer ce weekend. En y ajoutant une partie de Cards Against Humanity, la soirée fut simplement réussie.

Depuis mon retour à Beyrouth juste avant le réveillon, le soleil a été un compagnon assez présent, me permettant au quotidien d’être en bermuda quand j’ai pu voir la neige tombée en Bretagne. Il n’ y a plus de saisons pourrait-on dire et ce sera avéré car une amie m’a montré des marguerites en fleur à côté de chez-elle. Si la vague de froid annoncée pour cette semaine arrive bien, j’ai peur que de nombreuses cultures soient mises à mal par ces températures si particulières. Ceci-étant, si j’avais le plaisir d’aller me baigner plus au nord, je ne dirai pas non. Durant ma marche dominicale sous un soleil haut perché, alors que les voitures ne sont pas sensées roulées, j’ai été surpris du nombre de véhicules s’autorisant à rouler un jour où les véhicules ne devraient pas le faire. Croiser une ou deux voitures avec une justification me semble approprié, mais autant de véhicule non, car il est évident que la plupart, ne respectaient pas les règles volontairement. Je suis assez pénible sur le rappel à la loi pour pas mal de choses, mais cette propension libanaise à volontairement ignorer la loi quand elle ne satisfait pas, ça me dépasse tellement.

Après une pause pour prendre des nouvelles de Vannes et de la Bretagne, je viens apporter un point final à la rédaction de cet article hebdomadaire. Une semaine de travail à distance, un nouveau couvre-feu pour le mois de janvier, et des dossiers pour partir en septembre. Il y a encore un an, nous étions dans une perspective si différente, alors j’espère que l’on aura l’occasion de réellement passé à autre chose en 2021.

Un joli jeu ...

Un joli jeu ...

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Nouvelle année, cercle infini et horizon

3 Janvier 2021 , Rédigé par Pereg

2021 commence et pourtant j’ai l’impression de tourner en rond. Hier matin, alors que je démarrais mon travail comme prévu après deux semaines de vacances bien pleines. J’ai eu le déplaisir mais sans pour autant être une surprise de découvrir que j’allais enseigner à distance pour la semaine à venir.

Encore ? oui encore, le nombre de cas COVID au Liban a explosé le plafond, plus de 3500 à la veille du premier de l’an, et des taux de contamination très importants. Ainsi, alors que tout est ouvert actuellement, il ne serait malheureusement pas surprenant que le pays soit reconfiné incessamment sous peu… Quand on voit que les bars, les boîtes de nuit et d’autres lieux de socialisation sont ouverts, il ne faut pas s’étonner des conséquences. Si les gens respectaient bien la distanciation sociale, s’ils mettaient constamment des masques et plus encore, je ne dis pas que ça ne serait pas possible de maintenir de telles activités ouvertes. Mais le Liban reste le Liban, et les gens ne sont pas super motivés à suivre ces règles. Je ne dis pas non plus que je fais tout parfaitement, je ne blâme pas non plus la population libanaise dans son ensemble. Mais l’insouciance de certains peut paraître désolante face à la réalité médicale. C’est donc sans surprise que je vois qu’à l’école, mes élèves pâtissent de cette situation en n’ayant pas la possibilité de revenir en classe pour un temps encore. Un temps non-défini, qui pourrait durer une semaine, comme trois ou neuf… Nous verrons bien l’évolution prochaine de la situation, mais je ne me montre guère confiant quant aux libertés de déplacements et plus encore au Liban.

Pour autant, malgré un confinement quasiment certain à venir, je suis assez content de pouvoir me remettre à travailler, malgré les conditions délicates. Car en effet, après deux semaines de repos, même sans trop de motivation, ce n’est pas plus mal de s’investir encore, de remettre de l’ordre dans sa tête pour la suite de travailler à proposer et faire. J’avoue que j’aurais eu plaisir de revoir les bouilles de mes CE1, il est même probable que certains ont grandi. Ce ne sera qu’en visioconférence, ce  n’est pas comme si on allait se faire des câlins de toute façon… Après, quand je pense travail, je pense surtout à celui de septembre prochain car les dossiers pour la rentrée 2021 ont démarré, et avec eux, la magnificence administrative qui s’en suit. J’ai bien fait attention à la première liste de postes vacants. J’ai eu le plaisir de trouver deux des trois destinations qui me font rêver. D’autres destinations intéressantes, mais j’y verrai plus clair en fin de semaine prochaine après l’envoi des premiers dossiers. Je reste cependant sur une idée principale… Si l’on me propose un poste, j’irai. Ça parait évident dit ainsi, mais je ne postule que dans des lycées qui me font envie, je n’ai donc aucun intérêt de refuser le premier venu.

Cette semaine, travail à distance d’accord, préparation des dossiers, mais aussi si la reprise du sport si le confinement me le permet car même si je n’ai pas trop abusé pendant les vacances, j’en ai quand même profité… Ma valide de retour à Beyrouth en était le parfait exemple. Chouchen, Rhum, gâteaux pur beurre, il  y a de quoi profiter pleinement des délices bretons. Rentré avec une valise pleine d’habits qui restait en France, je ne pouvais que la remplir de douceurs à partager ici. On a d’ailleurs doucement commencé avec Marc et Fady, mais le cidre restera jusqu’à la chandeleur, et le chouchen une semaine de plus à la Saint Maron ou la veille. Parti le 21 décembre, j’ai vraiment eu le temps de me poser en famille comme je voulais. Ce temps a pu paraître court, mais il m’a surtout permis de voir ceux qui m’étaient importants. Neveu et nièce, filleuls, grand-mère et le reste de la famille. Il est vrai que cependant pour une fois, je n’ai pas pu passer de temps avec les amis comme Fabien ou Morgane, mais le contexte sanitaire et la rapidité des passages vannetais de chacun nous a amené à l’impossibilité de se croiser. Une prochaine fois, en Bretagne ou ailleurs, car on ne peut pas rester trop longtemps sans se voir, ça ne peut se faire !

Test PCR avant de prendre l’avion pour la France, test avant de repartir pour le Liban prendre l’avion, et test pour être sûr de reprendre l’école. Ce rendez-vous ne m’est pas volontairement plaisant, il n’en reste pas moins indispensable à mon activité touristique ou familial. J’ai toujours eu le plaisir de me trouver négatif pour l’instant. Non pas que je sois le mec le plus précautionneux, ni celui qui fait le plus attention, mais déjà éviter Paris durant mon séjour français était une bonne idée. Une soirée du Nouvel-An durant laquelle je n’ai pas abusé, mais je suis quand même passé boire un verre au bar, puis un second après minuit. Je ne tiens pas du tout à attraper ce virus, mais entre les libertés prises par les gens ici et ma manière d’agir, je ne serai pas surpris que je le chope. Je fais attention à minima, mais je ne me prive de rien, et ça  c’est clair, ce n’est pas très COVID.

Ainsi, après un joli Noël avec de beaux paquets apportés par le Père-Noël, livres et lunettes de Moto, après de jolis repas, hot-dog raclettes ou fruits de mer, Beyrouth sera autre chose à présent. La crise économique est à un niveau déjà incroyable, j’ai changé 1€ pour 10 000 livres libanaises quand il y a un an, c’était 1€ pour 1500 ll… J’ai de la chance d’être européen ici et plus j’ai de facilité plus la population libanaise souffre elle. C’est injuste, et c’est une des grandes raisons de mon départ, car oui j’ai profité ici. Mais voir ce pays dépérir, ce pays que j’apprécie au point de l’avoir sur la peau, c’est trop. Il me reste six mois complets devant moi. Encore six mois, juste six mois. Je suis bien différent de l’homme que j’étais en 2018. Oui le monde scolaire a changé, la COVID a changé beaucoup de choses, mais j’ai aussi mûri. Je vais donc faire en sorte de profiter au mieux du temps qu’il me reste ici.

Une nouvelle année, une dernière à Beyrouth, un enseignement à distance comme avant, mais une projection sur septembre et plus encore. Il est temps d’arrêter l’ordinateur et de passer à la lecture des mousquetaires …

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