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Gouvernement, Avortement et SuperVéga.

25 Octobre 2020 , Rédigé par Pereg

Dimanche fin de journée, posé à Kaléidoscope à Gemmayzeh, une connexion internet défaillante dans l’appartement m’a obligé à migrer ici pour travailler un peu et écrire doucement. A défaut de pouvoir le faire à la maison, ça a le mérité de me faire sortir de ma chambre que je n’aurais pas quitter sinon de toute la fin de journée. En effet, depuis mon retour de la marina, l’idée était simplement de rester au calme et profiter de cette fin de journée. Cette semaine a été des plus particulières. Au niveau libanais avec ce nouveau premier ministre, mais aussi sur le plan international pour moi avec ce nouvel arrêt de la Cour suprême polonaise. Je suis assez choqué de voir que le monde ne tourne pas vraiment rond…

En effet, après avoir tenté de réduire à néant le droit à l’avortement en 2016, le gouvernement polonais est cette fois passé en force sur le sujet, ne permettant plus de recourir à cet acte que de manière plus que réduite, pour ne pas dire quasiment nulle. La Pologne de 2010, celle que j’ai vécu était bien plus ouverte qu’actuellement et ça me fait mal au cœur de voir cette nation polonaise, suivre ce gouvernement et se renfermer sur elle-même. Ça me choque toujours de voir que ma ville de cœur n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les LGBTQ+ ne sont plus acceptées dans certaines villes, l’éducation est repartie à l’envers, le rapprochement avec la Hongrie de Victor Orban et le scepticisme européen du PIS me touche profondément. Alors que je m’étais dit que j’irai peut-être un jour y enseigner, il est délicat de m’y projeter à présent, vraiment très délicat…

Ce fait remarquablement triste n’est pas le seul à m’avoir fait réfléchir et inquiéter. L’annonce du retour comme premier ministre de Saad Hariri m’a vraiment surpris. Je ne pensais pas que les parlementaires oseraient à nouveau lui confier les clés du gouvernement libanais. Mais il faut croire que ça a fonctionné comme effet d’annonce déjà. Car oui la livre libanaise est remontée un peu face au dollar. Effet d’annonce ou fléchissement de long terme ? Nous le saurons dans quelques semaines. Mais déjà de revoir l’image de Bassil, Aoun et lui, montre combien la classe politique libanaise est réduire et le choix de nommer à nouveau Saad amène à compléter la réelle révolution. Un retour complet à la situation précédente, mais dégradée comparée à l’année passée. Les prochaines semaines seront déterminantes, mais dans un pays déjà usé par la crise économique, la crise sanitaire, l’effet de réformes potentielles sera long à venir assurément. C’est d’ailleurs à ce titre que d’ici au 9 novembre, je ne verrai plus un élève en classe. Il ne reste que trois jours avant les vacances et ce seront des jours de travail à distance… C’est fou de se dire qu’on est dans un des seuls pays au monde où les élèves n’ont pas repris le chemin de l’école. J’ai du mal à comprendre pourquoi, mais des gens avisés ont commencé à m’expliquer aussi la difficulté d’aménagement des transports scolaires et de la non prise de risque vis-à-vis de la situation sanitaire… Ce n’est pas simple, ça montre une fois de plus la difficulté dans laquelle est plongée le pays des cèdres.

Après ces nouvelles plutôt délicates, je dois avouer avoir passé un des meilleurs weekend depuis mon arrivée au Liban il y a deux ans. On m’avait proposé voilà des semaines, de participer à une sortie en bateau. Oui en bateau. SuperVéga de son surnom hommage,  43 pieds, GV et foc, avec un moteur pour pousser un peu. Je n’avais pas demandé notre objectif, il m’a été dit en arrivant à la marina. On visait l’île aux lapins du côté de Tripoli, après une nuit vers Batroun. C’était le plan initial… sept matelots s’en vont en mer, des enseignants émérites assurément et marin d’eaux douces pour la plupart. J’avais navigué sur des petits bateaux et seulement de manière diurne, là nous allions passer la nuit sur le bateau. Une première bière ouverte dès la sortie de la marina, nombreuses sont celles qui ont suivi. Ainsi on tirait notre premier bord, je m’étais attaqué à l’enrouleur du foc et un collègue à la barre. On sortait les 5/6 nœuds en étant au pré avec un vent du nord, idéal. J’ai eu le plaisir de prendre la barre en suivant.

Le sourire provoqué, nullement autre que sincère, quel pied d’être au Liban et de naviguer. De me retrouver avec des hommes géniaux avec qui ont a discuté de très bonne manière. La nuit approchait et on décidait de ne pas mouiller à Batroun mais de filer directement vers l’île aux lapins et de jeter l’ancre là-bas. La nuit tombait et barrer de nuit est tellement autre chose. Le vent mollissait un peu, mais j’avais surtout du mal à sentir comment me situer. J’ai eu ainsi le plaisir sans virer de bord de me retrouver face au vent et devoir faire un 360 bonus, provoquant l’hilarité générale sur le pont. C’était mérité et je ne pense pas que c’était du à une alcoolémie montante, mais plutôt à mon inexpérience à barrer cette taille de bateau, je connais mieux les cata, les lasers ou les 4.20… On continuait à rire, à discuter et plus encore, la gentiane fut ma découverte du soir, une distillation très intéressante. Vers minuit ancienne heure, nous arrivions au moins aux ¾ de notre route, un vent tournant et violant s’est levé. Bien trop pour qu’on ne puisse pas le prendre en compte. Alors que nous étions proches de notre objectif, il a fallu affalé les voiles très rapidement et faire le chemin inverse. On a donc navigué jusqu’à la baie de Jounieh pour nous mettre à l’abri. 3h du matin et des poussières, mais je n’y étais pas car une fois les voiles ramassées, ma présence n’était plus nécessaire et le sommeil est venu me chercher. 7h debout, dernier levé, petit déjeuner au calme et baignade improvisée. Le vent était tombé. Mer d’huile, un calme plat qui nous incitait à rentrer plus tôt que prévues car les sensations, nous les avions eu la veille et ça n’était pas important de prolonger. Un dernier petit barbecue des familles au port et on quittait le bateau, un peu plus de 24h après être monté dessus.

Ça restera un de mes grands moments au Liban ! Il y a des choses comme ça que je rêvais de faire, cette occasion me fut donner, je l’ai saisi. Bien sûr il y a encore plein de choses qui restent à découvrir, et déjà peut-être durant les vacances qui démarrent mercredi !

Gouvernement, Avortement et SuperVéga.
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Thawra, tatouage et enseignement

18 Octobre 2020 , Rédigé par Pereg

les  nouvelles statues en ville.
les  nouvelles statues en ville.

les nouvelles statues en ville.

Quelle semaine vient de passer, de nombreux évènements, positifs et négatifs et même si le weekend m’a permis d’en digérer certains, il est indéniable qu’il en faudra du temps pour mieux appréhender les autres. Avec un programme si chargé je ne sais trop comment démarrer, le plus simple est de rester factuel.

Après une préparation de dernière minute et une obligation venue d’en haut, nous avons accueilli en CP/CE1 nos élèves en petits groupes. Chaque jour à partir de mardi, six d’entre eux franchissaient le pas de la salle de classe. Ce fut presque un  choc de revoir des élèves. La dernière fois où j’ai eu des élèves en classe, nous étions le 28 février. Depuis le monde a bien changé. Mais ainsi j’ai pu enfin voir ces pitchounes avec qui je travaille depuis quelques semaines maintenant. C’est là que j’ai pu voir combien le confinement avait été difficile pour certains, dans les apprentissages mais aussi dans les attitudes et le savoir-êtres. Ils ne sont plus du tout habitués à s’asseoir ainsi, à se concentrer ainsi. Même si c’est une épreuve pour nous adulte, c’est une partie de l’enfance de mes élèves qui s’est envolée. Ca m’a rendu triste pour eux car cette tragédie nous la réfléchissons en adultes, mais pour eux, c’est une spoliation de leur liberté de mouvement, coupure sociale et plus encore. Alors pouvoir, même avec le masque, leur donner un semblant de normalité par une reprise de l’école. Avec papa ou maman en plus au fond de la classe, de quoi les mettre à l’aise, ou du moins essayer. Pour la semaine à venir, on recommence. J’espère que ce travail sera payant, mais surtout qu’on va pouvoir les voir un peu plus qu’une heure et demie par  semaine.

L’école de la République a été durement touché cette semaine et sur deux aspects tout aussi choquant l’un que l’autre. Un a fait la une des médias du monde entier, l’autre reviendra assurément sur le devant de la scène. Les masques fournis par l’éducation nationale contiennent des agents considérés comme toxiques. Quand j’ai appris ça, j’avoue que j’ai été des plus surpris, je ne m’attendais pas à ce que l’EN fournissant un matériel à ses enseignants fasse preuve d’une négligence aussi importante sur leur traitement. Je me doute bien qu’ils ne sont pas parfaits et qu’ils ne protègent que peu les agents de la fonction publique… Mais de là à mener vers un empoisonnement, je m’en inquiète forcément. Ici, nous devions nous fournir des masques, nous les attendons toujours, et le mieux, reste le chirurgical forcément.

Vendredi soir, fin de journée, après être sorti de son établissement, un enseignant a été décapité. Agressé à l’arme blanche, le meurtrier aurait été abattu un peu plus tard. Mais cet assassin a revendiqué son geste, au nom de la religion… Oui un prof abattu car il aurait montré des caricatures de Charlie Hebdo dans un cours sur la liberté d’expression. La nouvelle résonne comme un glas, absolu, un basculement. Un meurtre d’enseignant au nom de la foi, en France, pays de la laïcité. Ça m’a donné envie de vomir, et même plus encore. Voilà une limite franchie que je n’imaginais pas, et même si elle n’est pas si surprenante, elle reste terriblement choquante. Montrer des caricatures dans un cours sur la liberté d’expression, est un élément qui me semble cohérent, qu’on soit d’accord ou non avec le propos, le but étant de montrer différentes manières de penser, il n’y a rien de mal à ça. Tant que l’on reste dans le cadre de la loi, la liberté d’expression prend pleinement son propos. La limite étant la diffamation. La limite semble parfois ténue. Ce que je déplore aussi dans cette histoire en plus de l’infamie de ce meurtre, c’est que cette action est perpétrée une fois de plus au nom de la religion islamique. Les amalgames langue arabe/ langue de l’islam, arabe/musulman, musulman/terroriste sont de plus en plus courant. Une partie de la population française est ciblée malgré elle après de tels évènements. Ce n’est pas ainsi que l’on changera les mentalités. L’enseignant que je suis, s’est senti blessé et meurtri par un tel attentat, et maintenant que se passera-t-il ? Je travaille en primaire, mais vais-je devoir changer des choses aussi à ma pratique ? Il est trop tôt pour dire quoique ce soit à ce sujet, mais le temps mènera à cette réflexion.

La principale actualité pour moi, reste indéniablement mon quotidien libanais, et cette semaine plus qu’une autre. Hier 17 octobre, voilà un an que démarrait la révolution, la Thawra. Oui, après la proposition d’une taxe sur WhatsApp, les choses ont commencé à dégénérer. Des pneus brûlés, des routes coupées, des gens dans la rue. Je me rappelle avoir été bloqué à mon retour de Jounieh, je rentrais comme je pouvais en voyant des poubelles brûlées aux abords de ma rue. Au lendemain, les choses s’accéléraient et plus de gens dans la rue, une émulation que je ne comprenais pas, mais à laquelle j’ai assisté. Cette révolution est morte si je puis dire, ou n’a pas vraiment commencé. Car quand on regarde la situation libanaise, les choses n’ont fait que s’aggraver pour la population depuis un an et les gens saturent de plus en plus, je ne serai pas surpris de voir les choses prendre une tournure négative. Alors hier, j’étais curieux de voir ce qui allait se passer. Une manifestation relativement massive et deux statues impressionnantes inaugurées durant la fin de journée. Comment les choses vont évoluer ? Nul ne le sait, mais si sursaut il y a, je ne sais pas la forme qu’il prendra.

Cette journée du 17 octobre était aussi celle que j’avais choisi pour rendre hommage à ma manière, à cette ville  qui m’accueille depuis deux ans, à ce Liban que j’apprécie. Un nouveau tatouage que je voulais déjà faire depuis quelques temps. En effet, voilà bien des années que je souhaitais faire un arbre sur le mollet gauche. Avec ma présence ici, le choix du cèdre était une évidence. De plus, en racines pour la forme complète, je souhaitais ajouter le nom de Beyrouth en arabe de manière un peu stylisée. La rencontre du tatoueur a été faite par hasard par une amie italienne. Je suis donc allé jeudi après-midi le rencontrer et le feeling est passé directement. Plus de question à se poser, on pouvait démarrer ensemble. Très vite le dessin complet est venu, il ne manquait que de fixer le rendez-vous. Samedi 17 octobre à midi, et après trois heures ensemble, mon quatrième tatouage arrivait sur mon mollet gauche. Une date symbolique, une œuvre dont je suis ravi et c’est là tout ce qui compte.

Une petite phrase sur le film 1982 que je suis allé voir mardi soir, j’en avais entendu parlé voilà presque un an et quel plaisir de le voir apparaître sur les écrans libanais. Je n’avais pas été au cinéma depuis longtemps. Être immergé dans cette histoire puissante, celle de l’arrivée des israéliens aux abords de la capitale libanaise. Le bruit, le son de la guerre, voilà bien une chose que je ne connais pas, mais on le ressent de manière fort importante avec cette mise en scène et les images de ce film. En plus, l’adagio 974 de Bach arrive à un moment donné, et quel frisson de l’entendre comme à chaque fois. Aujourd’hui, dimanche, au calme dans l’appartement, un peu de repos ne fait pas de mal, surtout que je dois protéger du soleil ma dernière création, et donc éviter de sortir pour l’instant. Mais à la tombée de la nuit, j’irai arpenter à nouveau cette ville qui est la mienne, ce sera une nouvelle aventure.

le dessin de départ et sa réalisatonle dessin de départ et sa réalisaton

le dessin de départ et sa réalisaton

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Samedi folle journée

11 Octobre 2020 , Rédigé par Pereg

Dimanche matin, je m’y prends relativement tôt car je ne sais pas comment va se poursuivre la journée. Non pas de finale à Rolland pour l’instant, mais il est probable que si je suis rentré en fin de journée le canapé sera mien pour voir ce duel de titan. Une préférence pour le serbe, car voir Nadal égaler le maître, non je ne le souhaite pas. Il se peut qu’un jour ça arrive d’ailleurs, car même le joker en est capable mais Roger reste assurément le meilleur joueur de tous les temps. De plus ce soir, les bleus vont faire face à la seleccao européenne et franchement j’espère les voir leur mettre une jolie raclée. Avant 2016, je n’étais pas vraiment fan d’eux, depuis c’est encore pire. Alors malgré les divertissements que peuvent amener un dimanche au calme dans le salon, je sortirai sur ma bécane pour aller manger un peu de bitume, et peut-être plus d’ailleurs, le programme n’est pas clair et c’est ça qui est justement fort plaisant. Un livre en poche, un peu de cash, j’ai de quoi passer une belle journée assurément. Mais c’est aussi après la folie de la journée d’hier qu’un peu de calme ne peut faire de mal.

Cette semaine, a apporté son lot d’évènements… D’abord par la prise de fonction de la nouvelle principale du lycée après le transfert dans un établissement italien de Mr Pestourie. Du travail intense avec des journées trop longues pour l’énergie que l’on y déploie. Oui le travail est harassant et voir poindre le weekend était ma satisfaction pleine et entière. Vendredi on nous avait annoncé que le travail à distance se poursuivrai pour une semaine encore. J’y avais donc consacré ma soirée de vendredi pour me libérer pleinement les deux jours suivants… Fatale erreur sur laquelle je reviendrai tout à l’heure. Mais culturellement j’ai eu une grande nouvelle. Le film 1982 de Nadine Labaki que je cherchais à voir désespérément depuis un an, n’était en fait pas sorti dans les salles de cinéma ici. Présenté à Toronto en 2019, il n’était pas apparu sur les écrans libanais du tout, pour sortir la semaine passée ici. J’irai donc le voir dans la semaine car il m’intrigue forcément.

Hier matin, réveil 6H40, comme chaque matin pour partir à l’école… Mais ce samedi, c’était pour aller faire une randonnée au-dessus de la Qadisha, je n’avais pas vraiment lu le programme je dois dire, mais simplement que de savoir que j’allais faire une jolie randonnée, suffisait à mon bonheur. Parti à 7H30 de la place des martyrs, avec une lumière matinale folle, nous prenions la route du nord. Comme à mon habitude dans le bus, casque sur les oreilles avec des podcasts assez variés, gang stories hier précisément narrés par Joey Starr, et bien sûr dans la main, un livre. Je n’avais pas eu le temps de finir Samarcande durant la semaine, c’était chose faite durant le trajet. Transporté par le récit d’Amin Maalouf comme peu d’auteurs me font autant voyager. Il est indéniablement un de mes auteurs favoris à présent, au même titre qu’Hugo, Dumas ou Werber. Son écriture est vraiment fascinante. Le trajet fut relativement long avec une pause petit-déjeuner pour ceux qui en avaient besoin.

11h, prêt à commencer, avec un groupe d’une vingtaine de personnes, nous entrions dans la forêts des cèdres de Dieu, forêt trois fois millénaire, citée dans la bible pour fabriquer l’arche de Noé, mais aussi très importante pour moi cet arbre qui ornera bientôt mon mollet gauche. Journée un peu chaude qui s’ouvrait à nous pour une balade d’environ cinq heures. Marcher ainsi dans la nature est vraiment un plaisir, se donner, se dépenser quand le chemin est pentu, sinueux et délicat, c’est une satisfaction pleine et entière à l’arrivée. Cette journée est en tout point comparable aux autres de trek sur ce plan. Un décors magnifique, un vide complet comparé à la ville, une respiration. Mais ce tableau joliment dressé s’est quelque peu écorné avec les évènements. Car même si cette randonnée fut relativement facile pour moi,  ce ne fut pas le cas pour tous, la fatigue ayant pris ma collègue, elle chuta. Cette chute ne fut pas sans conséquence car elle se fractura le tibia… Je ne pensais pas au premier abord la chute aussi grave, j’ai compris ensuite les raisons de ses cris de douleurs.

Prise en charge par une ambulance jusqu’à Bécharré, c’est la suite qui m’a laissé le plus perplexe. Car pendant que nous continuons une marche pas si simple que ça pour la plupart du groupe en raison de sa durée, elle passait sa radio à l’hôpital. Mais au lieu d’être prise en charge sur place et tout faire là-bas. Je ne sais pas d’ailleurs si c’était une question d’assurance ou autre. Mais elle a juste eu une attelle et est rentrée à Beyrouth… avec le bus de la randonnée ! Ainsi, non elle ne s’est pas faite opérer là-bas, mais elle n’a pas été transporté en ambulance vers un hôpital de la capitale non plus. Il nous a été demandé de la ramener avec nous. Je n’ai pas compris pourquoi l’assurance de l’organisation n’a pas de telles de prévues, ni son assurance personnelle, ou simplement son mari. J’avoue que là j’étais assez consterné de voir que l’ensemble du groupe de randonnée a dû attendre qu’elle vienne avec nous pour rentrer sur Beyrouth. Je ne la blâme en rien, mais je suis plus qu’étonné de voir la manière dont les choses ont été prises en charge, par l’organisateur de la journée et les assurances du pays. Il ne fait vraiment pas bon avoir un problème de santé ici… Je passerai assurément la voir dans la journée mais cette histoire est assez folle. Cela suffirait amplement pour une journée, mais j’ai eu le bonheur d’ajouter à cette fin de randonnée assez délicate un nouvel élément venant de l’école…

Vendredi à vers 11H30, la directrice du primaire nous demande de venir avec ma collègue Asma pour nous dire que lundi, demain, nous allons commencer l’emploi du temps hybride. Très bien, on va s’adapter, changer les programmes entre ceux qui seront en classe et les autres, adaptation. Je me dis, je prépare la première journée et on verra le reste lundi. A 15h, mail de la directrice pour nous dire que finalement nous restons à distance. Soit, pas de soucis, je prends donc ma soirée pour faire ce qui était prévu, j’ai perdu deux heures mais passe encore. Je clos mon travail à 23h et je suis en weekend… Erreur. Les coordinatrices de CP et CE1 ont eu une réunion le samedi après-midi, ce qui d’abord me fait halluciné car le weekend est assez sacré pour moi. Mais en plus pour nous annoncer qu’à partir de mardi nous allons accueillir des élèves en petits groupes et que nous sommes sommés de tout préparer d’ici au lendemain pour prévenir les parents, les élèves, les nouveaux emplois du temps. Là par contre, je dis non. Pour ne pas pénaliser mes collègues de niveau, j’ai transféré comme demandé le mail pour les parents, répondu déjà à douze mails de plus à cause de ça. Mais je ne donnerai pas mon dimanche alors que le lundi tout peut encore changé. Ça m’a agacé de voir que notre hiérarchie ne se gène pas pour nous demander de travailler dans l’urgence, de nous dédire auprès des parents et pour changer tout changer ensuite. J’en suis encore énervé, et la tension va redescendre mais apprendre ça à samedi 18h pour le mardi suivant, à la fin de ma randonnée, après les évènements énoncés plus haut. C’était beaucoup pour un samedi, une journée très particulière et pas forcément dans un bon sens.

Malgré tout, j’ai apprécié cette randonnée, comme je vais apprécier de me changer les idées aujourd’hui, mais être corvéable ainsi, non. Je suis peut-être trop obtus, mais si j’avais mérité de me reposer ce weekend et ça a été chamboulé. A présent, je vais fermer mon ordinateur et je vous souhaite un bon dimanche.

Cèdre de Dieu à Tannourine.
Cèdre de Dieu à Tannourine.
Cèdre de Dieu à Tannourine.

Cèdre de Dieu à Tannourine.

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Nuitée dans le Chouf

4 Octobre 2020 , Rédigé par Pereg

Vue de Jezzine

Vue de Jezzine

Comme dimanche dernier, mais simplement un peu plus tard, je suis posé devant la télévision de la colocation, programme identique, Rolland Garros. Le dernier ressortissant français est à la peine dans sa troisième manche mais déjà c’est un exploit que d’être allé aussi loin. S’il m’offre à voir une manche supplémentaire j’en serai déjà ravi et je pourrai écrire cet article avec le bruit des balles jaunes sur l’ocre rouge de Rolland. En septembre avec le programme tv de juillet, en octobre avec celui de juin, cette année 2020 est assurément particulière et le calendrier des évènements n’en est que bousculé. Pour autant de mon côté, la routine tourne à plein.

En effet après une réunion lundi dernier où nous avons décidé de l’organisation plus concrète de l’enseignement à distance, une forme de routine sera mise en place dès demain, avec les rituels que j’affectionne particulièrement en classe, le calendrier, le calcul mental, le travail du son et de lecture. Tout ça pour permettre à mes élèves, du moins je l’espère de pouvoir travailler un peu plus en autonomie. Car oui ils sont en CE1 mais avec une année de CP pas complète, le niveau est quelque peu délicat dans certains domaines et tant que je resterai à distance, ce sera d’autant plus compliqué. En classe, on les a 5h par jour, à distance, on n’est à peine à 2h, mais en visio, on ne peut en demander plus. Ainsi, chaque jour nous permet d’avancer un peu plus, tout en sachant que l’on prend du retard sur ce que l’on est sensé faire cette année. Paradoxe d’une reprise loin de nos élèves qui se prolonge au moins encore une semaine… En plus notre directeur est parti en Italie, nous connaitrons la personne qui le remplace bientôt. On verra si le weekend prochain je pourrai écrire d’avoir de retrouver les pitchounes ou non.

Le travail est toujours intéressant et constitutif de mes journées, ce n’est jamais le plus important, car pour la première fois depuis mon arrivée au Liban, j’ai passé une nuit en dehors de Beyrouth. C’est anodin et presque paradoxal car voilà maintenant deux ans que je suis là. Mais pourtant jamais, je n’avais dormi ailleurs que dans la capitale. Mon lit ou chez des potes, dans l’appartement loué pour la venue des parents. Mais toujours ici, un déplacement retour après des sorties plus ou moins longues pour dormir dans ma ville. Je ne l’ai réalisé que ce matin, un détail étrange et qui n’a d’importance que celle qu’on lui accorde mais qui m’a forcément prêté à sourire. Une nuit dans le Chouf, une première sous les étoiles.

En début de semaine, avec les collègues nous parlions de sortir pour le weekend de la capitale, aller respirer ailleurs, Chloé avait trouvé un endroit avec des chalets au nord de Baalbek, tout semblait se dessiner de bonne manière. Mais voilà, l’endroit était plein et il a fallu trouver autre chose. Sahar a donc simplement proposé qu’on vienne passer le weekend chez elle à Chhîm. Acceptation collective et samedi matin direction le sud. Mais avec une contrainte en tête, celle des clusters qui allaient être mis en place dès le dimanche. Le village d’à côté d’ailleurs en faisait partie. Sous quelle forme, on ne pouvait le savoir à ce moment-là. Arrivé là-haut, se mettait en place de quoi passer un bon moment, une jolie tablée, de la musique par Cédric et des sourires. Des enfants ravis, des chats partout dans le jardin, une atmosphère paisible, un vrai weekend en famille. Bonus non négligeable, j’ai découvert un nouveau jeu de cartes le « 400 », assez semblable à la belote qu’il me tarde déjà de tester avec les frangins.

Petite balade détente de fin de journée, la marche de digestion pourrait-on dire, au Monastère Deir el-Moukhallès, avec un joli panorama et l’on commence à marcher. De fil  en aiguilles, on ira à un couvent, d’où allait partir un genre de Pardon, en direction de Saint-Sauveur d’où nous venions. Cantiques en langue vernaculaire, j’ai tendance à oublier que la messe est aussi faite en arabe ici. Français que nous sommes à associer la langue arabe et l’Islam, trop souvent malheureusement. Mais ici, une ferveur toujours plaisante à découvrir. Au retour à Chhîm, j’avais décidé de prendre ma tente pour éventuellement dormir dans le jardin. Après l’avoir monté en un peu plus de cinq minutes, j’ai dû la ramasser car les chats et leurs griffes acérées rodaient autour, trop pour ne pas m’inquiéter. Mais qu’importe, à minuit après la défaite de Nantes, sur la terrasse haute de la maison, je me suis allongé à la belle étoile. Pleine lune, voilée de nuages, je profitais de ce ciel si clair que je n’avais eu de cesse de rechercher ici.

A bonheur conquis, problème égal. Mon matelas que je pensais suffisamment robuste, était simplement trop dégonflé et me voilà allongé sur le marbre froid. Je suis donc rentré me blottir dans mon sac de couchage pour finir la nuit. Nuit courte car à huit heures, je descendais, le soleil m’ayant fait ouvrir les yeux. Une préparation de crêpes et un tour de main en deux poêles, on se faisait un joli brunch dominical. La suite était une belle balade dans cette région verdoyante qu’est le Chouf. Même si l’automne est là, le paysage ne s’est pas encore paré de ses couleurs orangées. La découverte du temple perse d’Eschmoun, puis une remontée vers Jezzine et sa cascade. Voilà un dimanche qui ne manquait de rien, si ce n’est une glace sur le retour en passant par Saïda. Cluster ? On ne les a pas vu, on a donc bien fait de rester dans la région plutôt qu’un retour au soir à Beyrouth.

Bien content de ne pas être rentré trop tard pour m’attaquer à mon écriture hebdomadaire, il me tarde également de la finir pour profiter de la terre ocre, mais aussi reprendre ma lecture démarrée hier, celle de Samarcande d’Amin Maalouf. Léon l’africain m’avait transporté au XVème siècle, je suis à présent à la fin du XI ème dans l’empire seldjoukide avec Omar Khayyâm, poète et mathématicien de son état.  Cet auteur libanais a le don de me transporter dans des histoires fascinantes, mais comme également comme Hugo et Dumas, faire que je ne veuille pas lâcher ses livres. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas pensé avant à demandé au CDI du lycée s’il y avait ce livre là dans les étagères. Je l’ai fait vendredi, démarré samedi, et la moitié a été mangé dimanche. Vous connaissez ainsi le programme de ma soirée.

Gaston est toujours en vie après les deux premières manches perdues et entame même une cinquième manche face à Thiem ! Impressionnant que ces passings de gaucher, il me bluffe vraiment ce jeune homme ! De mon côté, je vais grignoter un bout et rejoindre ma lecture. On verra ce que la semaine donnera, ce qu’apportera le weekend prochain, demain c’est déjà loin.

Ma lecture du moment!

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