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Saint-Malo, distance et coup de soleil

31 Mai 2020 , Rédigé par Pereg

Saint-Malo, distance et coup de soleil

Dimanche matin, grand soleil et léger vent marin, posé devant la maison sous le store pour profiter de ce jardin qui m’est si cher. Lundi dernier en arrivant avec Alex, c’était un champs. Clairsemé d’accord, mais des herbes hautes sur toute sa surface malgré tout. Mais après quelques heures de tonte et un peu plus encore, il ressemble à nouveau au jardin que l’on a toujours apprécié. Une telle perle dans une ville comme Saint-Malo est bien un doux écrin pour se poser. Ajouter à cela des arbres fruitiers qui donnent en quantité, que peut-on demander de mieux ?

Retrouver le calme de cette maison, celle qui fut mienne pendant deux ans, celle  dans laquelle j’ai appris à bricoler de manière un peu sérieuse, faisant ma chambre et la salle à manger. Cette maison est vraiment mon havre de paix, mon rocher auquel je me raccroche avec toutes mes pérégrinations. J’en reviens toujours ici.  Plus encore que Vannes, c’est vraiment la maison dans laquelle je reviens. Elle n’est pas mienne mais c’est mon chez-moi, le seul. Vannes j’y ai grandi, Beyrouth j’y vis et y travaille, mais j’en reviens toujours à ce jardin malouin. Hormis de la lecture qui prend trop de place, toutes mes affaires sont ici. Mon bureau, mes livres favoris, mes carnets. C’est vraiment mon refuge que j’ai rejoint pour finir cette année scolaire au combien particulière.

Oui, il me reste pas moins de quatre semaines de travail à distance à faire pour clôturer cette année scolaire libanaise. J’y retournerai assurément en septembre pour mener à terme mon contrat et peut-être voir la destination suivante vers laquelle je m’envolerai. Les choses évolueront forcément et bien que j’ai déjà des destinations en tête, nul ne peut prédire le pays dans lequel j’enseignerai dans un an. D’ailleurs même si j’ai des envies très ciblées, j’ai toujours été surpris par les destinations qui m’ont marqué. Varsovie, Bordeaux, Beyrouth, je serai prétentieux à dire que c’était ce qui était voulu, c’était une possibilité. Possibilité d’ailleurs avec ce petit feeling, ce ressenti inexplicable qui vous prend aux tripes et qui vous dit « ça va le faire, fonce. » Ces décisions n’ont jamais été regretté, au contraire, elles m’ont forgé tel que je suis à présent, tout comme ces deux années de retour en Bretagne, reculer pour mieux sauter.

En effet, avec la découverte des écoles françaises à l’étranger en 2010, le mémoire de master orienté sur cette thématique, et ce travail en ligne de mire depuis le début, je ne pouvais me retrouver à une autre place que celle d’enseignant à l’étranger. Comme Dumbledore le suggère à Harry « Ce sont nos choix qui montrent ce que nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos aptitudes.».  J’ai choisi ces villes, ces voyages, et je ne pourrai dire où je serai actuellement si  les choses avaient évolué différemment. Quand  à mon passage en SEGPA, il m’amenait vraiment vers une autre vie, et c’est là que je me rend compte que c’était Le moment. Celui du décollage ou de l’installation, du CAPPEI ou de l’AEFE. Un choix. C’est vraiment prise de tête que d’aller chercher trop loin, et tout remettre en cause ne servirait à rien au contraire. Ravi d’être où je suis actuellement, et le futur ne s’annonce pas moins enivrant de découvertes. Je reviendrais peut-être un jour vivre par ici… peut-être pas ?

Alors en ce dernier jour de mai, j’ai réappris la difficulté d’une connexion réseau hésitante. On ne se rend pas compte de la vitesse des données que l’on peut envoyer et recevoir par un ordinateur avec la fibre, mais ici j’ai retrouvé une réalité différente. Obligé de trouver un réseau wifi plus fort pour me permettre de mettre mes vidéos en ligne pour mes élèves, sans mon ordinateur aurait lâché avant de tout envoyer sur le réseau. Des ajustements sont donc nécessaires pour le mois à venir, mais tout se fera de bonne manière malgré tout. Ce qui m’importe aussi c’est de retrouver ce rythme, ce souffle, cette volonté qui est mienne depuis trois mois complets, et achever une année si particulière, loin de mes élèves, loin de Beyrouth.

Je m’en suis rendu compte assez récemment mais j’ai eu quelques difficultés à gérer mes émotions ambivalentes sur le Liban. L’affect que je peux avoir pour ce pays qui m’accueille est forcément délicat. Retrouvé coincé en France alors que tous mes collègues eux sont restés, que mes élèves ont été coincé dans leurs appartements alors que je profitais du jardin de mes parents. J’ai eu une chance folle, je ne le nie pas. Mais à côté de ça, quand je vois des amis faire telle ou telle chose là-bas, je ne peux m’empêcher de me dire que j’aurais aimé en être, plus insidieusement, j’aurais « dû » en être. Mais voilà, le sort en a décidé autrement, pour le meilleur malgré tout. Alors il me faudra pour la saison à venir, regarder ce Liban qui est le mien avec distance, avec réserve, avant de le retrouver en septembre de la meilleure des manière possible.

J’ai pu revenir à Saint-Malo grâce à Alex, il a clairement aidé à la remise en marche de la maison ici. Son pote Pasco est venu aussi animé la première semaine malouine. Mais j’ai aussi eu le plaisir de retrouver, mes collègues de mes années ici, mes amis. De passage en repas, une sortie à Saint-Briac pour la journée d’hier, des gens en or qui furent mon quotidien malouin et rendent d’autant plus agréable ce retour qui est le mien. Bien sûr, ce soleil de plomb ajoute au plaisir d’être là et ma négligence à ce sujet est forcément marquée rouge. Rouge comme mon front dégagé de cheveux inutiles. Il me faudra être plus vigilant dans les prochains jours si je ne veux pas tourner à l’écrevisse et protéger un peu ma peau. Je voulais faire viking, mais ça n’est pas assez court pour rejoindre Ragnar. Ce sera donc un crâne lisse qui s’annonce à la fin du mois de juin.

Alors que sonne le tocsin, j’achève mon  article du jour. Les oiseaux chantent, le vent souffle et mon estomac qui famine. Je vais donc lâcher l’ordinateur et faire ce que doit. Cet après-midi, je partirai en voyage à Kobane en images, en Inde par les mots.

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