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11 mai

10 Mai 2020 , Rédigé par Pereg

Demain, lundi 11 mai, le déconfinement s’amorce en France. On pourra faire à présent cent kilomètres sans utiliser d’attestations, on pourra à nouveau se promener en forêt, le long des côtes, mais toujours pas de validation pour aller nager. Oui, la reprise est annoncée, et dès demain les écoles réouvrent ici. Quand au résultat que ça va amener, nous n’en avons aucune idée. Je suis à la fois cette réalité française que je vis par mon confinement, avec les mesures pour la population, mais j’en suis très éloigné également avec  mon travail que je fais toujours à distance.

Le ministre de l’éducation libanais a parlé vendredi 8 mai, ce n’est pas un jour férié au Liban. Il a fait de nombreuses annonces, notamment l’annulation pure et simple du brevet libanais, mais aussi a-t-il confirmé que les maternelles et le cycle 2 ne reviendront pas face en classe avant septembre. Il ne reste plus qu’à savoir ce que devront faire les écoles françaises, si l’attaché à l’éducation à l’ambassade décide de suivre le calendrier libanais ou l’ajustera pour le réseau français. Cette réponse arrivera vite et probablement sonnera le glas de mon année libanaise. Si tel est bien le cas, j’émigrerai dans la maison qui fut mienne pendant deux ans, à Saint-Malo. Après Vannes, retour mon « chez-moi », mes affaires que j’y ai laissé, et ce cadre si plaisant dans lequel j’ai résidé avant de m’envoler au loin. Avec un changement majeur, je serai sans véhicule.

Mais au fond, si c’est pour travailler jusqu’à fin juin voir plus, ça ne me dérange pas de ne pas avoir de voiture. Surtout que basé à Ker Henri, quel besoin d’une voiture alors que je pourrai tout faire en vélo ? un calcul rapide m’a permis de voir que pour un mois de travail à Saint-Malo, je peux me payer un vélo plutôt que louer une voiture. Pour ce que je vais faire, ce sera plus que suffisant, ayant tout ou presque à disposition. En plus, je ne serai pas contre prolonger mes séances de sport un peu intensive avec un tel objet.

Je suis parti du Liban le 13 mars au soir, après un appel à 20h30 validant mon autorisation de départ pour la France. Une heure après j’étais à l’aéroport. Je n’avais emporté que le minimum vital pour une semaine en France, en me disant le 21 je serai sur un vol de retour. Nous sommes le 10 mai et il est fort probable que je ne verrai pas Beyrouth avant septembre. J’ai à l’origine un vol pour le 3 septembre, il est encore trop tôt pour voir si je le prendrai ou pas. Il faudra attendre le calendrier de l’année prochaine pour voir comment les choses vont évoluer. Il faudra voir si le réseau suivra les directives du ministre libanais de l’éducation ou s’il s’adaptera.

Ma chambre libanaise me semble bien lointaine, mes affaires sont restées comme telles. Mes livres sur la table de nuit, le linge dans l’armoire, mes paires de chaussures au pied du lit, et mon carnet d’écriture dans le tiroir du bureau. C’est probablement l’objet qui me manque le plus, celui que j’aurais aimé avoir pour garder ce rituel hebdomadaire qui est le mien, celui de mon carnet du quotidien. J’ai fini celui de voyage entamé en 2017, j’en ai trois autres qui m’attendent à Beyrouth. J’en ai même ici, mais mon cahier du dimanche, dans un rituel immuable me manque, non pour le contenu mais l’action d’écrire aussi à la main. Le son de mon plume sur ces douces pages est une émotion que je ne peux retrouver autrement que dans ce fétichisme d’écriture. On verra en partant à Saint-Malo, la lecture suivra alors pourquoi pas l’écriture aussi. Je dois m’adapter aussi si je veux continuer de gratter des pages.

Encore beaucoup de questions, encore beaucoup d’incertitude et une attente qui pèse toujours. Une attente que nombreux subissent pour diverses raisons, une attente qui amènera à des questionnements multiples. Mais dans cette crise du Covid-19, je n’oublie jamais que je ne suis pas à plaindre malgré tout. Vannes en famille, plutôt que Beyrouth seul. Maison avec jardin proche de la mer, et pas un appartement sans balcon en région parisienne. Alors que la livre libanaise semble se stabiliser à un taux inquiétant, je me dis que l’année que j’aurais à faire au Liban en septembre sera malgré tout compliquée. Quel niveau de classe ? Quelles conditions d’accueil pour les élèves ? Quel calendrier scolaire ? verrai-je Lisbonne pour le Mariage de Colin ? Noël en Egypte ? Entrer en Iran dans un an sera-t-il possible ? Oui c’est se prendre la tête sur des choses inutiles à présent, toujours des questions auxquelles une réponse ne peut être donné. On ne sait même pas quoi ou comment faire cet été. Ce que je sais, c’est que j’ai une semaine de travail qui m’attend et qu’une fois l’on aura des précisions pour les écoles du réseau, j’irai sûrement à Saint-Malo, à défaut de revenir à Beyrouth. Mais pour être en distanciel, nul besoin de me cloisonner dans mon appartement libanais.

Le temps est gris, la journée avance doucement et la nuit trop courte  comme doit l’être un samedi soir célébré dignement.  Un bon repas, une sieste longue et des bande-dessinées. C’est une toute autre lecture que j’apprécie tout autant que les mots de Dumas et des autres. Gunnm, Merlin ou encore XIII, il est de ces histoires fascinantes. Un jeu en famille et un film posé, voilà un programme fort plaisant comme doit l’être un dimanche, le dernier du confinement. D’ailleurs un des premiers endroits où j’irai, sera chez Michel mon libraire spécialisé en BD.

A nous, Demain.

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Crise, latence et BD

3 Mai 2020 , Rédigé par Pereg

Ce dimanche avance déjà bien vite, que je n’ai pas encore pris le temps de jouer de la guitare ni faire ma leçon d’arabe quotidienne, mais si ce n’est pas ce matin, ça sera pour cet après-midi et voilà. Cependant je tiens à finir mon article avant midi pour ne pas rallumer ce pc qui est le mien. La déconnexion des écrans est une de mes volontés les plus chères, surtout avec le temps que je passe à la semaine face à la machine. On fait tous ce que l’on peut durant ce confinement avec le télétravail, mais il n’empêche que je trouve que je passe bien trop d’heures, face à cet ordinateur.

Ce weekend paraît assez morne, entre la bruine matinale, le crachin de midi et l’ondée du soir, on peut dire que la météo n’est guère au rendez-vous. Il faut vraiment passer entre les gouttes pour profiter de la douceur du printemps. Douceur n’est pas tellement le mot actuel je dois dire, plutôt respiration de pollen et d’insectes qui renaissent avec la saison.  Mais de la maison, de mon bureau aménagé pour la période, je suis malgré tout au calme pour faire ce qui doit l’être et ce ne sont pas de mauvaises conditions pour ça. Loin de là, je suis au calme alors que d’autres sont constamment entourés. Je suis dans une pièce seul et certains n’ont pas ce privilège au quotidien. Je fais donc mon travail sereinement même si j’avoue qu’il m’exaspère fortement. Dans le sens ou bien sûr j’ai envie de retrouver ma classe et mes élèves, j’ai envie de voir ces pitchounes et retravailler dans des conditions normales. Mais cela sera-t-il possible avant juillet ? non. Car on ne sait même pas sous quelles modalités on accueillera les enfants à l’école. Si d’aventures ça devait arriver d’ailleurs….

Au Liban, le confinement a été assoupli et le plan en cinq étapes a démarré. Seulement, avec le Ramadan est revenu la crise économique qui a explosé avec une lira dépassant les sommets de raison, à plus de 4OOOll pour un dollar chez les changeurs… Forcément avec une dévaluation monétaire à ce point, il y a directement une  envolée des prix des denrées. Alors bien sûr, je suis loin et donc je n’ai pas à subir tout cela, mais même en y revenant, avec mon salaire versé en euros, je m’en sortirai. Ce qui sera bien plus dur pour mes collègues qui sont payés en livres libanaises et qui peuvent en plus subir cette inflation, voir poindre l’éventualité d’une baisse de salaire. Tout cela est forcément injuste mais c’est malheureusement la réalité libanaise actuelle. Celle où des gens s’immolent de ne pouvoir nourrir leur famille. Celle d’une population qui n’a plus rien à perdre, celle d’un pays endetté et qui ne pourra se sortir seul de cette crise. Ce pays que j’habite et apprécie, je ne sais dans quelle direction il va aller, vers un déclin progressif ou une sortie difficile de crise ? Cette année si forte en émotions avec la révolution, avec la crise et le Covid19, marquera forcément un tournant dans mon travail, ma relation au Liban n’en est pas altérée, mais c’est dur de l’aimer quand il se détruit ainsi, c’est dur de le voir souffrir de cette nomenklatura qui se protège de son peuple. C’est dur de le voir se déchirer entre religions, reprochant aux autres ce que chacun ne fait déjà pas. C’est beau le Liban, Beyrouth est une ville formidable, mais j’ai peur d’un avenir sombre qui me semble inéluctable. J’espère que ce ressenti qui est le mien se verra démenti. Il reste une chose que je sais, je ne me donne qu’un an avant de le quitter pour un ailleurs relatif.

Une année dont je compte profité au maximum, pour continuer à apprendre la lecture et l’écriture de la langue arabe, enseigner dans un autre cycle, avec des tout-petits ou des plus grands, qu’importe, mais changer.  Voir le pays sous ses plus beaux paysages, foncer en deux roues sur l’asphalte du nord au sud. Oui ce pays des cèdres sera bien sur ma peau à la fin de l’été par cet arbre majestueux qui est son symbole. Mais d’ici là, on ne sait toujours pas comment les choses vont se dérouler. Le 11 mai approche comme un jour libérateur en France, mais le sera-t-il vraiment ? Les italiens commenceront ce processus dès demain. Pour autant, je ne rentrerai pas encore au Liban. Tant que les classes à examen n’auront pas fait ce premier pas, nul besoin pour moi de me rendre à Beyrouth. Mais j’espère que je ferai le voyage, ça voudrait dire que l’on retrouvera nos élèves avant l’été. De quelle manière qu’importe, moitié de classe ou tous, on sait forcément que les conditions seront difficiles. Alors on patiente, on est dans une sorte de latence, attendant pour rejoindre cet espace de liberté qui nous tend les bras dans huit jours. On pourra donc faire 100 km, marcher un peu plus loin, courir dans les chemins, mais toujours pas de baignade autorisée.

Ainsi cette mesure ne changera que mon rayon d’action, mais l’évolution sera lente et incertaine. Je me plonge donc dans des histoires pour partir ailleurs, je fais ce pas dans l’imaginaire, à défaut de géographie je voyage en histoires. Je démarre cette semaine un projet BD pour ma classe, je me dis évidemment que j’ai quelques séries ici qui méritent que je m’y replonge, que je retourne voir la Rome antique de Murena, Avalon avec Merlin ou encore  partir dans les paysages du Nord pour Loki. Mes BDs préférées sont à Saint-Malo, dans « mon chez-moi », mais les collections que j’ai ici ne sont pas mauvaises non plus, bien au contraire, c’est une question de choix et la profusion ici aurait de quoi me faire prendre la notion du temps. En attendant de reprendre un livre, les histoires aujourd’hui seront dessinées.

Hoc incipit liber…

Hoc incipit liber…

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Déconfinement et Ramadan

26 Avril 2020 , Rédigé par Pereg

Déconfinement et Ramadan

Première fois que j’emploie réellement ce mot, celui d’une sortie de crise sanitaire, avec tout la mesure qui s’impose. Les dates sont sorties au Liban et l’on a donc la confirmation de la volonté d’une reprise de l’école en fin d’année. 8 juin sur les bancs de l’école. En tout cas c’est ce qui est espéré. Ça voudrait donc dire que je me rendrai au pays des cèdres à cette date-là, dans six semaines. Il y a forcément le temps de voir, déjà si le 25 mai est réellement confirmé avec l’ouverture aux classes à examen. Peut-être que je devrai me rendre avant au Liban ? pour l’heure je me dis que quoi qu’il se passe, j’ai encore quatre semaines à minima ici et si d’aventure ça se prolongeait plus encore, il est probable que j’aille à Saint-Malo. Dans mon pied à terre français, mon ancrage breton estival, la maison que j’ai habité pendant deux ans. On verra comment les choses vont évoluer, mais de toute façon en travaillant à distance, le lieu importe peu mais c’est tellement plus facile que si j’étais confiné à Beyrouth, je ne vois toujours pas la nécessité actuellement d’entreprendre le périple.

Le mois de Ramadan a démarré et les restrictions volontaires que la foi impose d’elle-même. Mais ici, de Vannes, il m’est beaucoup plus difficile de me lancer dans cette aventure que si j’avais été à Beyrouth avec un environnement qui s’y prête. Je ne me marquerai donc pas ce mois comme l’an dernier par un Carême qui m’avait aidé à arrêter de fumer. Même avec cette décision en tête le chemin n’avait pas été des plus simples mais j’avais cependant tenu un mois complet sans alcool sans aucun problème. On pourrait me dire que ça ne ferait pas de mal de recommencer. C’est vrai, cependant comme je l’ai fait l’an dernier et que j’en suis capable, je ne vois pas l’intérêt de renouveler « l’exploit ». Ce n’est pas comme si je faisais un semi-marathon ou une nouvelle performance, non. Certains pourraient penser que la consommation de fin de semaine est bien trop importante et je ne doute pas qu’elle puisse l’être mais quelque part, tel est mon plaisir aussi. Evidemment, la gueule de bois adjacente fait aussi partie du jeu.

Cette semaine était aussi celle de la reprise, de la remise au boulot, fin des congés de printemps et démarrage officiellement de la dernière période. Je n’ai pas trop su pour mes élèves mais il m’a été difficile de m’y remettre, une rentrée après une coupure, qu’elle soit réelle ou virtuelle n’est pas chose aisée. Reprendre le rythme si facilement perdu l’est tout autant. Bien que je me lève toujours tôt le matin, l’astreinte est plus délicate. Mais comme je ne suis pas le seul à travailler ici, ça motive. Dans la semaine qui démarre en revanche, les parents seront en congés et du coup, là, ce sera un peu différent car je serai le seul de la maison. Mais ayant dans l’idée un projet motivant, il me mènera au moins jusqu’à la fin de semaine aisément.

Entre films et séries, il y a toujours de quoi s’occuper le soir, toujours des choses à regarder, d’autres sont plaisants à revoir, surtout que la programmation française même accessible au Liban n’est pas ce qui me passionne le plus initialement. J’avoue que j’ai plaisir à m’asseoir dans le fauteuil pour un moment cinéma, à condition que l’on se soit mis d’accord sur le programme. Avec Netflix, j’étais beaucoup plus sur des séances internationales que là, ces derniers temps, je suis devant la nouvelle vague et le mythique cinéma français. Cinéma qui a ce grain, cette vitalité, cette ferveur que nul autre ne peut provoquer de la même manière. Du capitaine Fracasse à Cyrano, en passant par les papas du dimanche, l’émotion que provoque ces films est immuable. Bien sûr les comédies sont savoureuses aussi, mais la manipulation du côté doux amer est une chose que les français savent très bien faire. Les séries sont également à minima au même niveau, quand on voit des choses comme Baron noir ou Au service de la France, ce sont des programmes dont je ne me lasserai pas.

Je n’oublie pas de lire, avant de revenir dans l’univers de Dumas qui m’enchantera à nouveau bientôt, je suis parti en Ecosse à Murrayfield pour le Grand Slam 1990 avec le flower of Scotland et de braves tartans qui portèrent haut le drapeau bleu. Ce n’est pas n’importe quel match, mais celui-ci revêt une importance pour ce peuple du nord, le dernier Chelem qu’ils ont fait, celui de la victoire sur Tatcher aussi. Bref un transport dans une réalité brute et le tout en langue originale. J’ai ce livre depuis des années, j’avais bien mis six mois à le finir, je mettrai assurément moins de temps cette fois-ci.

Mais cette semaine, j’ai forcément la tête au Liban avec le Ramadan, cette atmosphère me manque, le calme de l’iftar dans les rues, les beignets faits uniquement à cette période, et le comportement des gens qui change aussi. Oui tout ça me manque mais encore une fois, à quoi bon retourner à Beyrouth m’y confiner. Quand ça sera possible, j’irai, mais peut être que ça ne sera peut-être que septembre. Voir les amis, les collègues, les amis, boire des verres chez Torus ou ailleurs, marcher ou courir sur la Corniche. J’ai hâte aussi de remonter à deux roues, promenade dans le ronflement de Volty. Bref ma vie là-bas. Déjà cet été, sans colonie, un canal que je souhaite parcourir, et pour le reste c’est trop indécis pour prendre telle ou telle décision. Il faudra patienter pour découvrir ce qu’il en sera exactement. Mais d’ici là,  il y a aura toujours des histoires pour me faire voyager.

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Mise au vert

19 Avril 2020 , Rédigé par Pereg

Une expression un peu désuète mais qui correspond bien à mon état d’esprit cette semaine, celle d’une semaine loin de la réalité, ou plutôt comme prévue, loin dans les méandres des histoires que je peux lire/voir/suivre/écouter. Oui, même si j’ai ouvert ma boite mail pour répondre à mes élèves et vérifier qu’il ne me restait pas de corrections, je ne voulais pas du tout entendre parler de boulot cette semaine et ce fut fait. Les vacances ont de spécial et de nécessaire d’être une coupure, même durant un moment aussi particulier que le confinement, il est impératif, pour le mental et le moral, de marquer la rupture avec la routine qui se remettra en place dès demain.

Alors cette semaine a permis de varier un peu les plaisirs et j’ai pris le temps de passer en cuisine pour tester des recettes libanaises. Bien sûr qu’à Beyrouth, je n’aurais pas essayer de les cuisiner de cette manière, pouvant avoir accès à tout facilement et pas cher dans le quartier. Mais d’ici, la question et la motivation sont toutes autres, j’avais besoin de ressentir Beyrouth, et quoi de mieux que par les saveurs et le goût si particulier de la cuisine libanaise. J’ai donc choisi des recettes qui me semblaient d’une part accessible pour leur facilité, mais surtout pour les ingrédients à trouver, ce qui n’est pas forcément chose aisée. Ainsi je me suis testé à la Fatteh, Man2ouche, Kebbeh bi sayniyé et les falafels. Hormis les derniers, l’expérience culinaire était plutôt réussie. Bien sûr, tout n’était pas parfait loin sans faut, car tout n’était pas aussi relevé que je l’aurais souhaité, qu’importe, j’ai essayé et je reprendrai le temps de le faire… d’ici la fin du confinement ou plus tard. Le Liban me manque, six mois après le début de la révolution, la crise économique violente, le Covid-19 et la toute la pression bancaire, rien n'est simple là-bas.

Le président de la république française a parlé lundi dernier, prolongeant le confinement au moins jusqu’au 11 mai. Si les conditions le permettent, si les gens respectent, si et si… Forcément  ça questionne, ça intrigue sur de nombreux sujets mais personnellement touché par l’annonce de la réouverture des écoles, le sujet reste sensible. Car effectivement si l’on demande aux gens de retourner travailler, ce qui peut être normal, comme ne pas nous l’imposer non plus ? Après pour ce qui est de cette résolution en France, je suis un peu en porte-à-faux. Ma classe étant à Beyrouth, mais l’idée d’imposer une reprise fait forcément son chemin. Elle peut être cohérente par rapport aux attentes de la société et de la simple garde des enfants, plus que l’apprentissage lui-même. Mais la question est comment faire classe en respectant les règles de distanciation sociale ? Comment imposer à des enfants de respecter ces fameuses règles ? Impossible, c’est juste impossible. Donc ça voudrait dire que l’on exposerait consciemment toute la jeune population avec cette épée de Damoclès, sans parler des enseignants ?

 Je n’ai pas de bonne solution, mais forcément je m’inquiète de voir ce qui adviendra, ici ou ailleurs. Car le cas du Danemark cette semaine avec les possibilités de locaux, d’espaces et d’enseignants qu’ils ont, c’est une autre histoire que mes conditions de travail à Beyrouth. On verra bien et en attendant que l’école réouvre, et/ou que l’on me demande de revenir à Beyrouth, je resterai confiné en Bretagne.

Voilà déjà plus d’un mois que je suis là, plus d’un mois que j’ai retrouvé ma chambre d’adolescent, sans mes posters de cinéma, sans la vieille tapisserie à motifs colorés. Pas de nostalgie mal placée, juste que je me dis que depuis mon retour j’aurais pu faire en sorte que ce confinement soit « utile » . Alors oui j’ai pensé d’abord à faire mon travail, mais cette semaine m’a laissé le temps de la réflexion sur certains aspects de ma vie et j’ai remis des objectifs quotidiens pour que cette période soit « productive ». Ca n’a rien de fou, mais j’ai ressorti la guitare du grenier, j’ai repris l’arabe plus sérieusement, on y ajoute les exercices physiques et de la lecture, et on irait presque vers un mens sana in corpore sano. Presque étant la dose éthylique accordée chaque semaine par plaisir. Quinze minute de chaque étant le minimum et je me dis qu’au bout de trois semaines,  ça fait déjà plus de cinq heures si je m’y tiens. En tout cas, ce sont de petites choses qui peuvent faire passer le temps, et qui font aussi simplement plaisir.

En parlant de lecture, j’avoue que j’ai dévoré Harry Potter en anglais, et depuis je varie un peu plus, entre Antigone, ou des questionnements sur le sport et de la poésie bretonne, je ne sais pas trop ce que j’attaquerai ensuite, mais je sais que je pourrai aussi bien regarder ce que contient ma liseuse si les livres physiques ne me suffisent pas. C’est juste une question de choix. Entre films, séries, lectures et autres, il ne s’agit plus de savoir ce que l’on peut lire, voir etc… Mais plutôt la question du choix. Que désire-t-on dans cette abondance à disposition ? Il faut faire des choix. C’est ainsi que le film en commun que l’on peut faire en famille ici prend toute sa difficulté. En effet, mon répertoire cinéma est le plus fourni de la famille indéniablement et trouver un film que je n’ai pas vu dans ceux que l’on a, et qui me fasse envie, mais à tous aussi, ça peut donner une discussion fort houleuse. Mais on y arrive toujours et c’est le principal.

En plus cette semaine, j’ai reçu des jeux commandés, et la tradition du dimanche après-midi avec un jeu en commun sera respecté. Jouer ensemble, nous le faisons depuis notre plus tendre enfance, les jeux ont évolué, le plaisir est resté. Alors de Just Dance, 7 wonders, un trivial poursuite ou une belote, peu importe, jouer est presque la finalité.

Demain retour au turbin, à nouveau à mon bureau, à nouveau, au loin mais présent. Reverra-t-on les élèves avant septembre, je ne le sais, mais si c’est le cas, j’aurais plaisir à retrouver mes pitchounes malgré tout qu’importe les conditions.

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Vacances

12 Avril 2020 , Rédigé par Pereg

En prenant une perspective un peu plus large, je suis où je devais être. Bon d’accord ça n’a pas de sens car ce midi déjà ça ne marchera plus et pour trois jours ce sera encore valable. Mais le réaliser est forcément particulier. Anniversaire de ma nièce aujourd’hui, on devait tous fêter Pâques en famille à trèfle, tous ensemble pour une chasse aux œufs. Je serai rentré du Liban, hier soir chez mes parents. Mais voilà, chez mes parents j’y suis depuis le 14 mars, et pour je ne sais encore combien de temps, et ce midi nous ne pourrons pas sortir plus loin que le jardin. Ne pas aller voir mon grand-frère et sa famille alors qu’ils se trouvent à 20 km est assez délicat, frustration des moments qui mériteraient d’être fêtés. Mais c’est ainsi et l’on fera un bon repas du dimanche malgré tout, j’ai même acheté un gros œuf kinder à poser dans le jardin. Plaisir coupable de celui que l’on a jamais eu quand on était jeune.

Confinement qui se prolongera au moins deux semaines encore, et pour la suite, ce sont des perspectives que l’on ignore. Munich est annulé, nous n’irons pas en Bavière. C’est normal et la question ne se pose plus d’ailleurs. Combien de temps encore tout cela va durer ? On ne peut vraiment le savoir et je commence à me demander sérieusement si je repasserai à Beyrouth avant septembre. Tout ça semble si loin, mais pourtant j’ai déjà bien fait six semaines de travail à distance, six semaines où mes élèves chacun chez eux ont travaillé. Et moi de même. Alors voir poindre des vacances méritées, j’avoue que j’apprécie de me poser un peu. Ce qui est paradoxal quand on sait que maintenant que l’on passe nos journées face à l’ordinateur pour au moins sept heures par jour. C’est dense, très dense, mais ça répond à la nécessité de la fameuse continuité pédagogique.

Avec le développement d’internet, des moyens de communication que l’on a actuellement c’est donc plus facile d’être en contact les uns avec les autres, mais pour autant, on se retrouve face à un mur, celui de la chaleur sociale, l’émulation du groupe. Et pour des adultes conscients de de leurs capacités c’est bien plus facile à gérer, que pour mes pitchounes qui pour certains ont besoin d’encouragement continuels et de travail de groupe pour avoir confiance et progresser. Le besoin de voir les autres, leurs amis leurs camarades, c’est un biais d’évolution qui actuellement est forcément impossible et pour celles et ceux qui se reposaient sur cette corde, c’est dur de continuer à travailler. Je m’inquiète forcément pour mes élèves. Je les ai quitté un vendredi soir en devant les voir le lendemain, c’était le 28 février. Nous sommes le 12 avril et je sais bien qu’à minima, je ne les verrai pas avant mai. Les reverrai-je d’ailleurs ?

En ce dimanche de Pâques, je me rappelle aussi la Pologne dont c’est le moment le plus important de l’année. Plus que Noël, c’est la date familiale de l’année. Pas de cérémonie publique à Rome, ni ailleurs en Europe d’ailleurs je crois. Je ne sais si ce fut le cas durant la seconde guerre mondiale, mais cette année 2020 sera marquée au fer rouge. Celui d’un confinement qui aura mis le monde à terre, chacun chez lui pour se protéger d’un virus que l’on n’imaginais pas si virulent.  

Tout cela paraît un brin pessimiste, ce que je ne suis pas aujourd’hui. Vendredi, j’ai marché 20 km autour de la maison, je voulais marquer ce début de congés. Je me suis posé un peu depuis pour récupérer mais je recommencerai d’ici dimanche prochain la même chose en courant. En tout cas, j’essayerai. Et puis j’ai découvert par surprise la quatrième saison de Veronica Mars. Je me suis replongé avec délectation dans cette série qui m’a tant plu et marqué à l’époque. Neptune ville noire, Neptune et ses personnages si marqués. Une intrigue bien ficelée et une nuit un peu courte pour un plaisir non dissimulé. A côté, la lecture bat son plein, Harry Potter a toujours été une histoire passionnante, mais lire ainsi en anglais est un bonheur dont je ne me lasse guère et je sais que je vais en profiter au maximum cette semaine. Imagination mon amie, partir en voyage avec toi dans ce monde de sorciers, ou à Westeros, sans la communauté mais jusqu’au Mordor. La fantasy est une amie précieuse.

Bien sûr il y aurait tant de films et de séries que j’aimerais voir, tant à lire, mais la question n’est pas de la quantité, mais le contenu est bien différent. En effet c’est plus délicat actuellement qu’à un autre moment que de se plonger dans des histoires compliquées, prises de tête. On n’a pas la tête à ça, on n’a pas le cœur à ça d’ailleurs non plus. Ce n’est pas un déni de réalité, mais il est important de se protéger mentalement aussi. Ce n’est pas pour autant que je me prive de classiques ou d’inspirations historiques. Ainsi repassait « Rocco e su frateli » de Visconti qui est un film qui compte beaucoup pour moi, mon petit frère a accepté de le voir même s’il n’a pas trouvé ça formidable. Ce soir il y a Barry Lindon. Premier film qui m’a montré le cinéma pour ce qu’il est. Art.

A force d’être éloigné de Beyrouth aussi, certaines odeurs me manquent, le bruit de la ville aussi, le goût des épices. Bien sûr, je ne suis pas à plaindre ici, dans des conditions qui sont loin d’être désagréables, mais mon chez-moi est au loin. La litanie de la langue arabe, les klaxons des voitures, la caresse du soleil sur ma terrasse le matin. Alors que j’ai du temps, je me ferai repartir en cuisine, retrouver la cannelle et le zaatar qui sont de mon quotidien de Zarif.  

Al masih kam.

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Baccalauréat

5 Avril 2020 , Rédigé par Pereg

« Le baccalauréat se passera en contrôle continu ». Cette phrase hautement symbolique lancée par le ministre de l’éducation vendredi sonne le glas d’une année scolaire des plus particulières. Une décision attendue, une décision évidente, mais le choc de la réalisation n’en reste pas moins impressionnant.  Pour la première fois de son histoire, ce n’est pas un examen final qui décidera du sort des futurs étudiants, mais leurs notes de l’année. Ce qui change bien des choses ! Je me mets à la place de celles et ceux qui sont dans des lycée où les exigences sont importantes, où le suivi des notes ne reflète pas forcément la réalité de l’examen, ceux pour qui le dossier aura peut-être un impact négatif, ce ne sera pas facile. 14 dans certains lycées, ça ne vaut pas 12 ailleurs. Bien sûr, cette réalité est connue mais il n’empêche… Si celui que j’ai passé en 2006 l’avait été sous cette forme, les choses auraient été beaucoup plus compliquées pour moi car à l’époque je n’avais pas la moyenne en terminale. Alors qu’à l’examen j’ai eu ma mention. Même si ce n’était que pour aller à la fac, le symbole était important.

La directive est tombée et tous vont devoir s’adapter. Néanmoins cette adaptation révèle aussi un aspect important de cette crise scolaire, les disparités de résultats et de traitement. Je suis enseignant dans des conditions qui me permettent de travailler avec application et de bonne manière. Pas d’enfants à charge, un bureau pour être au calme et une bonne connexion à internet. On me dirait ce que c’est presque un luxe, et ça me permet de faire les choses bien pour mes élèves. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Comment faire si l’on n’a qu’un seul ordinateur dans la famille ? Trois enfants qui courent partout derrière ? Une situation bien différente qui ne permet pas une disponibilité identique. Ce n’est que l’aspect enseignant.

Passons de l’autre côté de l’écran, les parents. Ceux qui sont en télétravail, ceux qui doivent aller au travail, comment peuvent-il s’occuper de suivre les devoirs de leurs enfants ? Un ordinateur dans la famille ou plusieurs, des enfants plus grands à la maison donc prioritaires dans les suivis, et les petits qui doivent se débrouiller avec ce qu’ils ont, ce qu’ils savent. Je ne parle même pas de ceux qui n’ont pas le luxe de se permettre d’avoir un ordinateur à la maison pour le suivi, de ceux qui vivent déjà dans les logements trop petits pour un nombre trop grand. Comment ne pas penser que la fameuse continuité pédagogique, qui au départ est une idée pertinente, ne fait que creuser les écarts entre ceux qui pouvaient déjà avant et qui aujourd’hui ne peuvent que subir de plein fouet cette réalité de crise.

Il en ressort un sentiment de culpabilité, criant, de celui qui ne nous lâche pas en disant que l’on fait au mieux pour nos élèves en difficulté, mais quand on n’arrive même pas à les joindre ? Comment peut-on dire que l’on va évaluer à distance nos classes alors que l’on est à peine rentrer en contact avec plusieurs. Oui l’avenir de nos élèves questionne, mais ce n’est pas tant ce que l’on met en place actuellement que la suite à donner en septembre prochain pour niveler ces inégalités qui sera important, car cette année blanche marquera à sa manière l’enseignement, par le rôle des enseignants, celui des parents et la manière  de distribuer les contenus aux élèves. Je finirai sur ce chapitre par le fait que les notes en confinement ne seront pas prises en compte. Même si cette décision semble légitime, il est problématique de l’annoncer aussi tôt car ainsi le travail des dernières semaines est réduit à néant et si l’école ne reprend pas d’ici juillet, la confirmation de vacances avancées pour les niveaux d’examen se fera d’autant plus pressant. Son propos m’inquiète pour les grandes classes même s’il me sert à dessein pour justifier ma manière de travailler à distance.

Cet évènement particulier du bac m’a ramené au mien, celui que j’ai passé voilà déjà quatorze ans. Mais ce n’est pas tant l’examen que je me rappelle assez bien pour ainsi dire que les personnes de ces années-là. En revoyant les photos du collège ou du lycée, les visages de certains me sont bien revenus en mémoire. Non pas comme un sentiment de nostalgie marqué d’une pierre blanche, mais la réminiscence d’un passé qui surgit. Je revis actuellement dans ma chambre d’adolescent, dans une situation comme il y a 10 ans, à quatre à la maison. Avec un travail du quotidien, et des modalités différentes mais il en reste que ce retour en arrière est particulier. Les souvenirs ont afflué. Ceux des chemins par lesquels je passe pour courir dans la zone autorisée, ceux des amis de l’époque qui vivaient par ici, des moments passés ça et là, à grandir, à se construire dans cette ville que je ne pensais plus habiter.

Après trois semaines ici où tout se passe plutôt bien, le temps suit son cours et ma tête est repartie à Beyrouth. Mais tant que le confinement sera, nul besoin d’y remettre les pieds. Mai, juin ou septembre, je ne sais pas quand j’y retournerai, mais quoiqu’il se passe, j’aurais besoin de m’y retrouver. Oui, comme si ce confinement n’était qu’une ellipse qui ne s’achèvera que lorsque j’aurais retrouvé les rues de Zarif et mon chez-moi. « Ana baddé ktir rou7 alla Beite ». En attendant, je dors encore en Bretagne ce soir.

Par chance et aussi par vouloir....

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Prolongement

29 Mars 2020 , Rédigé par Pereg

Même si c’était une décision attendue, de voir le prolongement de cette quarantaine me fait quelque chose. Me fait quelque chose dans le sens où j’ai ainsi la confirmation que mon séjour vannetais durera au moins quatre semaines. L’air de rien, voilà déjà vingt-huit jours que je ne travaille plus en frontal avec mes élèves. Voilà bien quinze jours que je suis rentré à Vannes. Alors oui, on pourrait me rétorquer à raison que je ne suis pas le plus mal loti, et je ne peux qu’en convenir dans ces circonstances, mais il n’empêche que ça n’est simple pour personne de se retrouver dans cette situation.

La dernière fois que j’ai fait cours de visu à mes élèves nous étions encore en février, l’Italie commençait à s’inquiéter des mesures à prendre et des premiers cas à soigner. Nous n’avions à ce moment-là aucune idée de la crise que nous allions traverser, même si certains avaient déjà tiré la sonnette d’alarme. Peu se faisait une réelle idée de ce qui allait nous tomber dessus. Moi le premier, à l’annonce de la fermeture des écoles, j’en ai profité pour faire un weekend plein de musique, la dernière activité sociale que j’ai réellement pu avoir avant cette pandémie.

Mon métier a réellement changé ces dernières semaines. Plus de tableau blanc sur lequel j’écris la date en arrivant le matin ou la veille en partant. Plus de calendrier à compléter pour les élèves chaque matin en entrant dans la classe, car la classe se fait autrement, à la maison. Et c’est là où le bât blesse. On dira ce que l’on veut mais si les parents ne sont pas en mesure, pas en capacité ou simplement surchargé, la scolarité de leurs enfants en patira. Aucun doute là-dessus. On pourrait aussi me dire que les inonder d’exercices à distances, que d’envoyer des vidéos ne changera rien au fait que l’on augmenter les disparités et que la continuité pédagogique n’est qu’un vain mot. J’aurais tendance à le croire pour certains, mais j’ai la chance d’avoir un suivi réel des parents de mes élèves avec une capacité pour tous à faire ce que je leur propose. J’ai remercié plus d’une fois les parents de mes pitchounes, car sans eux, même avec toute la bonne volonté du monde, je ne pourrai rien faire. D’un autre côté, je sais bien que pour d’autres, prendre du temps chaque jour pour suivre les devoirs des enfants n’est juste pas possible, et donc ainsi, en plus eux-mêmes de travailler, de subir la crise, leurs enfants subissent cette crise de plein fouet avec le retard scolaire qu’ils accumulent. C’est injuste, seulement injuste car on ne travaille pas pour les meilleurs élèves, mais pour ceux qui ont besoin de notre soutien.

Alors à notre retour à l’école, cette année ou la suivante, il y aura un immense travail pour aider ceux qui auront subi, je sais bien que j’adresse ici de jolis mots qui ne tiennent pas forcément compte de la réalité du terrain mais il y a aussi et c’est important, la volonté de tous de faire au mieux. Il y aura un après-covid pour mon métier c’est clair, sous quelle forme, aucune idée, mais savoir que l’on s’est tous formé à utiliser l’outil numérique de cette manière, de rendre une disponibilité beaucoup plus importante que si l’on était sur site, je me demande la forme que prendra l’enseignement après cette crise… Peut-être que la reconnaissance sera plus importante, peut-être que l’opinion d’une majorité comme des politiques sera positive, qu’en sais-je et qu’importe, je me dis juste que ce n’est pas mon métier d’être devant un ordinateur toute la journée. Devant une classe d’élèves qui ont envie d’apprendre, de parler de nouveau son, de hauteur en musique, de diagonales, de faire de la peinture, ou de la natation. Oui mon métier est humain, avec des enfants et c’est ce qui me manque le plus, d’être simplement avec eux.

Cette quarantaine forcée en famille pourrait être difficile mais après plus de dix jours passés ensemble je me dis que c’est plutôt une réussite pour l’instant. Planning des repas, répartition concrète des tâches à effectuer, participation de tous à la vie de la maison. Ça n’a l’air de rien, mais pour le rigoriste que je peux être de temps en temps, ou le toqué selon les points de vue. Ce sont des choses clairement nécessaires. L’organisation, la planification m’a toujours rassuré et permis d’être à l’aise, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’y a pas de changements. Mais déjà avoir une idée sur le papier est quelque part, vitale. Oui il y a du chamboulement, des imprévus, mais à l’heure où le monde ne tourne plus vraiment rond, ces choses-là me sont précieuses. Je ne parle que de moi pourtant on vit bien à quatre. C’est celui-là le plus grand changement, se retrouver à manger tous ensemble midi et soir à heures fixes, lâcher téléphone et ordinateurs bien plus que je ne le ferais seul. Je n’y étais plus vraiment habitué et ça n’est pas un mal. On peut se rappeler ainsi ce qui est important, ce qui est appréciable, là où les valeurs se retrouvent, s’exposent de plein sens à chacun, à moi le premier. Parler de mon quotidien très routinier n’est pas ce qui me tente le plus, ni le plus intéressant à présent. Parler de mes vidéos ou de mes corrections ? Non. Parler de mes visios entre amis ou avec les trèfles ? Non

Alors que cette crise sanitaire se prolonge, qu’elle n’a pas encore frappé la Bretagne de plein fouet, je réfléchis à la suite qui sera la mienne. Continuer à écrire en Orient alors que je suis à Vannes pour encore quelques temps ? Des questions me viennent en tête, notamment celle de mon retour « chez-moi » ? Beyrouth est loin, si loin à présent. Dans ces circonstances, je ne me plains pas de ne pas y résider, mais j’aimerais retrouver « Beite bi Beirut, Behebbakt ktir ya Lubnan ».  Le temps amènera les réponses à mes questions en attendant je me replonge dans Harry Potter en anglais, dans The Newsroom, dans un weekend bien mérité.

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Enterrement & confinement

22 Mars 2020 , Rédigé par Pereg

Si l’on m’ait dit voilà trois semaines que les choses auraient tourné de cette manière, je n’aurais pu le croire. Impossible d’envisager de télétravailler sur du long terme, impossible d’imaginer un retour à Vannes pour une durée indéterminée.

Mais tout cela est bien officiel et bien réel. Les circonstances ont évolué, au Liban comme en France. Le cas chinois nous paraissaient lointain en février, on se disait que ce virus n’était rien, moi le premier d’ailleurs. Je l’imaginais facilement évitable. Mais voilà, quand l’Iran et l’Italie ont été touchés, sévèrement, ce n’était plus si lointain et des mesures concrètes apparaissaient. Mais toujours avec une relative légèreté. Oui je vais travailler de la maison, ce n’est pas la mort, oui ça ne va durer que quinze jours… mais non. Les choses ont basculé personnellement dès lors que j’ai eu, à ma grande surprise l’autorisation de rentrer en France le 13 mars au soir.

Un pressentiment de Manu qui me disait de rentrer, je n’ai pas hésité à demander. A ma grande surprise, l’autorisation m’a été accordé. 20h30 ce vendredi-là, je me revois encore recevoir cet appel de mon directeur alors que je tournais déjà en rond dans mon appartement. Validé jusqu’au 21 mars, avec une quarantaine de quinze jours obligatoire à mon retour. Qu’importe. 21h30 j’étais à l’aéroport, à 1h du matin j’étais dans l’avion. Le pressentiment s’était avéré juste, grand-père n’avait pas passé la nuit. J’ai couru dans Roissy pour être sur le train de 6h52, mais il m’a manqué 10 minutes à l’arrivée. Alors posé à la Brioche Dorée, au-dessus de la gare TGV, quand j’ai eu mon père au téléphone, m’annonçant la nouvelle que j’appréhendais.

C’est con la douleur quand on est seul dans un lieu public. Entouré de plein de gens qui passent et à qui l’on ne peut pas parler. C’est dur de ne pouvoir se montrer fébrile devant une foule inconnue, pourtant c’est bien ce que j’ai fait. Sans hurler aux harpies, sans entonner de louanges, le visage mû par une douleur que j’attendais, les larmes à nouveau se refusaient à mes yeux. Personne ne m’a adressé la parole, on détourne facilement le regard d’une personne triste quand on la croise dans la rue. J’ai souvent fait de même mais là c’était moi le clampin. J’ai donc pris le train pour rentrer en Bretagne.

Déjà les premières mesures en France avaient été prises. Les écoles fermées pour quinze jours, demandée réïtérée aux gens de travailler de leur domicile, d’éviter de sortir, de réduire les rassemblements à 100 personnes maximum. Pour l’heure je ne m’en inquiétais pas, j’avais juste hâte de retrouver les miens. Passage par la gare de Nantes en venant de Roissy, Redon puis Vannes, un trajet assez long mais le principal n’était pas là. Je voulais simplement arrivé. 14h sur ce quai de gare que je connais si bien, que j’ai arpenté dans tous les sens. Voir la famille a ceci de réconfortant qu’elle se rappelle à vous d’une manière importante. Quand nécessité fait loi, se retrouver parmi les siens apporte un soutien que nul ne saurait remplacer. 

Ainsi en voyant les miens, les choses n’étaient pas moins douloureuses, mais plus acceptables quand on le vit ensemble. C’est ça la force de la famille, celle qui te propulse vers de plus hautes sphères et qui t’empêche de t’effondrer. J’ai toujours envisagé la mienne de cette manière, même si je la fuis souvent, ce n’est que pour y revenir quand l’essentiel est là.  Alors entre voir les pitchounes, revenir à Guiscaër, aller au funérarium, c’était juste fondamental. Je me suis demandé récemment comment j’aurais pu vivre de tels évènements de Beyrouth. Mais la réponse est simple, mal.

Lundi, alors que je travaillais de chez les parents, la pression commençait à monter pour deux choses, l’enterrement du lendemain, mais aussi l’annonce que le président de la République allait parler à la télévision le soir-même. La question n’était plus de savoir ce qu’il allait annoncer, mais à partir de quand. 20h précises, il démarrait, état d’urgence à midi le lendemain. Ce que nous redoutions arrivait. L’enterrement ayant lieu à 14h30, on ne savait pas ce qu’il en était. Nous étions déjà à Kerven avec les Broustaux. Une soirée de discussion, de présence, pour une telle épreuve, nous en avions besoin.

Alors quand on nous a confirmé que le cercueil passerait dans l’église et qu’il y aurait une cérémonie à l’extérieur. Nous avions le nécessaire. 13h au funérarium, revoir une dernière fois ce visage figé qui serait bientôt caché dans le bois. Toute la famille arrivait au fur et à mesure, et les arrières qui jouaient devant, sans trop comprendre pourquoi papi et mamie étaient tristes. La douleur du départ est difficile à expliquer à une personne qui n’a pas votre ressenti. Ce n’est pas montrer que l’on pleure, mais parler à une personne qui ne connaît pas un défunt qui nous est cher, n’est jamais facile, on ne peut qu’être empathique mais dur est de se mettre à sa place.  

Alors arrivé à l’église, donnant la main à mon neveu, sur l’Amazing Grace, j’ai craqué. D’ailleurs rien que de l’écrire à nouveau, mes yeux sont embués. Une belle cérémonie, juste devant l’Eglise, sous le soleil de Guilligomarc’h. C’est ce que l’ont s’est tous dit à postériori. Que cette cérémonie était la nôtre, seulement la nôtre. Homme public qu’il était, une foule nombreuse serait venue dans d’autres circonstances. Ici, la famille en rang serré pour pleurer le départ de celui qui en fut le point de départ, le rassemblement, le roc.

Quelques mots lus de la part de ma génération, avec un membre de chaque famille de la Tribu, la rédaction d’un mot à vingt n’est jamais évident, mais l’exercice a été réussi par la gestion de ma grande cousine. « O Rouanez Karet An Arvor » clôturait, et de nouvelles larmes coulaient. La musique a toujours été fondamentale quand il s’agit de permettre aux sentiments de s’exprimer quand les mots ne peuvent le faire. Procession vers le cimetière pour un ultime hommage. Le plus difficile de tous, on le savait, cette journée ne pouvait finir sans son « étoile des neiges ». Impossible pour moi d’aligner trois mots sur la chanson. Trop difficile, trop d’émotions, le flot n’était pas tari. Mais l’Adieu était bien là.

Retour à Guiscaër pour un dernier rassemblement avant le début de notre confinement. Dernières paroles en groupe, profitant du soleil qui ne nous avait pas quitté. On rentrait à la nuit tombée pour se cloitrer. Non pas une entrée dans les ordres mais bien un retour à Vannes pour une durée indéterminée.

J’en ai eu la confirmation mercredi matin par un mail du proviseur. Je me doutais bien que je resterai ici jusqu’à date ultérieure, mais la confirmation officielle était importante. A présent que la France tourne au ralenti, je suis chez les parents jusqu’à je ne sais quand. Compte-tenu des circonstances, je suis soulagé d’être rentré, car la quarantaine aurait été vraiment moins supportable dans mon appartement beyrouthin. De plus, j’ai appris le confinement total du Liban de la même manière avec un exode de la ville vers la campagne, ça aurait été un isolement vraiment compliqué.

J’ai à nouveau un peu de chance dans mon malheur, car je suis rentré à la maison. La maison de mon enfance, de ma vie d’adolescent, après plus de dix ans sans y avoir réellement habité, ce n’est pas si déplaisant et c’est à nouveau un peu plus chez-moi. Surtout quand les choses sont bien faites, car étant à 4 à nouveau, il y a des règles à devoir respecter. Mais entre adultes réfléchis tout se passera au mieux.

A l’heure où j’écris ces derniers mots, dimanche matin, ce qui en deviendrait presque une habitude, les premiers jours se sont bien passés. On a fait des plannings de repas, de tâches, et je ne suis pas le plus corvéable, la bonne volonté de tous sera nécessaire pour que tout se passe au mieux, mais je ne doute pas que l’on s’en sortira. A présent, qu’une nouvelle semaine démarre, celle d’une routine que l’on a commencé à acquérir. Les jours vont passer et l’on ne sait combien de temps çà va durer… Ici à Vannes, et on peut dire que ça va.

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Vendredi 6 mars 2020

8 Mars 2020 , Rédigé par Pereg

mon passage...

mon passage...

Il est de ces journées qui vous marquent dans une vie, symboliquement ou humainement, un jour où l’ordinaire est rejoint par un fait non pas extraordinaire, mais singulier. Ce vendredi était un de ces jours pour moi. J’ai eu mon permis moto. Oui vous me direz, d’accord, quoi de spécifique hormis la réalisation d’une volonté tombée ce jour précisément. Rien et tout à la fois. En effet, j’ai toujours eu certaines dates, certains jours qui me sont restés en tête. Du 17 février 2006 avec le permis voiture, au 9 août 2013 pour le permis bateau. Le 23 de cette même année pour l’arrivée de Brunhilde. Il y a des moments singuliers qui comptent pour moi, pas besoin d’en faire étalage ici. Alors si l’on peut effectivement dire que c’est bien mais que ça n’a rien de spécial, je suis assez d’accord. Cependant dans mon cas, c’est déjà quelque chose, d’autres viendront d’ajouter ultérieurement sur d’autres plans. Alors en ce huit mars où je rédige mon article hebdomadaire, journée internationale des femmes, je ne ferai pas l’affront de partir sur cette thématique même si évidemment, j’ai cette idée bien en tête, et pour tous les autres jours aussi.

Une semaine de travail à la maison ce n’est jamais très simple à gérer, travailler à distance n’est pas ce que je peux faire de mieux, surtout dans un métier où la transmission est reine. Comment faire pour expliquer à distance, sans avoir la certitude que le public comprenne, sans savoir si mes élèves par leurs regards ou leurs attitudes vont me faire comprendre qu’ils apprennent, qu’ils avancent. On s’est donc lancé dans des révisions, tant en français qu’en mathématiques, de la lecture, un peu de dictée et d’étude de la langue, on y ajoute du calcul mental et quelques opérations et il y a de quoi travailler une heure par jour. Mais faire plus, faire mieux, est-ce vraiment possible ? Si l’école a été rendu obligatoire, si elle est le lieu de rencontre entre les élèves et les enseignants c’est aussi que l’on ne peut pas tout faire face à un écran. Le savoir pour les plus grands peut s’acquérir par ce biais j’en suis sûr, moi-même me formant sur certains domaines de cette manière. Mais pour mes pitchounes de 7/8 ans, pour eux qui ont besoin de nous voir pour apprendre, pour nous qui avons besoin de leur présence pour leur enseigner. Il n’y a que des difficultés à résoudre dans cette obligation de cloisonnement en espérant que ce ne soit pas trop long. On s’organise donc comme on peut. Si d’aventure  ça se prolonge encore, une semaine, deux  ou trois même, nul ne le sait, on devra réellement repenser ce travail qui est le nôtre. La valeur singulière de cette transmission, de ce lien de confiance, de ce lien d’affection, il faudra l’envisager autrement. L’adaptation est déjà une clé du professorat et dans cette crise du Covid-19, elle est une clé pour trouver notre diapason.

Malgré la propagation du virus au Liban, 28 cas recensés actuellement, cette semaine s’est déroulée sans trop d’accroc. Une fois le travail envoyé aux parents en début de semaine, j’ai eu donc le loisir d’investir le temps libre qui m’était offert. Tout d’abord je suis retourné comme prévu à la salle de sport, trois fois par semaine, rythme de croisière qui est le mien avec un renforcement musculaire du haut du corps. J’en ressens le besoin donc je m’y mets et on verra si sur du long terme ce travail sera vraiment profitable. De plus, l’institut français avec mes cours d’arabe maintenus confirmait une routine de travail sur cette langue qui est celle de mon environnement. Je sais bien que je ne le parle pas d’une manière extraordinaire, mais ma compréhension du libanais est vraiment plus nette, les efforts seront poursuivis en ce sens. Il n’en reste pas moins que l’alphabet arabe me reste difficile et ce sera vraiment le gros point de travail personnel à partir d’avril. J’ai la chance de me trouver dans un pays avec cet alphabet, ne pas l’apprendre serait une bêtise, je ferai donc ce qu’il faut pour ça. 

Une petite sortie tous les soirs pour x raisons, voilà qui complétait un programme qui se révéla plus chargé que prévu, mais en tout cas, des plus plaisants il est vrai. Chaque matin, petite sortie à Biel pour un entrainement à moto en vue du permis, puis avancement dans la lecture des Misérables. Ces faits peuvent paraître clairement distincts mais ils sont à mes yeux sensiblement liés. En effet, après la Thaïlande où j’avais vu les deux premiers des cinq tomes, j’ai redémarré au Népal en me disant, cette fois-ci, tu iras au bout. En rentrant cette motivation m’est restée, je voulais achever ce roman, je voulais finir cette histoire que je connaissais déjà bien par les musicals mais aussi les différentes versions que j’ai pu voir. Alors lire en début de semaine la mort de Gavroche après celle d’Eponine, c’était déjà quelque chose.

Arriva donc ce vendredi, celui de l’espérance, d’un programme démarré en octobre dernier par mes premières leçons de moto, de l’échec du 29 janvier avec le Tank. Mais ce vendredi n’a pas tourné de la même manière. Réveil à 5h20, on m’attendait à 5H30 devant le bâtiment. Arrivé à Dékouané pour 6h et l’on s’entrainait déjà un peu. Déjà, on s’est rendu compte que la dernière fois, nous n’avions pas fait le bon parcours, en effet les marques jaunes au lieu des marques blanches au sol, ce qui ajoutait bien sûr de la difficulté. Mais au fond qu’importe, l’essentiel était de réussir ce jour. 7h10 on file chercher le dossier dans la salle où les gens répondent aux questions. J’avais eu 30/30, pas besoin de les repasser. En revenant sur le parking, le stress montait un peu mais on avait réussi, et la moto était bien plus aisée et maniable que le tank que l’on avait eu. Oui ce n’était qu’un slalom à faire aller-retour sans poser le pied au sol avec un demi-tour, mais sur ce parking, entouré de libanais, parlant tous en arabe, quand l’inspecteur te demande de ne pas mettre ton casque, on est vraiment dans un autre monde et cette expérience à nulle autre pareille est mienne. Françoise passée en première, elle m’a transmis le bébé. On me fait signe, et je me lance. Aller-retour, validé… Mais non l’inspecteur me répète « aid » recommence… Oui il n’avait pas regardé le premier passage. Déjà que j’étais fébrile, j’étais surtout blasé, car échoué après avoir fait ce qui était demandé aurait été des plus frustrants. Mais non, ce jour était une belle journée et le parcours fut validé. Je sautais de joie et sur ma camarade avec qui j’ai vécu cette aventure de bout en bout. Un soulagement, on avait bossé pour ça, s’entrainer, s’appliquer, revenir, non ce n’était pas simple, mais fait à présent. C’est tout ce qui comptait finalement. On pourra me dire que c’est bien plus facile qu’en France et c’est vrai, ça n’en reste pas moins une épreuve, et elle fut réussie, en deux fois.

Neuf heures sonnaient et j’étais rentré à la maison, prêt à bondir et sortir de la ville pour cette grise journée au niveau de la météo. Peu m’importait. Alors j’ai eu le plaisir de découvrir de nouveau endroits que je n’avais encore jamais exploré. Des grottes de Jeita aux ruines romaines d’Afqra, des grottes minérales magnifiques aux vestiges phéniciens et grecs, je ne pouvais que contempler un peu plus ce pays qui est le mien actuellement, et ce lien était devenu encore plus fort. Même si la météo était horrible, pluie, brouillard, vents, je m’en moquais, car cette journée était mienne. Mon second plaisir de ce jour était d’achever ce roman d’Hugo. Ce qui fut fait sur les coups de 13h, par la visite de la tombe de Jean Valjean. Seconde réalisation de la journée, celle qui marquait la fin non pas d’un échec, mais d’un quête littéraire achevée. Quand on a mis autant de temps à finir à livre, sans me forcer malgré les trop longues descriptions, c’est quand même quelque chose.

Alors oui un vendredi intense, moto, lecture et visites, les autres jours se suivent et se ressemblent, car les mots sont une source de bonheur qui ne se tarie jamais. Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, j’irai vibrer à Murrayfield, je planerai sur Hyrule, tout comme je marcherai dans Beyrouth. Demain, fête des profs au Liban, cette journée aura forcément une saveur particulière par le contexte, mais une chose est sûre, je continuerai de m’attendre à l’inattendu.

fin.

fin.

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Musique, Coronavirus et féminisme

1 Mars 2020 , Rédigé par Pereg

Beirut and Beyond

Beirut and Beyond

Penser avoir une semaine au calme, où tout se déroule normalement est un élément de langage au Liban. En effet, rares ont été les fois où j’ai pu démarrer un article en disant que la semaine s’était déroulée sans accroc, sans anecdote ou sans fait particulier. Cette semaine de reprise en prenait presque le chemin malgré un travail supposé hier samedi 29 février. Je dis bien supposé car effectivement tout a bien changé depuis, clairement changé. Si bien que moi souhaitait initialement prendre un fait extérieur et en disserter, je me retrouve simplement à commenter mon actualité déjà bien trop remplie.

La reprise mardi matin s’est faite dans un calme relatif, toujours la tête dans les montagnes de l’Himalaya, je n’en étais pas moins ravi de retrouver mes pitchounes pour m’y remettre jusqu’en avril. Ce qui me gênait un peu plus était le court weekend à venir, devant travailler samedi matin. Bien sûr, je ne me suis pas privé de sortir tous les soirs. Oui, tous. Pour un verre, un match, du théâtre, mais aussi et surtout de la musique. Bon d’accord je dois avouer que je suis complètement passé à côté de la nouvelle sur les réseaux sociaux, de ce festival musical qui allait rythmé mon weekend. Ce qui m’importait au départ, c’était que Charlie, my fellow, rentrait vers le Royaume-Uni.

C’est ainsi qu’après un match de Champion-League qui a vu Lyon s’imposer, une performance théâtrale dans laquelle je ne suis pas rentré, je sortais vendredi soir avec l’idée de revenir comme Cendrillon. Oui, samedi matin 7h30, le lycée accueillait un nouveau samedi de rattrapage. Cependant alors que j’arrivais à Zoukak, lieu de rendez-vous inital pour le weekend, je découvris que le festival Beirut and Beyond s’ouvrait ce soir-là dans ce même lieu, et que le lendemain, la ville serait habitée de scènes musiques aussi diverses que variées.

BACHAR MAR-KHALIFÉ   TONI GEITANI     TAREK YAMANI / LILIANE CHLELA

Pour une première soirée, entre rock, voix lunaire sur fond de son électronique, et un piano jazzy complètement dissonant. La musique n’a de cesse d’étonner, de s’inventer, de se créer, de se montrer et cette scène offerte à des artistes locaux bouillonnants, est un vrai plaisir d’expérience. Durant le second concert, un message est tombé comme quoi, après un accord entre le ministère de l’éducation et celui de la santé, par prévention, « tous les établissements scolaires seront fermés jusqu’au 8 mars ». Voilà, le couperet était tombé. Obligation de rester à la maison pour une semaine. Ainsi la Cendrillon que je devais être se trouvait libérer de ses obligations de sommeil et pris le parti de prendre une nouvelle bière pour profiter de cette soirée qui s’annonçait plus longue que prévue. Rentré effectivement bien plus tard, je n’en étais pas moins ravi de ce temps qui m’était offert sur le weekend, moins pour les jours à venir où l’organisation sera à voir en fonction des attentes, mais ça sera pour demain lundi.

Sitôt levé, je découvrais avec un dégoût assez violent le palmarès des Césars, académie qui déjà dans sa grande mansuétude avait eu le bonheur de nommé Polanski comme meilleur réalisateur, je ne pensais pas qu’il aurait été couronné. Mais si, la statuette de la meilleure réalisation. Je pense sincèrement avec les affaires qui lui collent à la peau, que ce prix est un affront à toutes les victimes potentiels, mais c’est surtout montrer combien notre chère nation des Lumières, s’est éteint un peu plus quand il s’agit de relents de misogynie, alors que dans le monde entier, les barrières de ce côté tombe. Ce qui tombe bien avec ce weekend un festival féministe à l’Institut français de Beyrouth. Conférences, projections, scènes artistiques, un weekend décidément bien calé sous les projecteurs culturels. J’irai donc en fin de journée écouter la conférence sur « homme et féminisme, un engagement improbable ? ». Le thème me correspond bien. Je m’affirme de plus en plus être féminisme, ou pro-féministe suivant comment on voit les choses, ne serait-ce que pour une équité qui ne devrait pas être quémandée, mais due. J’espère que la conférence sera intéressante. Je me délecte néanmoins ici d’avoir vu sacrés deux personnalités du cinéma que j’apprécie énormément, tant pour leur talent que leur filmographie toujours soignée, Roschdy Zem et Anais Demoustier.

J’en reviens donc à mon samedi qui après un goût amer, m’apportait une touche sucrée, ou plutôt zen pour une expérience que je n’avais encore jamais faite, celle d’un spa. On m’avait offert avec bonheur pour mon anniversaire un soin à réaliser dans un institut, massage, sauna, jacuzzi et bain marocain. Pour ne pas rester idiot et apprécié l’expérience, j’y suis donc allé en début d’après-midi au niveau de l’hôtel Riviera. Pour commencer un massage du corps. Lâcher prise n’est pas un vain mot , c’est quelque chose qui peut sembler facile pour beaucoup mais qui me confirme à quel point la tâche peut être ardue personnellement. Mais soit, je me suis laissé aller, et j’ai profité. Pierres chaudes et exfoliantes ne sont pas trop mon délire, mais pour le reste c’était royal. Surtout le Sauna ou dans cette chaleur suffocante ton esprit dérive sur des continents lointains, d’une pensée qui n’a de cesse de voyager, pour tout bonnement, se laisser aller. J’en sortais détendu, calme et serein. De quoi envisager pleinement le programme d’un samedi bien occupé.

Sur les coups de 17h, je partais doucement vers Mar Mikhail, Diane m’avait invité pour le thé, et ainsi voir où elle allait déménagé. On a discuté un peu calmement et c’était tout ce qu’il fallait. J’ai rejoint Hadi, Kate et Tommy chez ce dernier, le match de Liverpool allait commencer et la pizza arrivée. Parfait n’est-il pas. On est parti à la mi-temps sans que le score évolue et ce n’était pas plus mal car la suite avait de quoi attristé notre fan absolu des reds, une première défaite de la saison. On est donc allé à Métro al Médina pour voir des groupes, dont Hadi avait déjà entendu parlé. C’était vraiment la bonne idée car après un groupe arménien, Gizzmo, on a eu une polyphonie libanaise de toute beauté, deux femmes un homme, mais aussi de l’éclectisme et chaque morceau s’illustrait d’une couleur différente, un pur joyau, un groupe que j’aurais plaisir à suivre et retrouvé sur scène, ZEID HAMDAN. Je ne fais pas souvent des compliments aussi laudatifs mais j’ai vraiment été transporté. Après avoir été rejoint par Chloé et Sahar durant la performance, la question de la suite se posait. Troisième concert au même endroit ou aller découvrir le Ballroom Blitz. Oui, une boite, mais c’était l’occasion où jamais de rentrer dans ce lieu qui m’était aussi jusqu’à lors inconnu. Je n’aime pas ces ambiances mais pour des concerts, tout peut-être différent. On a donc eu sur scène the Bunny Tyler, Coldwave saturée qui n’était pas sans me rappeler Joy Division et la transe que cette musique me donne. Il était déjà l’heure de rentrer après en avoir eu plein les oreilles. Ce festival que je n’attendais plus, on m’en avait parlé bien avant, mais je ne regrette en rien d’y avoir fait ce saut dans l’inconnu musicale libanaise, qui m’a offert cette vibration qui me plait tant, la musique.

Alors que je termine mon article  et que la faim ne me guette toujours pas, je me dis que la journée  au calme tout d’abord, pourra peut être me réserver d’autres surprises.

en exploration près de chez-moi lundi, une phrase peu banale...

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