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Vacances, Jument de michao et raclette

20 Décembre 2020 , Rédigé par Pereg

Dimanche après-midi devant Korra, je l’ai fait découvrir à mon coloc et du coup on se fait une session de rattrapage intensif. Les épisodes s’enchainent toujours si facilement… Mais ce dernier dimanche libanais de l’année, le premier des vacances, le repos est absolument nécessaire pour faire les choses de bonnes manières, et après une semaine si intense, c’était devenu indispensable.

Pour les enfants aussi l’école assez épuisante. Ils ne sont qu’un jour sur deux en classe, mais déjà la nécessité de se reposer s’est fait sentir. Particulièrement avec l’arrivée de Noël. L’esprit de Noël n’a jamais été trop le mien, mais je ne ressens pas Noël de la même manière ici qu’en France. J’ai donc rendu les bulletins comme prévu en temps et en heures, et je m’octroie le droit de ne rien faire avec le 2 janvier à présent. Ce sont les vacances aussi pour moi, Noël ou pas. Cependant les libanais ne font jamais les choses à moitié, entre le sapin à la place Sassine, la galerie Patchi, les concerts. Car avoir le plaisir du chant d’un contre-ténor en livre n’est pas chose si aisé. Ce n’est pas réellement ma tasse de thé, mais au moins j’ai essayé. L’ambiance s’y prêtait totalement mais je ne le referai pas.

C’est vrai que comparer à ce qui se passe en France, on a de la chance de pouvoir faire plus de choses ici, car oui les commerces sont ouverts,  mais également les restaurants ou les bars. Alors du coup, on peut avoir le plaisir d’aller dîner en extérieur. Dans le monde d’avant, c’était une évidence, une habitude je dirai même. Mais au temps du COVID, c’est bien autre chose, une rareté, une exception quand on voit ce qui se passe en France. La chanson « pas essentiel » de grand corps malade le reflète parfaitement. J’ai pu aller trois fois à la salle de sport cette semaine, au bar avec des amis, et bien sûr au marché de Noël. Ce qui est plutôt mignon mais qui donne une couleur assez particulière à la capitale libanaise.

Un plaisir assez particulier fut le retour de soirée de vendredi soir, après être sorti raisonnablement, il y avait mes colocs et des amis à eux. On a bien discuté et je ne sais pas comment, on en est venu à parler de la musique bretonne, je le fais peut-être un peu trop d’ailleurs. En tout cas, il se trouve qu’un syrien  qui ne parle pas français connait par cœur la jument de Michao, ça je ne pouvais l’inventer. Ce gars m’a refait en la chantant avec moi. Je n’y aurais pas cru si on me l’avait dit. Mais c’est aussi ça le plaisir du partage et des rencontres, tomber sur des gens étonnants, avec des choses étonnantes à dire.

Samedi fut plus conventionnel, mais pas moins plaisant assurément, car nous avons fait une raclette (merci Marc pour l’appareil) chez Cédric et Zarif. C’était franchement un bon moment, on a bien ri, bien dansé, et surtout bien mangé. A mon retour à la coloc, j’ai enchainé avec les gars et la soirée s’est finie bien plus tard que prévu. C’est aussi ce que j’apprécie dans cet appartement, la simplicité avec laquelle les choses se font entre nous. Pas de chichi, juste un fonctionnement évident. Ce n’est pas ma première expérience de colocation, mais celle-ci va être riche assurément.

Pour mon retour en France demain matin, j’ai du passer un petit test PCR à nouveau, rien de fou, on s’y habituerai presque. J’avoue que cette année, l’envie de rentrer est forte et il me tarde d’arriver à Vannes demain soir si tout se passe bien et vider cette valise pleine qui est la mienne. La grande différence avec les années précédentes où je ramenais le plus de choses possibles au Liban, cette année en revanche, tout ce que j’envoie en Bretagne, devra y rester. C’est tout bête mais je n’ai que deux bagages à disposition en juillet prochain pour rentrer, je dois faire en sorte de tout ramener par ce biais. Bien sûr plein de choses resteront ici, mais je n’oublie pas que je n’aurais à ma disposition que ce total-ci, et rien de plus.

Alors que maintenant tout est prêt, il me reste juste à aller prendre un peu l’air, le soleil décliner et ma petite Noura a besoin de rugir, je vais donc aller me promener un peu sur ma belle moto. Bonnes vacances, et passez tous de bonnes fêtes de fin d’année !

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Colocation 2.0

13 Décembre 2020 , Rédigé par Pereg

Une petite perspective de ma nouvelle chambre.

Une petite perspective de ma nouvelle chambre.

Dimanche soir, dans le canapé de ma nouvelle colocation, un match de foot en fond, on ne change pas les habitudes et le calme qui m’entoure est fort plaisant. Je suis arrivé ici vendredi soir et déjà je sais que les choses vont bien se passer. Il y a des évidences qui sont fort plaisantes, et ma venue dans cet appartement en est une. Rien que pour le weekend que je viens de passer, je sais que ce déménagement est le bon choix.

Cette semaine de travail fut une fois encore fort intense, le début d’habitude prises avec l’enseignement hybride que nous faisons en classe actuellement permet de mieux le préparer, mais qu’en sera-t-il en janvier sur le travail ? Voilà donc une projection que je ne ferai pas et attendrai janvier pour m’y remettre après vendredi. Car oui, comme beaucoup, je sature un peu du boulot sous sa forme actuelle. On en est tous là, entre les évaluations, le devenir élève des pitchounes, les réunions et les visioconférences, on ne peut être pleinement satisfait. En revanche, il y a clairement un mieux à les avoir à l’école. Il y a des progrès et même masqué, on retrouve peu à peu l’enseignement qui était le nôtre. Même si la pause de fin d’année est nécessaire, elle peut être néfaste pour le travail des enfants dont la courbe de progression sera stoppée. Nous verrons en janvier comment les choses évolueront, s’ils reviendront à l’école ou pas. Ces petits groupes auxquels nous n’étions pas habitué il y a encore un an sont devenus la norme. Le travail à distance un outil indispensable de l’enseignement actuel. Ma pratique pédagogique ayant une évolution si particulière que je n’ai plus l’impression de faire le même travail qu’à mon arrivée au Liban. On verra donc la suite, mais j’y pense forcément. Comment vais-je enseigner dans le futur ? Les outils numériques seront-ils nécessaires et obligatoires ? Certaines réponses sont évidentes, d’autres moins.

Le déconfinement libanais et son ouverture permettent des choses interdites en France et qui font mon quotidien un truc un peu plus sympa que celui auquel on peut prétendre en Bretagne. Les petites sorties quotidiennes, la salle de sport, après le concert de la semaine dernières, ce sont des choses dont j’aurais du mal à me passer. Pouvoir en profiter est une chance et je le sais, je ne la laisse donc pas passer.

Mon déménagement va me permettre plus de choses encore. En effet, en venant signer le contrat mardi soir à la colocation. J’ai rencontré Marc et Fady avec qui j’allais vivre. On a beau dire mais rien qu’en les rencontrant, j’ai su que les choses allaient bien se passer. Un bon feeling est passé directement. Je suis revenu vendredi soir avec mes affaires dans la voiture de Fehmi. Tout est passé, comme quoi avec un peu d’organisation, on peut tout faire. Une fois dans ma chambre, j’ai découvert des petits défaut, mais surtout mon balcon perso, ma salle de bain perso, et ce grand lit qui est le mien. Ce changement est radical par rapport à ma colocation précédente. Mais le plus important de tous, ce sont les rapports que j’ai avec les gars, on est sur une même ligne, une équité pleine et entière entre nous, ce que je n’avais pas avec Abed. On est allé boire un verre vers 21h à Hamra et je sens qu’à présent, je sortirai de plus en plus dans ce quartier. A moins de quinze minutes des bars à pied, c’est quand même bien plus simple. Le seul hic de cette soirée, fut l’arrêt du service à 22h. J’ignorais qu’avec le déconfinement, cette règle a été posé, mais au moins nous avons pu sortir boire un verre.

Samedi j’ai enchainé avec un peu de travail pour finir les préparations de la semaine à venir, mais surtout les appréciations des bulletins que je dois rendre avant les vacances. Si ça n’avait tenu qu’à moi, je n’aurais pas fait d’évaluations, et encore moins de bulletin. L’exigence de l’école vis-à-vis de cette nécessité est assez pénible mais je m’y plie. La journée a filé et il était dix-huit heures passées, Chloé arrivait pour qu’on file ensemble fêter son anniversaire chez Ferdinand. On y a rejoint Cédric, Zarif et Sahar pour un joli moment. A 22h, comme prévu, nous sortions du restaurant. J’ai donc proposé de venir prolonger à la maison, ce que nous avons fait et voilà bien une chose que je n’avais jamais fait avant dans l’ancien appartement. Recevoir du monde juste comme ça. Je l’ai proposé car je me suis senti directement à l’aise à recevoir du monde, et que je savais que ça gênerait pas les gars. Il est évident que ça ne sera pas la fête tous les soirs, mais de temps en temps, ça nous avait bien manqué. On avait l’impression d’être trois heures du mat, alors qu’il était à peine 23h. La notion du temps est relative, mais le fait de rentrer tôt ainsi, ouvre d’autres perspectives. C’est sûrement ce qui me manque le plus actuellement à Beyrouth, les grosses soirées internationales comme j’avais pu faire durant la première année et un peu à la fin du 2019. Ce sont des choses qui ont disparu avec la pandémie. Mais un jour peut-être ça reviendra.

Les derniers sont partis à minuit, et j’ai continué de discuter avec les gars jusqu’à bien plus tard, terminant les boissons houblonnées qui trainaient au frigo. Le réveil a piqué un peu ce matin, celui qui confirme que la soirée était sympathique. Un joli repas dominical en suivant, autour de belles discussions pédagogiques, une petite marche digestive et j’ai retrouvé Fady dans un café que je ne connaissais pas pour discuter un peu. C’est tout bête, mais étant très à l’aise avec les gars, j’ai l’impression de revenir à ma rencontre avec Belle et David et aux soirées passées ensemble. Cette perspective est vraiment celle que j’apprécie dans notre cohabitation, ce côté simplement humain où les choses sont simples et se passent bien. Je ne suis pas forcément facile à vivre, mais il y a des choses facilitatrices. Donc hakuna matata.

Le départ vers la France à Noël arrivera bientôt. Il sera aussi l’occasion pour moi de faire un premier transport d’affaires, car l’été prochain, pas le choix, tout rentrera avec moi. Une semaine avant de repartir vers la Bretagne pour Noël, je me sens apaisé pour profiter pleinement de ma semaine, et plus encore ensuite, de cette dernière période libanaise qui est la mienne avant de partir vers d’autres horizons. Ce qui m’amène vers le Vendée Globe que je suis toujours avec attention, j’apprécie tellement de voir l’enthousiasme de certains de mes élèves à cette évocation. En bonus, le bateau de la classe que je fais avancer plutôt de bonne manière. Même si bien sûr tout n’est pas parfait de ce côté, je vise la première place libanaise, on verra le résultat à la fin de la course. D’ici là, il est l’heure d’aller manger.              

Braderie/marché de Noël sur la place des martyrs, c'était particulier d'y passer. On y trouve des masques licorne!

Braderie/marché de Noël sur la place des martyrs, c'était particulier d'y passer. On y trouve des masques licorne!

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Début décembre

6 Décembre 2020 , Rédigé par Pereg

Dans le salon de Fehmi, face au match de l’euro féminin de Handball. La France démarre bien face à la Slovénie, j’ai vibré plus tôt avec la jeune garde bleue à Twickenham. Dans un match de rugby assez improbable et déséquilibré sur le papier, un groupe France peu expérimenté a tenu tête au XV de la rose. Les poussant en prolongations et perdant sur des décisions généreuses. Auparavant le match aurait pu être plié si Farell avait eu son pied, mais finalement il aura eu raison de ces bleus-là. Frustrant assurément mais j’ai vibré. Ça faisait longtemps qu’une telle intensité avait été dégagée par ce pack-là. Bravo à eux, défaite à l’arrivée mais ils peuvent fiers. Oui, je démarre souvent avec le sport, mais c’est aussi une chose qui me fait tellement vibrer que je ne peux m’en lasser.

La semaine fut déjà fort particulière car lundi soir, je prenais mes affaires pour quitter mon appartement dans lequel j’étais depuis mon arrivée au Liban, il y a deux ans. Loyer trop cher pour le marché actuel, je venais chez Fehmi le temps de trouver un appartement. Celui trouvé initialement, le propriétaire avait voulu se jouer de moi. Depuis, je suis arrivé chez Fehmi qui m’a proposé gracieusement de m’héberger, le temps de trouver un endroit convenable. C’est ainsi aussi qu’hier, après une visite peu réussi, j’ai eu des nouvelles du propriétaire pour la chambre qui me plaisait. Il a fait un geste et ainsi je vais aménager sous peu, contrat à signer mardi avec remise des clés. Normalement ça va le faire, mais tant que je n’aurai pas les clés entre les mains, je serai hésitant. On ne se refait pas de ce côté-là. Etant français, étranger en général pourrait-on dire, les locaux cherchent malheureusement toujours a profité de nous. Il y a un milieu acceptable entre le prix local et le prix touriste que je ne suis plus ici, mais malgré tout c’est pénible d’être pris pour ce que je ne suis pas.

Mon grand plaisir de la semaine aura été de profité de la grande télévision du salon de Fehmi. Un écran qui ferait passer pour une switch ma télé de Saint-Malo. Alors mardi, mercredi, je dirai même à chaque occasion que j’ai eu, comme ce match de Handball. Je suis calé face à ce joli écran. Bien sûr il ne fait qu’être en fond et comme d’habitude, j’ai le téléphone, l’ordinateur ou la liseuse qui fonctionne à plein. Mais le Bayern de Munich, Rennes, Paris, Lille ou n’importe quel match de sport finalement, c’est juste cool de le regarder sur un tel écran. Je n’ai pas encore essayer la console là-dessus, peut être que je le ferai dans la semaine à venir avant de rejoindre mon nouveau-chez-moi, mais peu importe finalement, la priorité de la semaine est bien ailleurs. Le travail reste toujours au premier plan.

Cette semaine fut la première depuis le 28 février où je recevais officiellement des élèves. En emploi du temps hybride, donc une moitié de classe seulement avait le droit de venir chaque jour. Mais en plus de ça, j’ai eu un groupe de parents réfractaires, me retrouvant donc avec seulement 6 élèves présents par jour. Peu importe, quel plaisir de les retrouver avec moi, dans ma classe, dans un rythme d’école, de voir malgré leur masque le sourire se dessiner sur leur visage, de les voir rire. On a beau dire mais ça fait plaisir de retrouver des élèves, d’être avec eux et de pouvoir les accompagner. C’est ainsi que devrait bien être l’école pour moi. Avec des élèves dans la classe. Avec ces enfants souriants, avec le plaisir de partage retrouvé. Il y a toujours une hésitation sur la forme que prendra l’enseignement dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, mais je pense que redonner l’accès de l’école aux enfants, était simplement la meilleure chose. Maintenant, il reste des enfants que je ne verrai pas, et la culpabilité de l’enseignant ne devrait pas trouver sa place car on donne déjà beaucoup, mais le doute s’insinue toujours. Mais c’est aussi aller vers une école à la carte, sous la pression et la volonté des parents, avec une charge de travail qui augmente encore et encore. Nous faisons le maximum dans de telles circonstances, et le repos des congés de fin d’année sera un bonheur que je vois poindre.

Vacances, voilà un mot que mon père n’aura plus besoin de prononcer car il est passé de l’autre côté. Jeune retraité, il pourra profiter pleinement de sa maison confinée avec mon petit frère et ma mère en télétravail, avant de me voir arrivé dans un peu plus de deux semaines. Après près de quarante années d’activité, entre l’agriculture et la banque. Il pourra se consacrer pleinement à son potager vannetais, à son jardin malouin. Enfin, une fois qu’il en aura la possibilité. Ce n’est pas une période simple à vivre, pour personne. Je pense aux étudiants particulièrement dont la plupart ne connaissent pas le délice des premières soirées estudiantines dans les grandes métropoles. Des sorties cinéma, des concerts que l’on ne peut pas faire, des spectacles que l’on ne peut pas voir. Mais au Liban, les choses sont un peu différentes…

En effet jeudi soir, j’ai eu un message de Sahar m’informant de la tenue d’un concert le lendemain. Un concert ! Oui, je ne le pensais pas possible, mais plus encore quand j’ai découvert qui était à l’affiche. Ibrahim Maalouf, trompettiste de génie, un son si particulier que j’ai toujours apprécié découvrir et écouter, depuis une soirée de novembre il y a fort longtemps où je l’ai entendu pour la première fois. Je n’avais jamais eu l’occasion de l’écouter, de l’entendre en live, et rien que pour ça, ça valait le détour. Ainsi après 17h vendredi soir, je prenais la direction des Souks où le concert avait lieu. Arrivé vers 17h40, j’ai eu le plaisir de ne pas être trop loin de la scène grâce à des amis proches. Le voir sur scène était quelque chose. Il a beaucoup parlé, heureux d’être là, et je peux le comprendre, lui, l’enfant du pays qui n’avait plus joué au Liban, depuis fort longtemps. J’ai espéré sur un malentendu que sa femme, face une apparition en plus, mais non. Qu’importe, le musicien qui l’accompagnait était tout aussi éblouissant, bluffant même. Et puis même en étant assis, même sans trop bougé, simplement être à un concert avec un masque. Un petit goût de « wahou c’est possible ». Tout ça, au son d’une trompette libanaise. Je me disais d’ailleurs aussi en regardant des films que les gens ne respectent pas les gestes barrières… Comme-quoi, les réflexes ont commencé à infuser dans nos esprits, dans le mien assurément.

Se faisant, le couvre-feu passé à 23h, il y avait aussi la possibilité de pouvoir sortir… Ainsi j’ai pris la direction de Mar Mikhaïl juste après, retrouvé mes gars sûrs, Tommy, Moayed et Elie. A nous voir ensemble des fois, on dirait le début d’une mauvaise blague tellement on ne se ressemble pas. La soirée s’est très bien passé, et rentré une nouvelle fois au matin car la soirée s’est prolongée, annonçait un weekend fort plaisant. Contrairement au précédent où j’étais débordé mentalement par le travail, j’ai vraiment lâché prise cette fois-ci. Retour dans le quartier et direction la salle de sport. Car oui, cet endroit aussi a rouvert. Je reprends mon rythme, et se défouler ainsi sur l’elliptique c’est vraiment le pied. En sortant de là, je me suis retrouvé sous la grêle. Des cailloux que je n’aurais pas cru possible si je ne les avais pas reçu sur la tête moi-même. Mais plus encore, c’est la neige que l’on a vu tombé sur Beyrouth. Décidément 2020, est improbable, et ce n’est qu’un exemple de plus. Elle n’est pas resté et les inondations qui ont suivi ont été catastrophiques. Dans ce petit évènement, il y a tout 2020, éphémère, improbable, surprenant, comme si tout pouvait vraiment arrivé.

Samedi soir en allant m’asseoir dans un café, et je sais qu’il y a beaucoup de pays où cette simple action n’est pas possible, j’ai dégusté un vin chaud en lisant Dumas. Je ne cherche pas à faire de jaloux, mais retrouver ce moment, cette quiétude, ce plaisir, je le souhaite à tous, car ça m’a vraiment apaisé. Un dimanche au calme également, il n’en fallait pas plus pour que je me sente d’attaque à la semaine qui s’annonce… Évaluations, bulletins, déménagement, cadeaux de Noël, il y aura plein de choses à penser, mais c’est encore dimanche, un petit film, un peu de lecture et je m’endormirai ce soir apaisé dans les bras de Morphée.

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I. Jabal Moussa, deuils et reprise ?

29 Novembre 2020 , Rédigé par Pereg

Jabal Moussa
Jabal Moussa
Jabal Moussa

Jabal Moussa

Mon ordinateur m’annonce que c’est le centième article. Je suis dans ma troisième année ici, avec un article par semaine, même si je ne compte pas les vacances scolaires, c’était évident que j’allais attendre ce nombre mais il s’annonce un brin comme un sacrement, l’annonce de la pérennité de mon travail d’écriture hebdomadaire. Mais ce fait relativement notable n’est rien comparé au reste de ma semaine.

Déjà lundi, la semaine commençait sur les chapeaux de roues. Avec Philippe, motivé pour aller marcher, nous sommes parti à Jabal Moussa, une réserve naturelle un peu au nord de Beyrouth que j’ai toujours trouvé magnifique. Arrivé à Mchati à 9H15, nous démarrions directement par une belle ascension. J’étais déjà venu de l’autre côté de la réserve, à Chouwenn et son lac. Une belle chauffe pour nous lancer, nous trouvions une citerne avec un joli écho et une vue magique sur la vallée environnante. Arrivé au tiers du parcours initialement prévu, petite mangue et l’on changeait de parcours pour une randonnée vraiment plus longue. Nous avions les jambes, la journée devant nous, un grand soleil et de la motivation. Une descente un peu glissante et nous arrivions sur le chemin qui allait nous poser des problèmes, ce fameux sentier numéro 10. Arrivés aux trois-quarts, on s’est un peu perdu sur le chemin… On s’est posé la question si nous n’étions pas arrivé au croisement vers une montée délicate. Nous avons donc entrepris une ascension relative, pour nous retrouver face à une parois à escalader. Ça ne devenait plus possible et même dangereux.

Phillipe a crié stop, grand bien lui en a pris car même si la redescente s’est avérée épineuse et de quoi m’écorcher de bonne manière avec même plusieurs chutes, tout cela était sans gravité. On était juste finalement un peu perdu dans ce parc magnifique, et le temps nous filait entre les doigts. On a donc repris sur le chemin sur lequel on hésitait… On  y a croisé des randonneurs qui nous ont confirmé notre erreur. Il n’était pas encore 14h, nous avions le temps de marcher. Une ascension intense avec un croisement québécois, puis une douce et longue descente pour revenir vers la voiture. Nous marchions depuis des heures, la fatigue se faisait clairement sentir et le soleil déclinant aussi. On a rencontré une des responsables du parc Tania, qui a fait un bout de chemin avec nous. 16h était passé alors que nous arrivions sur la dernière section pour rentrer à la voiture. Des marches romaines, antiques, avec ce pâle soleil de fin de journée et ce retour espéré. Je ne peux pas dire que j’ai été beaucoup inquiet avec cette journée si particulière, mais je voulais être sûr de revenir à la voiture avant la nuit et pour cela le défi était complet. Crevé mais heureux de cette journée si particulière. 17h35 à la maison. Il m’a bien fallu la semaine pour se remettre de ces 7h de marche, 18km dans la montagne environ, ajoutés aux marches quotidiennes, le corps a eu besoin de se reposer. Hier, j’ai à nouveau marché 15km mais en ville et en moins de trois heures, c’est une toute autre saveur. J'ai cependant trouvé cet endroit au bord de l'eau, où le bruit de l'eau me ramène vers les remparts de Saint-Malo, vers la plage de Conleau.

Cette semaine fut marquée d’une autre manière depuis, par le deuil. Jacques Secrétin s’en est allé, il m’a renvoyé à ce sport pratiqué jeune et dans lequel mon filleul s’est plongé également. De ce point de vue,  on est un peu pareil, mais d’autres points communs nous rattachent également l’un à l’autre. Puis Dominici. Ce fut clairement un choc. Ce joueur de rugby que j’ai toujours aimé voir courir sur un terrain, sans avoir atteint cinquante ans, nous quittait. L’image directement renvoyé est celle de la coupe du monde 1999, en demi-finale contre les blacks, et ce ballon arraché pour courir aplatir l’ovale dans l’en-but. Ce moment de sport sur la télévision, je m’en rappelle vraiment très bien. Nous étions dimanche après-midi, à Saint-Malo dans la salle et avec les gars on hurlait comme des fous devant la tournure de ce match. C’est mon premier grand souvenir lié à l’ovalie. Bernatsal, Dominici, leurs fulgurance, leur joie, un an après la coupe du monde de football, me renvoyait à des émotions équivalentes. Faisant de moi par ce même coup, un amateur de sport en général. Ainsi l’ailier partit trop tôt me renvoie à ces premiers souvenirs sportifs marquants, cette nostalgie qui n’en est pas une, mais qui explique le plaisir intense lié aux sports. « Dieu est mort » aussi cette semaine titrait l’équipe. Je ne suis pas de ceux qui l’ont vu jouer, je n’ai vu que son aura dans les yeux des adultes, je n’ai vu que la douleur argentine face à la perte de celui qu’on appelait le Pibe del Oro. Une coupe du monde magistrale en 1986, des buts de légende, il fut l’un des joueurs les plus marquants de l’histoire de ce sport, peut-être le meilleur soliste quand le roi Pelé avait sa garde.

Ces sportifs passés de vie à trépas, c’est une émotion, forte, mais ils font surtout écho au décès du père d’une amie. La Covid n’est pas la seule cause de mortalité et une longue maladie aussi peut mener de l’autre côté. C’est ainsi que lorsque l’on m’a annoncé ce décès,  il a résonné en moi, comme un retour en mars avec le départ de Grand-père, comme une plaie qui s’ouvre à nouveau, comme un sentiment d’impuissance devant l’inéluctable. La vie est ainsi faite, et l’on peut dire que c’est dans l’ordre des choses, mais la douleur reste marquée. Du fait d’être au Liban et loin de la terre des miens, je redoute un tel évènement. Qu’une telle chose m’arrive également, sans pouvoir la mener, la gérer de la manière souhaitée. Ainsi, même si je désire repartir dans de nouvelles contrées à la rentrée prochaine, je sais que si je dois rester une année en Bretagne, ce ne sera pas la pire des choses pouvant m’arriver. Mais nous n’y sommes pas encore et j’ai toujours des fourmis dans les jambes. Je  ne sais pas où je démarrerai la rentrée scolaire 2021 et c’est très bien !

Pour l’heure, il y a la journée de demain qui m’attends encore et qui nous laisse tous ici dans l’incertitude la plus totale et la plus confuse. Nous sommes sensés reprendre en hybride, c’est-à-dire avec une moitié de classe un jour sur deux. Nous devions déjà reprendre ainsi le 9 novembre, mais voilà que les choses ont changé au tout dernier moment. Alors je reste sceptique et réellement, tant que n’aurais pas mes élèves avec moi demain matin en classe, j’aurais encore du mal à y croire. En préparation, c’est une galère absolue encore une fois. Nous avons des élèves qui n’ont pas le droit de venir, d’autres que les parents ne veulent pas envoyer, il faudra donc voir ce qui se passera réellement. Malgré ce quotidien pesant, malgré ce couvre-feu et cette quarantaine, je sais qu’un semblant de retour à la normalité professionnelle sera une respiration. Tout cela ne serait pas aussi contrariant si comme convenu je changeait bien d’appartement aussi… Mais voilà que le propriétaire augmente le loyer sur le contrat et laissant des choses peu claires à côté. Dommage, mais je ne serai pas sans-abris grâce à un ami chez qui je vais aller loger. On verra la suite.

Ainsi ce soleil dominical que je vois ici offre une belle journée dont je vais assurément profiter avec des personnes que j’apprécie et oublier le travail pour m’y replonger ce soir. Il faudra bien, j’espère juste qu’encore une fois, tout ne changera pas au dernier moment.

Sac et ressac, le bruit de l'eau dont je ne me lasse pas, pendant que d'autres pêchent.

Sac et ressac, le bruit de l'eau dont je ne me lasse pas, pendant que d'autres pêchent.

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Marche, couvre-feu et Indépendance

22 Novembre 2020 , Rédigé par Pereg

Dimanche soir, posé devant le rugby à Murrayfield où nos bleus ont l’avantage. Le XV de France n’y avait pas gagné depuis 2014. Mine de rien l’ère Galtier démarre sous de bons auspices, même si bien sûr tout n’est pas parfait, cette équipe retrouvée fait plaisir à voir. Cette équipe qui redonne envie de l’encourager plutôt que de pester contre ses erreurs. Voilà ces bleus vainqueurs à nouveau et de quoi éviter le signe indien sur cette pelouse écossaise. Cette semaine passée fut des plus particulières, avec un couvre-feu à 17h. On a beau savoir que les choses sont ainsi, ça n’en est pas moins difficile.

L’école de 7h25 à 14h minimum. Avant, c’est trop tôt le matin… Mais il était indispensable que j’aille respirer dehors. Ce qui est paradoxal c’est que je n’en profitais pas systémiquement chaque jour jusqu’à là. Mais à présent qu’il n’est plus possible d’être dehors à 17h passé. Il m’était devenu nécessaire, impératif et vital moralement d’aller dehors les après-midi. Lundi était un premier test, ne sachant ce qu’il allait en être. D’autant plus que même si la moitié des voitures ne roulent pas du fait de l’alternance, ça restait dense. Un tour vers Achrafieh et puis s’en va. Mardi vers Moulin d’or et de retour vers Horsch Beirut, je commençais à me représenter les distances, non plus en terme de temps mais de kilomètres, l’objectif étant d’en faire dix par jour. Un objectif facilement atteignable mais le temps passe si vite. Mercredi avec une amie, jeudi avant une réunion tardive, je me trainais un peu plus vendredi pour accomplir à nouveau l’objectif une fois de plus. Trempé comme jamais, c’était vraiment particulier de finir ainsi mouillé, une véritable douche à grandes eaux alors que je revenais de la corniche. Je craignais simplement de ne pouvoir sortir avec la pluie.

Samedi matin après la tempête prolongée toute la nuit, je sortais ma belle Noura pour rendre visite à une amie à son travail. Samedi jour des plaques paires, je pouvais donc circuler librement. Ce sentiment de plaisir amener par une balade sur ma bécane c’est vraiment une sensation que je n’arrive pas à oublier et j’en redemande. Mais ce plaisir à moto ne peut être exécuté tous les jours, et entre marcher et rouler, j’ai toujours une hésitation, et quand je peux combiner les deux sur une journée, je ne peux qu’être satisfait. Rouler le matin, marcher en suivant, voilà qui est simplement fort plaisant. De retour à seize heures passées, j’avais donc mérité de me poser. Et samedi soir, comme les jours précédents, je me plongeais doucement dans la lecture de vingt ans après. J’ai démarré la lecture de la suite des mousquetaires pour mon plus grand plaisir. Dès les premières pages, l’écriture de Dumas m’a rappelé combien elle m’avait manqué. Depuis Monte-Cristo l’an passé, je n’avais pas pris le temps de me décider à démarrer cette œuvre. Jason s’y était attelé bien avant moi et je savais que j’allais suivre son exemple. D’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis vont être les compagnons de mes soirées pour encore quelques temps encore.

Ce dimanche, 22 novembre, jour de l’indépendance libanaise, je savais que j’allais marcher avec Fehmi, sans trop savoir où et comment. L’heure du départ était donné, l’heure de retour forcément aussi pour suivre le match. A midi et des poussières, on se retrouvait devant chez lui. Proposition validée de partir vers Gemmayzeh, nous commencions donc là notre périple. Place des martyrs, puis vers le port et le lieu du 4 août. La fée du 17 octobre dernier avait disparu, la grande statue avait déjà commencé à rouiller. En passant à Mar Mikhaïl, Fehmi observait ces dégâts que je ne connaissais que trop bien. Puis au bout, on s’est dit, on continue, Bourj Hamoud, le quartier arménien, puis Jdeideh, Zalka, Antélias, et on continuait toujours autant, pour nous arrêter après 3h30 de marche au niveau du mall à Dbayeh, là-bas. Le seul problème, c’est que l’aller c’est simple, mais on n’avait pas vérifier comment faire le retour. Pour un dimanche ou les véhicules ne sont pas de sortie, les uber et les taxis ne doivent pas l’être non plus. Nous n’avions pas vérifié. Quelques véhicules malgré tout prenaient la direction de la capitale. Nous avons donc traversé l’autoroute, chose d’ailleurs assez satisfaisante, puis en marchant doucement vers Beyrouth, pris le premier bus passant. Après Dora, un taxi nous ramenait dans le quartier. Retour rapide pour une longue marche de près de 3h30 pour un peu plus de 16km. Le faire seul aurait été assurément possible, mais rien de tel que la compagnie d’un ami pour faire passer le temps et l’effort. Une balade dominicale un peu intense, dans une ville sans circulation, c’est vraiment une situation inédite.

Journée de l’Indépendance du Liban. 1943-2020. On aurait pu penser que ce jeune pays trouverait les ressources pour se développer, se construire et pendant près de trente ans il l’a fait. Bien plus prospère au début des années 70 qu’il ne l’a été par la suite, le Liban a été plongé dans une guerre civile violente pendant quinze ans. Il se relevait doucement à l’approche de l’an 2000, pour subir plus encore les crises de 2005 et l’été meurtrier de 2006. Depuis les choses allaient cahin-caha. J’ai eu le plaisir de voir ce pays quand les choses fonctionnaient durant ma première année ici. Mais depuis la Thawra du 17 octobre 2019, la crise économique a frappé plus durement encore le pays du cèdre. L’effondrement de son économie, la difficulté du front sanitaire, et la dramatique explosion du 4 août dernier n’ont fait que confirmer que le pays s’enfonce un peu plus vers des abysses inconnues. Je pars l’été prochain, mais je crains que la situation ne se détériore encore d’ici là, que les crises sanitaires comme économiques ne peuvent que se prolonger… Alors en ce jour de fête national, sans cérémonies ni festivités, je ne souhaite au Liban qu’une seule chose, pouvoir être ce pays du Proche-Orient, qui a fait rêver les poètes et les musiciens. Un pays oui, mais une nation non. Un jour naitra peut-être une nation libanaise des cendres de celle révolution d’octobre, mais ce jour n’est pas encore arrivé et j’espère voir cette nation se lever dans un pays florissant plutôt qu’une population endeuillée réunie par le drame.

Mon discours peut paraître morose en ce jour de fête nationale, mais passant dans cette partie de la ville si endommagée, comme un frein à son envol. J’ai réalisé combien la société libanaise qui aurait tant à offrir en s’unifiant, ne montre que séparatisme et clivage. Les échos de la révolution sont loin, mais peut être que de ses graines, un nouveau cèdre germera.

Marche,  couvre-feu et Indépendance
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Anniversaires, confinement et nouvel appartement

15 Novembre 2020 , Rédigé par Pereg

Dimanche 15 novembre, anniversaire de mon père et la visio ce matin a permis de marquer le coup. Premier dimanche reconfiné à la mode libanaise. Le couvre-feu est en place à partir de 17h et j’avoue ne pas trop avoir envie de risquer une amende et surtout de sortir simplement des règles. Même si on est au Liban ou le respect des règles est assez relatif parfois, je me demandais comment ce weekend les choses allaient se passer.

Mais avant de me retrouver « coincé » chez moi aujourd’hui, j’ai eu une semaine assez particulière. Dimanche soir à 20h30 nous avons été prévenu que lundi, nous n’étions pas en classe avec une moitié de classe comme prévu initialement, mais bien une nouvelle fois à distance… Pour deux jours. Oui, le ministre devant confirmer mardi les modalités jusqu’à la fin du mois. Toujours à distance, prolongement de ce travail de quinzaine en quinzaine. C’est vraiment usant et malheureusement pas surprenant. J’ai parié en rigolant sur janvier en septembre. J’en viens presque à douter à présent et je crains que l’on soit sans nos élèves pour des mois encore. J’avais culpabilisé au second trimestre 2020 d’avoir eu la chance de me retrouver en France confiné. Mais le confinement de novembre n’a rien de glorieux non plus et s’il se prolonge en décembre, même maintenant que je vais emménager dans mon nouvel appartement, je rentrerai surement un peu plus tôt que prévu à Noël.

Entre bosser à distance depuis la France, ou restant cloitré dans un appartement libanais, c’est assez simple. Mais pas de plans sur la comète car comme à chaque fois, il peut y avoir des surprises. Welcome to Lebanon, mon sens de l’organisation et mes TOC sont toujours mis à rude épreuve quotidiennement ici. Ça m’a d’ailleurs bien fait sourire quand la psychologue scolaire de l’école me l’a fait remarqué gentiment. Le pays des cèdres a de particulier qu’il apporte au breton que je suis une remise en question perpétuelle, de mon travail, de ma manière de vivre, de comprendre ce monde qui est le mien. Cet arbre sur mon mollet représente aussi la découverte que Beyrouth et ce pays en général, évoque à mon endroit. A trente ans passés, je savais que j’allais continuer à découvrir, explorer, apprendre, mais tout ce que j’ai reçu ici est tellement plus important encore. Il me faudra surement bien plus de temps encore pour comprendre combien ce moment libanais a été décisif pour moi.

Après ces évidences, je vais revenir sur les particularités de la semaine. L’annonce du confinement à partir de ce samedi, m’a motivé ardemment à profiter de ma liberté, nous interdire de faire une chose, nous la fait désirer ardemment. Mercredi soir avec Fehmi, direction la banlieue sud et Assaha. Un palais hôtel restaurant dans un style médiéval et si bien décoré qu’on aurait dit un lieu de cinéma. Il a dû servir de nombreuses fois de cette manière. C’est ça que j’adore avec Fehmi, il peut m’amener dans des endroits que je n’aurais pas imaginer. Cette découverte était au moins à ce niveau. Petit repas sur place, avec ce décors idyllique. Hindbeh, des pissenlits dans une recette délicieuse. Entre le lieu et ce plat, j’étais refait par cette jolie soirée. Je ne l’avais pas précisé avant mais il y avait déjà un couvre-feu dans la semaine à 21h. Je voulais donc faire les choses de la meilleure des manières, être dehors jusqu’à 21h, et travailler ensuite. Jeudi soir fut une jolie soirée également. Du côté d’Hamra, nous avons voulu voir Ferdinand, mais trop prisé, nous avons fini à Mezian et c’était au top. Vendredi soir était la soirée la plus importante et avec Tommy nous avions déjà décidé de nous retrouver tôt. 17h chez lui. Mohayed et Elie étaient déjà là. Une belle soirée assurément, et pour fêter le confinement, il n’en fallait pas moins.

Samedi premier jour du confinement, j’ai eu bonheur d’avoir une plaque paire avec ma moto et ça me permet de pouvoir l’utiliser ce jour-là. Après être rentré, puis un joli moment entre amis, je suis allé faire le tour de la ville avant 17h, nouvelle heure du couvre-feu. J’ai été plus que surpris par la liberté de circulation provoquée par l’alternance. J’ai fait le tour de la ville à pleine vitesse sur mon bolide. Quel pied ! Je suis toujours obligé de zigzaguer entre les voitures, mais pas cette-fois, Baabda, puis Bourj Hammoud, la Corniche. Je recommencerai mardi ou un autre jour car circuler ainsi, c’est vraiment autre chose. Ma petite Noura a toujours quelques problèmes de vitesse, mais elle me porte si bien. Je l’ai acheté pour ça, j’ai passé mon permis pour ça. Pour cette possibilité, pour cette liberté proposée par les deux roues. Le bruit de ce moteur rutilant, le plaisir de courber dans les virages, de manger du bitume. Voilà un plaisir assurément égoïste mais si génial.

Dimanche, aucune voiture ne peut circuler, théoriquement car malgré tout j’en ai vu certaines passer. Mais je voulais voir ma ville, je voulais la découvrir sous cet aspect, vidée de sa circulation. Quel plaisir ce silence dans la balade, même si ce n’était jamais plus d’une minute. Ça m’a ramené au ramadan depuis 2019, et encore plus loin, à cette nuit de Pâques 2011 où j’ai découvert moje Miasto Warszawa à Centrum sans un bruit également. Le confinement provoque cette particularité. Pour le marcheur que je suis, c’était un régal malgré tout. Mais vis-à-vis de la vie quotidienne libanaise, de sa population, c’est une chose bien plus délicate à gérer. Parti à 10h, j’ai bouclé mes 10 bornes pour midi, juste à temps avant le retour de la pluie. Je referai ce genre de balade assurément dans les quinze jours à venir si la météo me permet. Moto et marche à pieds, de quoi me changer les idées après la classe chaque jour. Car oui, pas de salle de sport, et comme à 17h je devrai être à l’appartement, autant sortir l’après-midi, et bosser après 17h, ça ne changera plus grand-chose… Plus de livraisons non plus après 17h, je vais me motiver un peu plus pour reprendre une activité culinaire le soir.

Vendredi soir en faisant la fête, je me suis aussi replongé cinq ans en arrière, à Lormont, devant France-Allemagne et les informations parcellaires qui arrivaient au fur et à mesure, une nuit sans sommeil comme rarement j’en ai eu. Prendre des nouvelles de toutes les connaissances parisiennes que j’avais. Le Bataclan, la rue de Charone, le stade de France, cette nuit parisienne endeuillée reste forcément un souvenir douloureux, entre ce concert où je m’étais posé la question d’y aller, et les amis qui ne sont plus. Cinq ans déjà, tant de vie volées sur l’hôtel de la liberté. Mais aujourd’hui je vagabondais jusqu’à la Bretagne et l’anniversaire paternel. Car malgré tout, une émotion en chasse une autre, pas moins importante. Mais le recueillement, les difficultés de la vie, sont moins amères avec les sourires renaissants.

Alors ce soir, après un reportage sur les océans, une fin de film sur l’Iron Man de Nice avec Jacques Gamblin, je m’envolerai au pays des mousquetaires. Et la plus grande folie actuelle se passe au large des côtes de l’Afrique avec ces bolides du Vendée Globe, chaque jour à affronter les océans. Il faut être fou pour se lancer un tel défi, mais qu’ils sont toutes et tous braves à affronter cet Everest marin. Je finirai sur cette note que j’adore et qui résume l’état de mes pensées, quand la légende dépasse la réalité on imprime la légende.

I am a legend...
I am a legend...
I am a legend...
I am a legend...
I am a legend...
I am a legend...

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COVID, vacances et Vendée Globe

8 Novembre 2020 , Rédigé par Pereg

Au crépuscule de mes vacances de la Toussaint, je fais un petit point sur les dix derniers jours. Oui je n’écris que rarement quand je suis en congés et dimanche dernier, le 1er novembre, ne faisait pas exception à la règle. Je me trouvais au Nord du pays, dans la région d’Akkar, du côté de Kobayat, sans ordinateur, juste avec téléphone et des livres.

Alors que ce matin, je suis assis à mon bureau, fenêtre ouverte et grand soleil, j’attends avec impatience 13h02 et le départ officiel du Vendée Globe. Il y a huit ans, nous découvrions Français Gabart, et je me désespérais de voir Armel Le Cléac’h finir second. Il y a quatre ans, après une course maitrisée de bout en bout, voilà le finistérien sacré avec toujours à le pousser, Alex Thomson, un des grands favoris de l’édition 2020. Mais ce qui me lie avec cette course est plus que la passion de l’évènement, de l’Everest marin dans lesquels se lancent les 33 concurrents de cette année. Le VG est aussi le premier grand projet pédagogique que j’ai eu le plaisir de mener. Un simple suivi sur carte il y a huit ans, à de nombreuses séances interdisciplinaires lors de la dernière édition. Je ne pouvais donc louper le départ cette année et pouvoir le proposer à mes petits mousses libanais. On va donc se servir de cette course pour de nombreuses choses, en espérant pouvoir accrocher mes CE1 à cette passion maritime, à cette course autour du monde. Je frétille tel un saumon à cette idée. La seule question qu’il me reste, est de savoir si j’aurai bien mes élèves en classe, et pour ça, je ne suis pas le décideur. On entend à nouveau des rumeurs de confinement total et donc de fermeture des écoles, mais encore une fois, nous serons prévenus au tout dernier moment.

C’est notamment pour ça, que je suis parti en vacances directement le mercredi midi, en profitant avec une copine, d’aller découvrir le téléphérique de Jounieh pour monter à Harissa. Ce n’est pas une décision que je regrette, mais le vertige s’est bien rappelé à moi. En le voyant de loin sur la route du Nord, j’arrivais pas à trop me rendre compte de la taille réelle des œufs… C’est ça le hic, on n’y passait qu’à deux. Et mon vertige a été compliqué à gérer durant l’ascension. J’ai beau râler, je suis ravi de l’avoir fait, et toujours de remettre en cause cette peur irrationnelle qui est la mienne. Mon dernier souvenir aussi délicat reste Bilbao et ce pont … La descente fut assez douce, l’angoisse qui fut mienne à l’aller s’estompait au retour pour profiter d’une descente nocturne, moins difficile. Un retour au calme à Beyrouth et j’enchainais sur le reste. Car à défaut de partir à l’étranger voir de nouveaux pays, j’ai loué une voiture pour parcourir des recoins inconnus du pays du cèdre.

Je dis inconnu, mais dès lors que j’ai récupéré la voiture, je suis parti à Sour me baigner. S’il y a bien une chose que j’aimerais faire plus souvent, c’est de partir au sud et me baigner là-bas. J’adore cette plage, elle est belle, calme et non polluée. Alors il était évident de démarrer là-bas, tout comme de profiter de cette ville que j’apprécie. C’est au lendemain que les choses démarraient réellement. Direction Tripoli et sa foire abandonnée, un lieu sorti de terre, bitumé, brut, mais qui n’a jamais servi. On se retrouve dans un paradis d’Urbex à ciel ouvert.  Ce lieu si particulier, j’y étais venu sans faire de photos, je n’ai pas refait la même erreur cette fois-ci. Un passage à Hallab pour prendre des pâtisseries et je filais vers le nord, dépassant un panneau devant lequel j’aurais dû m’arrêter « syrian border ». Je ne l’ai pas revu ensuite mais je suis bien arrivé dans la région verdoyante de Kobayat. L’automne y faisait doucement son apparition, les feuilles jaunissaient, mais la chaleur toujours présente. Une balade nature et le soir dans un camping de tentes en bois. Un logement confortable pour moi qui souhaitais une aventure assurément. Je ne savais pas où me rendre ensuite. La vue du lac de Qaraoun dans une vidéo de Chloé, suffit à me convaincre du lieu suivant où me rendre.

Le dimanche matin après avoir marché jusqu’à la croix surplombant la ville, je prenais une route assez escarpée pour rejoindre la Bekaa. Le seul problème c’est ce que je me suis perdu en route pour me retrouver à la limite de la frontière syrienne… Après un premier barrage de militaires en amont, où je suis passé sans accroche, j’en rencontrais un second qui m’interloqua. Arrêté et balbutiant en arabe. Le gradé était des plus étonné de trouver un étranger à cet endroit, qui plus est un français avec le contexte particulier. Il m’a dit qu’il y avait des tirs dans la région, et qu’il fallait que je quitte l’endroit au plus vite… Accompagné d’un 4x4 devant moi, et un homme dans ma voiture, j’ai fait 20km comme ça jusqu’au village suivant. Heureusement pas de problème, mais je m’en suis sorti avec une grosse frayeur, car si l’on m’avait dit que le risque était si grand, je ne me serai pas permis de le faire. J’aime bien les aventures, mais je ne suis pas fou. Ayant dépassé Baalbeck, j’ai foncé au sud sans finalement m’arrêter, pour aller me poser du côté du lac comme prévu. Je ne fus pas déçu du tout, une vue magnifique dont j’ai encore les yeux qui pétillent en l’évoquant, un endroit formidable.

Une balade sur le barrage, puis au bord du lac, l’odeur et la vue de produits toxiques me confirmait à quel point cet endroit était pollué, ce qui est hallucinant si on considère la beauté de l’endroit. En remontant vers Chhîm où j’allais passer la nuit, il y avait une étape nécessaire, je voulais faire une visite de cave. J’avais choisi Marsyas pour le plaisir que m’avait procuré le Bqa. Mais je trouvais le château fermé. Comme par magie, en face, Kefraya. Ce fut donc mon arrêt.  Une dégustation colorée et six bouteilles plus tard, je remontais vers Deir-el-Qamar dans le Chouf, par la route de montagne. Un plaisir de voir cette Bekaa Sud de si haut, et de plonger dans les nuages. Une fin de journée au calme, des pancakes au réveil, il ne me restait qu’une seule chose à faire avant de rendre la voiture… Retourner me baigner à Sour, une fois encore, je radote mais c’est vraiment un bonheur à chaque fois.

Le retour à Beyrouth après mes vacances fut calme. Voiture rendue le mardi soir. Une bonne idée car la pluie démarrait mercredi comme pour bien signaler que l’été indien est terminé. Qu’importe, je n’avais plus besoin de me déplacer, je trouvais juste dommage de ne pas pouvoir utiliser ma petite moto. Erreur réparée samedi, mais je devrai lui consacrer du temps car il y a toujours un bruit qui ne me plait pas. Je n’ai pas le plaisir d’avoir les outils et les compétences pour la bricoler, mais c’est bien un truc que j’aimerais apprendre, et pour se faire, il n’y a bien qu’une personne vers qui je me tournerai, mon tonton Alban. Son expertise me serait assurément utile. Si jamais j’arrive à ramener ma Noura en France, c’est sûr que je ferai en sorte de l’amener à Landéda.

Cette fin de vacances fut marquée pour moi non par un calme retour au travail mais une douleur plus inquiétante. En effet, à partir de jeudi matin, des crampes d’estomac à me plier en deux m’ont fait tenir le lit, la fièvre et autres bonheurs associés m’ont fait craindre de me retrouver avec la COVID. Samedi matin donc, ne pouvant tenir plus, je suis allé faire un test… Un passage chez le médecin m’annonçait que je présentais tous les symptômes qu’il ne fallait pas avoir… Alors je patientais, pour avoir ce résultat qui changerait radicalement les semaines à venir. Mais heureusement, négatif. Je peux donc aller travailler demain, et mes collègues qui auraient été cas contact, aussi. Je ne suis pas pour autant en super forme aujourd’hui j’ai dû choper une saleté. Même si je vais travailler aujourd’hui, je vais aussi profiter du soleil pour aller me promener un peu. Dans mon sac, j’ai toujours le plaisir d’avoir un livre, j’ai bientôt fini « Indulgences », Gilgamesh me fait de l’œil, mais c’est surtout le livre suivant que j’attends avec impatience, ayant écumer tous mes livres papiers, je vais pouvoir attaquer Dumas, Vingt Ans Après. J’en reparlerai assurément bientôt.

Dans moins de trois heures le Vendée Globe se lance, Beyou ou Thomson, je ne sais pas encore qui j’ai envie de suivre, mais ce qui est sûr, c’est que je suivrai le départ.

Sour, Tripoli, Kobayat, Qaraoun Lake, et Sour encore.
Sour, Tripoli, Kobayat, Qaraoun Lake, et Sour encore.
Sour, Tripoli, Kobayat, Qaraoun Lake, et Sour encore.
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Sour, Tripoli, Kobayat, Qaraoun Lake, et Sour encore.

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Gouvernement, Avortement et SuperVéga.

25 Octobre 2020 , Rédigé par Pereg

Dimanche fin de journée, posé à Kaléidoscope à Gemmayzeh, une connexion internet défaillante dans l’appartement m’a obligé à migrer ici pour travailler un peu et écrire doucement. A défaut de pouvoir le faire à la maison, ça a le mérité de me faire sortir de ma chambre que je n’aurais pas quitter sinon de toute la fin de journée. En effet, depuis mon retour de la marina, l’idée était simplement de rester au calme et profiter de cette fin de journée. Cette semaine a été des plus particulières. Au niveau libanais avec ce nouveau premier ministre, mais aussi sur le plan international pour moi avec ce nouvel arrêt de la Cour suprême polonaise. Je suis assez choqué de voir que le monde ne tourne pas vraiment rond…

En effet, après avoir tenté de réduire à néant le droit à l’avortement en 2016, le gouvernement polonais est cette fois passé en force sur le sujet, ne permettant plus de recourir à cet acte que de manière plus que réduite, pour ne pas dire quasiment nulle. La Pologne de 2010, celle que j’ai vécu était bien plus ouverte qu’actuellement et ça me fait mal au cœur de voir cette nation polonaise, suivre ce gouvernement et se renfermer sur elle-même. Ça me choque toujours de voir que ma ville de cœur n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les LGBTQ+ ne sont plus acceptées dans certaines villes, l’éducation est repartie à l’envers, le rapprochement avec la Hongrie de Victor Orban et le scepticisme européen du PIS me touche profondément. Alors que je m’étais dit que j’irai peut-être un jour y enseigner, il est délicat de m’y projeter à présent, vraiment très délicat…

Ce fait remarquablement triste n’est pas le seul à m’avoir fait réfléchir et inquiéter. L’annonce du retour comme premier ministre de Saad Hariri m’a vraiment surpris. Je ne pensais pas que les parlementaires oseraient à nouveau lui confier les clés du gouvernement libanais. Mais il faut croire que ça a fonctionné comme effet d’annonce déjà. Car oui la livre libanaise est remontée un peu face au dollar. Effet d’annonce ou fléchissement de long terme ? Nous le saurons dans quelques semaines. Mais déjà de revoir l’image de Bassil, Aoun et lui, montre combien la classe politique libanaise est réduire et le choix de nommer à nouveau Saad amène à compléter la réelle révolution. Un retour complet à la situation précédente, mais dégradée comparée à l’année passée. Les prochaines semaines seront déterminantes, mais dans un pays déjà usé par la crise économique, la crise sanitaire, l’effet de réformes potentielles sera long à venir assurément. C’est d’ailleurs à ce titre que d’ici au 9 novembre, je ne verrai plus un élève en classe. Il ne reste que trois jours avant les vacances et ce seront des jours de travail à distance… C’est fou de se dire qu’on est dans un des seuls pays au monde où les élèves n’ont pas repris le chemin de l’école. J’ai du mal à comprendre pourquoi, mais des gens avisés ont commencé à m’expliquer aussi la difficulté d’aménagement des transports scolaires et de la non prise de risque vis-à-vis de la situation sanitaire… Ce n’est pas simple, ça montre une fois de plus la difficulté dans laquelle est plongée le pays des cèdres.

Après ces nouvelles plutôt délicates, je dois avouer avoir passé un des meilleurs weekend depuis mon arrivée au Liban il y a deux ans. On m’avait proposé voilà des semaines, de participer à une sortie en bateau. Oui en bateau. SuperVéga de son surnom hommage,  43 pieds, GV et foc, avec un moteur pour pousser un peu. Je n’avais pas demandé notre objectif, il m’a été dit en arrivant à la marina. On visait l’île aux lapins du côté de Tripoli, après une nuit vers Batroun. C’était le plan initial… sept matelots s’en vont en mer, des enseignants émérites assurément et marin d’eaux douces pour la plupart. J’avais navigué sur des petits bateaux et seulement de manière diurne, là nous allions passer la nuit sur le bateau. Une première bière ouverte dès la sortie de la marina, nombreuses sont celles qui ont suivi. Ainsi on tirait notre premier bord, je m’étais attaqué à l’enrouleur du foc et un collègue à la barre. On sortait les 5/6 nœuds en étant au pré avec un vent du nord, idéal. J’ai eu le plaisir de prendre la barre en suivant.

Le sourire provoqué, nullement autre que sincère, quel pied d’être au Liban et de naviguer. De me retrouver avec des hommes géniaux avec qui ont a discuté de très bonne manière. La nuit approchait et on décidait de ne pas mouiller à Batroun mais de filer directement vers l’île aux lapins et de jeter l’ancre là-bas. La nuit tombait et barrer de nuit est tellement autre chose. Le vent mollissait un peu, mais j’avais surtout du mal à sentir comment me situer. J’ai eu ainsi le plaisir sans virer de bord de me retrouver face au vent et devoir faire un 360 bonus, provoquant l’hilarité générale sur le pont. C’était mérité et je ne pense pas que c’était du à une alcoolémie montante, mais plutôt à mon inexpérience à barrer cette taille de bateau, je connais mieux les cata, les lasers ou les 4.20… On continuait à rire, à discuter et plus encore, la gentiane fut ma découverte du soir, une distillation très intéressante. Vers minuit ancienne heure, nous arrivions au moins aux ¾ de notre route, un vent tournant et violant s’est levé. Bien trop pour qu’on ne puisse pas le prendre en compte. Alors que nous étions proches de notre objectif, il a fallu affalé les voiles très rapidement et faire le chemin inverse. On a donc navigué jusqu’à la baie de Jounieh pour nous mettre à l’abri. 3h du matin et des poussières, mais je n’y étais pas car une fois les voiles ramassées, ma présence n’était plus nécessaire et le sommeil est venu me chercher. 7h debout, dernier levé, petit déjeuner au calme et baignade improvisée. Le vent était tombé. Mer d’huile, un calme plat qui nous incitait à rentrer plus tôt que prévues car les sensations, nous les avions eu la veille et ça n’était pas important de prolonger. Un dernier petit barbecue des familles au port et on quittait le bateau, un peu plus de 24h après être monté dessus.

Ça restera un de mes grands moments au Liban ! Il y a des choses comme ça que je rêvais de faire, cette occasion me fut donner, je l’ai saisi. Bien sûr il y a encore plein de choses qui restent à découvrir, et déjà peut-être durant les vacances qui démarrent mercredi !

Gouvernement, Avortement et SuperVéga.
Gouvernement, Avortement et SuperVéga.
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Thawra, tatouage et enseignement

18 Octobre 2020 , Rédigé par Pereg

les  nouvelles statues en ville.
les  nouvelles statues en ville.

les nouvelles statues en ville.

Quelle semaine vient de passer, de nombreux évènements, positifs et négatifs et même si le weekend m’a permis d’en digérer certains, il est indéniable qu’il en faudra du temps pour mieux appréhender les autres. Avec un programme si chargé je ne sais trop comment démarrer, le plus simple est de rester factuel.

Après une préparation de dernière minute et une obligation venue d’en haut, nous avons accueilli en CP/CE1 nos élèves en petits groupes. Chaque jour à partir de mardi, six d’entre eux franchissaient le pas de la salle de classe. Ce fut presque un  choc de revoir des élèves. La dernière fois où j’ai eu des élèves en classe, nous étions le 28 février. Depuis le monde a bien changé. Mais ainsi j’ai pu enfin voir ces pitchounes avec qui je travaille depuis quelques semaines maintenant. C’est là que j’ai pu voir combien le confinement avait été difficile pour certains, dans les apprentissages mais aussi dans les attitudes et le savoir-êtres. Ils ne sont plus du tout habitués à s’asseoir ainsi, à se concentrer ainsi. Même si c’est une épreuve pour nous adulte, c’est une partie de l’enfance de mes élèves qui s’est envolée. Ca m’a rendu triste pour eux car cette tragédie nous la réfléchissons en adultes, mais pour eux, c’est une spoliation de leur liberté de mouvement, coupure sociale et plus encore. Alors pouvoir, même avec le masque, leur donner un semblant de normalité par une reprise de l’école. Avec papa ou maman en plus au fond de la classe, de quoi les mettre à l’aise, ou du moins essayer. Pour la semaine à venir, on recommence. J’espère que ce travail sera payant, mais surtout qu’on va pouvoir les voir un peu plus qu’une heure et demie par  semaine.

L’école de la République a été durement touché cette semaine et sur deux aspects tout aussi choquant l’un que l’autre. Un a fait la une des médias du monde entier, l’autre reviendra assurément sur le devant de la scène. Les masques fournis par l’éducation nationale contiennent des agents considérés comme toxiques. Quand j’ai appris ça, j’avoue que j’ai été des plus surpris, je ne m’attendais pas à ce que l’EN fournissant un matériel à ses enseignants fasse preuve d’une négligence aussi importante sur leur traitement. Je me doute bien qu’ils ne sont pas parfaits et qu’ils ne protègent que peu les agents de la fonction publique… Mais de là à mener vers un empoisonnement, je m’en inquiète forcément. Ici, nous devions nous fournir des masques, nous les attendons toujours, et le mieux, reste le chirurgical forcément.

Vendredi soir, fin de journée, après être sorti de son établissement, un enseignant a été décapité. Agressé à l’arme blanche, le meurtrier aurait été abattu un peu plus tard. Mais cet assassin a revendiqué son geste, au nom de la religion… Oui un prof abattu car il aurait montré des caricatures de Charlie Hebdo dans un cours sur la liberté d’expression. La nouvelle résonne comme un glas, absolu, un basculement. Un meurtre d’enseignant au nom de la foi, en France, pays de la laïcité. Ça m’a donné envie de vomir, et même plus encore. Voilà une limite franchie que je n’imaginais pas, et même si elle n’est pas si surprenante, elle reste terriblement choquante. Montrer des caricatures dans un cours sur la liberté d’expression, est un élément qui me semble cohérent, qu’on soit d’accord ou non avec le propos, le but étant de montrer différentes manières de penser, il n’y a rien de mal à ça. Tant que l’on reste dans le cadre de la loi, la liberté d’expression prend pleinement son propos. La limite étant la diffamation. La limite semble parfois ténue. Ce que je déplore aussi dans cette histoire en plus de l’infamie de ce meurtre, c’est que cette action est perpétrée une fois de plus au nom de la religion islamique. Les amalgames langue arabe/ langue de l’islam, arabe/musulman, musulman/terroriste sont de plus en plus courant. Une partie de la population française est ciblée malgré elle après de tels évènements. Ce n’est pas ainsi que l’on changera les mentalités. L’enseignant que je suis, s’est senti blessé et meurtri par un tel attentat, et maintenant que se passera-t-il ? Je travaille en primaire, mais vais-je devoir changer des choses aussi à ma pratique ? Il est trop tôt pour dire quoique ce soit à ce sujet, mais le temps mènera à cette réflexion.

La principale actualité pour moi, reste indéniablement mon quotidien libanais, et cette semaine plus qu’une autre. Hier 17 octobre, voilà un an que démarrait la révolution, la Thawra. Oui, après la proposition d’une taxe sur WhatsApp, les choses ont commencé à dégénérer. Des pneus brûlés, des routes coupées, des gens dans la rue. Je me rappelle avoir été bloqué à mon retour de Jounieh, je rentrais comme je pouvais en voyant des poubelles brûlées aux abords de ma rue. Au lendemain, les choses s’accéléraient et plus de gens dans la rue, une émulation que je ne comprenais pas, mais à laquelle j’ai assisté. Cette révolution est morte si je puis dire, ou n’a pas vraiment commencé. Car quand on regarde la situation libanaise, les choses n’ont fait que s’aggraver pour la population depuis un an et les gens saturent de plus en plus, je ne serai pas surpris de voir les choses prendre une tournure négative. Alors hier, j’étais curieux de voir ce qui allait se passer. Une manifestation relativement massive et deux statues impressionnantes inaugurées durant la fin de journée. Comment les choses vont évoluer ? Nul ne le sait, mais si sursaut il y a, je ne sais pas la forme qu’il prendra.

Cette journée du 17 octobre était aussi celle que j’avais choisi pour rendre hommage à ma manière, à cette ville  qui m’accueille depuis deux ans, à ce Liban que j’apprécie. Un nouveau tatouage que je voulais déjà faire depuis quelques temps. En effet, voilà bien des années que je souhaitais faire un arbre sur le mollet gauche. Avec ma présence ici, le choix du cèdre était une évidence. De plus, en racines pour la forme complète, je souhaitais ajouter le nom de Beyrouth en arabe de manière un peu stylisée. La rencontre du tatoueur a été faite par hasard par une amie italienne. Je suis donc allé jeudi après-midi le rencontrer et le feeling est passé directement. Plus de question à se poser, on pouvait démarrer ensemble. Très vite le dessin complet est venu, il ne manquait que de fixer le rendez-vous. Samedi 17 octobre à midi, et après trois heures ensemble, mon quatrième tatouage arrivait sur mon mollet gauche. Une date symbolique, une œuvre dont je suis ravi et c’est là tout ce qui compte.

Une petite phrase sur le film 1982 que je suis allé voir mardi soir, j’en avais entendu parlé voilà presque un an et quel plaisir de le voir apparaître sur les écrans libanais. Je n’avais pas été au cinéma depuis longtemps. Être immergé dans cette histoire puissante, celle de l’arrivée des israéliens aux abords de la capitale libanaise. Le bruit, le son de la guerre, voilà bien une chose que je ne connais pas, mais on le ressent de manière fort importante avec cette mise en scène et les images de ce film. En plus, l’adagio 974 de Bach arrive à un moment donné, et quel frisson de l’entendre comme à chaque fois. Aujourd’hui, dimanche, au calme dans l’appartement, un peu de repos ne fait pas de mal, surtout que je dois protéger du soleil ma dernière création, et donc éviter de sortir pour l’instant. Mais à la tombée de la nuit, j’irai arpenter à nouveau cette ville qui est la mienne, ce sera une nouvelle aventure.

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Samedi folle journée

11 Octobre 2020 , Rédigé par Pereg

Dimanche matin, je m’y prends relativement tôt car je ne sais pas comment va se poursuivre la journée. Non pas de finale à Rolland pour l’instant, mais il est probable que si je suis rentré en fin de journée le canapé sera mien pour voir ce duel de titan. Une préférence pour le serbe, car voir Nadal égaler le maître, non je ne le souhaite pas. Il se peut qu’un jour ça arrive d’ailleurs, car même le joker en est capable mais Roger reste assurément le meilleur joueur de tous les temps. De plus ce soir, les bleus vont faire face à la seleccao européenne et franchement j’espère les voir leur mettre une jolie raclée. Avant 2016, je n’étais pas vraiment fan d’eux, depuis c’est encore pire. Alors malgré les divertissements que peuvent amener un dimanche au calme dans le salon, je sortirai sur ma bécane pour aller manger un peu de bitume, et peut-être plus d’ailleurs, le programme n’est pas clair et c’est ça qui est justement fort plaisant. Un livre en poche, un peu de cash, j’ai de quoi passer une belle journée assurément. Mais c’est aussi après la folie de la journée d’hier qu’un peu de calme ne peut faire de mal.

Cette semaine, a apporté son lot d’évènements… D’abord par la prise de fonction de la nouvelle principale du lycée après le transfert dans un établissement italien de Mr Pestourie. Du travail intense avec des journées trop longues pour l’énergie que l’on y déploie. Oui le travail est harassant et voir poindre le weekend était ma satisfaction pleine et entière. Vendredi on nous avait annoncé que le travail à distance se poursuivrai pour une semaine encore. J’y avais donc consacré ma soirée de vendredi pour me libérer pleinement les deux jours suivants… Fatale erreur sur laquelle je reviendrai tout à l’heure. Mais culturellement j’ai eu une grande nouvelle. Le film 1982 de Nadine Labaki que je cherchais à voir désespérément depuis un an, n’était en fait pas sorti dans les salles de cinéma ici. Présenté à Toronto en 2019, il n’était pas apparu sur les écrans libanais du tout, pour sortir la semaine passée ici. J’irai donc le voir dans la semaine car il m’intrigue forcément.

Hier matin, réveil 6H40, comme chaque matin pour partir à l’école… Mais ce samedi, c’était pour aller faire une randonnée au-dessus de la Qadisha, je n’avais pas vraiment lu le programme je dois dire, mais simplement que de savoir que j’allais faire une jolie randonnée, suffisait à mon bonheur. Parti à 7H30 de la place des martyrs, avec une lumière matinale folle, nous prenions la route du nord. Comme à mon habitude dans le bus, casque sur les oreilles avec des podcasts assez variés, gang stories hier précisément narrés par Joey Starr, et bien sûr dans la main, un livre. Je n’avais pas eu le temps de finir Samarcande durant la semaine, c’était chose faite durant le trajet. Transporté par le récit d’Amin Maalouf comme peu d’auteurs me font autant voyager. Il est indéniablement un de mes auteurs favoris à présent, au même titre qu’Hugo, Dumas ou Werber. Son écriture est vraiment fascinante. Le trajet fut relativement long avec une pause petit-déjeuner pour ceux qui en avaient besoin.

11h, prêt à commencer, avec un groupe d’une vingtaine de personnes, nous entrions dans la forêts des cèdres de Dieu, forêt trois fois millénaire, citée dans la bible pour fabriquer l’arche de Noé, mais aussi très importante pour moi cet arbre qui ornera bientôt mon mollet gauche. Journée un peu chaude qui s’ouvrait à nous pour une balade d’environ cinq heures. Marcher ainsi dans la nature est vraiment un plaisir, se donner, se dépenser quand le chemin est pentu, sinueux et délicat, c’est une satisfaction pleine et entière à l’arrivée. Cette journée est en tout point comparable aux autres de trek sur ce plan. Un décors magnifique, un vide complet comparé à la ville, une respiration. Mais ce tableau joliment dressé s’est quelque peu écorné avec les évènements. Car même si cette randonnée fut relativement facile pour moi,  ce ne fut pas le cas pour tous, la fatigue ayant pris ma collègue, elle chuta. Cette chute ne fut pas sans conséquence car elle se fractura le tibia… Je ne pensais pas au premier abord la chute aussi grave, j’ai compris ensuite les raisons de ses cris de douleurs.

Prise en charge par une ambulance jusqu’à Bécharré, c’est la suite qui m’a laissé le plus perplexe. Car pendant que nous continuons une marche pas si simple que ça pour la plupart du groupe en raison de sa durée, elle passait sa radio à l’hôpital. Mais au lieu d’être prise en charge sur place et tout faire là-bas. Je ne sais pas d’ailleurs si c’était une question d’assurance ou autre. Mais elle a juste eu une attelle et est rentrée à Beyrouth… avec le bus de la randonnée ! Ainsi, non elle ne s’est pas faite opérer là-bas, mais elle n’a pas été transporté en ambulance vers un hôpital de la capitale non plus. Il nous a été demandé de la ramener avec nous. Je n’ai pas compris pourquoi l’assurance de l’organisation n’a pas de telles de prévues, ni son assurance personnelle, ou simplement son mari. J’avoue que là j’étais assez consterné de voir que l’ensemble du groupe de randonnée a dû attendre qu’elle vienne avec nous pour rentrer sur Beyrouth. Je ne la blâme en rien, mais je suis plus qu’étonné de voir la manière dont les choses ont été prises en charge, par l’organisateur de la journée et les assurances du pays. Il ne fait vraiment pas bon avoir un problème de santé ici… Je passerai assurément la voir dans la journée mais cette histoire est assez folle. Cela suffirait amplement pour une journée, mais j’ai eu le bonheur d’ajouter à cette fin de randonnée assez délicate un nouvel élément venant de l’école…

Vendredi à vers 11H30, la directrice du primaire nous demande de venir avec ma collègue Asma pour nous dire que lundi, demain, nous allons commencer l’emploi du temps hybride. Très bien, on va s’adapter, changer les programmes entre ceux qui seront en classe et les autres, adaptation. Je me dis, je prépare la première journée et on verra le reste lundi. A 15h, mail de la directrice pour nous dire que finalement nous restons à distance. Soit, pas de soucis, je prends donc ma soirée pour faire ce qui était prévu, j’ai perdu deux heures mais passe encore. Je clos mon travail à 23h et je suis en weekend… Erreur. Les coordinatrices de CP et CE1 ont eu une réunion le samedi après-midi, ce qui d’abord me fait halluciné car le weekend est assez sacré pour moi. Mais en plus pour nous annoncer qu’à partir de mardi nous allons accueillir des élèves en petits groupes et que nous sommes sommés de tout préparer d’ici au lendemain pour prévenir les parents, les élèves, les nouveaux emplois du temps. Là par contre, je dis non. Pour ne pas pénaliser mes collègues de niveau, j’ai transféré comme demandé le mail pour les parents, répondu déjà à douze mails de plus à cause de ça. Mais je ne donnerai pas mon dimanche alors que le lundi tout peut encore changé. Ça m’a agacé de voir que notre hiérarchie ne se gène pas pour nous demander de travailler dans l’urgence, de nous dédire auprès des parents et pour changer tout changer ensuite. J’en suis encore énervé, et la tension va redescendre mais apprendre ça à samedi 18h pour le mardi suivant, à la fin de ma randonnée, après les évènements énoncés plus haut. C’était beaucoup pour un samedi, une journée très particulière et pas forcément dans un bon sens.

Malgré tout, j’ai apprécié cette randonnée, comme je vais apprécier de me changer les idées aujourd’hui, mais être corvéable ainsi, non. Je suis peut-être trop obtus, mais si j’avais mérité de me reposer ce weekend et ça a été chamboulé. A présent, je vais fermer mon ordinateur et je vous souhaite un bon dimanche.

Cèdre de Dieu à Tannourine.
Cèdre de Dieu à Tannourine.
Cèdre de Dieu à Tannourine.

Cèdre de Dieu à Tannourine.

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