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Vendredi 6 mars 2020

8 Mars 2020 , Rédigé par Pereg

mon passage...

mon passage...

Il est de ces journées qui vous marquent dans une vie, symboliquement ou humainement, un jour où l’ordinaire est rejoint par un fait non pas extraordinaire, mais singulier. Ce vendredi était un de ces jours pour moi. J’ai eu mon permis moto. Oui vous me direz, d’accord, quoi de spécifique hormis la réalisation d’une volonté tombée ce jour précisément. Rien et tout à la fois. En effet, j’ai toujours eu certaines dates, certains jours qui me sont restés en tête. Du 17 février 2006 avec le permis voiture, au 9 août 2013 pour le permis bateau. Le 23 de cette même année pour l’arrivée de Brunhilde. Il y a des moments singuliers qui comptent pour moi, pas besoin d’en faire étalage ici. Alors si l’on peut effectivement dire que c’est bien mais que ça n’a rien de spécial, je suis assez d’accord. Cependant dans mon cas, c’est déjà quelque chose, d’autres viendront d’ajouter ultérieurement sur d’autres plans. Alors en ce huit mars où je rédige mon article hebdomadaire, journée internationale des femmes, je ne ferai pas l’affront de partir sur cette thématique même si évidemment, j’ai cette idée bien en tête, et pour tous les autres jours aussi.

Une semaine de travail à la maison ce n’est jamais très simple à gérer, travailler à distance n’est pas ce que je peux faire de mieux, surtout dans un métier où la transmission est reine. Comment faire pour expliquer à distance, sans avoir la certitude que le public comprenne, sans savoir si mes élèves par leurs regards ou leurs attitudes vont me faire comprendre qu’ils apprennent, qu’ils avancent. On s’est donc lancé dans des révisions, tant en français qu’en mathématiques, de la lecture, un peu de dictée et d’étude de la langue, on y ajoute du calcul mental et quelques opérations et il y a de quoi travailler une heure par jour. Mais faire plus, faire mieux, est-ce vraiment possible ? Si l’école a été rendu obligatoire, si elle est le lieu de rencontre entre les élèves et les enseignants c’est aussi que l’on ne peut pas tout faire face à un écran. Le savoir pour les plus grands peut s’acquérir par ce biais j’en suis sûr, moi-même me formant sur certains domaines de cette manière. Mais pour mes pitchounes de 7/8 ans, pour eux qui ont besoin de nous voir pour apprendre, pour nous qui avons besoin de leur présence pour leur enseigner. Il n’y a que des difficultés à résoudre dans cette obligation de cloisonnement en espérant que ce ne soit pas trop long. On s’organise donc comme on peut. Si d’aventure  ça se prolonge encore, une semaine, deux  ou trois même, nul ne le sait, on devra réellement repenser ce travail qui est le nôtre. La valeur singulière de cette transmission, de ce lien de confiance, de ce lien d’affection, il faudra l’envisager autrement. L’adaptation est déjà une clé du professorat et dans cette crise du Covid-19, elle est une clé pour trouver notre diapason.

Malgré la propagation du virus au Liban, 28 cas recensés actuellement, cette semaine s’est déroulée sans trop d’accroc. Une fois le travail envoyé aux parents en début de semaine, j’ai eu donc le loisir d’investir le temps libre qui m’était offert. Tout d’abord je suis retourné comme prévu à la salle de sport, trois fois par semaine, rythme de croisière qui est le mien avec un renforcement musculaire du haut du corps. J’en ressens le besoin donc je m’y mets et on verra si sur du long terme ce travail sera vraiment profitable. De plus, l’institut français avec mes cours d’arabe maintenus confirmait une routine de travail sur cette langue qui est celle de mon environnement. Je sais bien que je ne le parle pas d’une manière extraordinaire, mais ma compréhension du libanais est vraiment plus nette, les efforts seront poursuivis en ce sens. Il n’en reste pas moins que l’alphabet arabe me reste difficile et ce sera vraiment le gros point de travail personnel à partir d’avril. J’ai la chance de me trouver dans un pays avec cet alphabet, ne pas l’apprendre serait une bêtise, je ferai donc ce qu’il faut pour ça. 

Une petite sortie tous les soirs pour x raisons, voilà qui complétait un programme qui se révéla plus chargé que prévu, mais en tout cas, des plus plaisants il est vrai. Chaque matin, petite sortie à Biel pour un entrainement à moto en vue du permis, puis avancement dans la lecture des Misérables. Ces faits peuvent paraître clairement distincts mais ils sont à mes yeux sensiblement liés. En effet, après la Thaïlande où j’avais vu les deux premiers des cinq tomes, j’ai redémarré au Népal en me disant, cette fois-ci, tu iras au bout. En rentrant cette motivation m’est restée, je voulais achever ce roman, je voulais finir cette histoire que je connaissais déjà bien par les musicals mais aussi les différentes versions que j’ai pu voir. Alors lire en début de semaine la mort de Gavroche après celle d’Eponine, c’était déjà quelque chose.

Arriva donc ce vendredi, celui de l’espérance, d’un programme démarré en octobre dernier par mes premières leçons de moto, de l’échec du 29 janvier avec le Tank. Mais ce vendredi n’a pas tourné de la même manière. Réveil à 5h20, on m’attendait à 5H30 devant le bâtiment. Arrivé à Dékouané pour 6h et l’on s’entrainait déjà un peu. Déjà, on s’est rendu compte que la dernière fois, nous n’avions pas fait le bon parcours, en effet les marques jaunes au lieu des marques blanches au sol, ce qui ajoutait bien sûr de la difficulté. Mais au fond qu’importe, l’essentiel était de réussir ce jour. 7h10 on file chercher le dossier dans la salle où les gens répondent aux questions. J’avais eu 30/30, pas besoin de les repasser. En revenant sur le parking, le stress montait un peu mais on avait réussi, et la moto était bien plus aisée et maniable que le tank que l’on avait eu. Oui ce n’était qu’un slalom à faire aller-retour sans poser le pied au sol avec un demi-tour, mais sur ce parking, entouré de libanais, parlant tous en arabe, quand l’inspecteur te demande de ne pas mettre ton casque, on est vraiment dans un autre monde et cette expérience à nulle autre pareille est mienne. Françoise passée en première, elle m’a transmis le bébé. On me fait signe, et je me lance. Aller-retour, validé… Mais non l’inspecteur me répète « aid » recommence… Oui il n’avait pas regardé le premier passage. Déjà que j’étais fébrile, j’étais surtout blasé, car échoué après avoir fait ce qui était demandé aurait été des plus frustrants. Mais non, ce jour était une belle journée et le parcours fut validé. Je sautais de joie et sur ma camarade avec qui j’ai vécu cette aventure de bout en bout. Un soulagement, on avait bossé pour ça, s’entrainer, s’appliquer, revenir, non ce n’était pas simple, mais fait à présent. C’est tout ce qui comptait finalement. On pourra me dire que c’est bien plus facile qu’en France et c’est vrai, ça n’en reste pas moins une épreuve, et elle fut réussie, en deux fois.

Neuf heures sonnaient et j’étais rentré à la maison, prêt à bondir et sortir de la ville pour cette grise journée au niveau de la météo. Peu m’importait. Alors j’ai eu le plaisir de découvrir de nouveau endroits que je n’avais encore jamais exploré. Des grottes de Jeita aux ruines romaines d’Afqra, des grottes minérales magnifiques aux vestiges phéniciens et grecs, je ne pouvais que contempler un peu plus ce pays qui est le mien actuellement, et ce lien était devenu encore plus fort. Même si la météo était horrible, pluie, brouillard, vents, je m’en moquais, car cette journée était mienne. Mon second plaisir de ce jour était d’achever ce roman d’Hugo. Ce qui fut fait sur les coups de 13h, par la visite de la tombe de Jean Valjean. Seconde réalisation de la journée, celle qui marquait la fin non pas d’un échec, mais d’un quête littéraire achevée. Quand on a mis autant de temps à finir à livre, sans me forcer malgré les trop longues descriptions, c’est quand même quelque chose.

Alors oui un vendredi intense, moto, lecture et visites, les autres jours se suivent et se ressemblent, car les mots sont une source de bonheur qui ne se tarie jamais. Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, j’irai vibrer à Murrayfield, je planerai sur Hyrule, tout comme je marcherai dans Beyrouth. Demain, fête des profs au Liban, cette journée aura forcément une saveur particulière par le contexte, mais une chose est sûre, je continuerai de m’attendre à l’inattendu.

fin.

fin.

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Musique, Coronavirus et féminisme

1 Mars 2020 , Rédigé par Pereg

Beirut and Beyond

Beirut and Beyond

Penser avoir une semaine au calme, où tout se déroule normalement est un élément de langage au Liban. En effet, rares ont été les fois où j’ai pu démarrer un article en disant que la semaine s’était déroulée sans accroc, sans anecdote ou sans fait particulier. Cette semaine de reprise en prenait presque le chemin malgré un travail supposé hier samedi 29 février. Je dis bien supposé car effectivement tout a bien changé depuis, clairement changé. Si bien que moi souhaitait initialement prendre un fait extérieur et en disserter, je me retrouve simplement à commenter mon actualité déjà bien trop remplie.

La reprise mardi matin s’est faite dans un calme relatif, toujours la tête dans les montagnes de l’Himalaya, je n’en étais pas moins ravi de retrouver mes pitchounes pour m’y remettre jusqu’en avril. Ce qui me gênait un peu plus était le court weekend à venir, devant travailler samedi matin. Bien sûr, je ne me suis pas privé de sortir tous les soirs. Oui, tous. Pour un verre, un match, du théâtre, mais aussi et surtout de la musique. Bon d’accord je dois avouer que je suis complètement passé à côté de la nouvelle sur les réseaux sociaux, de ce festival musical qui allait rythmé mon weekend. Ce qui m’importait au départ, c’était que Charlie, my fellow, rentrait vers le Royaume-Uni.

C’est ainsi qu’après un match de Champion-League qui a vu Lyon s’imposer, une performance théâtrale dans laquelle je ne suis pas rentré, je sortais vendredi soir avec l’idée de revenir comme Cendrillon. Oui, samedi matin 7h30, le lycée accueillait un nouveau samedi de rattrapage. Cependant alors que j’arrivais à Zoukak, lieu de rendez-vous inital pour le weekend, je découvris que le festival Beirut and Beyond s’ouvrait ce soir-là dans ce même lieu, et que le lendemain, la ville serait habitée de scènes musiques aussi diverses que variées.

BACHAR MAR-KHALIFÉ   TONI GEITANI     TAREK YAMANI / LILIANE CHLELA

Pour une première soirée, entre rock, voix lunaire sur fond de son électronique, et un piano jazzy complètement dissonant. La musique n’a de cesse d’étonner, de s’inventer, de se créer, de se montrer et cette scène offerte à des artistes locaux bouillonnants, est un vrai plaisir d’expérience. Durant le second concert, un message est tombé comme quoi, après un accord entre le ministère de l’éducation et celui de la santé, par prévention, « tous les établissements scolaires seront fermés jusqu’au 8 mars ». Voilà, le couperet était tombé. Obligation de rester à la maison pour une semaine. Ainsi la Cendrillon que je devais être se trouvait libérer de ses obligations de sommeil et pris le parti de prendre une nouvelle bière pour profiter de cette soirée qui s’annonçait plus longue que prévue. Rentré effectivement bien plus tard, je n’en étais pas moins ravi de ce temps qui m’était offert sur le weekend, moins pour les jours à venir où l’organisation sera à voir en fonction des attentes, mais ça sera pour demain lundi.

Sitôt levé, je découvrais avec un dégoût assez violent le palmarès des Césars, académie qui déjà dans sa grande mansuétude avait eu le bonheur de nommé Polanski comme meilleur réalisateur, je ne pensais pas qu’il aurait été couronné. Mais si, la statuette de la meilleure réalisation. Je pense sincèrement avec les affaires qui lui collent à la peau, que ce prix est un affront à toutes les victimes potentiels, mais c’est surtout montrer combien notre chère nation des Lumières, s’est éteint un peu plus quand il s’agit de relents de misogynie, alors que dans le monde entier, les barrières de ce côté tombe. Ce qui tombe bien avec ce weekend un festival féministe à l’Institut français de Beyrouth. Conférences, projections, scènes artistiques, un weekend décidément bien calé sous les projecteurs culturels. J’irai donc en fin de journée écouter la conférence sur « homme et féminisme, un engagement improbable ? ». Le thème me correspond bien. Je m’affirme de plus en plus être féminisme, ou pro-féministe suivant comment on voit les choses, ne serait-ce que pour une équité qui ne devrait pas être quémandée, mais due. J’espère que la conférence sera intéressante. Je me délecte néanmoins ici d’avoir vu sacrés deux personnalités du cinéma que j’apprécie énormément, tant pour leur talent que leur filmographie toujours soignée, Roschdy Zem et Anais Demoustier.

J’en reviens donc à mon samedi qui après un goût amer, m’apportait une touche sucrée, ou plutôt zen pour une expérience que je n’avais encore jamais faite, celle d’un spa. On m’avait offert avec bonheur pour mon anniversaire un soin à réaliser dans un institut, massage, sauna, jacuzzi et bain marocain. Pour ne pas rester idiot et apprécié l’expérience, j’y suis donc allé en début d’après-midi au niveau de l’hôtel Riviera. Pour commencer un massage du corps. Lâcher prise n’est pas un vain mot , c’est quelque chose qui peut sembler facile pour beaucoup mais qui me confirme à quel point la tâche peut être ardue personnellement. Mais soit, je me suis laissé aller, et j’ai profité. Pierres chaudes et exfoliantes ne sont pas trop mon délire, mais pour le reste c’était royal. Surtout le Sauna ou dans cette chaleur suffocante ton esprit dérive sur des continents lointains, d’une pensée qui n’a de cesse de voyager, pour tout bonnement, se laisser aller. J’en sortais détendu, calme et serein. De quoi envisager pleinement le programme d’un samedi bien occupé.

Sur les coups de 17h, je partais doucement vers Mar Mikhail, Diane m’avait invité pour le thé, et ainsi voir où elle allait déménagé. On a discuté un peu calmement et c’était tout ce qu’il fallait. J’ai rejoint Hadi, Kate et Tommy chez ce dernier, le match de Liverpool allait commencer et la pizza arrivée. Parfait n’est-il pas. On est parti à la mi-temps sans que le score évolue et ce n’était pas plus mal car la suite avait de quoi attristé notre fan absolu des reds, une première défaite de la saison. On est donc allé à Métro al Médina pour voir des groupes, dont Hadi avait déjà entendu parlé. C’était vraiment la bonne idée car après un groupe arménien, Gizzmo, on a eu une polyphonie libanaise de toute beauté, deux femmes un homme, mais aussi de l’éclectisme et chaque morceau s’illustrait d’une couleur différente, un pur joyau, un groupe que j’aurais plaisir à suivre et retrouvé sur scène, ZEID HAMDAN. Je ne fais pas souvent des compliments aussi laudatifs mais j’ai vraiment été transporté. Après avoir été rejoint par Chloé et Sahar durant la performance, la question de la suite se posait. Troisième concert au même endroit ou aller découvrir le Ballroom Blitz. Oui, une boite, mais c’était l’occasion où jamais de rentrer dans ce lieu qui m’était aussi jusqu’à lors inconnu. Je n’aime pas ces ambiances mais pour des concerts, tout peut-être différent. On a donc eu sur scène the Bunny Tyler, Coldwave saturée qui n’était pas sans me rappeler Joy Division et la transe que cette musique me donne. Il était déjà l’heure de rentrer après en avoir eu plein les oreilles. Ce festival que je n’attendais plus, on m’en avait parlé bien avant, mais je ne regrette en rien d’y avoir fait ce saut dans l’inconnu musicale libanaise, qui m’a offert cette vibration qui me plait tant, la musique.

Alors que je termine mon article  et que la faim ne me guette toujours pas, je me dis que la journée  au calme tout d’abord, pourra peut être me réserver d’autres surprises.

en exploration près de chez-moi lundi, une phrase peu banale...

en exploration près de chez-moi lundi, une phrase peu banale...

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Népal

23 Février 2020 , Rédigé par Pereg

Une de mes photos préférées de mon périple

Une de mes photos préférées de mon périple

Dimanche après-midi, je traite les choses à faire les unes après les autres, la première des lessives est achevée, les courses au frigo. Il me faudra aussi forcément trier mes photos mais la rédaction de cet article me tient à cœur. En effet même si j’ai toujours mon carnet de voyage avec moi, faire le bilan complet de mon séjour népalais m’apparaît comme important. Non pas que ça soit extraordinaire ce qui m’est arrivé, mais quand même pour le réaliser un peu plus. Tout n’a pas été rose, loin de là, mais je ressens une fierté à avoir achevé ce parcours de marche qui était le mien, avec quelques chiffres en tête, 1, 3637, 2005, 12, 45, 4300, 6240. Dit ainsi à la suite et aléatoirement ils ne représentent rien, pourtant qu’ils résument à eux seuls l’intérêt et l’intensité de mon séjour au Népal. Alors pour ne pas trop brouillé les pistes, ni tout dévoilé, je vais tenter de respecter l’ordre chronologique.

Tout a commencé le 14 février alors que le soleil n’était pas levé, en direction de l’aéroport. Une escale à Doha avec Qatar Airways et une arrivée vers 19h30 à Katmandou, avec un décalage horaire de 3h45. Oui ce n’est pas comme le reste du monde, là-bas, l’heure est vraiment différente, et en rajoutant une heure de plus vis-à-vis de la France, je me sentais clairement dans un autre monde. Après le passage de la sécurité un taxi attendait. Quand je dis taxi, il n’avait de taille que ce nom car en fait même ma Corsa était plus grande, mais au Népal, tous les taxis sont ainsi, de toutes petites voitures, et les bagages sur le toit s’ils sont trop volumineux. Une arrivée en douceur chez Macha que je n’avais pas revu depuis son départ du Liban en juin dernier. Une première soirée au calme, où la dégustation de momos, des pierogis locaux nous ont été salutaires. Déjà, j’ai eu un aperçu d’une échelle de Scoville qui n’est pas celle de mon cadre habituel, mais bien plus pimentée.

Le samedi 15 était la seule journée que je pouvais consacrer à la découverte de la capitale, le programme fut donc fait en fonction pour arpenter les endroits les plus intéressants de la cité. Le Stupa Swayambunath avec son escalier assez raide, ses couleurs, ses prières, ses cloches à faire sonner dans le sens horaire en tournant. Dès ce moment-là, avec mon cache-cou relevé, je m’imprégnais d’une nouvelle culture, entre bouddhisme et Hindouisme, deux religions qui cohabitent pacifiquement, mêlant les traditions des deux pour la majorité de ces habitants. Il nous a fallu ensuite aller vers Durbar Square, place historique de Katmandou, où le séisme de 2015 laissait encore voir les ravages, mais entre tous les temples, musées, constructions en tout genre, on ne pouvait qu’en prendre plein les yeux. C’est à cet endroit que j’ai eu l’occasion de « contempler » la Kumari. Fillette de six ans élevée au rang de Déesse vivante jusqu’à sa puberté, et adoré par une partie de la population. Ça m’a fait très bizarre mais je me suis surtout senti gêné pour elle et cette enfance qu’elle ne peut pas vivre. C’est un autre monde tout simplement, il n’est pas question de juger, juste d’entrevoir. Vint ensuite la montée vers Tamel, quartier touristique par excellence, mais qui offrait aussi des rues très animées, tant par les senteurs que par la vision colorée des étoffes. Il était temps de rentrer pour se préparer au vrai départ, celui de ma venue au Népal, le trek.

le Stupa de Swayambunath

le Stupa de Swayambunath

Réveil à 5H30 dimanche matin, le taxi était là à 5h45 pour m’emmener à l’aéroport national. Déjà que l’international de Katmandou était le pire aéroport que je n’avais jamais fait, le national remporte un prix supérieur en terme d’hallucinations provoquées. On se serait cru dans un grand hangar à poulets. Mais au fond je m’en moquais, je partais avec Yeti Airlines pour Pokhara où mon guide m’attendait… Le seul hic, c’est que là-bas à 25 minutes en avion, la météo était détestable et il était impossible de voler dans ces conditions. Du coup au lieu de partir à 7h comme initialement prévu, on a décollé à 11H20. Autrement dit, moi qui devait démarré la montée vers les cimes à 7h30, elle n’a démarré qu’après 13h00 et un déjeuner sommaire. Vint ensuite les quasi trois heures de jeep pour nous rendre à Ghandruk, lieu du départ réel du trek. Je prenais ça avec une relative philosophie, sachant d’une part que j’avais trouvé mon guide et qu’il saura où s’arrêter, quoi faire et comment dans tous les cas, et d’autre part, ce n’était plus à moi de décider, ni de contrôler. Il fallait simplement accepter de subir cette situation, plus courante que je ne l’imaginais, car la météo hivernale n’a de cesse que de rendre plus difficile tous les trajets intérieurs en avion. 15h45 nous étions au début du sentier avec Puspa, Népalais de 39 ans, mon guide des jours suivants. Et pour une première marche, elle a été relativement tranquille, 2H45 de marche, sentier très sec, montant doucement. Après l’inaction de la journée j’avais donc à cœur de me dégourdir les jambes, j’en tremblais presque. Ce passage qui nous amenait à Tadapani à 2630 fut assez intense, mais sympa. La soirée amenait ses premières surprises. Déjà les lodges qui servaient de chambre ne sont pas vraiment hermétiques avec une température avoisinant les 0 degrés, douche chaude en bonus. J’y ai surtout rencontré un groupe de jeunes évangéliste venus découvrir le Népal, région où la croissance de la foi chrétienne se fait très forte. Je n’osais pas imaginer que la foi chrétienne avait pu venir jusqu’à Népal, mais c’était plus que ça, les conversions y sont nombreuses. J’en doutais avant de découvrir le mercredi, une église bondée à l’heure de la messe à Ulleri.

Népal

Lundi 17, les choses sérieuses démarraient vraiment, avec une nouvelle montée de 800m en altitude, pour arriver à Dobato à 3426m. Autrement dit, tout simplement le point le plus haut que je n’avais encore jamais atteint en randonnée. Oui la Réunion m’avait amené à plus de 3000 et l’objectif annoncé était la barre symbolique des 4000, mais tout a été remis en cause au fur et à mesure… D’abord cette montée matinale, nous sommes partis vers 7H30 sous un soleil radieux, avec quasiment tout du long avec une vue sur l’Annapurna South, montagne de plus de 7200m. sachant que derrière lui, un peu caché, se trouvait l’Annapurna I, premier 8000 auquel des français ont su se hisser au sommet. Avec une telle vue, un soleil radieux, la mise en jambe de la veille, tout aurait dû se dérouler facilement. Mais malgré ma vitesse car j’ai mis trois heures pour faire les huit kilomètres de montée, j’ai été en souffrance durant la dernière heure avec un simple facteur que je n’imaginais pas rencontré à ce point, la neige. Le dernier kilomètre, le chemin de randonnée était couvert d’un épais manteau blanc dans lequel je m’enfonçais jusqu’aux cuisses, à cause de mon poids et du soleil. Ce qui fait que les crampons, adapté à de la glace devenaient complètement inutiles. Pas après pas, chute après chute, j’ai réussi à me hisser jusqu’à ma destination finale de la journée, mais sûrement trop rapidement. Déjà l’après-midi je ressentais un étourdissement qui me faisait dire que c’était peut-être le préquel d’un mal des montagnes qui grandissait en moi. Une ascension trop rapide qui pour l’heure ne me donnait qu’un léger tournis et qui faisait dire à Puspa que je serai capable d’aller chercher les camps de base de l’Annapurna ou de l’Everest avec plus de temps à ma disposition. Pourtant, la nuit ne fut pas simple, entre tremblements suées ou saignement de nez, le mal des montagnes se montrait bien présent. J’en informais mon guide au matin qui confirmait mes prédictions. Sachant que l’on redescendait dans la journée, ce n’était pas grave selon lui, il a eu raison.

Oui du fait de la neige qui m’avait faire des efforts supplémentaires sur cette première partie de chemin, celle-ci avait bloquée le chemin du lac gelé où je devais me rendre le surlendemain pour passer les 4000. Impossible de partir au Nord, mais il fallait aller vers l’Ouest, par Muldai et Ghorepani. J’étais déçu de ne pas pouvoir franchir cette barre symbolique que je m’étais fixé mais quand le chemin n’est pas ouvert, que ton guide te dit qu’on ne peut pas aller, et qu’en plus tu es monté trop vite déjà, et qu’il ne serait pas raisonnable d’aller beaucoup plus haut. Tu ne joues pas avec ta santé et tu fais de que l’on te propose, c’est-à-dire changer de direction. D’ailleurs, ce qui s’est passé ce jour-là n’aurait pas été possible si l’on s’en était tenu au plan initial, il faut simplement l’accepter.

Muldai, 3637m, face à l'Annapurna South

Muldai, 3637m, face à l'Annapurna South

Mardi 18 a été la journée la plus intéressante, levé à 6H20, pour monter à Muldai, un peu au-dessus de Dobato, une ascension, une vraie, dans le genre de celle du Pyton des Neiges, avec de la poudreuse cette fois-ci. Enfin je dis poudreuse, mais quand le soleil n’est pas encore levé, c’est le crissement de la glace que l’on entend à chaque pas. Les crampons dans la poche si ça devenait trop délicat, mais nous l’avons fait jusqu’au bout avec Puspa, 3637m. En tout cas c’est ce que mon guide disait. Voilà donc officiellement le point le plus haut sur terre que auquel j’ai accédé à pieds, Muldai au Népal, 7H10 du matin, avec une vue à couper le souffle, la chaîne des Annapurna dans toute sa splendeur. Cette vision phénoménale était l’éblouissement que j’espérais, contempler ces crêtes ciselées, brutes, blanches et rocheuses, sous un soleil naissant à l’Est, et dans une tenue d’hiver nécessaire. Gants, bonnets de ski et tout le tintouin, était obligatoire pour en profiter réellement. J’ai sorti le Captain et Totoro de ma poche comme à l’accoutumée, mais également mon drapeau pour un shoot assez particulier, l’essentiel était ce que mes yeux voyaient. Rares sont les photos qui retranscrivent l’émerveillement que j’ai ressenti à ce moment. J’étais venu pour ça et je l’ai fait. Oui ce n’était pas 4000, mais c’était beau. On est donc redescendu pour un petit-déjeuner avant ensuite de prendre le chemin de Deulari, en descente car il fallait arriver le soir à 2900. Mais évidemment si les choses étaient simples, ça aurait été beaucoup moins drôle. Car la neige présente à la montée, était bien là pour la descente. Enfin je dis descente mais j’ai presque eu la sensation de montée comme la veille. Seulement, les passages étaient plus courts que la descente en continue que nous avons fait. A un moment donné sur le chemin d’ailleurs, je suis tombé dans une petite crevasse, une caverne, une bulle d’air que le chemin cachait et que ma carcasse un peu trop volumineuse à ouvert sur le monde. Pas de blessure dans la chute et un guide qui riait aux éclats, j’ai remonté les trois mètres avec une corde qu’il faut toujours avoir à disposition. La suite du chemin, pleine de dévers impressionnants confirmait que la montée n’est pas pour moi le plus risqué, mais que chaque pas de descente doit être bien assuré.

Arrivé à Deulari aux alentours de midi, une pause repas s’imposait avant de finir calmement et rejoindre Ghorepani le soir. Assis en terrasse j’ai vu arrivé deux filles qui cherchaient leur chemin à côté du panneau de direction. Une française et une allemande, jusqu’à là rien d’anormal. On discute deux minutes et on switche en français du coup car sa copine était partie discuter ailleurs. Avec ma plus grande stupéfaction que je me rends compte que cette femme était non seulement bretonne, du Morbihan, âgée d’un an de plus que moi, mais d’à côté d’Auray et surtout qu’on était au lycée ensemble en 2005 ! Alors oui le monde est petit, et partout où tu vas, tu croises un(e) breton(ne) ! mais quand même, j’ai trouvé ça génial. Mieux que l’équipe Bretagne de cyclisme à Istanbul, mieux que le briochin de Petra, un peu du genre du mec qui faisait du foot avec manu au fin fond du Portugal en 1995. Alors  une fois que Lucie est partie, j’ai expliqué tout ça à Puspa que ça l’a bien fait rire. Nous sommes repartis vers Ghorepani pour une fin de journée au calme. Nous attendait le lendemain le dernier challenge. Poon Hill.

Poon Hill comme je l'ai vu

Poon Hill comme je l'ai vu

Poon Hill, est le trek court et accessible proposé à tous les débutants et aux personnes qui n’ont pas trop de temps pour aller marcher. A 3210m, tu as une vue entière sur la chaine des Annapurna. Je l’avais fait déjà avec Muldai la veille, mais l’idée d’une dernière montée avant la grande descente de la journée me plaisait, comme un ultime challenge malgré des jambes déjà endolories. Je voulais aller jusqu’au bout et faire ce petit périple était à la porte de tous, donc je devais en être. Parti à 5H30 le mercredi 19, la montée s’est faite doucement… En revanche, les nuages nous entourant ne disparaissaient pas… Je l’avais remarqué sans vraiment m’inquiéter en me disant que de toute façon, rendu là-haut, il y aurait une vue dégagée… Que nenni ! un brouillard épais, dense et opaque, nous cachait une vue sublime que j’espérais voir. Mais au lieu de m’enrager de la situation j’en riais, car j’avais eu le plaisir de la vue à Muldai la veille ! Contrairement aux gens amassés de bonne heure avec moi à Poon Hill, je la connaissais la chaîne de montagne. Alors ce n’était pas de bol, comme pour les falaises de Moher en Irlande où la vue de l’eau nous avait été enlevée par une météo désastreuse. Là, à nouveau la même chose, mais peu m’importait, j’avais eu la vision de tout cela. J’étais en revanche déçu pour les gens croisés là-haut qui n’avaient pas eu ma chance. Une météo capricieuse peut changer un séjour et je suis ravi qu’en plus de m’avoir barré le chemin, elle ne m’a pas rendu les Annapurna aveugles.

Ainsi, de 3210m sous une grisaille, démarrait la descente de fin de séjour, pour rejoindre la vallée et Hille, à moins de 1500m. Ce fut intense, car des escaliers nous attendaient à n’en plus finir, marche après marche on continuait inlassablement vers la vallée, voyant remplacer la neige par  la verdure, la glace par la poussière, le froid par une sensation de chaleur. Nous sommes passés par plein de petits villages au fur et à mesure,comme Ulleri avec des escaliers si raides que Mafate m’a paru accessible. Mais aussi une jolie église en pleine célébration, des villages où chaque maison abrite un restaurant ou un hôtel. Je cite à nouveau la Réunion mais c’est le voyage que j’ai fait qui s’y rapporte le plus, celui qui m’a confirmé ce même goût de la marche et de l’effort, celui qui m’a montré combien la nature est belle et que je l’adore. Quand on parle de pays tout entier tourné vers le tourisme comme le Costa Rica, les régions montagneuses du Népal ne vivent que de ça le moindre village en est dépendant. Alors arrivé au bas de la vallée, il a fallu traversé la rivière… j’ai cru avoir un très gros problème. Autant le vertige n’apparaît pas quand je suis sur la terre ferme, peu importe la pente que j’aperçois, mais dès que je suis sur un pont, dix mètres me paraissent formés un vide abyssal dans lequel je vais tomber. Deux ponts d’environ 20m, deux étapes finales qui ont ramené mon rythme cardiaque à la hauteur de battements que Muldai avait donné. J’avais atteint les sommets pour tomber dans un précipice de nervosité. J’ai néanmoins réussi à franchir ces ponts larges pour deux personnes, sur lesquels j’ai vu des enfants courir et se battre après moi. Ce n’est vraiment pas ma tasse de thé, mais j’avais réussi à franchir mon Rubicon.

un des ponts de l'Enfer...

un des ponts de l'Enfer...

Quand on a posé les sacs à l’hôtel, je savais que c’était la fin du trek, la jeep viendrait nous chercher directement ici. Au lieu de cinq jours de marche, nous avons tout bouclé en quatre. Les 15 km de marche du retour y étaient pour beaucoup bien sûr, mais voilà c’était fini. Après avoir atteint, 3637m et donc le point mon point le plus haut sur terre, rencontré st paulaise de 2005, un groupe de douze chrétiens évangélistes, 4300m de dénivelé positive, 6240 de descente, j’avais fini mon trek de 45 km, mon premier vrai trek, celui dont que je rêvais de faire depuis quelques années déjà. Les chiffres sont là et c’était clos. Un mal des montagnes appréhendé en bonus, et surtout une envie furieuse de repartir vers les sommets, dans ce pays ou un autre. Ce n’est pas Man vs Wild pour autant, mais voilà bien des aventures qui ne peuvent que me donner envie de recommencer.

Jeudi 20 nous sommes redescendus vers Pokhara, mais la jeep a cassé un essieu. C’est fou de voir avec quelle dextérité un mécanicien qui n’avait de garagiste que le nom a réussi à nous fabriquer de quoi tenir jusqu’à notre retour en ville. Pendant ce temps de toute façon, je lisais. Je savais que j’allais revenir en ville où mon hôtel et une fin de journée au calme m’attendait alors je n’étais pas pressé. Surtout que ma liseuse avait retrouvé sa consommation normale de batterie, avec l’altitude, elle fondait comme neige au soleil et je saurai pour mes prochains périples que le papier jauni vaut parfois mieux passé 3000m ou un froid intense. Pendant la réparation disais-je, je lisais. Après avoir terminé le château de ma mère, le temps des secrets et le temps des amours, je me rendais compte de l’intérêt de cette lecture sur laquelle j’étais toujours passé. Les téléfilms de l’enfance de Marcel m’avait beaucoup marqué plus jeune, mais ici la lecture que je sentais nécessaire depuis des années est venue. J’ai été notamment surpris par le chapitre des Pestiférés dans le dernier volume. Amateur absolu de la peste de Camus, voir que Pagnol qui savait si bien croqué son enfance pouvait nous raconter ce drame marseillais du XVIIIème siècle aussi bien que son homologue à Oran, j’étais bluffé. Mais quand je parle de lecture, je me suis surpris à reprendre celle entamée en Thaïlande il y a de ça quatre ans à présent, les Misérables. J’avais lu les deux premiers tomes, j’ai fondu sur le troisième et le quatrième n’est pas encore achevé. Passant de la page 700 à 1300 pour un total de 1800. Non ce n’est pas terminé, mais ce chef d’œuvre d’Hugo qui comporte bien trop de description pour un lecteur moderne, je le finirai. Peut-être pas en Asie comme l’idée saugrenue, m’est venue, mais bien où je pourrai, quand je pourrai, en tout cas, je ne compte pas le lâcher avant de voir la fin d’Eponine, celle de Gavroche, et peut être que d’ici au mois d’Avril, ce sera bien Valjean dont j’aurais contemplé les derniers instants. La lecture, c’est aussi une autre respiration de mes vacances, je me saoule de mots, je me drogue de chapitres à dévorer, ne sachant  réellement m’arrêter, la lecture est une amie précieuse, mais le monstre chronophage de mes congés.

Le temple au milieu du lac de Pokhara

Le temple au milieu du lac de Pokhara

Alors malgré une heure de retard à Pokhara, j’ai pris le temps de me balader au bord du lac, allant même voir le temple situé au milieu de celui-ci, mais sans la volonté d’aller jusqu’au Stupa de la Paix situé sur les hauteurs. Déjà, prendre à nouveau le temps de me balader, d’être en ville, ou de me connecter à internet, ça m’a occupé. C’était là aussi un des enjeux du trek que j’ai pu mener. La déconnexion. Pas celle pour dire oui je n’ai pas envie de regarder mon téléphone aujourd’hui. Non, simplement un endroit sans réseau, pendant plus de trois jours. J’avoue avoir apprécié car ça m’a permis de beaucoup réfléchir à mes envies, à celui que je suis, mes réalisations et mes attentes. Sans en faire une crise existentielle, il est vrai que l’effort couplé à un décors naturel sublime, peut annoncer ce genre de choses, surtout si on a le temps. Et ce dernier, je l’avais, et je l’ai pris. Le fruit de ces réflexions resteront pour moi, mais j’ai bien la sensation de me connaître un peu plus à présent, d’être toujours dans l’avancement et ce, vers une maturité relative.

Alors mes derniers mots sur le retour à la capitale et une soirée avec des expatriés sera anecdotique. Tout comme ma valise restée à Doha et récupérée ce matin à Beyrouth, ou encore ces heures de vol devant des films à n’en plus finir comme un zombi. Oui mon séjour pourrait être résumé à cette marche en montagne, ce trek espéré et apprécié, ce bonheur solitaire de cette ascension au grand air. Alors que j’écris ces mots je suis dans le canapé de mon appartement, l’Angleterre mène au score contre des irlandais fébriles, et les mondiaux de Biathlon s’achève aujourd’hui. Me voilà déjà bien à penser au travail à fournir pour ma rentrée de mardi, avec une prolongation pour me libérer la journée de demain. Il faut bien s’y remettre un jour, les prochaines vacances seront bien différentes et en famille, le retour en Europe d’avril sera apprécié.

un panneau écrit en français sur le trajet, inspirant n'est-il pas?

un panneau écrit en français sur le trajet, inspirant n'est-il pas?

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Trente-deux

10 Février 2020 , Rédigé par Pereg

Lundi matin, au lieu d’avoir école, je suis tranquillement chez moi… Merci Saint-Maron et ce jour férié rattrapé, comme ça en devient usuel au Liban. Enfin, j’irai à la salle dans moins d’une heure, après avoir fait une première fois mon sac à dos pour le Népal. Cet après-midi sera plus sérieux avec du travail à avancer pour après les vacances pour l’école. Oui tant qu’à faire, ça me permettra de partir l’esprit libre avec une semaine de rentrée pleinement réalisée. Si je trouve le temps, je filerai au cinéma également voir Parasite, ce film m’intéressait déjà du fait de sa palme d’or, mais le voilà tout auréolé des oscars aujourd’hui. Je me dis qu’il en devient immanquable, au programme de la journée probablement. Après ce qui me reste en tête est tout autre…

Voilà c’est fait, j’ai passé les quatre fois huit, ce n’est pas un cap spécial ou un nombre qui m’importe, je constate juste que depuis la célébration des trente à Ker Henri, je n’ai jamais été aussi loin de trouver important cette célébration. Ceci étant, j’ai apprécié la manière dont les choses se sont déroulées ce weekend, simples et plaisantes. Spiritueusement, sportivement et culturellement. Oui j’ose le néologisme en début de page, privilège de cette vieillesse nouvellement acquise… En tout cas je me l’octroie ce droit. Trois nouveaux pays visités, Jordanie, Costa Rica et Chypre. Une année passée à l’étranger pour une situation politique et économique fort incertaine encore aujourd’hui ici. Une nouvelle langue que j’essaye toujours d’acquérir et ma sortie d’hier me confirme le travail à mener. Le bonheur des rencontres familiales aux nouveaux et anciens amis. Ça peut se résumer vite une année.

Cette semaine de février n’a pas apporté de nouvelles particulières, juste la sensation du temps perdu, d’avancer doucement avec en tête, aux yeux et à la bouche, une envie de partir, de voler vers d’autres horizons. Oui le Népal approche et j’ai déjà vraiment la tête là-bas, à ces montagnes que je souhaite explorer, à ce périple qui s’annonce comme « une retraite », pour mon plus grand plaisir je l’avoue. Me couper du monde… Tout cela reste relatif à l’heure actuelle car si j’ai la possibilité je posterai sur les réseaux sociaux, déjà mon guide et les randonneurs durant cette semaine de voyage. Plus les jours passent, et plus je suis loin en pensant, à me questionner sur les réactions que je vais avoir, aux paysages, mais à la fatigue au mental de cette épreuve que je me prépare à faire. De Katmandou à Pokhara, puis après droit vers les Annapurna. Rien que le nom, et je pense forcément à l’alpinisme français et ces exploits. Himalaya, qui oserait contredire que c’est un réveil éveillé que d’aller marcher là-haut.

Ce n’est plus une divagation, et les dernières semaines m’ont réellement servies à me préparer pour ce séjour. A coup de séances de cardio, d’une alimentation suivie, je suis plutôt en forme, rien à voir avec mon retour en septembre ici c’est net, et je progresse doucement vers les objectifs que je me suis fixé. Step by step j’avance. Déjà je sens que les poumons ne sont plus les mêmes. Cinq mois ont passé déjà sans qu’une cigarette, cigarillos, cigares ou autres « fumisteries » n’ont souillé un peu plus ma respiration. Ce changement souhaité et nécessaire me confirme que cette volonté m’amène vers d’autres possibilités. J’en suis à 14 km à présent en un peu plus d’une heure… sur tapis pour relativiser les choses, mais c’est bien plus que je n’osais imaginer il y a encore quelques mois. On a beau dire mais c’est un changement qui ne pouvait être stoppé, je le savais, je le voulais. Il ne me reste plus qu’à tenir. Le sport d’abord et avant tout, comme décharge mentale, comme envie, comme besoin. Après oui je n’ai pas d’enfants qui accaparent mon temps, j’ai donc toujours la possibilité de penser à moi… 0n m’a également dit que j’avais maigri récemment, mais bon tant que je ne serai pas passé sur la balance chez les parents, et ce n’est pas prévu pour demain, ça attendra.

D’ailleurs à Guiscaër on va peut-être me trouver maigre si ça continue, enfin peut être pas quand même mais ça serait dommage que ma grand-mère veuille me remplumer.  Surtout qu’en plus que la barbe a bien poussé. Oui ça amènera forcément à des commentaires peu laudatifs mais ça correspond un peu à mon esprit du moment, hirsute. Oui c’est plutôt pour des cheveux ce mot, majnoun si vous préférez, mais ça n’aidera pas spécialement non plus. Bref trêve de digression, je reprends là où j’en étais. Long weekend pour mon anniversaire, j’ai vraiment de la chance. Ce lundi 10 février est férié, car rattrapage de la Saint-Maron qui tombe un dimanche. En plus, le 14 est février l’est aussi, la semaine suivant mon anniversaire est toujours calme ici et ça n’est pas pour me déplaire. Au départ je devais faire plein de choses ce weekend, et peu à peu, je me suis dirigé vers mon travail à avancer pour après les vacances. Une vague de froid bien poussée, accompagnée de joyeusetés de saison forcent à rester cloîtrer plus qu’à l’ordinaire.  

Au réveil samedi matin, j’ai eu le plaisir de voir le petit-déjeuner arrivé à la porte. Fatteh et Foul, deux plats typiquement libanais pour un repas fort copieux, plus besoin de manger avant longtemps. Comme le salon était disponible, la télé allumée, et là, surprise ! les mystérieuses cités d’or étaient diffusées sur Mangas. Esteban, Zia, Tao et les autres, de leurs pérégrinations en Amérique du Sud, de quoi me faire retomber en enfance. Après six épisodes consécutifs, quelle n’est pas ma surprise de voir Dragon Ball à suivre ! Ça devait bien faire au moins dix ans que je n’avais pas posé regardé ce dessin animé. Alors je suis resté devant, corrigeant mes copies, préparant du boulot, mais avec un œil sur les aventures de Sangoku contre l’armée du Ruban Rouge. Seize heures sonnaient et  je n’avais pas encore bougé réellement de ce canapé. Je me suis donc levé, pour m’asseoir dans un fauteuil de cinéma. J’ai le droit a une place gratuite pour mon anniversaire, j’en ai donc profité. 1917 au programme, un plan séquence d’une intensité technique rare. Un film qui a le mérite de présenter la première guerre mondiale sous un angle qu’il ne m’avait pas été donné de voir. Intense et brut, puissant et difficile. Ce genre de film est à la fois un frisson, une épreuve mais une œuvre complexe qui ne laissera nullement indifférent. A peine le temps d’une douche et il fallait sortir pour rejoindre un restaurant, bien entouré, j’ai soufflé ma bougie, repas italien arrosé de Spritz en bonne compagnie. Un détour par Toros en suivant, et un retour un peu plus tard à pied jusqu’à l’appartement m’avait pleinement satisfait. Ça représente bien dans le fond ce que je suis, toujours fasciné comme un gamin, mais je me réalise pleinement, assumant cette part enfantine qui est mienne. Alors on pourrait me rétorquer que mon célibat ne fait que renforcer mon égoïsme, et que l’égoïsme ne fait que renforcer le célibat. Bref ce n’est pas là l’important, simplement d’apprécier ce que je vis ici et c’est le cas.

Dimanche au calme, en tout cas ça devait l’être jusqu’à ce que la météo se joigne à notre entrainement de moto. Pluie, vent, grêle, la tempête, tout ce qu’il ne fallait pas. On a du écourter mais je me sens serein. Seize heures au basket, ça faisait une paye que je n’avais pas mis les mains sur un ballon. C’est revenu peu à peu, le but étant de se dépenser. Puis pour une soirée concert avec le Sofar Sounds. Une institution qui propose des concerts, ou plutôt des shows et ce partout dans le monde. Ici, c’était la première fois depuis la révolution. Entre un slameur libanais, un groupe fait d’accordéon chromatique de Oud, c’était génial, tout comme un dj aux sons dissonants.  Une fois n’est pas coutume, je me laisse porter par les découvertes que cette ville peut offrir.

Alors à l’heure où je dois clore ce nouvel article, je me dis que les choses vont forcément évoluer. Demain le parlement doit voter la confiance au nouveau gouvernement, les écoles ont envoyé les frais de scolarité du second trimestre, et la dévaluation de la livre libanais devient presque une nécessité absolue… Je pars vendredi au Népal pour huit jours, la prochaine fois que j’écrirai, Mars se fera pressant, et nul  ne sait ce qui peut arriver d’ici là…

 

Merci encore à toutes celles et ceux qui m’ont souhaiter mon anniversaire !

on the road again, again....

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Février : Crêpes, ski et Crunch

2 Février 2020 , Rédigé par Pereg

Sorry, good game ! Ces mots sont espérés chaque année et une fois n’est pas coutume, je peux les prononcer à l’encontre de nos meilleurs ennemis. La jeune garde française vient de battre les vice-champions du monde, étouffés dans de nombreux secteurs de jeu, pressés jusqu’à l’os et fanny jusqu’à la 57ème. Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu le plaisir de voir un XV aussi motivant, aussi conquérant. Alors que le choix du démarrage d’une progression vers 2023, nos jeunes ne sont plus des bleuets, ils ont maîtrisés des anglais bien pâles et j’espère que ce n’est que le prélude d’un tournoi qui démarre sous de très bons hospices. Petite note spéciale pour Bouthier, joueur ayant fait 5 saisons à Vannes, arrivé à Montpellier en septembre qui était titulaire à l’arrière pour la première fois durant ce Crunch. C’est fou de se dire qu’en moins d’un an, il est passé de pro D2 au niveau international, avec brio pour cette entame. Alors oui, quoi de mieux que de poutrer de l’anglais pour finir un joli weekend. Quoi de mieux que de voir la rose piétinée généreusement avec un jeu que l’on n’avait pas vu depuis fort longtemps. Je ne vais pas m’enflammer plus que de raison, mais j’espère que samedi prochain, les transalpins subiront la loi des bleus de manière plus intense encore.

Février a démarré  et j’avoue qu’il était temps. Je ne sais pas pourquoi mais janvier est toujours une période qui me ramène à des moments délicats à devoir gérer, et relancer la machine en début d’année n’est pas chose aisée. C’est aussi ça qui est compliqué, c’est de voir que l’année qui démarre, et être toujours en rodage et c’est comme si le premier trimestre fait entre septembre et décembre est bien loin et oublié. Alors quand mon mois préféré pointe le bout de son nez, que les astres s’accordent pour amener de jolies choses, je ne peux que suivre le mouvement et apprécié les péripéties. Non pas de grand roman ou un conte, simplement de petits faits de vie qui amènent à sourire.  

J’aurais pu parler uniquement du Brexit, car en ce début du mois, l’Europe n’est plus que 27, et les britanniques sont officiellement en dehors de l’Union Européenne. Plus de trois ans après le vote, le voir officiellement déclaré, en attendant réellement son impact sur la communauté,  je me dis que c’était un beau gâchis. L’avenir nous dira s’ils avaient raison de partir. Mais comme l’hymne à la joie, chanté par mes élèves de Fronsac au lendemain du vote, voir le XV de la rose subir la loi française, est un plaisir non dissimulé. La plupart des britanniques que je connais n’auraient pas fait ce jour, mais tel est aussi l’objet politique, un choix commun. Après si je veux rester sur ce domaine, il y a aussi tellement à dire sur ce qui se passe ici avec ce nouveau gouvernement. Vont-ils mettre fin à la révolution calmement ? Vont-ils sortir les manifestants de la place des Martyrs ? Et la dévaluation de la Livre Libanaise ? On en revient au sempiternel : que va-t-il se passer ? Questions que je me pose sans que je n’ai de réponse appropriée.

Si je pense à mon cas personnel, la semaine de travail n’a rien amené de particulier, simplement une épidémie de grippe qui frappe l’école, notamment les autres classes de CE1. Mes élèves vont bien et je ne vais pas m’en plaindre. Je peux aussi dire que la salle me manque car je n’ai pas vraiment pu courir au même rythme que précédemment, coupant un peu ma préparation pour le Népal, mais je rattraperai assurément cette semaine. D’autant plus qu’aujourd’hui je n’ai pas perdu mon temps… on m’a proposé hier de partir à Mzaar pour aller skier une journée. Alors oui, oui, oui, cent fois oui !

L’an dernier j’avais eu le plaisir de partir là-haut à Faraya pour une journée avec la venue des frangins, mais depuis je n’avais pas eu l’occasion, je ne l’avais pas vraiment cherché non plus. N’étant pas motorisé, forcément ça n’aide pas. Ainsi Philippe que j’avais croisé à la sortie de l’avion m’avait dit qu’il m’inviterait à me joindre à lui. Réveil 6h30 pour un dimanche, ça pique mais c’était aussi pour la bonne cause. Direction chez eux, équipés à souhait avec tout le matos nécessaire, ramené déjà l’an dernier. Décollage vers 7H30, , route, bouchon, passage pour récupérer les locations de skis, de forfait, attente au premier télésiège. 10H30 on montait enfin vers les sommets, avec une excitation toujours aussi intense. Un ski en famille, avec la fille du collègue et une copine à elle. C’était juste super cool. Un soleil, de la poudreuse et une neige qui crisse en dessous, et une sensation à nulle autre pareille. Ce plaisir est vraiment un kif que je souhaite à tous, cette sensation de bonheur au rythme de la vitesse en virant sur les carres, en fonçant sur les bosses, et bien sûr en dérapant en faisant un maximum de projections pour s’arrêter. Oui le ski est vraiment un plaisir qui compte pour moi, et je ne doute pas de pouvoir le partager à nouveau, ici ou ailleurs. Bien sûr, l’organisation de la station, le travail des responsables des machines, ou du parking, c’est toujours chaotique, et un collègue disait même que ça fait 20 ans que les mêmes problèmes structurels sont là, et rien ne change. Mais rien ne remplace le bonheur et l’illumination que cette journée  peut apporter.

Entre le ski et le Crunch, et bien sûr les différents écrits hebdomadaires, il y a une chose que je ne pouvais pas faire aujourd’hui. C’était de respecter la chandeleur… Mais  la tradition est sauve car j’ai quand même fait un peu plus que ma douzaine hier après-midi. A défaut de courir à la salle, je me faisais plaisir en cuisine. Il est vrai que je passe trop peu de temps en cuisine ici, alors quand je me motive et m’offre ce plaisir, le résultat n’est pas trop mauvais en général. Crêpes ou autre qu’importe, c’est bien une chose sur laquelle je vais me motiver un peu plus prochainement. En plus, suprême hérésie, j’ai testé une nouvelle recette, avec adaptation au niveau cannelle dans la pâte (mais depuis quand on en met !?!), mais je ne déroge jamais au calva. Il me faudrait une galetière pour mieux faire mais qu’importe, le résultat m’a plu.

Vingt-deux heures arrivent, et mon ventre commence à crier famine, mais surtout que le sommeil va poindre bientôt. Place à une nouvelle semaine, Février mon cher, tu commences de belle manière.

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Condoléances, jour 100 et institut

26 Janvier 2020 , Rédigé par Pereg

pour rester dans le thème.

S’il y a bien un mot qui peut définir ce qui s’est passé cette semaine autour de moi, c’est bien le premier. En effet dimanche soir, j’ai appris que le père d’une de mes élèves est décédé durant le weekend. Choqué, surpris, et inquiet pour la suite, j’avoue que le début de semaine n’a pas été simple à gérer, prenant très à cœur cet évènement quand bien même je n’y suis pour rien. Ce n’est pas la première fois qu’un parent d’élève que je peux avoir décède durant l’année scolaire. Mais c’est une première si l’on pense à l’âge de l’enfant. Sept ans, ça me fend le cœur. Mais cette épreuve qui n’est qu’un début pour elle m’a rappelé des précédents que j’ai pu vivre comme «traumatisme ». Le décès de la mère de Kessy au tout début de mon année avec les Perceval ; mais aussi Fronsac, la Pologne, ou encore Sophie quand j’étais en CE2 moi-même. Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis maudit, mais en parler avec une collègue à qui ça n’est jamais arrivé en plus de trente ans de carrière, je me dis que ce n’est quand même pas de bol.

Déjà que c’est difficile pour cette enfant, je vais l’accompagner cette année avec une vigilance accrue évidemment. Pour l’heure elle ne s’en rend pas vraiment compte, les phases du deuil par lesquelles on passe, font qu’il lui faudra peut-être beaucoup de temps pour le réaliser. Ce mot ne serait pas si représentatif de la semaine passée si ce n’était pas ajouté à cet évènement déjà dramatique, de multiples décès dans l’entourage du lycée. D’une enseignante de secondaire, à la mère du responsable de la maintenance, mais aussi de celle de la prof d’arabe de ma classe. Forcément, ils font tous écho à ce que j’ai pu ressentir vis-à-vis de mon élève, et j’avoue que j’ai hâte que le mois de janvier se termine pour ouvrir sur un Février que j’espère de sentiments plus positifs.

Alors le travail avance doucement, avec quand même le questionnement très régulier de savoir si l’on travaille chaque jour. Les rues ne sont jamais bloqués à 6h du matin donc l’accès à l’établissement reste possible. Cela n’empêche pas que je n’en serai réellement plus surpris. C’est aussi ce que je me suis dit récemment. Le fait de vivre ici à considérablement modifié mes perspectives d’étonnement et banalisé des choses qui ne devraient jamais l’être. Revenir à l’essentiel, ne plus trouver étonnant que l’eau du robinet ne soit pas potable, que le tri des poubelles n’est jamais fait, que l’électricité coupe plusieurs fois par jour. Ce ne sont pas là que des exemples basiques mais il y a un vrai différentiel entre ce qui se passe et mon accommodation à de telles choses. Pour être honnête, j’ai été frappé de stupéfaction quand je me suis rendu compte que j’en étais au point à être reconnu par la personne qui fouille les poubelles du bout de la rue… C’est quand même chaud de se l’avouer, même si je sais bien que je ne vis plus dans le confort de la maison de Saint-Malo, j’espérais ne pas être blasé de tout cela, d’une certaine manière je le suis déjà.

C’est aussi ce qui m’arrive quand je pense aux violences que l’on peut voir actuellement au Liban. Depuis la semaine dernière, les forces intérieures réagissent fortement à toute action des manifestants, auxquels se joignent de nombreux casseurs. Ces derniers sont en conflit direct avec la police et chacun avec ses « armes ». Cocktail molotov et feux d’artifice, contre canons à eau, flash-balls et gaz lacrymogène. Combat inégal, même supporté par le nombre, cette répression policière qui doit servir à l’instauration du gouvernement nouvellement nommé me fait craindre un avenir plus sombre que celui que les perspectives annonces. Demain, le parlement doit voter la confiance à ce gouvernement, nous verrons bien ce qu’il en sera, et la réponse de la rue à cette nomination ne s’est pas faite attendre. Pendant ce temps, Gebran Bassil pavoisait à Davos et s’est fait clashé en interview par une vindicte de questions qui montre combien cet homme qui ambitionne la présidence du pays, est loin de la réalité de ses concitoyens.

Pour en revenir à un plan plus personnel, j’ai redémarré les cours d’arabe, et cette fois-ci à l’institut français, à raison de deux fois par semaine. Un rythme de travail qui me convient bien pour avoir toujours le temps de faire du sport, mais aussi de profiter de ma vie sociale, ou simplement me reposer. J’ai besoin de temps, pour apprendre cette langue du quotidien, de me dépenser physiquement. Mais aussi bien sûr de relâcher complètement, du travail, mais aussi du stress que provoque malgré tout cette vie quotidienne beyrouthine. Ainsi donc je vais poursuivre mon apprentissage du libanais, en faisant l’effort sur ce dialecte  que j’ai encore du mal à oser parler même si ma compréhension est meilleure. En tout cas, quoi qu’il advienne, je n’oublie pas ma promesse polonaise de faire les efforts langagiers, et cette année, je suis vraiment dans cette dimension.

Après les pluies diluviennes de ces derniers jours qui s’accompagnaient d’un froid tout relatif, je dois dire que l’ensoleillement du weekend est plus que bienvenu et me fera assurément sortir la tête dehors cet après-midi même si j’aurais également un œil sur le sport. Ces temps-ci, le biathlon est redevenu roi, à l’approche des championnats du monde que je ne pourrais voir du fait de mon séjour népalais, Fourcade et Boe se livrent un duel des plus impressionnants à suivre, et surtout, je trépigne d’impatience au six-nations qui démarre déjà le weekend prochain.  Midi sonne sous peu, un peu de code, un peu d’arabe et je serai tranquille pour le reste de la journée.

Un dimanche un peu plus étonnant s’est déroulé finalement, car je suis allé manger à l’extérieur avec Chloé, Paul et leurs enfants, dehors, au lieu de mon frigo déjà bien chargé. On m’a proposé de monter à Harissa, une occasion que je n’ai loupé. Première fois que je partais au sommet de Jounieh, Abdo, Georges et Mara, pour une visite à Marie et un café posé sur le baie au retour. Une sortie inattendue qui m’a fait forcément sourire et profiter un peu plus encore d’un nouvel endroit. Ce pays a de la ressource et je n’espère qu’une amélioration même si j’ai du mal à voir comment elle peut advenir. Alors je vais citer à nouveau mon cher Edmond, attendre et espérer.

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Semaine de la colère et flash-back.

19 Janvier 2020 , Rédigé par Pereg

J’ai la gueule de bois ce matin, non pas parce que j’ai bu à n’en plus finir, mais je suis saoul de voir ce qui s’est passé hier soir. En effet, l’annonce avait été faite, à partir de mercredi ce serait « la semaine de la colère », et pour la première fois, depuis le début de la révolution il y a maintenant plus de 90 jours, les débordements et les casseurs sont bien là. Je parlais de « reprise » du mouvement, je me questionnais la semaine dernière, c’est la confirmation.

Toujours pas de gouvernement, il a été repoussé à date ultérieure, mais la crise est bien présente, même si le taux au marché noir a quelque peu désenflé. 400 manifestants blessés, une quinzaine d’arrestations et des scènes de violence policière que j’espérais ne pas voir ici, entre Flash-balls et Gaz lacrymogène, j’ai eu un peu peur. Peur de voir cette situation s’embraser jusqu’à l’arrivée d’émeutes qui à présent me semblent plus que jamais d’actualité. Hier soir en descendant à Mar Mikhail, j’ai eu les yeux rouges et la gorge sèche, une première au Liban. Rien de grave en soi, mais cette colère évoquée est bien présente, ruminée, profonde, et je ne vois pas comment dans la crise qui se déroule actuellement, les choses vont se dérouler autrement que dans une spirale négative. J’espère bien sûr qu’il n’en soit rien. Mais je ne veux pas me faire d’illusion.

C’est aussi pour ça que je me dis que, ce que je ressens aujourd’hui à Beyrouth, de nombreuses personnes ont du le vivre à Paris ou dans les grandes villes de province en France lors des gilets jaunes. Une entame de journée pacifique, des casseurs qui viennent se frotter à la police et la situation qui dérape, au point où les forces de l’ordre sont obligées de réagir. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre pourquoi c’était parti en vrille cette semaine, mais la longueur de la révolution, la tension au sein des forces de l’ordre, et les politiques qui n’agissent pas ne sont que des maux qu’il faut traiter. La crise économique est là, demeure, et ne fait que prolonger ce malaise. La semaine dernière, c’était les coupures d’électricité à répétition, qu’est ce qui va arriver ? Nul ne le sait, mais tous ont bien conscience que ça ne va faire que durer et s’empirer.

Malgré ce tableau très négatif que je peux dépeindre au matin, ma vie quotidienne n’a guère changé, il pleut toujours autant, l’école a été ouverte tous les jours de la semaine comme prévu, même si la moitié de mes élèves manquaient mercredi matin. J’ai repris le sport et bientôt les cours d’arabe en plus vont démarrer. Une routine, une normalité qui est nécessaire dans cette ville qui peut basculer à tout moment, c’est aussi ça d’être ici. Ce n’est pas feint ni vain que de vouloir être dans son quotidien.

Je refuse de changer quelque chose à ce que je peux faire ici juste à cause de la situation, tant qu’elle n’est pas critique, je ferai fi de tout cela, en restant à l’abris du danger bien sûr, je ne reste qu’un enseignant dans un pays qui n’est pas le mien. Mais je ne veux pas m’empêcher de sortir, de vivre, de foncer dans cette vie qui est la mienne comme j’ai toujours fait jusqu’à présent. Alors avec l’anniversaire de Waël vendredi soir, il était impossible de passer à côté. C’est aussi dans ce cadre que le titre prend son sens. Après un premier trimestre de révolution où mes fréquentations étaient quelque peu différentes, s’est effectué ce weekend un relatif retour à la normalité de ma première année ici. Waël que Flo et Chris m’avaient présenté en novembre 2018, un mec que j’adore vraiment. Je ne pouvais donc pas louper cette soirée. Je ne fus en rien déçu. Accompagné par Marine, que j’avais rencontré à Chypre, j’ai eu le plaisir de retrouver cette communauté internationale que j’affectionne particulièrement.

Ce tableau ne saurait être complet sans l’intervention de mon norvégien préféré. C’est ce qui s’est produit hier soir, j’étais resté enfermé toute la journée ou presque alors en soirée j’ai décidé de me bouger un peu et j’ai retrouvé Tommy, Charly et Kate à Toros avec un australien fort sympathique que j’avais déjà croisé en soirée. Deux bières, un billard et puis s’en va, il n’en fallait pas plus pour profiter mais surtout pour rentrer de manière semaine à l’appartement car les routes n’étaient pas toutes ouvertes, ce qui compliquait le retour. Qu’importe, dans ces cas-là, je ne joue pas avec le feu et j’apprécie de me faire ramener en voiture. Je le retrouverai ce soir devant Liverpool si je reviens à temps.

Alors même si le calme est revenu dans la capitale ce matin, la pluie de la nuit a fait retombé les humeurs, rien ne dit que ce dimanche ne sera pas de même ardeur que ce jour qui vient de passer, rien ne dit que les choses ne vont pas empirer, mais je vois mal comment elles vont s’améliorer. Ainsi pour me changer les idées, sortir de Beyrouth devient une nécessité absolue, et c’est ce qui va suivre pour la journée à venir direction le Chouf, avec de nouveaux morceaux dans les oreilles.

EDIT : je reviens du Chouf après une journée sous la pluie mais ravissante, du temps passé en bonne compagnie avec un joli repas au coin du feu. Peu de temps dehors, mais ce qui m’a marqué c’est la conduite du retour, des flaques d’eau géantes, au point de devoir ralentir à 20 km/h. On dira ce que l’on veut, mais les évacuations d’eau sont catastrophiques, ce n’est qu’un exemple de plus des difficultés quotidiennes des libanais.

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Ouverture et philosophie

12 Janvier 2020 , Rédigé par Pereg

Prendre la plume au réveil permet de réfléchir différemment, n’étant pas encore dans un état totalement en adéquation avec la réflexion mais laisse les pensées venir d’elle-même à ce cerveau peu réveillé. D’autant plus que c’est le seul réveil tardif de la semaine, et il n’est pas 9h pour autant. Oui, hier matin, samedi, nous avons travaillé, une seconde matinée de rattrapages. Ce n’est pas tant de le faire que le non-repos provoqué qui sur du long terme agira forcément. Je sais que je dois me montrer vigilant avec mon sommeil, d’où ce questionnement relatif au matin, d’une nuit qui aurait pu être plus longue et qui finalement n’aura duré que sept heures au maximum. Mais dans ce schéma de fin de semaine, je me suis interdit de travailler avant de revenir à l’école lundi et plus ça va, plus je pense que c’est nécessaire de m’y restreindre. En effet, savoir couper est une nécessité absolue que j’arrive à gérer durant mes congés, mais j’ai toujours eu du mal à le faire le weekend, dans la mesure où je ne sentais pas que j’avais tout fini pour la semaine à venir… Or, tout n’est jamais prêt pour la semaine à venir quoiqu’il se passe, et quand on sait ce qui va advenir, il y aura forcément de la modulation, et le travail ne sera pas moins bien fait pour autant. Alors je coupe, et je vais essayer pour les weekends à venir de le faire à chaque fois.

Vendredi, une fois sorti de l’école, c’est terminé jusqu’à mon arrivée au lundi matin. Ce n’est pas une résolution de bonne conscience, ni une volonté de fainéant, mais je dois être capable, je souhaite me prouver que le temps que je consacre à mon travail est suffisant, et ce n’est pas parce que je prendrais du temps pour ma vie autre que scolaire, que j’en serais un plus mauvais enseignant. Déjà en rentrant mardi avec le noël arménien je sentais que cette semaine allait être particulière, et elle l’a été, mais si j’aborde les choses d’une perspective plus prosaïque, c’est une lutin de rentrée ! Les élèves ont oublié une partie de leurs leçons, ça c’est normal. Mais devoir revenir sur l’attitude, les règles et perdre le rythme, j’ai toujours l’impression d’être en septembre alors que l’on a dépassé les cinquante jours en classe. On pourrait me répondre que ça fait aussi parti du jeu et c’est le cas, mais l’énergie n’est pas focalisée que sur le travail et si je compare aux années précédentes, je pense que ce temps impact trop mon travail. C’est aussi peut-être ma manière d’aborder les choses qui fait que tout ça n’est pas au point.

Récemment, je me suis questionné quand à cette dernière, mon attitude de travail, mon positionnement face aux élèves. Etre enseignant est un perpétuel recommencement, une gestion de classe à retrouver, une posture d’écoute et d’action. Mais cette année, je ne suis pas exactement dans cette recherche, car j’étais déjà dans ce même niveau de classe, le CE1, avec des repères et une méthodologie. Même si le déménagement de l’école a bouleversé  pas mal de choses, ça n’empêche pas que j’ai dû moduler mes repères plus encore. Il se trouve aussi que dans une éventuelle perspective de fin contrant ici dans dix-huit mois, je me dis qu’une visite avec retour écrit pourrait m’être bénéfique à intégrer à un dossier de candidature. C’est peut-être un non-sens quand on habite au Liban d’essayer de voir à moyen et long terme sachant que on ne sait pas de quoi sera fait le lendemain. Mais plus ça va, plus je suis ainsi, j’ai besoin de me projeter au futur pour me motiver au présent. Me dire que dans un mois j’irai au Népal, dans trois je reviens en France avec un passage à Munich, et que cet été je repars en colo. C’est mon booster, mon essence, ma vie. Oui c’est très planifié (peut-être trop), mais être enseignant permet de savoir à l’avance les congés que l’on aura et donc prévoir devient aussi légitime.

Il n’y a qu’une seule personne dans ce discours et elle est à la première personne du singulier. Je le sais bien, mais ma vie se conjugue ainsi actuellement alors pas de raison de changer. On pourrait me rétorquer que c’est égoïste, et c’est vrai car je pense à moi, à moi seul. Mais je n’ai pas de contraintes que celles que je m’impose, celles que je définis. Sachant que je pourrais faire pire encore, ou bien mieux aussi. Alors qu’importe, ce sont mes choix qui m’ont porté là, de la découverte des écoles françaises à Varsovie au mémoire sur ce système, à mon intégration au sein de l’AEFE depuis septembre 2018. Professionnellement, je suis exactement là où je voulais être. Alors le perso, et qui le reste, a-t-il besoin de souffrir d’autres choix que celui de l’envie ? Pour l’instant cette question ne se pose pas, mais il est clair que quand j’agis, je ne prends rien d’autre en compte. Ce ne sera jamais contre quelqu’un ou quelque chose, mais toujours pour moi, en espérant que cela puisse aussi plaire, mais ça n’est en rien ma priorité. Désolé si ça peut en décevoir plus d’un, je serai dans une philosophie déontologique.

Après avoir terminé la philosophie de Harry Potter, et sans me mentir à moi-même, je me dis que j’ai encore beaucoup à apprendre pour me permettre de  m’exprimer sur ce point trop longuement sur ce point. Mais de l’école platonicienne, à l’homme fort de Nietzche, j’ai redécouvert des écoles de pensées que j’avais sûrement dû aborder plus jeune mais que j’ai oublié. Je me rattache pour beaucoup de chose à Kant (oui ça peut faire peur dire ainsi) mais lui qui traite l’action morale comme nul autre me fait penser à ce discours. Le choix que j’ai fait n’est peut être pas moral d’après sa norme d’ailleurs, mais ce choix est celui sur lequel tout le reste de mon raisonnement tiendra. Une fois la décision prise, les conséquences seront assumées. Je pourrais prolonger ce discours philosophique plus en profondeur mais je n’en ai pas la qualité, et pour un dimanche matin avec neuf heures d’à peine passées, je me dis que c’est déjà beaucoup.

Alors que je ne vais pas tarde à me lever, oui j’écris bien sûr dans mon lit, je finirai en me disant que je ne sais pas ce que ma journée me réserve, un peu de sport peut-être, de la lecture c’est sûr, et une sortie probable, mais d’abord après avoir fermé ce pc, ce sera un thé.

ps: après une fin de journée de samedi avec plusieurs milliers de manifestants dans les rues, je me demande si la Révolution est relancé ou si ce n'était qu'une réaction aux nombreuses coupures d'électricité de la semaine...

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2020

5 Janvier 2020 , Rédigé par Pereg

Et voilà une nouvelle année qui commence, assis à mon bureau dans ma chambre de Beyrouth, je reprends la plume après un passage français durant les vacances scolaires et un retour libanais sous des hospices assez particulières. Oui, je peux déjà dire que je commence l’année de manière assez confuse par une phrase aussi alambiquée… Mais on sait déjà que ce genre de tournure n’est pas fait pour me déplaire au contraire, surtout quand on peut faire plus simple, je ne prends que la voie qui montre un chemin plus escarpé.

L’actualité en plus me donne raison et ça n’est en rien rassurant. L’assassinat par un bombardement américain du général iranien Soleimani aura des répercussions dans tout le Moyen-Orient et donc à fortiori au Liban. Ce n’est guère rassurant à long terme, mais pour l’instant tout reste calme. Je savais que l’actuel occupant du bureau ovale n’est pas vraiment un génie, mais cette action aura un impact réel sur la vie géopolitique des prochains mois. A mon modeste niveau, je perçois des conséquences assez désastreuses alors je me demande comment lui, n’a pas pensé aux conséquences de ces actes. Peut être tout simplement qu’assis à Washington il ne pouvait voir que ça engendrerait le début d’une guerre, mais être naïf à ce point, même pour lui, me parait bien cynique. Qu’on ne me dise pas que je suis pro-iranien dans cette histoire non plus, car la mainmise des gardiens de la révolution sur les branches armées chiites dans toute la région a de quoi questionner aussi, mais je déplore l’attitude unilatérale des américaines qui ne semblent pas réfléchir à long terme sur ce genre d’actions…

Européen, voilà mon identité la plus reconnaissable actuellement. Ne pouvant être d’accord avec la politique d’un pays comme les USA, tout en critiquant la volonté de nucléaire militaire iranien, mon salut se trouve dans les mains de Bruxelles. Plus j’avance, plus je me situe politiquement à un niveau supranational, l’Europe. La France, bien que diplomatiquement placée, ne peut être assez forte pour prendre une position marquante à elle seule. Bien que je sois des plus attaché à ma région, ce n’est pas elle non plus qui aurait un poids suffisant pour être audible au niveau international. Or, l’assemblée des 27, elle le peut. Une position commune, dissemblable à celle des américains, tout en étant capable de négocier avec Téhéran, je crois fermement que c’est à ce niveau que ça se passe. Seule l’UE est capable de rivaliser sur la scène internationale avec les monstres que sont la Chine et  les USA, économiquement, mais l’impact d’une parole commune aux états membres aura forcément un impact fort. C’est d’ailleurs ce que je déplore également, car rares sont les cas de figure ou tous adhèrent à une proposition conjointe en terme de diplomatie. Mais quand je vois notre monde actuel, quand je me dis que 2020 démarre, il n’y a plus de temps pour faire autrement qu’ensemble. Éviter une guerre qui pourrait s’étendre au niveau mondial, et combattre le réchauffement climatique, notre ennemi à tous.

Je ne me permets pas de parler ainsi en mode bonnes résolutions, mais simplement pour dire que c’est foncièrement ce qui m’inquiète le plus. Des feux dramatiques en Australie, une montée des eaux constante qui provoquent des migrations climatiques, l’heure n’est plus à la négation de l’urgence climatique, mais à l’action concrète, et vivre à Beyrouth me confirme qu’il y a tellement à faire. Pas à pas, cela suffira-t-il ? Aucune idée, mais au moins il faut essayer.

Bon d’accord je vais essayer de me montrer optimiste malgré tout en ce début janvier. Déjà trois semaines que je n’ai écrit mot. Une dernière semaine de classe avec remise des bulletins et puis s’en va. Après avoir quitté Beyrouth le 21 décembre, j’ai rejoint mon petit frère à Lyon pour une visite plaisir du Beaujolais, avec un passage dans un restaurant génialissime et une visite de la cave coopérative de Juliénas. Direction la Bretagne où une raclette en famille nous attendait. Retrouvé mes neveux et nièces a été le must de ces congés, c’est aussi tout ce que je souhaitais, avoir du temps avec eux, contrairement à l’an passé où je m’étais pressé, trop sûrement pour réellement profité. Je n’ai pas fait la même erreur cette année et ainsi Noël, hormis conjonctive et gastrovirus, tout s’est passé comme sur des roulettes. Ou presque…

Car oui depuis le 5 décembre, il y a de nombreuses grèves avec la réforme des retraites, notamment celle des conducteurs de train. Mais à présent que je ne suis plus motorisé de la même manière, je ne peux plus faire les déplacements souhaités facilement. Ainsi, mon passage malouin initialement prévu pour la nuit du 30 décembre a été annulé. Sur le coup, je me suis dit, pas grave, je pars de Vannes et ça le fera… Mais il y avait une raison plus importante à ma venue dans la maison familiale, je devais y récupérer mon sac à dos pour le Népal ! Je me suis donc retrouvé dans l’obligation d’emprunter un sac, mais j’ai fini par acheter celui qui me plaisait tant depuis des années chez Décathlon, avec un petit bonus de vêtements techniques pour être équipé un peu plus encore. Le 31 je prenais le TGV direction Paname, sans trop de heurts… jusqu’à ce que j’arrive à Montparnasse. Oui grève à la RATP, qui se prolonge toujours d’ailleurs, et peut-être même avec une ampleur encore plus importante dans les jours à venir. Je plaints les usagers des transports parisiens, je n’ai eu qu’un infime aperçu de la réalité quotidienne de ce côté. Mais pas de ligne 13, donc un bus pour Saint-Lazare, blindé à souhait, un transilien surchargé où collés les uns aux autres, j’ai eu peur de ne pas pouvoir descendre à Bois-Colombes. Mais si, j’ai retrouvé Régis et Laura comme prévu et on s’est parti dans l’Oise comme prévu, pour une soirée raclette / jeux de société qui a été fort appréciée. Un passage chez les parents de Laura pour le premier janvier, avec une nécessité de sieste, on revenait sur la capitale dans la soirée. Le 2 amenait de petits bonheurs que j’avais espéré, une exposition sur la féérie du monde de Tolkien, qui m’impressionne plus encore à présent. Revoir Clara et Lucie autour d’un verre, c’est qu’après leur départ de Beyrouth, les choses n’étaient plus les mêmes, et pour finir, revoir Abdou le jour de son anniversaire. Tout ce qu’il fallait.

Mais déjà je sentais qu’il était temps que je rentre, car oui, ce n’est peut être pas si réel, mais ce sentiment perdure, en tout cas à mon esprit, de rentrer à Beyrouth comme je rentre en Bretagne, chez moi. Alors après une dernière soirée devant Tais-toi avec Régis et Laura, j’ai pris un Uber direction Orly pour y passer une nuit relativement calme. Assis au premier rang dans l’avion après une nuit sans sommeil, il était temps de rejoindre Morphée, et pour ainsi dire, je ne me rappelle pas du décollage, chose qui confirme que je devais peut-être même ronfler, pauvres voisins. Accueilli en grande pompe par la pluie et Sahar, un passage fort appréciable à City Center à coup de sushis et de courses, j’arrivais chez moi, ma chambre, mon drapeau.

Il me reste à présent à reprendre le rythme, l’école redémarre mardi. Lundi c’est Noël Arménien et donc férié, ça me permettra de gagner une nuit de sommeil en plus. Ainsi 2020 commence, avec une ambiance bien différente, mais je sais que même si l’actualité à une autre échelle est bien animée. La mienne est toute à explorer, et comme disait un certain Edmond Dantès, « Attendre et Espérer! »

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Dernière semaine avant la trêve

15 Décembre 2019 , Rédigé par Pereg

On ne parle pas ici de football directement mais il est vrai que cet article sera le dernier de l’année 2019 qui s’achève. En effet, j’ai pour habitude d’écrire le dimanche soir et pour le prochain, je serai à Villefranche chez le petit frère alors j’aurai d’autres préoccupation que mon article libanais hebdomadaire. Comme le titre du blog l’indique, an Orien… bon d’accord la blague en breton est douteuse, mais le principe est donc bien d’écrire ce qui se passe au Liban pour moi, et non pas durant mon passage français pour voir la famille et les amis. Il y aura probablement un retour sur ce sujet en janvier avant la reprise des classes, mais encore une fois, je ne m’interdis pas de ne pas le faire non plus. Tout est une question de choix et c’est donc ainsi que les prochaines lignes seront les dernières de 2019 que j’écrirai ici.

Sans prendre un ton dramatique ou emphatique, je ne pensais pas sincèrement que je tiendrai le trimestre avec cet exercice dominical, mais finalement, j’y ai trouvé un plaisir que je n’avais pas au crayon, celui de me montrer plus factuel et de prendre quelque part déjà du recul sur ma situation personnelle au Liban. Car oui, même si je remets les choses relativement en perspective, je ne peux parler d’objectivation, mais d’un biais subjectif atténué. Oui, bon, je ne suis pas professeur de lettres non plus alors je m’abstiendrai de trop de commentaires rhétoriques, mais déjà normalement se passant à l’oral, peut-on s’en servir sur un écrit oralisé. J’avoue ne pas avoir la réponse et je n’irai pas la chercher non plus, dimanche soir, c’est repos ensuite malgré tout !

Alors avant de parler de cette quinzaine un peu particulière qui me donne un mois de décembre avec une température de 17 degrés dehors, je me dis que je mérite un petit bilan du premier trimestre comme mes élèves. Alors essayons de nous prendre au jeu et de le faire aussi sérieusement que je le fais en classe :

« Pierre est un élève motivé et volontaire, qui a su trouvé malgré le déménagement ses repères dans l’école. Toujours un peu agité, il est toujours impliqué à l’oral mais le passage à l’écrit reste difficile. L’écriture est en progrès mais il ne faut pas relâcher les efforts. Il a rencontré de nouvelles personnes et étendu son cercle social, mais comme pour tous la thawra a été un grand changement qui a perturbé le travail amorcé. Des efforts ont été entrepris en EPS depuis début décembre qui doivent être prolongés. Le prochain trimestre sera capital tant en arabe qu’en français. Encouragements ? »

Soyons un peu plus sérieux et effectivement s’il n’y a qu’une seule chose à retenir des trois derniers mois au Liban, c’est bien sûr cette révolution qui a entamé son soixantième jour de manifestations, et surtout avec une intervention musclée des forces de l’ordre hier, des amis se sont retrouvés arrêtés. J’avoue que je n’ai pas compris pourquoi ça a dérapé et je me demande ce qui suivra cette semaine… La formation d’un gouvernement questionne comme les suites données à ce mouvement. Pourra-t-il se traduire dans les urnes ? Ce qui se passe Place des martyrs n’est qu’un phénomène isolé ou l’amorce d’un réel changement dans le pays ? Il n’y a que le temps qui puisse nous le dire. Mais à présent, j’ai surtout peur que la crise économique ne permette pas la survie d’un mouvement populaire et amorce des problématiques beaucoup plus importantes pour les prochaines années… d’ailleurs, en sera-t-il autrement ? J’ai du mal à répondre oui. Avec une population dont presque la moitié vit sous le seuil de pauvreté, je m’en inquiète fortement. On verra comment évolue le pays, mon Liban. Bahebak Ya Libnan.

La semaine qui se termine était celle des évaluations pour mes élèves, et dans l’ensemble je puis plutôt content de ce qui a été produit, malgré les jours de classe qui n’ont pu être faits, on est grosso-modo dans une avancée correcte pour un mois de décembre. Je n’ai qu’une année de recul mais je sais que mes pitchounes de cette année, feront de leur mieux et je les emmènerai le plus loin possible, comme prévu. Je me sens en tout cas soulagé en ce dimanche soir, car j’ai eu le plaisir de finir de remplir les bulletins sur internet, on ne doit les ouvrir en accès aux parents que vendredi, mais je n’ai plus cette charge en tête et je vais pouvoir vraiment occuper de préparer les semaines de janvier plutôt que de focaliser sur ces évaluations. Ainsi, samedi en prenant l’avion, je laisserai vraiment mon travail au Liban, et profiterai pleinement de mes congés français. Ils passeront vite assurément mais déjà, je ne rentre pas pour le 31 comme l’an dernier, ce qui me permettra d’être moins serré niveau timing et donc simplement prendre mon temps. C’était compliqué l’an dernier. Mais déjà le fait de commencer à Lyon samedi prochain me confirme que j’ai pris un bon parti pour cette année. Alors oui l’organisation c’est capital pour moi, mais c’est aussi en ayant prévu les choses que je peux en profiter au maximum. Chypre n’était pas une expérience de ce type, et je retourne à ma planification.

La semaine qui démarre sera forcément intense, mais déjà, je me sens respirer car ce qui devait être fait sur les trois derniers mois s’est bien finalisé récemment, entre arabe et programme, j’y suis, même de retour à la salle de sport, alors je rentre dans mes objectifs perso. Bon, d’accord il y aurait toujours moyen de faire mieux mais je vais continuer bien sûr, déjà avec ce permis qui me tend les bras déjà en janvier.

Je finirai par les relations. La première est la manière dont on s’est clairement rapproché avec Sahar, ma collègue de la BCD, mais aussi la découverte de Chloé et Paul au lycée, ils sont arrivés en septembre et j’adore les côtoyer. Avec Chloé à l’école c’est une évidence, mais le fait d’avoir pris les cours d’arabe avec Paul a forcément joué sur ce rapprochement également. Les enfants qu’ils ont me font aussi pensé à Evan et Elise d’une certaine manière, mais aussi beaucoup aux frangins tant les relations sont « la bagarre ». Bien sûr, la découverte des italiennes a été assez intéressante aussi, l’USJ amenant forcément à côtoyer des personnes plus jeunes, mais toutes aussi géniales, comme Clara et Lucie l’an dernier. C’est juste dommage en revanche que toutes ou presque partent cette semaine, mine de rien,  je m’étais limite habitué à les voir chaque semaine. Enfin, j’ai retrouvé les copains de Mar Mikhaïl bien sûr, mais je pense que la prochaine fois que je les croiserai ça sera en janvier, enfin sait-on jamais. De toute façon, le Six Nations sera là pour nous montrer la voie … Enfin mes collocs, David qui est rentré en Allemagne, Belle que j’ai revu vendredi soir, elle part en janvier mes ces deux-là ont été vraiment importants pour que ce début d’année se passe bien.

Une dernière quinzaine et puis s’en va, place à 2020.

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